CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Les auteurs tiennent à remercier Gwennael Solard, Patrick Aubert et Franck Von Lennep ainsi que les deux rapporteurs anonymes de la revue pour leur relecture attentive. Ils remercient aussi les participants de la conférence Évaluation des politiques publiques AFSE-DG Trésor 2016.

1 Les réformes des retraites entreprises en France depuis 2010 ont modifié de nombreux paramètres du système de retraite. Les bornes d’âge du système (relèvements de l’âge d’ouverture des droits et de l’âge d’annulation de la décote), la durée requise pour le taux plein, les modalités de calcul des pensions (évolution de la valeur de service du point dans les régimes complémentaires, changement de la date de revalorisation des pensions, écrêtement du minimum contributif) mais aussi les taux de cotisation ont évolué. Ces réformes jouent sur les trois grands leviers de l’équilibre du système de retraite sur lesquels le législateur peut compter : les âges de départ, le montant des pensions et les taux de cotisations. Dans le même temps, le profil de carrière des assurés évolue au fil des générations. Entre autres, l’entrée sur le marché du travail est de plus en plus tardive et le taux d’activité des femmes s’accroît. Dans ce contexte, cette contribution s’interroge sur l’impact des modifications règlementaires récentes sur l’équité inter et intra générationnelle du système de retraite.

2 Pour cela, en nous appuyant sur le modèle de microsimulation TRAJECTOiRE de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), nous présentons l’évolution au fil des générations et dans différents scénarios législatifs et règlementaires les différents indicateurs d’équité retenus par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) dans ses rapports annuels. Le COR apprécie l’équité du système de retraite au travers de quatre dimensions : le montant des pensions de retraite comparé aux revenus d’activité perçus par les assurés au cours de leur carrière (le taux de remplacement), la durée de la retraite, la durée de la carrière et l’effort contributif finançant les retraites (le taux de cotisation). Les deux dernières dimensions permettent d’apprécier l’effort des assurés en activité pour financer le système de retraite, tandis que les deux premières permettent d’apprécier ce que le système apporte aux assurés une fois retraités. Dans la suite de cette contribution, nous nous concentrons sur ces quatre indicateurs, en les calculant sur un échantillon représentatif de la population. Ce travail permet d’apprécier l’équité du système de retraite d’un point de vue intergénérationnel. À cela nous ajoutons une analyse d’impact des réformes selon la distribution des revenus d’activité des assurés. Celle-ci permet d’interroger l’effet des réformes sur l’équité intra-générationnelle du système.

3 Au final, les résultats sont partagés : les réformes vont dans le sens de davantage d’équité au prisme de certains indicateurs alors qu’elle se dégrade à l’aune d’autres indicateurs. En ce qui concerne l’objectif d’équité entre les assurés des différentes générations, si celui-ci semble respecté au regard de certains indicateurs ; c’est le contraire pour d’autres. La proportion de durée de vie passée à la retraite sur la durée de vie totale de la génération 1990 atteint le niveau de celle de la génération 1950 car l’augmentation de la durée de vie passée à la retraite est compensée par l’effet réducteur des réformes sur cet indicateur. De ce point de vue l’équité entre les générations semble assurée. En revanche si l’on s’intéresse à la proportion de la durée de carrière sur la durée de vie totale l’indicateur diminue au fil des générations du fait d’une hausse plus rapide de l’espérance de vie que de la durée de carrière. De ce point de vue l’exigence d’équité entre les générations ne serait pas respectée. Néanmoins l’interprétation de cet indicateur en termes d’équité reste délicate (Blanchet, 2010 ; Aubert, Collin et Solard, 2017). Ainsi, avoir une durée de carrière longue (ou symétriquement une durée de retraite courte) pourra être vu alternativement comme un avantage (absence de périodes de chômage, opportunités d’emploi nombreuses, carrière complète) ou un désavantage (obligation de continuer à travailler jusqu’à un âge avancé). En déplaçant la focale sur les deux derniers indicateurs (le taux de remplacement moyen sur le cycle de vie et le taux de cotisation moyen) les générations les plus jeunes paraissent désavantagées. Le taux de cotisation moyen croît au fil des générations du fait de l’augmentation continue des taux de cotisation de divers régimes. Mais ici encore la lecture de cet indicateur n’est pas évidente car les cotisations supplémentaires peuvent être génératrices de droits (dans les régimes complémentaires par exemple). Ensuite, le taux de remplacement moyen se dégrade au fil des générations en raison à la fois des modifications règlementaires mais aussi des hypothèses macroéconomiques qui postulent des gains de productivité relativement élevés. Cependant, ici encore la lecture de cet indicateur n’est pas aisée. Avoir un taux de remplacement moyen élevé peut être considéré à la fois comme avantageux (niveau élevé de la retraite au regard des revenus de la carrière) ou désavantageux (un taux de remplacement élevé est le plus souvent le corollaire de faibles revenus perçus au cours de la carrière).

4 Du point de vue de l’équité entre les individus d’une même génération, les réformes et modifications réglementaires mises en œuvre entre 2010 et 2015 prises dans leur ensemble apparaissent comme redistributives entre les femmes et les hommes, celles-ci ayant une perte de pension deux fois plus faible que les hommes. En revanche, les réformes sont anti-redistributives entre catégories de revenus d’activité. Les assurés à revenus élevés de la génération 1980 voient leur pension cumulée diminuer relativement moins que les assurés à faibles revenus de cette même génération (6,5 points de pourcentage de moins).

5 Comme la majorité des pays développés, la France doit faire face à un vieillissement de sa population et à une augmentation régulière de l’espérance de vie. Elle est parallèlement confrontée à un fort ralentissement de sa croissance économique et à un niveau de chômage élevé. L’ensemble de ces phénomènes rend plus difficile le maintien de l’adéquation du système de retraite à ses objectifs. Ces derniers sont définis dans le II de l’article L.111-2-1 du code de la Sécurité sociale. La loi en fait ressortir trois principaux : la pérennité financière du système de retraite, un niveau de vie satisfaisant pour tous les retraités et l’équité entre les assurés de générations différentes ou appartenant à la même génération (entre les hommes et les femmes, notamment).

6 Nous proposons, dans cette contribution, d’étudier l’équité intra et inter générationnelle au fil des réformes menées entre 2010 et 2015. Afin d’apprécier l’équité du système de retraite depuis 2010, nous présentons l’évolution au fil des générations et dans différents scénarios législatifs et règlementaires des indicateurs d’équité retenus par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) dans ses rapports annuels. Le COR apprécie l’équité du système de retraite au travers de quatre dimensions : le montant des pensions de retraite comparé aux revenus d’activité perçus par les assurés au cours de leur carrière, la durée de la retraite, la durée de la carrière et le taux de cotisation finançant les retraites. Les deux dernières dimensions permettent d’apprécier l’effort des assurés en activité pour financer le système de retraite, tandis que les deux premières permettent d’apprécier ce que le système apporte aux assurés une fois retraités. Plus particulièrement, le COR calcule quatre indicateurs relatifs à l’équité pour un cas type de salarié du privé non-cadre à carrière complète (cas type n° 2 du COR), et en moyenne par génération : la durée de retraite, la durée de carrière, le taux de remplacement moyen, le taux de cotisation moyen. Dans la suite de cet article, nous nous concentrons sur ces quatre indicateurs, en les calculant sur un échantillon représentatif de la population, auxquels nous rajoutons une analyse d’impact selon la distribution des revenus. Pour soutenir et pérenniser le système par répartition, les gouvernements successifs ont réformé divers paramètres du système des retraites obligatoires. Ces paramètres influent sur les trois grands leviers de l’équilibre du système de retraite sur lesquels le législateur peut jouer : les âges de départ, le montant des pensions et les taux de cotisations. La modification de ces leviers a un impact sur les quatre indicateurs d’équité listés au-dessus et différenciés selon le quartile de salaire auquel appartiennent les affiliés.

7 L’objectif de cette contribution est double : étudier l’évolution de ces indicateurs au fil des générations mais aussi l’effet des principales réformes des retraites menées entre 2010 et 2015 sur ces derniers.

8 Le premier objectif permet d’apprécier l’équité du système de retraite d’un point de vue intergénérationnel alors que le second interroge l’effet des réformes sur l’équité du système. Pour conduire cette étude, nous simulons différents scénarios législatifs que nous présenterons dans une première partie. L’impact des réformes sur les quatre indicateurs d’équité moyens par génération ainsi que l’équité au sein des différents quartiles de revenu feront ensuite l’objet de la seconde partie de cet article.

Réformes, scénarios, champ de l’étude et hypothèses de simulation

9 Parmi les modifications législatives et règlementaires mises en place entre 2010 et 2015, trois d’entre elles ont de forts impacts sur l’équité inter et intra générationnelle.

10 Premièrement, la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites. Elle concerne l’ensemble des régimes de retraite de base. Elle a principalement joué sur les âges de départ à la retraite en relevant les deux bornes d’âges que sont l’âge d’ouverture des droits (de 60 à 62 ans) et l’âge d’annulation de la décote (de 65 à 67 ans). Nous essaierons au cours de cette étude de dissocier l’impact de ces deux mesures. Le reste de la réforme de 2010 est détaillé en annexe.

11 Ensuite, la loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites. Elle concerne aussi l’ensemble des régimes de retraite de base. En allongeant la durée requise pour le taux plein, la réforme de 2014 touche également les âges de départ à la retraite et le montant des pensions. Elle augmente par ailleurs les taux de cotisations. Les autres mesures contenues dans cette réforme sont détaillées en annexe.

12 Enfin, l’Accord National Interprofessionnel (ANI) du 30 octobre 2015 relatif aux régimes complémentaires Agirc-Arrco. Il instaure, entre autres, une sous-indexation de la valeur de service du point, une baisse du rendement des régimes, un décalage de la date de revalorisation du point et la mise en place de coefficients temporaires de solidarité. Le reste des mesures prévues par l’ANI 2015 est détaillé en annexe.

13 Pour cette étude nous avons fait le choix de simuler cinq scénarios législatifs en privilégiant une approche chronologique :

14

  • le premier scénario correspond à la législation en vigueur au 31 décembre 2009 ;
  • le second intègre en plus du premier l’ensemble de la réforme de 2010 à l’exception du relèvement de 65 à 67 ans de l’âge d’annulation de la décote. Il tient également compte de la réforme de l’Ircantec issue du décret du 23 septembre 2008 et mise en application à compter du 1er janvier 2010. La législation simulée dans ce scénario est détaillée en annexe 1 ;
  • le troisième scénario simule en plus du scénario précédent le relèvement de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans contenu dans la réforme de 2010. L’objectif est de distinguer l’effet de cette mesure de celui du relèvement de l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62 ans. La législation simulée dans ce scénario est détaillée en annexe 2 ;
  • le quatrième scénario simule la législation en vigueur à l’issue de la réforme du 20 janvier 2014. Il tient compte des modifications réglementaires intervenues entre 2010 et 2014, notamment l’écrêtement du minimum contributif mis en œuvre à partir du 1er janvier 2012, le décret du 2 juillet 2012 et les deux accords nationaux interprofessionnels relatifs aux régimes Agirc et Arrco signés respectivement les 18 mars 2011 et 13 mars 2013. La législation simulée dans ce scénario est détaillée en annexe 3 ;
  • le cinquième scénario législatif correspond à la législation en vigueur au 31 décembre 2015. Il tient donc compte des effets de l’accord national interprofessionnel relatif aux régimes Agirc et Arrco signé le 30 octobre 2015. La législation simulée dans ce scénario est détaillée en annexe 4.

15 L’analyse de l’effet de ces différents scénarios sur l’équité porte sur l’ensemble des générations nées entre 1950 et 1990. La génération née en 1950 a été très peu touchée par les modifications réglementaires intervenues depuis 2010 à l’exception des mesures de revalorisation. Les générations suivantes permettent de mesurer leur montée en charge et leur effet de long terme.

16 Les effets de chaque scénario législatif sur les quatre indicateurs d’équité étudiés sont estimés en mobilisant le modèle de microsimulation TRAJECTOiRE de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) (cf. encadré 1). Ce modèle, qui prend comme source l’échantillon interrégimes de cotisants de 2009 (EIC, 2009) prolonge les carrières des assurés, modélise les comportements de départ à la retraite en utilisant les données observées sur les générations récemment parties à la retraite, et calcule les montants de pensions de retraite individuels par régime. Il utilise, pour déterminer les comportements de départ à la retraite induits par les modifications législatives et réglementaires étudiées, le module de départ à la retraite PROMESS (Aubert et alii, 2010), qui, adapté dans un cadre individuel, détermine les âges de fin d’emploi, de fin de validation et de liquidation de chaque assuré.

17 Le modèle TRAJECTOiRE tient compte uniquement des pensions de droit direct. Les estimations n’intègrent donc pas les pensions de réversion. La dimension individuelle du modèle ne permet pas non plus la prise en compte du minimum vieillesse (ASPA).

18 Les pensions tous régimes prises en compte incluent la pension du régime général (CNAV), des salariés agricoles (MSA), des indépendants (RSI), de la fonction publique et des régimes spéciaux regroupés (1), des professions libérales (CNAVPL), des exploitants agricoles et des régimes complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco), des contractuels de la fonction publique (Ircantec), des indépendants (régime complémentaire obligatoire du RSI) et des professions libérales (on applique, par simplification, les règles de la CARMF (Caisse d’assurance Retraite des Médecins de France) pour la pension complémentaire et celles de l’ASV (Avantage Social Vieillesse) pour la pension supplémentaire pour toutes les professions libérales) (2) et du RAFP (Retraite additionnelle de la fonction publique) (cf. annexe 4).

19 Pour tous les scénarios les pensions tous régimes comprennent les versements forfaitaires uniques qui, pour cette étude, sont laissés en rente. Ils sont par ailleurs supposés être versés par le régime d’affiliation (3).

20 Les simulations sont effectuées sur la base du scénario B des projections du Conseil d’orientation des retraites (COR) de décembre 2014. Celui-ci fait l’hypothèse d’un taux de chômage de long terme de 4,5 % et d’un taux de croissance de long terme de la productivité de 1,5 %.

21 Le modèle TRAJECTOiRE comporte par ailleurs de nombreuses hypothèses susceptibles d’influencer les résultats de notre étude. Nous nous proposons donc de mentionner les principales.

22 Dans le modèle de microsimulation TRAJECTOiRE, le module de départ à la retraite des assurés du secteur privé est calibré à partir des données observées dans l’Échantillon Interrégimes de Retraités (EIR) 2008. Or, à cette date, la décote et la surcote n’étaient pas encore totalement montées en charge dans les régimes de la fonction publique. Un module de départ spécifique a donc été construit pour les fonctionnaires. Ces derniers sont supposés liquider leurs droits à la date à laquelle ils ont validé la durée requise avec un âge maximum fixé à la limite d’âge dans la fonction publique. Les résultats de cette étude concernant les fonctionnaires sont donc surestimés dans la mesure où le relèvement des bornes d’âge joue pleinement pour cette catégorie d’assurés, tout comme l’allongement de la durée d’assurance requise.

23 Il est également à noter que les simulations sont effectuées avec les hypothèses macroéconomiques du scénario B du COR pour les projections financières établies dans le cadre de la séance de décembre 2014. Ce choix s’inscrit en cohérence avec diverses études d’évaluation réalisées récemment par la Drees, notamment en vue d’alimenter certaines séances du COR. En outre, ce choix de scénario présente l’intérêt de s’inscrire dans des hypothèses économiques plus proches de celles en vigueur au moment des négociations qui ont mené à l’accord national interprofessionnel de l’Agirc-Arrco du 30 octobre 2015. L’hypothèse de chômage a relativement peu d’incidence sur les pensions individuelles. En effet, la différence de taux de chômage entre les différents scénarios du COR a un effet limité sur le montant des pensions puisqu’il existe des mécanismes permettant de valider des trimestres et des points dans les régimes complémentaires lors des périodes de chômage indemnisé ou de maladie. Les hypothèses de productivité affectent en revanche les salaires des assurés, et ont un effet sensible sur la pension. En effet, si cet impact est en partie modéré par le plafonnement des salaires pris en compte dans les régimes alignés ou les minima de pension (minimum contributif et minimum garanti), il est important sur les salaires entre ces deux bornes ; les assurés ont en outre une diminution du nombre de points accumulés dans les régimes complémentaires (avec des hypothèses de productivité plus basses). L’effet sur l’ampleur de l’impact des réformes est a priori moins marqué que sur les évolutions dans l’absolu, mais il n’est toutefois pas négligeable. Par exemple, la sous-indexation de la valeur de service des points Agirc et Arrco au niveau de l’inflation moins 1 point avec un plancher à 0 suite à l’accord de 2013 n’aura pas un effet de la même ampleur selon que l’hypothèse d’inflation est supérieure ou inférieure à 1 %. Pour apprécier les évolutions de projections, le tableau 1 présente les valeurs des différents agrégats macroéconomiques lors des projections actualisées du COR de la séance de décembre 2014 (utilisées dans cette étude) et les hypothèses retenues pour le rapport annuel du COR de juin 2016.

Encadré 1 : le modèle de microsimulation TRAJECTOiRE

Le modèle TRAJECTOiRE (TRAJEctoire de Carrières TOus REgimes, Duc et alii, 2013) est un modèle de microsimulation permettant de prolonger les trajectoires individuelles sur le marché du travail, en vue de pouvoir calculer des droits individuels à la retraite. Il part pour cela des informations contenues dans l’Échantillon Interrégimes de Cotisants de 2009 (EIC, Salembier, 2013), qui retrace finement, à un pas annuel, les trajectoires professionnelles d’un échantillon d’individus représentatif de la population française (250 000 personnes, soit 2,7 % des générations échantillonnées) ayant été affiliés au moins une fois dans leur carrière à une caisse de retraite française. TRAJECTOiRE utilise une version de l’EIC enrichie des personnes contenues dans le Répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP) (qui n’ont pas encore cotisé à une caisse de retraite à ce jour, ainsi que des générations non présentes dans l’EIC (qui font l’objet de simulations). La taille conséquente de cet échantillon (près de 2 millions de personnes) et les données détaillées qu’il intègre en font une source très riche pour une microsimulation.
Pour les individus dont la fin de carrière n’a pas encore eu lieu, le modèle simule jusqu’à l’âge de 54 ans un ou plusieurs états annuels sur le marché du travail (inactivité, emploi, chômage indemnisé, maladie, etc.), et en particulier une ou plusieurs périodes d’affiliation dans l’une ou l’autre des différentes caisses de retraite. Ces simulations répliquent les comportements les plus récents observés sur le marché du travail à partir de l’EIC 2009. En particulier les carrières des femmes sont modélisées à partir des observations les plus récentes concernant leur participation et leur intégration au marché de l’emploi. Certains régimes sont regroupés dans les simulations, dans un esprit de simplification. Les régimes de retraite de la Fonction Publique, de la Caisse Nationale de Retraites des Agents des Collectivités Locales (CNRACL), du Fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l’État (FSPOEIE) et des régimes spéciaux sont ainsi regroupés dans un même ensemble ‘fonction publique’ dont les règles sont celles du Service des retraites de l’État. De la même façon, les professions libérales sont regroupées au sein de la caisse CARMF (la plus importante en termes d’effectifs) pour la partie complémentaire. L’annexe 5 décrit les régimes de retraite pris en compte dans le modèle TRAJECTOiRE.
Ces carrières simulées sont ensuite utilisées par un module simulant les décisions de départ à la retraite après 54 ans (PROMESS, Aubert et alii, 2010). Le modèle de comportement de départ fait l’hypothèse d’un caractère déterminant de la situation vis-à-vis du taux plein – même s’il n’implique pas, pour autant, que tous les assurés partent en retraite au moment exact où ils atteignent le taux plein. Il a été estimé à partir des comportements observés pour les générations 1938 et 1942, et tient compte, pour les générations plus récentes, des évolutions réglementaires concernant les durées requises et les bornes d’âge. L’annexe 6 revient sur les principales hypothèses qui sous-tendent la simulation des liquidations des assurés.
À l’issue de ce module, nous disposons donc de l’intégralité de la carrière professionnelle et salariale d’un individu ce qui nous permet d’estimer les montants de pension grâce au module de simulation de la pension de droit direct (Caliper, Duc et Lermechin, 2013 et Lermechin et alii, 2011).
Le modèle TRAJECTOiRE permet de simuler différentes législations et d’estimer les effets sur les durées validées, l’âge de liquidation et le niveau des pensions. Ainsi, nous distinguons au sein de chaque réforme les différents paramètres qui ont été modifiés (durée d’assurance requise, départ anticipé pour carrière longue, âge d’ouverture des droits, âge d’annulation de la décote) afin d’estimer l’impact de chacun d’entre eux sur les quatre indicateurs d’équité retenus et sur la pension sur le cycle de vie (définie comme la somme des pensions relatives au salaire moyen par tête (SMPT), perçues sur l’ensemble de la période de retraite). Nous présentons les résultats par sexe et par quartile de salaire. Les quartiles de salaire sont définis à 54 ans. Une catégorie hors emploi est également retenue pour les individus étant en dehors de l’emploi après 50 ans, elle représente entre 13 % et 24 % de la population selon la génération et le sexe. Par hypothèse du modèle de microsimulation, les individus appartenant à cette catégorie ‘Hors emploi’ sont jugés trop éloignés de l’emploi pour valider des trimestres à ce titre entre 54 ans et leur liquidation. Ils liquident principalement à l’âge légal d’ouverture des droits (notamment pour les individus invalides ou inaptes) ou à l’âge d’annulation de la décote. Cependant, certains d’entre eux peuvent valider des trimestres, notamment au titre de la maladie ou de l’invalidité.

24 Pour ces raisons, les résultats présentés dans cet article sont analysés principalement en différence (avant/après réforme), par nature moins sensible aux hypothèses macroéconomiques de projection, qu’en niveau dans l’absolu.

25 Le scénario démographique utilisé en termes de mortalité correspond au scénario central projeté par l’Insee en 2010 (4).

26 Les parties suivantes se proposent d’analyser l’évolution des différents indicateurs d’équité au fil des générations et dans les différents scénarios législatifs.

Impact des réformes sur les quatre indicateurs d’équité moyens par génération du COR et sur l’équité au sein des différents quartiles de revenus

La durée de retraite

27 La durée moyenne de retraite d’une génération se déduit par différence entre l’espérance de vie à 60 ans de cette génération (5), issue des projections démographiques de l’Insee de 2010 (6), et son âge moyen de départ à la retraite, issu des simulations du modèle TRAJECTOiRE (7). L’indicateur de durée de retraite présenté dans cette étude est calculé à la fois en niveau et en proportion de la durée de vie totale, selon les différents scénarios de mortalité (8). Nous présentons le scénario central de mortalité, une variante de mortalité haute et une variante de mortalité basse, toutes deux issues des projections de l’Insee.

28 À l’issue de l’ensemble des modifications réglementaires intervenues avant 2015 (scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2015), nous observons au fil des générations, au-delà de celle née en 1950 (cf. graphique 1), d’abord une chute de la durée passée à la retraite sous l’effet de la réforme de 2010, puis une augmentation de cet indicateur. Cette hausse est la conséquence de l’augmentation de l’espérance de vie entre les générations les plus anciennes et les plus jeunes, plus forte que l’augmentation de l’âge moyen de liquidation. La durée moyenne de retraite passerait ainsi de 25,7 ans pour la génération née en 1950 à 26,8 ans pour la génération née en 1990 dans le scénario central de mortalité. Au final, la génération 1980 bénéficierait d’une durée de retraite à peu près égale à celle de la génération 1950. En revanche les générations intermédiaires auraient une durée de retraite plus courte.

Tableau 1

projections des taux de productivité, d’inflation et de chômage. Conseil d’orientation des retraites, séance de décembre 2014 et rapport annuel de juin 2016(%)

Taux de croissance du SMPT en nominal Inflation Taux de chômage
Décembre 2014
Scénario B
Juin 2016
Scénario 4,5 % - 1,5 %
Décembre 2014
Scénario B
Juin 2016
Scénario 4,5 % - 1,5 %
Décembre 2014
Scénario B
Juin 2016
Scénario 4,5 % - 1,5 %
2013 1,28 1,28 0,86 0,86 9,9 9,9
2014 1,2 1,0 0,50 0,50 10,1 9,9
2015 1,4 1,4 0,90 0,00 10,4 10,0
2016 2,5 1,3 1,40 0,10 10,4 9,7
2017 2,8 1,7 1,75 1,00 10,1 9,7
2018 2,9 2,5 1,75 1,40 9,8 9,6
2019 2,8 3,0 1,75 1,75 9,5 9,6
2020 3,3 3,0 1,75 1,75 9,0 9,4
2021 3,4 3,0 1,75 1,75 8,6 8,8
2022 3,0 3,1 1,75 1,75 8,1 8,3
2023 3,1 3,3 1,75 1,75 7,6 7,7
2024 3,3 3,4 1,75 1,75 7,2 7,1
2025 3,3 3,4 1,75 1,75 6,8 6,5
2026 3,3 3,3 1,75 1,75 6,5 6,2
2027 3,3 3,3 1,75 1,75 6,1 5,8
2028 3,3 3,3 1,75 1,75 5,7 5,5
2029 3,3 3,3 1,75 1,75 5,3 5,2
2030 3,3 3,3 1,75 1,75 4,9 4,8
2031 3,3 3,3 1,75 1,75 4,5 4,5
figure im1

projections des taux de productivité, d’inflation et de chômage. Conseil d’orientation des retraites, séance de décembre 2014 et rapport annuel de juin 2016(%)

Note : les rapports annuels du COR présentent systématiquement les projections pour plusieurs scénarios économiques. Le scénario retenu ici pour le rapport de juin 2016 correspond au scénario dit « 4,5 % – 1,5 % » (l’intitulé correspond au taux de chômage et au taux de croissance du SMPT réel à long terme).
Conseil d’orientation des retraites.
Graphique 1

durée de retraite en fonction de l’année de naissance, selon différents scénarios de mortalité, avec la législation

figure im2

durée de retraite en fonction de l’année de naissance, selon différents scénarios de mortalité, avec la législation

Note : le scénario de mortalité utilisé ici est le scénario issu des projections démographiques de l’Insee publié en octobre 2010.
Lecture : la durée moyenne de retraite des assurés de la génération 1950 est de 25,7 ans dans le scénario central de mortalité projeté par l’Insee en 2010.
Champ : ensemble des assurés des générations vivants au moment de la liquidation de leurs droits (simulation TRAJECTOiRE), ensemble des retraités résidant en France et ayant liquidé leur pension en rente (projection COR).
rapport annuel du COR de juin 2016 et Modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

29 Les données issues du rapport du COR de juin 2016 ont été ajoutées sur la graphique 1 à titre de comparaison avec les données calculées par le modèle TRAJECTOiRE. On note une légère différence de niveau de l’indicateur, qui s’explique notamment par la différence de champ (9), mais les deux sources fournissent des évolutions comparables. Cela conforte le fait que l’analyse de l’évolution de cet indicateur à partir des données issues du modèle TRAJECTOiRE est pertinente.

30 Pour une génération donnée, nous observons une diminution de la durée passée à la retraite au fur et à mesure que les différentes réformes des retraites sont mises en place (cf. graphique 2).

31 L’âge moyen de départ à la retraite augmente à partir de la génération 1951, sous l’effet du relèvement de deux ans de l’âge d’ouverture des droits suite à la réforme des retraites de 2010. Cela explique la diminution de la durée de retraite moyenne par génération d’un peu moins d’un an entre les générations 1950 et 1955 pour le scénario réglementaire correspondant (réglementation issue de la réforme de 2010 hors relèvement de l’âge d’annulation de la décote).

32 Le passage de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans contribue, lui aussi, à augmenter l’âge moyen de départ à la retraite. Pour les générations qui sont actuellement proches de la retraite, l’âge d’annulation de la décote est moins contraignant, pour la plupart des assurés, que celui de l’ouverture des droits, c’est pourquoi la diminution de la durée de retraite engendrée par cette mesure est, au début de la période de projection, un peu moindre que la diminution engendrée par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits (Duc, Martin et Tréguier, 2016). La génération 1955 perd 6 mois de durée passée à la retraite avec le passage de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans. Cet effet s’amplifie cependant au fil des générations.

33 L’intérêt de cet indicateur est aussi de rendre possible des comparaisons intra générationnelles. La graphique 3 montre l’évolution au fil des générations du rapport entre la durée de retraite des femmes et celle des hommes (10) pour différents scénarios législatifs. Remarquons d’abord que le ratio, qui est inférieur à 1 pour les générations nées avant 1960, dépasse ce seuil pour les générations les plus récentes. Cela s’explique par un âge moyen de liquidation des droits qui devient plus avancé pour les hommes que pour les femmes du fait notamment d’une participation croissante de ces dernières au marché du travail, mais aussi du fait qu’elles bénéficient davantage des majorations de durée d’assurance pour enfants. Sous la législation en vigueur avant la réforme de 2010, le rapport des durées moyennes de retraite des femmes et des hommes augmente d’abord progressivement, jusqu’aux générations nées au milieu des années 1970, puis se stabilise.

Graphique 2

durée de retraite en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

figure im3

durée de retraite en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

Lecture : la durée moyenne de retraite des assurés de la génération 1990 est de 26,8 ans dans le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2015. Cette durée était de 28,6 ans dans le scénario législatif correspondant à la législation en vigueur au 31 décembre 2009. La réforme de 2010, hors effet du relèvement de l’âge d’annulation de la décote, conduit à diminuer la durée de retraite de la génération 1990 d’environ 9 mois.
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits. Le scénario de mortalité est le scénario central projeté par l’Insee.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.
Graphique 3

rapport entre la durée de retraite des femmes et celle des hommes en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

figure im4

rapport entre la durée de retraite des femmes et celle des hommes en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

Lecture : pour les assurés de la génération 1990, le rapport entre la durée de retraite des femmes et celle des hommes s’établit à 0,96 dans le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2009 (graphique de gauche). La réforme de 2010, hors effet du relèvement de l’âge d’annulation de la décote, conduit à diminuer ce rapport d’environ 1,5 % pour cette génération.
Note : pour l’impact différentiel des réformes (graphique de droite), une valeur positive signifie que la réforme diminue la durée de retraite en moyenne davantage pour les hommes que pour les femmes, et une valeur négative qu’elle diminue davantage la durée de retraite des femmes que celle des hommes. La même espérance de vie moyenne au sein de chaque génération (hommes et femmes confondus) est ici considérée pour les deux sexes.
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits. Scénario central de mortalité de l’Insee.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

34 Les réformes des retraites menées depuis 2010 ont eu des effets variables sur ce ratio. Les femmes sont davantage touchées que les hommes par l’augmentation de l’âge d’ouverture des droits, si bien que l’effet de cette mesure sur le rapport de durée de retraite des femmes sur celle des hommes est de réduire ce ratio. Les autres mesures diminuent également ce ratio pour les générations les plus anciennes, mais elles l’augmentent pour les générations les plus jeunes. Pour les générations nées après 1980, les réformes conduites depuis 2010 prises dans leur ensemble ont eu un effet neutre.

35 La durée de retraite exprimée en années n’est pas forcément l’indicateur le plus pertinent en matière d’équité « au regard de la durée de retraite » (Secrétariat général du COR, 2014 ; Aubert et Rabaté, 2014). En particulier, les espérances de vie pouvant différer de plusieurs années entre des générations éloignées, nous nous intéressons dans ce qui suit à la durée de retraite en proportion de l’espérance de vie. En effet, la durée de vie augmentant, il ne suffit pas de regarder la variation de la durée de retraite pour juger de l’équité. L’examen d’une durée de retraite relative à la durée de vie, plutôt qu’absolue, est notamment cohérent avec la notion d’équité introduite par la réforme de 2003, qui avait mis en avant le principe d’un partage des gains d’espérance de vie de deux tiers pour la durée de carrière et d’un tiers pour la retraite. Dans cette étude, nous choisissons de rapporter la durée de retraite à la durée de vie totale – à l’instar du choix retenu dans les rapports annuels du COR.

36 En simulant le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2015, nous observons une diminution de la proportion de la durée passée à la retraite sur la durée de vie totale entre les générations 1950 et 1955 (cf. graphique 4). Cela est dû aux décalages des âges légaux contenus dans la réforme de 2010 ainsi qu’à l’allongement progressif de la durée requise pour le taux plein de la réforme de 2003. Dans le scénario central de mortalité, elle passe ainsi de 29,5 % pour la génération 1950 à 27,9 % pour la génération 1955. L’indicateur remonte ensuite progressivement au fil des générations (sauf dans le scénario de mortalité haute). Dans le scénario central de mortalité, la génération 1990 bénéficie à peu près (29,3 %) d’une durée de retraite en proportion de sa durée de vie égale à celle de la génération 1950.

37 De façon analogue à l’évolution de la durée passée à la retraite exprimée en nombres d’années, nous observons (cf. graphique 5) que les différentes réformes des retraites depuis 2010 ont contribué à diminuer la durée passée à la retraite en proportion de la durée de vie totale. Le passage de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de 60 à 62 ans, d’une part, et de celui d’annulation de la décote de 65 à 67 ans, d’autre part, ainsi que l’augmentation de la durée requise pour le taux plein ont ainsi contribué à abaisser de deux points de pourcentage (de 31,3 % à 29,3 %) la proportion de la durée de vie passée à la retraite pour les assurés de la génération 1990. Ainsi, si l’on compare les deux générations les plus éloignées considérées dans cette étude, les réformes des retraites menées entre 2010 et 2015 vont dans le sens d’une plus grande équité pour la génération 1990 par rapport à la génération 1950 au regard de leurs durées de retraite respectives. Entre ces générations, la proportion de la durée de vie passée à la retraite est inférieure d’au plus 1,5 point de pourcentage, ce qui reste proche de la situation des générations les plus récentes, et au-dessus de celle des générations nées dans les années 1930. Ces résultats vont dans le sens de travaux récents conduits à partir du modèle de microsimulation DESTINIE (Dubois et Marino, 2016 ; Aubert et Rabaté, 2014).

Graphique 4

durée de retraite, en proportion de la durée de vie totale, en fonction de la génération selon le scenario de mortalité, avec la législation en vigueur au 31 décembre 2015

figure im5

durée de retraite, en proportion de la durée de vie totale, en fonction de la génération selon le scenario de mortalité, avec la législation en vigueur au 31 décembre 2015

Lecture : la durée moyenne de retraite en proportion de la durée de vie des assurés de la génération 1950 est de 29,5 % dans le scénario central de mortalité projeté par l’Insee en 2010.
Champ : ensemble des assurés vivants au moment de la liquidation de leurs droits (simulation Trajectoire), ensemble des retraités résidant en France (projection COR).
rapport annuel du COR de juin 2016 et modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections du COR de décembre 2014.
Graphique 5

durée de retraite, en proportion de la durée de vie totale, en fonction de la génération selon le scenario législatif (scénario central de mortalité de l’Insee)

figure im6

durée de retraite, en proportion de la durée de vie totale, en fonction de la génération selon le scenario législatif (scénario central de mortalité de l’Insee)

Lecture : la durée moyenne de retraite en proportion de la durée de vie des assurés de la génération 1990 est de 29,3 % dans le scénario correspondant à la législation en vigueur au 31 décembre 2015 (graphique de gauche). La réforme de 2010, hors effet du relèvement de l’âge d’annulation de la décote, conduit à diminuer cette durée d’environ 2,6 % pour cette génération (graphique de droite).
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits. Scénario central de mortalité de l’Insee.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

38 Au-delà de la seule analyse de la durée de retraite, il pourrait être intéressant d’étudier également la durée de retraite en bonne santé (ou sans incapacité), parfois présentée comme un indicateur davantage pertinent en matière d’équité au regard de la durée de retraite (Cambois, Robine, Sieurin, 2011). Cette notion est malheureusement absente du modèle TRAJECTOiRE, mais une étude récente montre que, dans le cadre du scénario règlementaire actuel, la durée de retraite sans incapacité sévère serait stable entre les générations 1960 et 1990 (Cazenave-Lacroutz et Godet, 2016). Les conclusions en termes d’équité entre les générations du point de vue de ce critère pourraient alors être davantage nuancées.

La durée de carrière

39 La durée de carrière peut être calculée de différentes manières selon le statut que l’on accorde aux périodes de non-emploi. Au sens le plus strict, la durée de carrière peut être considérée comme la durée passée effectivement en emploi. On peut également considérer, au-delà de la durée travaillée, quelques périodes de non-emploi involontaire ou encore la durée validée totale pour la retraite (y compris majorations et bonifications de durée).

40 En pratique, trois définitions peuvent être retenues à partir des nombres de trimestres validés par les assurés pour leur retraite (Collin, 2016) :

41

  • la durée cotisée au seul titre de l’emploi (en tant qu’approximation de la durée effectivement passée en emploi) ;
  • la durée validée hors majorations (correspondant approximativement à la durée calendaire passée soit en emploi, soit dans des situations considérées comme assimilées à de la cotisation, du point de vue du système de retraite) ;
  • la durée validée totale (y compris majorations et bonifications de durée) qui constitue la notion de durée effectivement prise en compte par le système de retraite pour le calcul du montant de pension.

Graphique 6

durée de carrière, en proportion de la durée de vie totale en fonction de la génération, selon le scenario de mortalité avec la législation en vigueur au 31 décembre 2015

figure im7

durée de carrière, en proportion de la durée de vie totale en fonction de la génération, selon le scenario de mortalité avec la législation en vigueur au 31 décembre 2015

Lecture : selon le modèle TRAJECTOiRE, la durée moyenne de carrière en proportion de la durée de vie des assurés de la génération 1950 est de 41,5 % dans le scénario central de mortalité projeté par l’Insee en 2010.
Champ : ensemble des assurés vivants au moment de la liquidation de leurs droits.
rapport annuel du COR de juin 2016 et modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

42 Le choix d’une définition, parmi les trois précédentes, pour apprécier l’équité au regard de la durée de carrière est une question normative. Nous présentons dans cet article la définition relative à la durée validée tous régimes (11) .

43 De façon analogue au calcul de l’indicateur de durée de retraite, l’indicateur de durée de carrière est calculé en proportion de la durée de vie totale, selon les trois scénarios de mortalité (central, variante de mortalité haute et variante de mortalité basse) (12).

44 Si l’on se place dans le cadre de la législation en vigueur au 31 décembre 2015 et dans le scénario central de mortalité projeté par l’Insee, la durée moyenne de carrière en proportion de la durée de vie totale par génération diminue au fil des générations. Elle passe de 41,5 % pour la génération née en 1950 à 39,4 % pour la génération née en 1985 (cf. graphique 6). Cette baisse peut être liée aux entrées sur le marché du travail de plus en plus tardives, au fil des générations jusqu’à celles nées au milieu des années 1970 (Salembier, 2015 et 2016). En pratique, la durée d’assurance validée tous régimes reste globalement stable (comprise entre 36 et 37 années) alors que l’espérance de vie à 60 ans croît sensiblement, passant de 27 ans pour les individus de la génération 1950 à 31,3 ans pour ceux de la génération 1990.

45 Le niveau moyen de l’indicateur de durée de carrière en proportion de la durée de vie estimé à partir des simulations de TRAJECTOiRE est légèrement inférieur à celui présenté par le COR (3 points de pourcentage pour la génération 1950, ce qui représente environ deux années et demie de carrière). Cela peut s’expliquer par les différences de champ mentionnées plus haut : les retraités liquidant leur pension sous la forme d’un versement forfaitaire unique (VFU) et les personnes qui, en pratique, ne demanderont jamais la liquidation de leurs droits, qui sont exclus du champ retenu par le COR mais inclus dans celui de cet article, ont le plus souvent une durée validée plus courte que la moyenne. Néanmoins, la série du COR et celle issue de TRAJECTOiRE présentent les mêmes tendances au fil des générations. La suite de l’étude s’intéressant principalement à l’évolution de cet indicateur, plus qu’à son niveau, les écarts mis en évidence sont de deuxième ordre.

46 Les différentes réformes des retraites depuis 2010 ont eu pour effet une hausse de la proportion de vie passée en activité. En l’absence de réforme, la durée de carrière en proportion de la vie totale aurait mécaniquement diminué au fil des générations en raison de la hausse de l’espérance de vie.

47 Le passage de l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62 ans a pour effet un décalage de l’âge de départ à la retraite, ce qui permet à certaines personnes de valider plus de trimestres, et ainsi d’augmenter la durée de carrière. Nous observons le même effet pour le passage de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans et pour l’augmentation de la durée requise pour le taux plein de 167 à 172 trimestres. Ces trois mesures ont chacune un impact de même ampleur pour les générations nées dans la deuxième moitié des années 1970, et l’impact de l’allongement de la durée requise devient le plus fort parmi les générations les plus jeunes – alors que son impact en termes de durée de retraite restait d’une plus faible ampleur que celui des relèvements de l’âge minimal et de l’âge d’annulation de la décote (cf. graphiques 2 et 5). Ainsi, entre la législation en vigueur au 31 décembre 2009 et celle en vigueur au 31 décembre 2015, on observe une augmentation de la durée validée en proportion de la durée de vie totale. La génération 1990 passe d’une proportion de durée de carrière sur la durée de vie totale de 37,8 % à 39,8 %, selon le scénario législatif considéré. À la lumière de cet indicateur, les réformes menées depuis 2010 vont dans le sens d’une plus grande équité intergénérationnelle par comparaison avec la situation des personnes nées en 1950 (sauf pour les générations nées entre 1951 et 1955), puisque les assurés de générations nées après 1960 auraient, en l’absence de réforme, bénéficié d’une durée de carrière plus courte, en proportion de leur durée de vie, par rapport à ceux nés en 1950. Les réformes ont bien pour effet d’allonger les durées de carrière en proportion de la durée de vie, même si elles ne suffisent pas pour neutraliser le fait que les assurés nés au cours des années 1950 ont validé des durées plus longues que les assurés plus jeunes.

48 Rappelons que l’équité au regard de la durée de carrière est une question normative complexe, et le choix des indicateurs pour l’apprécier reste encore en débat. D’autres indicateurs pourraient ainsi conduire à des résultats différents. En particulier, le caractère « avantageux » pour une génération d’avoir une durée de carrière plus faible en moyenne peut être discuté car, s’il est effectivement souvent vu comme tel lorsqu’on compare des assurés à carrière complète, une faible durée de carrière liée à une forte proportion de carrières incomplètes peut aussi, à l’inverse, être interprété comme un désavantage, puisqu’il a pour conséquence des pensions de plus faibles montants. Ces réflexions conduisent à considérer également d’autres indicateurs de durée de carrière, qui visent à neutraliser ces effets liés aux carrières incomplètes via la notion d’équivalent carrière complète (Collin, 2016).

49 En ce qui concerne les écarts de durée de carrière entre les sexes, le rapport entre la durée validée en moyenne par les femmes et celle des hommes (13) est inférieur à 1 pour les générations nées avant 1960, puis devient supérieur à ce seuil pour les générations nées après. Cela signifie que la durée d’assurance validée tous régimes devient plus longue pour les femmes que pour les hommes. Cela s’explique à la fois par la participation plus grande des femmes au marché du travail et par les majorations de durée d’assurance dont elles peuvent bénéficier au titre de la maternité et de l’éducation des enfants (Andrieux, Bonnet, Plouhinec, Rapoport et Solard, 2016) (14). Si l’on restreignait l’indicateur à la seule durée cotisée au titre de l’emploi, le ratio femmes/hommes resterait inférieur à 1 pour l’ensemble des générations.

Graphique 7

durée de carrière, en proportion de la durée de vie totale en fonction de la génération, selon le scenario législatif (scénario central de mortalité de l’Insee)

figure im8

durée de carrière, en proportion de la durée de vie totale en fonction de la génération, selon le scenario législatif (scénario central de mortalité de l’Insee)

Lecture : la durée moyenne de carrière en proportion de la durée de vie des assurés de la génération 1990 est de 39,8 % dans le scénario correspondant à la législation en vigueur au 31 décembre 2015 (graphique de gauche). La réforme de 2010, hors effet du relèvement de l’âge d’annulation de la décote, conduit à augmenter cette durée d’environ 1,6 % pour cette génération (graphique de droite).
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits. Scénario central de mortalité de l’Insee.
rapport annuel du COR de juin 2016 et modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.
Graphique 8

rapport entre la durée de carrière des femmes et celle des hommes en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

figure im9

rapport entre la durée de carrière des femmes et celle des hommes en fonction de la génération pour différents scénarios législatifs (scénario central de mortalité de l’Insee)

Lecture : pour les assurés de la génération 1990, le rapport entre la durée de carrière des femmes et celle des hommes s’établit à 1,01 dans le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2009 (graphique de gauche). La réforme de 2010, hors effet du relèvement de l’âge d’annulation de la décote, conduit à augmenter ce ratio d’environ 1,2 % pour cette génération (graphique de droite).
Note : pour l’impact différentiel des réformes (graphique de droite), une valeur positive signifie que la réforme augmente la durée de carrière en moyenne davantage pour les femmes que pour les hommes, et une valeur négative qu’elle augmente davantage la durée de carrière des hommes que celle des femmes.
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits. Le scénario de mortalité est le scénario central projeté par l’Insee.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

50 Les réformes conduites depuis 2010, dans leur ensemble, ont eu un effet limité sur le rapport de la durée validée tous régimes des femmes sur celle des hommes. Le relèvement de 60 à 62 ans de l’âge d’ouverture des droits a pour conséquence une hausse du ratio – ce qui signifie qu’il conduit à augmenter plus fortement en moyenne la durée d’assurance validée par les femmes que celle validée par les hommes. Ce relèvement de l’âge d’ouverture des droits a en parallèle pour conséquence de réduire la durée passée à la retraite de 7 mois chez les hommes, contre 11 mois chez les femmes pour les assurés de la génération 1980 (cf. Duc, Martin et Tréguier, 2016). À l’inverse, l’augmentation de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans conduit à diminuer le ratio femmes/hommes, donc à augmenter la durée de carrière en moyenne davantage pour les hommes que pour les femmes.

Le taux de remplacement moyen

51 Le taux de remplacement moyen est un indicateur calculé sur le cycle de vie (15). Il peut être défini à partir de différentes formules mathématiques, selon la façon dont on pondère chaque individu dans le calcul de la moyenne : même poids pour tous les assurés, poids proportionnel à la durée de carrière, etc. (cf. encadré 1). Dans cet article, nous avons choisi de rapporter la moyenne des pensions relatives (c’est-à-dire rapportées au SMPT), perçues en moyenne sur l’ensemble de la durée de retraite par les assurés d’une même génération, à la moyenne des salaires relatifs (c’est-à-dire rapportés au SMPT) perçus sur l’ensemble de la carrière des assurés de cette même génération.

52 Ainsi, si ALIQ désigne l’année de liquidation, ADEC l’année de décès de l’assuré, ADEB l’année de début de carrière de l’assuré (c’est-à-dire la première année pour laquelle un salaire est porté au compte), NBRET le nombre d’années de retraite et NBCAR le nombre d’années de carrière (années pour lesquelles un salaire est porté au compte), nous avons :

equation im10
Pension individuelle moyenne =
1adec [pensiontSMPTt]
nbret
t = aliq
equation im11
Salaire indivuel moyen =
1aliq [salairetSMPTt]
nbcar
t = adeb

53 Le taux de remplacement moyen est obtenu en calculant pour chaque génération le ratio entre la pension individuelle moyenne et le salaire individuel moyen.

54 Le montant des pensions de retraite dans l’absolu – c’est-à-dire exprimé en euros – n’est pas pertinent à étudier au fil des générations lorsqu’on raisonne sur longue période, car le montant de revenu des non-retraités peut varier différemment avec le temps. Ainsi, si les autres types de revenus augmentent plus rapidement que les retraites, le montant absolu de pension ne traduit pas le bon niveau de vie par rapport au reste de la population. C’est la raison pour laquelle nous considérons ici un indicateur de niveau relatif des pensions, en rapportant le montant moyen des retraites au salaire moyen dans l’économie. De même pour les salaires.

55 Les montants de pension et de salaire sont bruts. Le taux de remplacement brut moyen sur le cycle de vie diminue au fil des générations passant, dans le scénario économique retenu dans cet article, de 55 % pour les assurés de la génération 1950 à 45 % pour ceux de la génération 1990 (cf. graphique 9). Cette tendance, déjà mise en évidence par des travaux conduits sur cas type (COR, 2017) peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord la baisse progressive des rendements de la plupart des régimes complémentaires (Agirc, Arrco, Ircantec, …) pénalise les générations les plus jeunes qui, pour des niveaux de salaire identiques, percevront des pensions plus faibles (Nortier-Ribordy, 2016). De même, plusieurs changements réglementaires portant sur les régimes de base ont pour conséquence de réduire les taux de remplacement (décalage de la date de revalorisation des pensions, écrêtement du minimum contributif, … Cf. Duc, Martin et Tréguier, 2016 pour une analyse détaillée de ces effets). Enfin, le scénario macroéconomique (notamment l’écart entre le taux de croissance des salaires et l’inflation) contribue aussi à cette tendance de fond dans la mesure où les salaires portés au compte, puis les pensions après la liquidation, sont revalorisés au niveau de l’inflation. Ainsi, plus la croissance de la productivité est dynamique, plus le taux de remplacement sur le cycle de vie est faible. À titre d’exemple, la carrière des assurés de la génération 1990 simulée dans cet article se déroule presque intégralement dans le cadre d’un scénario macroéconomique du COR qui prévoit un taux de croissance des salaires moyens par tête de 1,5 % par an (en plus de l’inflation) à long terme : comme ce rythme est plus élevé que celui observé en moyenne au cours des dernières années (de l’ordre de +0,6 % par an sur la période 1990-2015, cf. COR, 2016, p. 23), le taux de remplacement moyen se trouve donc mécaniquement plus faible pour cette génération 1990 que pour celles qui partent actuellement à la retraite. L’ampleur de la diminution varie toutefois sensiblement selon le scénario économique.

Encadré 2 : les différentes définitions du taux de remplacement moyen

Au-delà de la définition retenue dans cet article, le taux de remplacement moyen sur le cycle de vie peut être calculé de plusieurs autres façons pour une génération donnée. Il peut être calculé par exemple au niveau individuel : le taux de remplacement individuel est égal à la moyenne des pensions relatives actualisées versées sur la durée de retraite divisée par la moyenne des revenus de carrière relatifs actualisés. Le taux de remplacement moyen d’une génération peut alors être obtenu en faisant la moyenne, sur l’ensemble des individus de la génération, des taux de remplacement individuels. Cette méthode présente le désavantage d’être sensible aux valeurs extrêmes des taux de remplacement individuels.
Une alternative est de définir le taux de remplacement moyen à partir de quatre données agrégées : la durée moyenne de retraite, la durée moyenne de carrière (définie pour chaque individu comme la durée validée au titre de l’emploi), le cumul des salaires relatifs au SMPT moyen par individu, et le cumul des pensions perçues relatives au SMPT moyen par individu. Au niveau individuel, le cumul des salaires relatifs au SMPT et le cumul des pensions relatives au SMPT s’écrivent de la manière suivante (en reprenant les notations précédentes) :
equation im12
cumul des pensions individuelle =
adec
∑ [pensiontSMPTt]
t = aliq
equation im13
cumul des salaires individuels =
aliq
∑ [salairetSMPTt]
t = adeb
Le taux de remplacement moyen se calcule alors comme :
equation im14
Cumul des pensions moyen
durée moyenne de retraite
TRmoyen =
Cumul des salaires moyen
durée moyenne de carrière
La principale différence avec la formule que nous avons choisie dans le corps principal de cet article concerne la pondération relative des années de carrière des assurés et des années de retraite des assurés. Le dénominateur de la formule retenue (moyenne du salaire relatif actualisée sur la durée de la retraite) donne à chaque individu le même poids, quelle que soit sa durée de carrière ; en conséquence, il pondère relativement plus les années de carrière des assurés dont la carrière est courte et relativement moins les années de carrière des assurés dont la carrière est longue. De même, le numérateur de cette formule pondère davantage les années de retraite des assurés dont la durée de retraite est courte. Au final, les deux indicateurs présentent de très légères différences en niveau (l’indicateur retenu est un peu plus haut en niveau, car le dénominateur pondère davantage les assurés à carrière courte, qui ont plus souvent de faibles salaires, et est donc lui-même plus bas) mais ils délivrent le même message en termes d’évolution et d’effet des réformes sur le niveau et sur le ratio femmes/hommes.
Graphique 9

taux de remplacement brut moyen sur le cycle de vie en fonction de la génération, et du scénario législatif

figure im15

taux de remplacement brut moyen sur le cycle de vie en fonction de la génération, et du scénario législatif

Lecture : le taux de remplacement moyen sur le cycle de vie est de 44,8 % pour les assurés de la génération 1990 dans le cadre de la législation en vigueur au 31 décembre 2009 (graphique de gauche). La réforme de 2010 conduit à augmenter ce taux d’environ 1,5 point de pourcentage pour cette génération (graphique de droite).
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

56 Les différentes réformes des retraites intervenues depuis 2010 ont des effets contrastés sur le niveau de cet indicateur. Si l’on compare la législation en vigueur au 31 décembre 2009 à celle issue de la loi du 9 novembre 2010, on constate globalement une hausse du niveau de l’indicateur, notamment pour les générations nées après 1960. Le décalage des bornes d’âge de la retraite (ouverture des droits et annulation de la décote) a pour conséquence un prolongement des carrières pour une partie des assurés et donc une accumulation de droits supplémentaires (salaire de référence plus élevé, réduction du coefficient de proratisation, points dans les régimes complémentaires, …) ce qui tend à augmenter les pensions des assurés. Parallèlement, le prolongement des carrières professionnelles peut contribuer à relever dans une moindre mesure le salaire moyen (en proportion du SMPT) perçu au cours de la carrière et donc à augmenter la valeur du dénominateur du ratio, ce qui modère l’impact des réformes sur le taux de remplacement. À l’inverse, par rapport au scénario de fin 2010, le scénario législatif issu de la réforme de 2014 a un effet négatif sur le taux de remplacement, qui est maximal pour les générations nées vers 1960 mais qui tend à s’atténuer pour les générations les plus récentes. Cette baisse s’explique par plusieurs modifications réglementaires intervenues entre 2010 et 2014. D’abord, le décret de juillet 2012, qui a élargi les critères d’éligibilité au dispositif de retraite anticipée pour carrière longue, a permis à de nombreux assurés d’avancer leur date de liquidation, avec en conséquence un raccourcissement des carrières et donc une réduction des droits accumulés (notamment moins de points dans les régimes complémentaires) et des pensions. Ensuite, la mise en œuvre de l’écrêtement du minimum contributif à partir du 1er janvier 2012 (16) a aussi contribué à réduire certaines pensions. Par ailleurs, les accords interprofessionnels intervenus en 2011 et 2013 ont conduit à une sous-indexation de la valeur de service des points des régimes Agirc et Arrco avec pour corollaire une diminution des taux de remplacement. Enfin, ces effets sont amplifiés par plusieurs mesures contenues dans la réforme de 2014, notamment le décalage de la date de revalorisation des pensions et la mise en œuvre de la liquidation unique. À partir de la génération 1965, l’effet différentiel de la réforme de 2014, du décret de 2012 et des ANI de 2011 et 2013 sur le taux de remplacement s’atténue. Cela s’explique par l’allongement des carrières, corollaire de l’accroissement de la durée d’assurance requise pour l’obtention du taux plein, qui s’applique à partir de la génération née en 1961. Enfin, l’Accord National Interprofessionnel du 30 octobre 2015 relatif aux régimes Agirc et Arrco a un effet négatif important sur le taux de remplacement et cet effet est d’autant plus prononcé que les générations sont jeunes (le taux de remplacement des assurés nés en 1990 se contracte d’un point de pourcentage suite à cette modification réglementaire contre 0,2 point de pourcentage pour les assurés nés en 1950). Cela s’explique par la sous-indexation de la valeur de service du point, la baisse du rendement des régimes et la mise en place à partir de la génération 1957 des coefficients temporaires de solidarité pour certains assurés partant au taux plein. Au total, si l’on considère l’effet agrégé de l’ensemble des modifications règlementaires intervenues depuis 2010, le taux de remplacement moyen baisse pour les générations nées vers 1950 (environ un point de pourcentage) mais il s’avère stable pour les générations nées après 1975.

Graphique 10

rapport entre le taux de remplacement moyen des femmes et celui des hommes en fonction de la génération, pour différents scénarios législatifs

figure im16

rapport entre le taux de remplacement moyen des femmes et celui des hommes en fonction de la génération, pour différents scénarios législatifs

Lecture : pour les assurés de la génération 1990, le rapport entre le taux de remplacement moyen des femmes et celui des hommes s’établit à 1,11 dans le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2009 (graphique de gauche). La réforme de 2010 conduit à augmenter ce ratio d’environ 0,7 % pour cette génération (graphique de droite).
Note : pour l’impact différentiel des réformes (graphique de droite), une valeur positive signifie que la réforme augmente le taux de remplacement sur le cycle de vie en moyenne davantage pour les femmes que pour les hommes, et une valeur négative qu’elle augmente davantage le taux de remplacement des hommes que celui des femmes.
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 et vivants au moment de la liquidation de leurs droits.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

57 En ce qui concerne le ratio des taux de remplacement entre les genres (cf. graphique 10), celui-ci est supérieur à 1 pour l’ensemble des générations nées entre 1950 et 1990. Cela s’explique par les différences de carrières salariales : les femmes disposent de salaires en moyenne plus faibles que ceux des hommes, donc de taux de remplacement supérieurs puisque le taux de remplacement décroit généralement en fonction du niveau de salaire (Senghor, 2015), du fait de la redistribution verticale – des plus aisés vers les moins aisés – réalisée par le système de retraite français. Parmi les générations les plus âgées, le fait qu’une proportion plus importante de femmes que d’hommes dispose d’une carrière incomplète joue à l’inverse dans le sens d’un taux de remplacement relativement plus faible pour les femmes, mais cet effet négatif lié à la durée de carrière ne fait qu’atténuer, sans contrebalancer totalement en moyenne, l’effet positif lié à la différence de salaire.

58 Au fil des générations, les taux de remplacement moyen tendent à diminuer (cf. graphique 9) pour les deux sexes, mais pour les femmes cette diminution est moins forte, en raison notamment de l’allongement de leurs carrières et de la diminution de la proportion de femmes à carrière incomplète. Cela explique que le ratio augmente progressivement au fil des générations passant de 1,03 à 1,11 dans le cadre du scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2009. Prises dans leur ensemble, les réformes intervenues entre 2010 et 2015 tendent à améliorer ce ratio de l’ordre de 2 %.

Le taux de cotisation moyen

59 Le taux de cotisation moyen sur l’ensemble de la carrière est le quatrième indicateur d’équité utilisé par le COR (17). Il se calcule pour chaque génération comme le ratio entre la somme, actualisée selon le taux de croissance du SMPT, des cotisations versées dans les différents régimes par les assurés de cette génération et la somme actualisée des salaires et revenus d’activité perçus au cours de la carrière professionnelle par ces mêmes assurés. Les cotisations prises en compte intègrent à la fois les cotisations salariales et employeurs. Formellement, nous avons, en notant i les différents assurés et T(i) l’ensemble de leurs années de carrière :

60 Taux de cotisation moyen

equation im17
cotisations
it T ( i)i, t
SMPTt
=
salaires
it T ( i)i, t
SMPTt

61 Le calcul exact de cet indicateur nécessite de disposer d’un large historique sur les taux de cotisation des différents régimes qui ont jalonné l’histoire du système de retraite français (par exemple pour la génération 1950, il faut connaître les taux de cotisation en vigueur dans les années 1970 pour les différents régimes, dans un contexte où le système de retraite était particulièrement émietté). Ne disposant pas de telles données, nous n’avons considéré ici que les périodes d’affiliation au régime général (c’est-à-dire les cotisations versées et les salaires portés au compte à la CNAV, et dans les régimes complémentaires Agirc, Arrco et Ircantec). Le taux de cotisation moyen d’une génération est un bon indicateur de son effort contributif au système de retraite.

62 De manière générale, le taux de cotisation moyen pour les assurés du régime général augmente au fil des générations, passant de 23 % pour la génération 1950 à 27,8 % pour la génération 1990 (cf. graphique 11) quand on se place dans le cadre de la législation en vigueur au 31 décembre 2015 (issue de l’ANI Agirc-Arrco de 2015). Cette hausse s’explique notamment par les différents relèvements des taux de cotisation intervenus depuis les années 1970. Le taux de cotisation du régime général portant sur la partie du salaire situé sous le plafond de la sécurité sociale est ainsi passé de 10,25 % en 1975 à 15,45 % en 2016. Une assiette de cotisation portant sur l’ensemble du salaire a aussi été créée en 1981 avec un taux qui augmente progressivement jusqu’à 2,3 % à l’horizon 2017. La tendance a été la même dans les régimes complémentaires Agirc et Arrco. Les taux d’appel qui étaient de 100 % dans les années 1970 ont augmenté pour atteindre 125 % dès 1993 et 127 % à partir de 2019. Les taux contractuels ont également sensiblement augmenté.

Graphique 11

taux de cotisation, en moyenne sur l’ensemble de la carrière, des salariés affiliés au régime général, en fonction de la génération et du scénario réglementaire

figure im18

taux de cotisation, en moyenne sur l’ensemble de la carrière, des salariés affiliés au régime général, en fonction de la génération et du scénario réglementaire

Lecture : le taux de cotisation moyen est de 27,74 % pour les assurés de la génération 1990 dans le scénario réglementaire issu de l’ANI du 30 octobre 2015 (graphique de gauche). Le décret du 2 juillet 2012 a conduit à augmenter ce taux d’environ 0,5 point de pourcentage pour cette génération (graphique de droite).
Champ : ensemble des assurés des générations nées après 1950 sur les périodes de cotisation au régime général. Les cotisations (part salariale + part employeur, hors éventuelles réductions de cotisations patronales) et les salaires pris en compte sont ceux enregistrés dans les régimes Cnav, Agirc, Arrco et Ircantec.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.
Graphique 12

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la pension moyenne relative et la pension cumulée sur le cycle de vie – par génération

figure im19

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la pension moyenne relative et la pension cumulée sur le cycle de vie – par génération

Lecture : la pension moyenne tous régimes cumulée sur le cycle de vie de la génération 1980 diminue de 0,1 % suite au relèvement de l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62 ans contenu dans la réforme de 2010, par rapport à la situation avant réforme.
Champ : ensemble des retraités des générations 1950, 1960, 1970 et 1980, y compris versement forfaitaire unique.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

63 Dans la décomposition en fonction des modifications réglementaires successives (cf. graphique 11), quatre scénarios réglementaires ont été isolés, correspondant aux principaux épisodes de hausse des taux de cotisation. La réglementation issue du décret du 2 juillet 2012 prévoit une hausse des taux de cotisation dans les principaux régimes de base. Cette hausse est de 0,5 point pour le taux de cotisation appliqué sur la partie du salaire située sous le plafond de la sécurité sociale pour les affiliés des régimes alignés. L’ANI du 13 mars 2013 instaure une hausse de 0,2 point du taux de cotisation sur l’ensemble des tranches de cotisation des régimes Agirc et Arrco. La loi du 20 janvier 2014 prévoit aussi une augmentation des taux de cotisation dans la plupart des régimes de base. Cette hausse est de 0,6 point pour le taux de cotisation appliqué à l’ensemble du revenu pour les affiliés des régimes alignés. Enfin, l’ANI du 30 octobre 2015 instaure une hausse du taux de cotisation sur les tranches B et C de l’Agirc (0,56 point) et sur la tranche 2 de l’Arrco (0,8 point) ainsi qu’une augmentation du taux d’appel de ces deux régimes (de 125 % à 127 % en 2019). Au final, l’ensemble de ces réformes contribuent à accentuer le profil ascendant de la courbe (cf. graphique 12). Le taux de cotisation moyen passe de 26,2 % à 27,8 % pour la génération 1990 entre le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2009 et celui issu de l’ANI 2015. À l’inverse, pour les générations les plus anciennes (nées avant 1954) ce taux moyen est peu affecté par les réformes.

64 Ces résultats vont dans le sens de travaux récents conduits à partir du modèle DESTINIE (Dubois et Marino, 2016) ainsi que des estimations publiées par le COR à partir de cas type (COR, 2017).

65 Pour finir, si les barèmes de cotisation sont identiques pour les femmes et pour les hommes, les effets des réformes sur le taux de cotisation moyen ne sont pas identiques, car des effets de composition entrent en jeu. En effet, les différentes assiettes de cotisation – notamment les parts des rémunérations en-dessous et au-dessus du plafond de sécurité sociale – ne représentent pas une même proportion de la rémunération totale pour les deux sexes (18). En particulier, du fait des plus faibles salaires des femmes en moyenne, le taux de cotisation moyen est moins sensible aux hausses de taux sur l’assiette au-dessus du plafond pour les femmes que pour les hommes. Or depuis 2010, les taux de cotisation ont augmenté proportionnellement davantage sur la part du salaire situé au dessus du plafond (19). Les écarts restent toutefois très faibles.

Équité de la distribution de revenus

66 Le recul de l’âge moyen de départ permet aux assurés proches du marché du travail d’accumuler des droits supplémentaires, notamment dans les régimes complémentaires. Ainsi, la pension moyenne relative (20) de la génération 1980 augmente de 2,6 % suite au relèvement de l’âge d’ouverture des droits et de 2,3 % suite au relèvement de l’âge d’annulation de la décote. En revanche, l’allongement de la durée requise pour le taux plein diminue la pension relative de 1,1 %. Cet effet provient du fait que l’accumulation des droits ne suffit pas à compenser les effets négatifs dus à l’impact de l’allongement de la durée d’assurance requise sur le coefficient de proratisation des pensions (21). Ainsi, pour la génération 1980, 5 trimestres supplémentaires (172 au lieu de 167) sont requis pour un départ au taux plein ; or cette génération valide en moyenne 1,4 trimestres de plus suite au décalage de l’âge moyen de départ à la retraite de 4 mois. En particulier, les assurés éloignés du marché du travail sont nombreux à ne valider aucun trimestre supplémentaire.

67 Au-delà de ces trois mesures phares, les « autres mesures » entraînent une diminution de la pension moyenne relative de l’ordre de 1,3 % pour la génération 1950 et de 1,8 % pour la génération 1980. Cette diminution est notamment la conséquence du décalage de la date de revalorisation des pensions de la plupart des régimes d’avril à octobre par la réforme de 2014. Elle provient également des accords nationaux interprofessionnels (ANI) Agirc-Arrco. Dans la mesure où les régimes complémentaires représentent en moyenne entre 30 % et 40 % de la pension totale, les ANI ont un effet relativement important. Il est principalement dû à la sous-indexation des pensions Agirc-Arrco entre 2016 et 2019 et au passage de la revalorisation au 1er novembre (au lieu du 1er avril), prévu par l’ANI de 2015. Cette dernière mesure (comme la mesure équivalente de la loi de 2014) touche également les personnes ayant déjà liquidé leur pension (cf. Duc, Martin et Tréguier, 2016, pour le détail de ces effets).

68 La pension moyenne relative, suite aux réformes menées depuis 2010, diminue de 1,3 % pour la génération 1950 (qui est touchée uniquement par les décalages des dates de revalorisation des pensions et par les sous-indexations) et augmente de 2,1 % pour la génération 1980 (cf. graphique 12).

69 La pension relative cumulée sur le cycle de vie permet de rendre compte à la fois des variations de la durée passée à la retraite et des variations de pension relative, ce qui donne une vision plus globale de l’ensemble des pensions perçues tout au long de la retraite (cf. encadré 3). Dans le cas d’un recul de la date de départ à la retraite, elle permet notamment de mesurer la compensation entre d’une part la perte de pension consécutive à ce recul, égale à la somme des pensions non versées entre l’âge de départ initial et le nouvel âge de départ, et d’autre part les droits supplémentaires accumulés entre ces deux âges.

Encadré 3 : définition de la pension relative cumulée sur le cycle de vie

La pension relative cumulée sur le cycle de vie est calculée de la manière suivante. Pour chaque individu, nous sommons l’ensemble de ses pensions mensuelles perçues « déflatées » du SMPT vers une année de référence (l’année 2015). Cette opération consiste à diviser les pensions perçues par le rapport entre le SMPT de cette même année et le SMPT de l’année 2015. Nous sommons ensuite l’ensemble des pensions déflatées du SMPT. Cet indicateur a l’avantage de tenir compte à la fois du niveau de la pension et de la durée passée à la retraite, en retenant le SMPT pour taux d’actualisation.
Ainsi, si l’on note P le montant de pension à la liquidation, ALIQ la date de liquidation, ADEC la date de décès, SMPTt le salaire moyen par tête à la date t et ru l’indice de revalorisation à une date u (les dates étant exprimées de façon mensuelle, même si le SMPT ne change de valeur que d’une année sur l’autre), la pension cumulée relative au SMPT de 2015 s’écrit :
equation im20
ADEC P xt (1 + ru)
Pension cumulée = ∑u = ALIQ
t=ALIQ SMPTt
⎢⎥
SMPT2015 ⎦
Remarquons que la pension cumulée sur le cycle de vie correspond ainsi au produit de la pension relative moyenne sur le cycle de vie (déjà présentée ci-avant), de la durée de retraite, et du SMPT de l’année 2015.
Notons par ailleurs que la pension cumulée fait intervenir la durée passée à la retraite et donc la mortalité. En toute rigueur, dans la mesure où les résultats sont présentés en fonction des quartiles de salaires, il aurait été opportun de tenir compte de la mortalité différentielle. Cependant, le modèle TRAJECTOiRE n’intègre pas à ce stade de projections d’espérance de vie selon la catégorie socioprofessionnelle ou selon la distribution de revenus. Cette absence de prise en compte dans les simulations joue au premier ordre sur le niveau des pensions cumulées par quartile de salaire. L’effet est toutefois du second ordre sur la mesure de l’effet des réformes estimé comme la différence entre deux scénarios. Intuitivement, les espérances de vie étant corrélées positivement avec les quartiles de salaire, les résultats par quartile présentés dans cette contribution pourraient être légèrement moins favorables aux bas salaires et légèrement plus favorables aux salaires élevés. Ces derniers disposeront en effet d’une durée de retraite plus longue que celle simulée, si bien qu’ils compenseront davantage la perte de pension cumulée sur le cycle de vie due au recul de l’âge de liquidation faisant suite à une réforme.

70 Pour la génération 1980, la compensation est quasi parfaite concernant les mesures d’âge puisque la pension cumulée varie de -0,1 % suite au relèvement de l’âge d’ouverture des droits et de -0,4 % suite au relèvement de l’âge d’annulation de la décote. En revanche, l’allongement de la durée requise pour le taux plein de la réforme de 2014 entraîne une diminution de la pension cumulée de 2,4 % et les autres mesures, principalement composées des ANI Agirc-Arrco et du décalage de la date de revalorisation, une diminution de 1,5 % (cf. graphique 14).

Graphique 13

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la pension cumulée sur le cycle de vie – par génération et sexe

figure im21

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la pension cumulée sur le cycle de vie – par génération et sexe

Lecture : la pension moyenne tous régimes cumulée sur le cycle de vie des hommes de la génération 1980 diminue de 1 % suite au relèvement de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans contenu dans la réforme de 2010, par rapport à la situation avant réforme.
Champ : ensemble des retraités des générations 1950, 1960, 1970 et 1980, y compris versement forfaitaire unique.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

71 Les réformes de ces dernières années conduisent au final à une baisse de la pension cumulée de 1,3 % pour la génération 1950 du fait des sous-indexations et des changements de date de revalorisation, et de 4,5 % pour la génération 1980. Cependant, malgré l’effet négatif des mesures, la pension cumulée sur le cycle de vie continue d’augmenter au fil des générations en euros constants.

72 Les femmes de la génération 1980 sont deux fois moins touchées que les hommes (cf. graphique 13) par l’ensemble des réformes menées entre 2010 et 2015 (3 % vs 6 %). Cela est dû d’une part à une participation plus active sur le marché du travail. Couplée aux trimestres de majoration de durée d’assurance pour enfant (MDA), les femmes valident plus de trimestres que les hommes et partent à la retraite plus tôt à partir de la génération 1965. Ainsi, elles sont plus contraintes par le relèvement de l’âge d’ouverture des droits. À cet âge, elles sont encore nombreuses à pouvoir valider de nouveaux droits, leur pension relative augmente. Pour les hommes, c’est l’âge d’annulation de la décote qui les contraint le plus, leur pension relative augmente donc moins que celle des femmes. D’autre part, les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes et donc une durée passée à la retraite plus longue. Il est donc mécaniquement plus facile de compenser le recul de deux ans de l’âge de départ par une pension plus élevée versée longtemps.

Équité au sein de la distribution de revenus

73 Les variations de durée de retraite et de montant de pension cachent des disparités au sein de la distribution des revenus (22). On considère ici qu’une mesure est redistributive si elle touche moins les assurés à faibles revenus que les assurés à revenus élevés. Selon ce critère, les mesures d’âge apparaissent anti-redistributives pour les trois indicateurs retenus avec notamment une perte de la pension cumulée due aux deux mesures d’âge de l’ordre de 6,6 % pour les assurés en dehors de l’emploi dès 50 ans alors que l’effet est quasi nul pour les assurés aux revenus élevés (graphique 14). Les assurés en dehors de l’emploi connaissent d’une part un recul de l’âge de départ à la retraite de deux ans (par hypothèse du modèle, ils liquident leurs droits soit à l’âge d’ouverture des droits au titre de l’invalidité soit à l’âge d’annulation de la décote pour bénéficier du taux plein et éventuellement du minimum contributif) mais accumulent très peu de droits supplémentaires. Pour ces derniers, les deux mesures d’âge de la réforme du 9 novembre 2010 se soldent quasiment par la perte de deux années de pension.

74 L’allongement de la durée requise pour le taux plein est redistributive en ce qui concerne la durée passée à la retraite. En effet, les assurés de la catégorie en dehors de l’emploi dès 50 ans ne modifieront pas leur âge de départ suite à cette mesure. En revanche, en termes de pension relative, elle est anti-redistributive puisque son effet sur le taux de proratisation est plus néfaste aux assurés aux bas revenus et en dehors de l’emploi. L’effet est toutefois neutre en termes de redistributivité sur la pension cumulée, avec une perte de l’ordre de 2 à 3 % selon le quartile de revenus.

Graphique 14

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la durée passée à la retraite, la pension moyenne relative et la pension cumulée sur le cycle de vie – par quartile de salaires à 54 ans – génération 1980

figure im22

effet des mesures phares des réformes des retraites de 2010 à 2015 sur la durée passée à la retraite, la pension moyenne relative et la pension cumulée sur le cycle de vie – par quartile de salaires à 54 ans – génération 1980

Lecture : la pension moyenne tous régimes cumulée sur le cycle de vie des hommes de la génération 1980 appartenant au quartile de salaire le plus élevé diminue de 3,4 % suite aux réformes des retraites mise en œuvre entre 2010 et 2015.
Note : les quartiles de salaires pour les hommes et pour les femmes sont définis au sein de chaque sexe.
Champ : ensemble des retraités de la génération 1980, y compris versement forfaitaire unique.
modèle TRAJECTOiRE, Drees. Scénario macroéconomique B du COR issu des projections de décembre 2014.

75 Les autres mesures prises dans leur globalité sont neutres d’un point de vue redistributif. Comme mentionné précédemment, elles concernent principalement les accords Agirc-Arrco, notamment la sous-indexation, et le changement de date de revalorisation des pensions. Ces deux éléments touchent tous les assurés de la même manière. À noter toutefois que les personnes à bas salaire bénéficient plus souvent de la réduction du salaire de référence permettant de valider un trimestre instaurée par la réforme de 2014 (23). Cela a un effet positif sur leur pension relative et leur pension cumulée sur le cycle de vie.

76 Le cumul de l’ensemble des réformes a un effet très anti-redistributif avec une perte de pension cumulée de plus de 10 % pour les assurés en dehors du marché de l’emploi dès 50 ans et une perte de 3,4 % pour les assurés à revenus élevés.

Conclusion

77 L’étude de l’adéquation du système de retraite français avec son objectif d’équité inter et intra générationnelle, dans le contexte des réformes et modifications réglementaires mises en œuvre entre 2010 et 2015, met en lumière des résultats partagés.

78 En ce qui concerne l’objectif d’équité entre les assurés des différentes générations, si celui-ci semble être respecté au regard de certains indicateurs ; c’est le contraire pour d’autres. La proportion de durée de vie passée à la retraite sur la durée de vie totale de la génération 1990 atteint le niveau de celle de la génération 1950 car l’augmentation de la durée de vie passée à la retraite est compensée par l’effet réducteur des réformes sur cet indicateur. De ce point de vue l’équité entre les générations semble assurée. En revanche si l’on s’intéresse à la proportion de la durée de carrière sur la durée de vie totale l’indicateur diminue au fil des générations du fait d’une hausse plus rapide de l’espérance de vie que de la durée de carrière. De ce point de vue l’exigence d’équité entre les générations ne serait pas respectée. Néanmoins l’interprétation de cet indicateur en termes d’équité reste délicate (Blanchet, 2010, Aubert, Collin et Solard, 2017). Ainsi, avoir une durée de carrière longue (ou symétriquement une durée de retraite courte) pourra être vu alternativement comme un avantage (absence de périodes de chômage, opportunités d’emploi nombreuses, carrière complète) ou un désavantage (obligation de continuer à travailler jusqu’à un âge avancé). En déplaçant la focale sur les deux derniers indicateurs (le taux de remplacement moyen sur le cycle de vie et le taux de cotisation moyen), les générations les plus jeunes paraissent désavantagées. D’abord, le taux de cotisation moyen croît au fil des générations du fait de l’augmentation continue des taux de cotisation de divers régimes. Mais ici encore la lecture de cet indicateur n’est pas évidente car les cotisations supplémentaires peuvent être génératrices de droits. Ensuite, le taux de remplacement moyen se dégrade au fil des générations en raison à la fois des modifications règlementaires mais aussi des hypothèses macroéconomiques qui postulent des gains de productivité relativement élevés. Cependant, ici encore la lecture de cet indicateur n’est pas aisée. Avoir un taux de remplacement moyen élevé peut être considéré à la fois comme avantageux (niveau élevé de la retraite au regard des revenus de la carrière) ou désavantageux (un taux de remplacement élevé est le plus souvent le corollaire de faibles revenus perçus au cours de la carrière).

79 En ce qui concerne l’impact des réformes et modifications règlementaires intervenues depuis 2010 sur l’équité intergénérationnelle, le diagnostic est tout autant partagé. Le décalage des bornes d’âge du système de retraite (contenu dans la réforme de 2010) et l’augmentation de la durée requise pour le taux plein (réforme de 2014) ont pour conséquence de réduire la durée de retraite en proportion de la durée de vie totale et d’augmenter la durée de carrière en proportion de la durée de vie totale au fil des générations. Ces évolutions vont dans le sens d’une plus grande équité entre les générations, car en l’absence de réformes l’augmentation de l’espérance de vie aurait conduit mécaniquement à une situation plus favorable pour les jeunes générations. À l’inverse les différentes augmentations des taux de cotisation retraite intervenues depuis 2010 ont pour conséquence d’accentuer encore la hausse du taux de cotisation moyen au fil des générations. Sur ce plan, les modifications règlementaires conduites depuis 2010 vont à l’encontre de l’objectif d’équité intergénérationnelle. Enfin, ces modifications réglementaires ont un effet globalement neutre sur le taux de remplacement moyen calculé sur le cycle de vie.

80 Du point de vue de l’équité entre les individus d’une même génération, les réformes et modifications réglementaires mises en œuvre entre 2010 et 2015 prises dans leur ensemble apparaissent comme redistributives entre les femmes et les hommes, celles-ci ayant une perte de pension deux fois plus faible que les hommes. En revanche, les réformes sont anti-redistributives entre catégories de salaires. Les assurés à revenus élevés de la génération 1980 voient leur pension cumulée diminuer relativement moins que les assurés à faibles salaires de cette même génération (6,5 points de pourcentage de moins).

81 Comme mentionné en première partie de cet article, le modèle TRAJECTOiRE comporte des hypothèses susceptibles d’influencer les résultats de cette étude. La modélisation des fins de carrière, les nouvelles projections démographiques de 2016 de l’Insee ou l’absence de prise en compte de la mortalité différentielle au-delà du sexe et de l’âge des personnes pourraient ainsi avoir des répercussions sur les conclusions présentées.

Annexe 1 : le scénario législatif issu de la réforme de 2010 hors relèvement de l’âge d’annulation de la décote

82 Par rapport au scénario correspondant à la législation en vigueur an 31 décembre 2009 ce scénario intègre les évolutions réglementaires suivantes :

Le décret du 23 septembre 2008 et l’arrêté du 30 décembre 2008 modifiant les paramètres de l’Ircantec

83 Ces deux mesures législatives prévoient pour le régime de l’Ircantec (régime complémentaire des contractuels de la Fonction Publique et des élus) :

84

  • une hausse des taux de cotisation sur les deux tranches (cf. tableau A1.1) ;
  • une baisse du taux de rendement du régime en augmentant le salaire de référence (cf. tableau A1.2) ;
  • l’instauration d’une surcote à partir du 1er janvier 2010 ;
  • une modification du calcul des points lors des périodes de chômage indemnisé (cette mesure intervenant avant le 1er janvier 2010, elle n’est pas comptée dans l’impact total du décret).

La loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites (hors relèvement de l’âge d’annulation de la décote)

85 Cette réforme concerne l’ensemble des régimes de retraite de base.

86

  • Elle augmente progressivement, à partir de la génération 1951, l’âge d’ouverture des droits à 62 ans. La loi de financement de la sécurité sociale du 21 décembre 2011 pour 2012 (article 88) prévoit l’accélération du relèvement des bornes d’âge de la réforme des retraites de 2010 (cf. tableau A1.3).
  • Elle instaure la possibilité de partir en départ anticipé pour carrière longue à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler avant 18 ans. Néanmoins, les âges de départ augmentent de facto avec l’allongement de l’âge légal d’ouverture des droits. Les départs anticipés seront donc possibles, à terme, à partir de 58 ans au lieu de 56 ans.
  • Elle supprime les départs anticipés pour les parents de trois enfants ou plus pour les affiliés à un des régimes de la Fonction Publique.
  • Elle instaure l’augmentation progressive de l’âge d’annulation de la décote : cette mesure n’est pas incluse

Tableau A1.1

taux de cotisation contractuels de l’Ircantec avant et après le décret de 2008

Année Taux de cotisation avant le décret de 2008 Taux de cotisation après le décret de 2008
Taux sur la Tranche A Taux sur la Tranche B Taux sur la Tranche A Taux sur la Tranche B
2010 4,50 % 14,00 % 4,50 % 14,00 %
2011 4,50 % 14,00 % 4,55 % 14,08 %
2012 4,50 % 14,00 % 4,70 % 14,24 %
2013 4,50 % 14,00 % 4,90 % 14,44 %
2014 4,50 % 14,00 % 5,07 % 14,68 %
2015 4,50 % 14,00 % 5,28 % 15,00 %
2016 4,50 % 14,00 % 5,44 % 15,28 %
2017 et après 4,50 % 14,00 % 5,60 % 15,60 %
figure im23

taux de cotisation contractuels de l’Ircantec avant et après le décret de 2008

Note : ces taux de cotisations contractuels ne correspondent pas à ceux appliqués directement sur le salaire, car il existe un taux d’appel de 125 %. Ces taux correspondent à ceux sur lesquels se basent le calcul du nombre de points acquis.
législation.
Tableau A1.2

taux de rendement du régime Ircantec avant et après le décret de 2008 (estimé pour le modèle après 2015)

Année Avant le décret de 2008 Après le décret de 2008
2008 12,18 % 12,18 %
2009 12,18 % 11,40 %
2010 12,18 % 10,75 %
2011 12,18 % 10,15 %
2012 12,18 % 9,60 %
2013 12,18 % 9,10 %
2014 12,18 % 8,60 %
2015 12,18 % 8,30 %
2016 12,18 % 8,15 %
2017 et après 12,18 % 7,75 %
figure im24

taux de rendement du régime Ircantec avant et après le décret de 2008 (estimé pour le modèle après 2015)

législation.
Tableau A1.3

âge légal d’ouverture des droits

Date de naissance Salariés du privé, indépendants et catégorie sédentaire de la Fonction publique Catégorie active de la Fonction publique
Avant le 01/07/1951 60 ans 55 ans
Du 01/07/1951 au 31/12/1951 60 ans et 4 mois 55 ans
En 1952 60 ans et 9 mois 55 ans
En 1953 61 ans et 2 mois 55 ans
En 1954 61 ans et 7 mois 55 ans
Du 01/01/1955 au 01/07/1956 62 ans 55 ans
Du 01/07/1956 au 31/12/1956 62 ans 55 ans et 4 mois
En 1957 62 ans 55 ans et 9 mois
En 1958 62 ans 56 ans et 2 mois
En 1959 62 ans 56 ans et 7 mois
À partir du 1er janvier 1960 62 ans 57 ans
figure im25

âge légal d’ouverture des droits

législation.

Annexe 2 : le scénario législatif issu de l’ensemble de la réforme de 2010

87 Par rapport au scénario législatif issu de la réforme de 2010 hors relèvement de l’âge d’annulation de la décote, il intègre en plus le relèvement progressif de l’âge d’annulation de la décote de 65 à 67 ans prévu par la loi du 9 novembre 2010 et son accélération prévue par la loi de financement de la sécurité sociale du 21 décembre 2011 (cf. tableau A2.1).

Tableau A2.1

âge d’annulation de la décote

Date de naissance Salariés du privé, indépendants Catégorie sédentaire de la
Fonction publique
Catégorie active de la Fonction publique
En 1945 65 ans sans objet sans objet
En 1946 65 ans 61 ans sans objet
En 1947 65 an 61 ans et 6 mois sans objet
En 1948 65 ans 62 ans sans objet
En 1949 65 ans 62 ans et 3 mois sans objet
En 1950 65 ans 62 ans et 6 mois sans objet
Du 01/01/1951 au 30/06/1951 65 ans 62 ans et 9 mois 56 ans
Du 01/07/1951 au 31/08/1951 65 ans et 4 mois 63 ans et 1 mois 56 ans
Du 01/09/1951 au 31/12/1951 65 ans et 4 mois 63 ans et 4 mois 56 ans
Du 01/01/1952 au 31/03/1952 65 ans et 9 mois 63 ans et 9 mois 56 ans et 6 mois
Du 01/04/1952 au 31/12/1952 65 ans et 9 mois 64 ans 56 ans et 6 mois
Du 01/01/1953 au 31/10/1953 66 ans et 2 mois 64 ans et 8 mois 57 ans
Du 01/11/1953 au 31/12/1953 66 ans et 2 mois 64 ans et 11 mois 57 ans
Du 01/01/1954 au 31/05/1954 66 ans et 7 mois 65 ans et 4 mois 57 ans et 3 mois
Du 01/06/1954 au 31/12/1954 66 ans et 7 mois 65 ans et 7 mois 57 ans et 3 mois
En 1955 67 ans 66 ans et 3 mois 57 ans et 6 mois
Du 01/01/1956 au 30/06/1956 67 ans 66 ans et 6 mois 57 ans et 9 mois
Du 01/07/1956 au 31/08/1956 67 ans 66 ans et 6 mois 58 ans et 1 mois
Du 01/09/1956 au 31/12/1956 67 ans 66 ans et 6 mois 58 ans et 4 mois
Du 01/01/1957 au 31/03/1957 67 ans 66 ans et 9 mois 58 ans et 9 mois
Du 01/04/1957 au 31/12/1957 67 ans 66 ans et 9 mois 59 ans
Du 01/01/1958 au 31/10/1958 67 ans 67 ans 59 ans et 8 mois
Du 01/11/1958 au 31/12/1958 67 ans 67 ans 59 ans et 11 mois
Du 01/01/1959 au 31/05/1959 67 ans 67 ans 60 ans et 4 mois
Du 01/06/1959 au 31/12/1959 67 ans 67 ans 60 ans et 7 mois
En 1960 67 ans 67 ans 61 ans et 3 mois
En 1961 67 ans 67 ans 61 ans et 6 mois
En 1962 67 ans 67 ans 61 ans et 9 mois
À partir du 1er janvier 1963 67 ans 67 ans 62 ans
figure im26

âge d’annulation de la décote

législation.

Annexe 3 : le scénario législatif issu de la réforme de 2014

88 Par rapport au scénario correspondant à la législation issue de la réforme de 2010 ce scénario intègre les évolutions réglementaires suivantes :

L’écrêtement du minimum contributif de la loi de financement de la sécurité sociale de 2009

89 La loi de financement de la sécurité sociale de 2009 a instauré pour les pensions liquidées à partir du 1er janvier 2012 un écrêtement du minimum contributif dans le cas où la pension tous régimes des bénéficiaires de ce minimum dépasse un certain seuil fixé par décret. Ce seuil est fixé à 1 005 euros mensuels au 1er janvier 2012. Nous faisons par la suite l’hypothèse qu’il évolue au même rythme que l’inflation. Au-delà du seuil les pensions sont réduites à due concurrence.

L’accord du 18 mars 2011 des régimes complémentaires Agirc-Arrco-Agff

90 Cet accord paritaire instaure :

91

  • entre 2012 et 2015 une évolution du salaire de référence de l’Agirc et de l’Arrco basée sur l’évolution du salaire moyen diminué de 1,5 point, avec l’évolution de l’inflation comme plancher ;
  • en 2012, une évolution de la valeur de service du point Arrco basée sur l’évolution du salaire moyen diminué de 1,5 point, avec l’évolution de l’inflation comme plancher, et une évolution de la valeur du point Agirc de telle sorte que le rendement de l’Agirc soit ramené à celui de l’Arrco dès 2011 ;
  • entre 2013 et 2015, une évolution de la valeur de service du point Arrco et du point Agirc basée sur l’évolution du salaire moyen – 1,5 point avec l’évolution de l’inflation comme plancher ;
  • l’harmonisation entre les deux régimes des majorations de pension pour les parents de trois enfants et plus. La majoration est désormais fixée à 10 % dans les deux régimes. Néanmoins, cette mesure ne concerne que les points accumulés à partir de 2012 ;
  • le plafonnement annuel des majorations de pension pour les parents de trois enfants et plus à 1 000 € dans chacun des régimes pour les pensions liquidées après le 1er janvier 2012 et pour les individus nés après le 2 août 1951. Nous faisons par la suite l’hypothèse que ces plafonds sont revalorisés au même rythme que les valeurs de service des points des régimes (cf. tableau A3.1).

Le décret du 2 juillet 2012 assouplissant le dispositif des départs anticipés pour carrière longue

92 Ce décret concerne l’ensemble des régimes de base. Il vise à assouplir le dispositif de départ anticipé pour carrière longue. Il comporte quatre modalités :

93

  • il ouvre le dispositif aux assurés ayant commencé à travailler avant 20 ans (au lieu de 18 ans) ;
  • il supprime les conditions en termes de durée de cotisation au-delà de la durée d’assurance requise ;
  • il élargit les trimestres pris en compte dans les trimestres cotisés (2 trimestres au titre du chômage indemnisé et 2 trimestres au titre de la maternité viennent s’ajouter aux 4 trimestres au titre du service militaire et aux 4 trimestres au titre de la maladie ou de la maternité) ;
  • il prévoit un financement du surcoût pour les régimes en augmentant les taux de cotisation des régimes de base. Le taux de cotisation du régime général et de la MSA salarié (1) passe progressivement de 14,95 % à 15,45 % pour la partie du salaire inférieure au plafond de la Sécurité Sociale (cf. tableaux A3.2a). De même, au RSI, pour la partie des revenus d’activité inférieure au plafond de la Sécurité Sociale le taux passe de 16,75 % à 17,15 % (cf. tableaux A3.2b). Les taux de cotisation sont également relevés dans les régimes de la Fonction publique (CNRACL et SRE) et dans les régimes spéciaux.

L’accord national interprofessionnel du 13 mars 2013 sur les retraites complémentaires

94 Cet accord prévoit :

95

  • Entre 2014 et 2015, une évolution du salaire de référence de l’Agirc et de l’Arrco basée sur l’évolution des prix moins un point sans diminution en valeur absolue.
  • Entre 2014 et 2015, une évolution de la valeur de service du point de l’Agirc et de l’Arrco basée sur l’évolution des prix moins un point sans diminution en valeur absolue. À partir du 1er janvier 2014, une augmentation des taux de cotisation sur les différentes tranches des régimes (cf. tableau A3.3).

La loi du 20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système de retraites

96 Cette réforme concerne l’ensemble des régimes de base.

97

  • Elle augmente la durée requise pour l’obtention du taux plein au fil des générations jusqu’à 43 ans (172 trimestres) à partir de la génération 1973 (cf. tableau A3.4).
  • Elle modifie le salaire de référence permettant de valider un trimestre au titre de l’emploi dans les régimes alignés : il fallait initialement percevoir un salaire équivalent à 200 heures SMIC pour valider un trimestre, ce seuil est abaissé à 150 heures SMIC.
  • Elle fixe la date de revalorisation des pensions au 1er octobre de chaque année, au lieu du 1er avril.
  • Elle élargit les trimestres pris en compte pour les départs anticipés pour carrière longue en ajoutant 2 trimestres au titre de l’invalidité, 2 trimestres au titre du chômage indemnisé (portant ainsi à 4 le nombre de trimestres au titre du chômage indemnisé) et tous les trimestres au titre de la maternité.
  • Les taux de cotisation des régimes de base sont augmentés. Le taux de cotisation du régime général et de la MSA salarié (2) est progressivement relevé de 1,70 % à 2,30 % pour l’assiette de cotisation correspondant à la totalité du salaire (cf. tableau A3.5a). De même, au RSI une cotisation est instaurée pour l’assiette correspondant à l’ensemble des revenus d’activité. Elle est portée à 0,6 % en 2017 (cf. tableau A3.5b). Les taux de cotisation sont également relevés dans les régimes de la Fonction Publique (CNRACL et SRE) et dans les régimes spéciaux.
  • Elle instaure un compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) pour les salariés exposés à des facteurs de risques professionnels susceptibles de dégrader leur santé. Chaque exposition à un facteur de risque permet d’accumuler des points sur ce compte individuel. Ces points peuvent donner lieu à différents usages parmi lesquels un départ anticipé à la retraite de 2 ans maximum avant l’âge d’ouverture des droits et l’attribution de trimestres de majoration (3) (avec un maximum de 8 trimestres). Pour financer ce dispositif, une cotisation employeur de base de 0,01 % est instaurée à partir du 1er janvier 2017 sur l’ensemble des rémunérations des salariés en contrat de travail à durée indéterminée ou à durée déterminée (elle concerne toutes les rémunérations que le salarié soit ou non exposé à un facteur de pénibilité). À cela s’ajoute une cotisation additionnelle due par les employeurs ayant exposé au moins un de leur salarié à un facteur de pénibilité. Cette cotisation porte sur l’ensemble des rémunérations perçues par les salariés exposés à la période sur une base trimestrielle. Son taux est fixé à 0,1 % en 2015 et 2016 puis 0,2 % à compter de 2017. La modélisation de ce compte pénibilité et des cotisations qui y sont associées n’est pour le moment pas prise en compte dans le modèle TRAJECTOiRE, faute d’éléments de cadrage sur le nombre de points accumulés et sur le comportement des personnes en matière d’utilisation des points du compte.
  • Elle instaure une liquidation unique pour les polypensionnés des régimes alignés (Cnav, MSA salariés et RSI). Les décrets d’application n’étant pas encore parus au moment de la rédaction de cette étude, nous faisons l’hypothèse que cette mesure s’applique à partir du 1er janvier 2017 (4) et à compter de la génération 1953. Le mode de calcul du SAM est celui du régime général (i.e. calcul du salaire moyen sur une base annuelle et non trimestrialisée) pour les polypensionnés et les monopensionnés des trois régimes alignés. Sauf exception, la pension est supposée être versée par le dernier régime d’affiliation (5).
Tableau A3.1

taux de rendement des régimes Agirc et Arrco avant et après l’accord du 18 mars 2011 (estimé pour le modèle après 2015)

Année Avant l’accord du 18 mars 2011 Après l’accord du 18 mars 2011
Agirc Arrco Agirc Arrco
2010 6,71 % 6,60 % 6,71 % 6,60 %
2011 et après 6,71 % 6,60 % 6,60 % 6,60 %
figure im27

taux de rendement des régimes Agirc et Arrco avant et après l’accord du 18 mars 2011 (estimé pour le modèle après 2015)

législation Agirc-Arrco.

Tableaux A3.2 : taux de cotisation avant et après le décret du 2 juillet 2012

a) CNAV et MSA salariés

Année Taux de cotisation avant le décret du 2 juillet 2012 Taux de cotisation après le décret du 2 juillet 2012
Taux de cotisation sous le PSS (taux employeur/ taux salarié) Taux de cotisation sur la totalité du salaire (taux employeur/ taux salarié) Taux de cotisation sous le PSS (taux employeur/ taux salarié) Taux de cotisation sur la totalité du salaire (taux employeur/ taux salarié)
2012 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,40 % / 6,75 % 1,60 % / 0,10 %
2013 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,40 % / 6,75 % 1,60 % / 0,10 %
2014 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,45 % / 6,80 % 1,60 % / 0,10 %
2015 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,50 % / 6,85 % 1,60 % / 0,10 %
2016 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,55 % / 6,90 % 1,60 % / 0,10 %
2017 et après 8,30 % / 6,65 % 1,60 % / 0,10 % 8,55 % / 6,90 % 1,60 % / 0,10 %
figure im29

a) CNAV et MSA salariés

b) RSI

Année Taux de cotisation avant le décret du 2 juillet 2012 Taux de cotisation après le décret du 2 juillet 2012
Taux de cotisation sous le PSS Taux de cotisation sur la totalité du revenu d’activité Taux de cotisation sous le PSS Taux de cotisation sur la totalité du revenu d’activité
2012 16,65 % 0,00 % 16,65 % 0,00 %
2013 16,65 % 0,00 % 16,85 % 0,00 %
2014 16,65 % 0,00 % 16,95 % 0,00 %
2015 16,65 % 0,00 % 17,05 % 0,00 %
2016 16,65 % 0,00 % 17,15 % 0,00 %
2017 et après 16,65 % 0,00 % 17,15 % 0,00 %
figure im30

b) RSI

Tableaux A3.2 : taux de cotisation avant et après le décret du 2 juillet 2012

législation.
Tableau A3.3

taux de cotisation contractuels de l’Agirc et de l’Arrco après l’accord du 13 mars 2013

Année Tranche 1
Arrco
Tranche 2
Arrco
Tranches B et C
Agirc
Avant l’ANI de 2013 Après l’ANI de 2013 Avant l’ANI de 2013 Après l’ANI de 2013 Avant l’ANI de 2013 Après l’ANI de 2013
2013 6 % 6,0 % 16 % 16,0 % 16,24 % 16,24 %
2014 6 % 6,1 % 16 % 16,1 % 16,24 % 16,34 %
2015 6 % 6,2 % 16 % 16,2 % 16,24 % 16,44 %
figure im28

taux de cotisation contractuels de l’Agirc et de l’Arrco après l’accord du 13 mars 2013

Note : ces taux de cotisations contractuels ne correspondent pas à ceux appliqués directement sur le salaire, car il existe un taux d’appel de 125 %. Ces taux correspondent à ceux sur lesquels se basent le calcul du nombre de points acquis.
législation Agirc-Arrco.
Tableau A3.4

durée d’assurance tous régimes requise pour le taux plein, par génération (en trimestres)

Générations Salariés du privé et indépendants Catégorie sédentaire de la Fonction publique Catégorie active de la Fonction publique
1943 160 150 150
1944 160 152 150
1945 160 154 150
1946 160 156 150
1947 160 158 150
1948 160 160 150
1949 161 161 152
1950 162 162 154
1951 163 163 156
1952 164 164 158
1953 165 165 160
1954 165 165 161
1955 166 166 162
1956 166 166 163
1957 166 166 165
1958 167 167 165
1959-1960 167 167 166
1961-1963 168 168 167
1964-1966 169 169 168
1967-1969 170 170 169
1970-1972 171 171 170
1973-1975 172 172 171
1976 et suivantes 172 172 172
figure im31

durée d’assurance tous régimes requise pour le taux plein, par génération (en trimestres)

législation.

Tableaux A3.5 : taux de cotisation dans les régimes alignés avant et après la loi du 20 janvier 2014

a) Cnav et MSA salarié

Année Taux de cotisation avant la loi du 20 janvier 2014 Taux de cotisation après la loi du 20 janvier 2014
Taux de cotisation sous le
PSS (taux employeur / taux salarié)
Taux de cotisation sur la totalité du salaire (taux employeur / taux salarié) Taux de cotisation sous le
PSS (taux employeur/ taux salarié)
Taux de cotisation sur la totalité du salaire (taux employeur / taux salarié)
2013
2014
2015
2016
2017 et après
8,40 % / 6,75 %
8,45 % / 6,80 %
8,50 % / 6,85 %
8,55 % / 6,90 %
8,55 % / 6,90 %
1,60 % / 0,10 %
1,60 % / 0,10 %
1,60 % / 0,10 %
1,60 % / 0,10 %
1,60 % / 0,10 %
8,40 % / 6,75 %
8,45 % / 6,80 %
8,50 % / 6,85 %
8,55 % / 6,90 %
8,55 % / 6,90 %
1,60 % / 0,10 %
1,75 % / 0,25 %
1,80 % / 0,30 %
1,85 % / 0,35 %
1,90 % / 0,40 %
figure im32

a) Cnav et MSA salarié

législation.

b) RSI

Année Taux de cotisation avant la loi du 20 janvier 2014 Taux de cotisation après la loi du 20 janvier 2014
Taux de cotisation sous le PSS Taux de cotisation sur la totalité du revenu d’activité Taux de cotisation sous le PSS Taux de cotisation sur la totalité du revenu d’activité
2013
2014
2015
2016
2017 et après
16,85 %
16,95 %
17,05 %
17,15 %
17,15 %
0,00 %
0,00 %
0,00 %
0,00 %
0,00 %
16,85 %
16,95 %
17,05 %
17,15 %
17,15 %
0,00 %
0,20 %
0,35 %
0,50 %
0,60 %
figure im33

b) RSI

législation.

Tableaux A3.5 : taux de cotisation dans les régimes alignés avant et après la loi du 20 janvier 2014

Annexe 4 : le scénario législatif en vigueur au 31 décembre 2015

98 Par rapport au scénario correspondant à la législation issue de la réforme de 2014 ce scénario intègre les évolutions réglementaires suivantes.

Le décret du 27 novembre 2014 relatif au régime d’assurance vieillesse de base des professionnels libéraux

99 Cette réforme concerne le régime de base des professionnels libéraux (la CNAVPL).

100

  • La modification des assiettes de cotisation avec le relèvement du plafond de la tranche 1 du régime de 85 % à 100 % du plafond de la Sécurité Sociale.
  • Un changement dans les modalités d’attribution des points avec un accroissement du nombre de points accordés sur la première tranche de cotisation (revenus inférieurs au PSS) et une diminution du nombre de points accordés sur la seconde tranche (revenus entre 0 et 5 fois le PSS, cf. tableau A4.1).

L’accord national interprofessionnel relatif aux retraites complémentaires Agirc-Arrco-Agff du 30 octobre 2015

101 Cet accord instaure :

102

  • une sous-indexation de la valeur de service du point pendant trois ans (sur les exercices 2016, 2017 et 2018) au niveau de l’inflation diminuée d’un point avec une clause « plancher » fixée à 0 %.
  • un décalage de la date de revalorisation annuelle de la valeur de service du point de manière pérenne au 1er novembre de chaque année plutôt qu’au 1er avril ;
  • une augmentation du salaire de référence sur les exercices 2016, 2017 et 2018 avec l’objectif d’un taux de rendement effectif de l’ordre de 6 % (cf. tableau A4.2) ;
  • la fusion de la tranche 2 du régime Arrco avec les tranches B et C du régime Agirc et une hausse des taux de cotisation sur ces mêmes tranches, à partir de 2019 (cf. tableau A4.3) ;
  • une augmentation du taux d’appel des cotisations de 125 % à 127 % à partir de 2019 ;
  • l’extension de la cotisation Agff sur la tranche C du régime Agirc ;
  • la mise en place d’un coefficient de solidarité et de coefficients majorants à partir du 1er janvier 2019 et de la génération 1957 : le coefficient de solidarité consiste à appliquer sur le montant de la pension un coefficient de 0,90 pendant 3 ans dans la limite de 67 ans pour les retraités ayant liquidé leur pension à taux plein dans les régimes de base. Le coefficient de solidarité n’est pas appliqué aux affiliés qui liquident leurs droits 4 trimestres calendaires ou plus au-delà de la date d’obtention du taux plein. Certains affiliés en sont en outre exonérés : les personnes liquidant leurs droits à 67 ans, certaines personnes liquidant au titre du handicap ou de l’inaptitude (6) et les retraités exonérés de CSG (7). Pour les retraités ayant un taux réduit de CSG, le coefficient de solidarité est de 0,95. Les coefficients majorants s’appliquent aux retraités ayant liquidé leurs droits 8 trimestres calendaires au-delà de la date d’obtention du taux plein. Ce coefficient est de 1,10 si le décalage est de 8 à 11 trimestres calendaires, 1,20 pour un décalage de 12 à 15 trimestres calendaires et 1,30 pour un décalage de 16 trimestres calendaires ou plus. Le coefficient majorant est appliqué sur le montant de la pension pendant 1 an.

Tableau A4.1

nombre maximal de points attribués sur les différentes tranches de cotisation à la CNAVPL avant et après le décret du 27 novembre 2014

Tranches de cotisation Avant le décret du 27 novembre 2014 Après le décret du 27 novembre 2014
Tranche 1 450 (entre 0 et 0,85 PSS) 525 (entre 0 et 1 PSS)
Tranche 2 (jusqu’à 5 fois le PSS) 100 (entre 0,85 PSS et 5 PSS) 25 (entre 0 et 5 PSS)
figure im34

nombre maximal de points attribués sur les différentes tranches de cotisation à la CNAVPL avant et après le décret du 27 novembre 2014

Lecture : à la CNAVPL, les points sont attribués sur chacune des tranches au prorata du revenu du professionnel libéral par rapport au plafond de la tranche. Un professionnel libéral dont le revenu est supérieur ou égal au plafond de la tranche 1 se voit attribuer le nombre maximal de points associés à cette tranche (450 avant 2014, 525 après). Si son revenu est inférieur il acquiert ce même nombre de points proratisé par le rapport entre son revenu et le plafond de la tranche. De même pour la tranche 2. Notons que la définition des tranches a aussi évolué avec le décret du 27 novembre 2014.
législation.
Tableau A4.2

taux de rendement des régimes Agirc et Arrco avant et après l’accord du 30 octobre 2015 (estimé pour le modèle après 2015)

Année Avant l’accord du 30 octobre 2015
Agirc Arrco
Après l’accord du 30 octobre 2015
Agirc Arrco
2015 6,60 % 6,60 % 6,60 % 6,60 %
2016 6,60 % 6,60 % 6,33 % 6,33 %
2017 6,60 % 6,60 % 6,09 % 6,09 %
2018 6,60 % 6,60 % 6,00 % 6,00 %
2019 6,60 % 6,60 % 5,90 % 5,90 %
figure im35

taux de rendement des régimes Agirc et Arrco avant et après l’accord du 30 octobre 2015 (estimé pour le modèle après 2015)

législation Agirc-Arrco
Tableau A4.3

taux de cotisation contractuels de l’Agirc et de l’Arrco avant et après l’accord du 30 octobre 2015

Année Avant l’accord du 30 octobre 2015 Après l’accord du 30 octobre 2015
Tranche 1
Arrco
Tranche 2
Arrco
Tranches B et C
Agirc
Tranche 1
Arrco
Tranche 2
Arrco
Tranches B et C
Agirc
2018 6,20 % 16,20 % 16,44 % 6,20 % 16,20 % 16,44 %
2019 et après 6,20 % 16,20 % 16,44 % 6,20 % 17 %
figure im36

taux de cotisation contractuels de l’Agirc et de l’Arrco avant et après l’accord du 30 octobre 2015

Note : ces taux de cotisations contractuels ne correspondent pas à ceux appliqués directement sur le salaire, car il existe un taux d’appel de 125 % (qui passe à 127 % à partir de 2019). Ces taux correspondent à ceux sur lesquels se basent le calcul du nombre de points acquis.
législation Agirc-Arrco.

Annexe 5 : les régimes de retraite pris en compte dans TRAJECTOiRE

Les régimes de base

Le régime général et les régimes alignés (4 régimes)

103 Les salariés du secteur privé sont affiliés à la Cnav (Caisse nationale d’assurance vieillesse), les salariés agricoles sont affiliés à la MSA (Mutualité sociale agricole) des salariés et les indépendants, artisans et commerçants, au RSI (Régime social des indépendants). Le calcul de la pension de retraite est globalement harmonisé au sein de ces trois régimes. Ce sont des régimes en annuités, le salaire annuel valide des trimestres (150 h SMIC = 1 trimestre), la pension est calculée sur la base des 25 meilleurs salaires annuels. À partir du 1er juillet 2017, ces régimes procèderont à une liquidation unique des droits acquis dans l’ensemble de ces régimes.

La CNAVPL (17 régimes)

104 Les individus exerçant une profession libérale sont tous affiliés à la CNAVPL (Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales) pour leur régime de base. C’est à la fois un régime en annuités (les revenus validant des trimestres entrant en compte dans le calcul de la durée d’assurance tous régimes) et un régime en points. Les différents régimes de la CNAVPL sont regroupés dans le modèle TRAJECTOiRE.

Les exploitants agricoles (1 régime)

105 Les exploitants agricoles sont affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA) exploitants. Comme pour le régime de base de la CNAVPL, il s’agit d’un régime en points, mais qui permet aussi la validation de trimestres pris en compte dans la durée d’assurance tous régimes.

Les régimes intégrés

Les régimes de la Fonction publique et les régimes spéciaux (11 régimes)

106 Tous les agents de la Fonction publique d’État civile et militaire sont affiliés au SRE (Service de la retraite de l’État), les agents des collectivités locales et de la fonction publique hospitalière à la CNRACL (Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales) et les ouvriers d’état au FSPOEIE (Fonds spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels de l’État).

107 Les agents des régimes spéciaux (SNCF, RATP, ENIM, CANSSM, IEG, Banque de France) ont une législation quasiment harmonisée (hormis les cas spécifiques de l’ENIM et de la CANSSM, dont le poids est très faible).

108 Ce sont des régimes en annuités, le nombre de jours de travail validant des durées de services (en tenant compte, en outre, de la quotité de travail en cas de temps partiel). La pension est calculée sur la base du traitement des six derniers mois (hors primes).

109 Ces différents régimes sont regroupés en un régime unique fictif dans le modèle TRAJECTOiRE et se voient appliquer les règles et les modalités de calcul du SRE.

Les régimes complémentaires

Les régimes complémentaires des salariés du privé (2 régimes)

110 Les salariés du secteur privé cotisent au régime complémentaire Arrco, les cadres à l’Arrco et à l’Agirc. Ces deux régimes sont des régimes en points.

Le régime complémentaire des non titulaires de la Fonction publique (1 régime)

111 Les non titulaires du secteur public cotisent à l’Ircantec. C’est un régime en points.

112 L’Ircantec est également le régime complémentaire des élus.

Le régime complémentaire des indépendants (2 puis 1 régimes)

113 Les artisans et commerçants du RSI cotisent également au régime complémentaire du RSI. Ce régime en points était initialement distinct pour les artisans et commerçants, il a fusionné au 1er janvier 2013.

Les régimes complémentaires des professions libérales (20 régimes complémentaires et 5 régimes supplémentaires)

114 Chaque profession libérale a un régime complémentaire, voire un régime supplémentaire. Ce sont des régimes en points. Le nombre très important de ces régimes nous a conduit par simplification, dans le modèle TRAJECTOiRE, à affilier fictivement l’ensemble des libéraux à la CARMF (Caisse Autonome de Retraite des Médecins de France) pour le régime complémentaire et à l’ASV (Avantage Social Vieillesse) pour le régime supplémentaire. Ce choix résulte du constat que la CARMF était le régime qui comptait le plus d’affiliés parmi l’ensemble des régimes complémentaires des professions libérales.

Le régime complémentaire des non-salariés agricoles (1 régime)

115 Les exploitants agricoles cotisent au régime complémentaire des exploitants agricoles. C’est un régime en points. Celui-ci n’est, à l’heure actuelle, pas simulé dans le cadre du modèle TRAJECTOiRE. Les résultats présentés s’entendent donc hors régime complémentaire des non-salariés agricoles.

La retraite additionnelle de la Fonction publique (1 régime)

116 Les agents des trois Fonctions publiques cotisent de façon obligatoire à ce régime complémentaire en points depuis le 1er janvier 2005. L’assiette correspond à une partie des primes et indemnités (dans la limite de 20 % du traitement indiciaire de base), non prises en compte par le régime intégré.

117 Tous ces régimes, à l’exception du régime complémentaire des non-salariés agricoles, sont pris en compte dans le module de carrière et le module de comportement de départ.

118 Quelques petits régimes de retraite sont absents de nos sources de données (EIC et échantillon interrégimes de retraités – EIR) et donc du modèle TRAJECTOiRE : l’Opéra de Paris, la Comédie Française, le port autonome de Strasbourg et la retraite complémentaire des artistes auteurs d’œuvres originales (Ircec, RACL et RACD ; nous disposons néanmoins des carrières du régime de base auquel ils sont affiliés, la CNAV) ou les régimes en extinction tel que celui de la Seita. Ces différents régimes représentaient au 31 décembre 2012 respectivement 1 712, 378, 203, 6 245 et 9 484 retraités et 1 823, 343, 156, 30 848 et 101 cotisants. En comparaison, le régime général comptait plus de 13 millions de retraités et près de 18 millions de cotisants. Enfin, les périodes cotisées à l’étranger sont absentes de l’EIC. Des trimestres validés à l’étranger et des trimestres de bonification sont toutefois imputés dans le modèle TRAJECTOiRE selon des distributions observées dans l’Échantillon Interrégimes de Retraités.

Annexe 6 : hypothèses de simulations et limites du modèle

119 Le modèle de micro-simulation TRAJECTOiRE – dont sont issus les résultats présentés plus haut – s’appuie sur plusieurs hypothèses de modélisation. Les principales hypothèses qui influencent les résultats de la présente étude sont détaillées dans cette annexe.

120 Le module de comportement de liquidation du modèle TRAJECTOiRE est fondé sur l’hypothèse d’une recherche du taux plein (voir encadré 1). Deux objections à cette modélisation peuvent être mentionnées. D’une part, cette hypothèse s’appuie sur les comportements de départ à la retraite observés pour les générations étant parties à la retraite ces dernières années sans savoir si ces comportements seront effectivement les mêmes pour les générations futures. En effet, il est possible que les générations les plus jeunes n’aient plus la pension à taux plein comme référence mais plutôt un âge de départ ou un niveau de pension cible. Dans le premier cas par exemple, davantage d’assurés liquideraient avec une décote. Si cette objection est légitime, il est cependant difficile d’y remédier sans disposer d’observations statistiques pour le faire : une modification de la modélisation des comportements de liquidation ne pourrait donc être envisagée qu’avec un recul temporel plus important par rapport aux réformes que celui qui est disponible aujourd’hui.

121 Par ailleurs, le relèvement des bornes d’âge prévu par la réforme de 2010 a nécessité des hypothèses sur le comportement des assurés vis-à-vis de ce nouvel âge mais également vis-à-vis du marché du travail, via un effet horizon. L’hypothèse choisie dans le cadre de cette étude est celle de répliquer à 55 et 56 ans les distributions de probabilités de cessation d’emploi observées à 54 ans. Ces probabilités dépendent toutefois de la durée validée des assurés, on ne réplique donc pas exactement le taux d’emploi observé à 54 ans. Cependant, nous sommes dans une hypothèse haute d’emploi, c’est-à-dire que les assurés proches du marché du travail ont plus de chance de rester en emploi que de sortir vers du chômage ou de la maladie. Cette hypothèse a un effet limité sur les pensions de retraite puisqu’il existe des contreparties aux périodes de non emploi (validation de trimestres, acquisition de points dans les régimes complémentaires). En revanche elle a un effet plus important sur les résultats financiers des régimes puisque plus d’emploi signifie plus de cotisations. Là encore, pour revoir ces hypothèses, nous avons besoin d’un recul temporel plus important (Aubert, 2013 ; Aubert et alii, 2012 ; Dubois et Koubi, 2017). Par ailleurs, les analyses récentes de l’impact sur les taux d’emploi de la réforme de 2010 (Dubois et Koubi, 2017 ; Rabaté et Rochut, 2017) confortent nos hypothèses.

122 Toujours concernant la modélisation des fins de carrière, nous postulons que l’ANI de 2015 n’a pas d’effet sur les âges de liquidation des assurés. Les coefficients de solidarité et coefficients majorants n’entrant en vigueur qu’à partir du 1er janvier 2019, il est aujourd’hui impossible d’anticiper les comportements des assurés face à cette nouvelle réglementation. Tout autre choix aurait relevé de l’arbitraire.

123 En outre, la modélisation s’appuie sur les projections démographiques de l’Insee réalisées en 2010. Or, en 2016 – alors que ces travaux étaient déjà très largement engagés – l’Insee a révisé ses projections. La prise en compte de cette révision pourrait modifier certains constats, présentés sur la durée de retraite et sur la durée de carrière relative à la durée de vie totale (Duc, Martin et Tréguier, 2016).

124 Enfin, au regard des simulations conduites à l’occasion de cette étude, le modèle de micro-simulation TRAJECTOiRE comporte certaines limites imputables essentiellement à l’incomplétude du modèle sur certains éléments de la législation. D’abord, la modélisation ne tient pas compte des pensions de réversion. Or, celles-ci sont affectées par les différentes réformes notamment car les pensions de droit direct – à partir desquelles elles sont calculées – sont modifiées. Par ailleurs elles sont directement concernées par les modifications législatives portant sur les revalorisations des pensions (sous-indexation et décalage de la date de revalorisation). La prise en compte de ces pensions pourrait amener à modifier sensiblement certains résultats en particulier les éléments relatifs à l’équité hommes/femmes (les pensions de réversion concernent essentiellement les femmes). Enfin, la législation relative à l’historique des taux de cotisation dans certains régimes n’est pas simulée (régimes de la fonction publique, régimes des indépendants, …). En conséquence, l’indicateur que constitue le taux de cotisation moyen n’est calculé que sur le champ des affiliations au régime général, excluant de facto les carrières de nombreux assurés.

Notes

  • (1)
    Le Service des retraites de l’État (SRE), la retraite des fonctionnaires hospitaliers et territoriaux (CNRACL) et les différents régimes spéciaux (SNCF, RATP, ENIM, CANSSM, IEG, Banque de France, …) sont distincts dans l’Échantillon Interrégimes de cotisants, cependant ils sont regroupés en un régime unique fictif dans le modèle de microsimulation Trajectoire.
  • (2)
    Seule la pension complémentaire des exploitants agricoles n’est pas prise en compte. D’autres régimes ne font pas partie des simulations dans la mesure où ils sont absents de l’Échantillon Interrégimes et Cotisants.
  • (3)
    La loi du 20 janvier 2014 prévoit que les versements forfaitaires uniques des régimes de base soient, à partir du 1er janvier 2016, versés en rente par le régime de base versant la pension principale (à défaut d’autres régimes de base, les cotisations versées sont remboursées).
  • (4)
    En novembre 2016, l’Insee a publié de nouvelles projections démographiques alors que les travaux de cet article étaient déjà largement engagés. Par rapport aux projections de 2010, les projections de 2016 intègrent les révisions de populations liées aux enquêtes annuelles de recensement. Elles font état d’espérances de vie à 60 ans plus longues (pour la génération 1990, l’écart est de près de 2 ans pour les hommes et de 5 mois pour les femmes) et d’une réduction des écarts entre les hommes et les femmes (l’écart d’espérance de vie à 60 ans passe de 4,5 ans à 3 ans pour les individus nés en 1990). Par ailleurs, les projections de 2016 intègrent des corrections qui conduisent à augmenter légèrement les quotients de mortalité pour les générations nées entre 1940 et 1956. Les résultats présentés seraient donc légèrement modifiés avec ces nouvelles projections.
  • (5)
    La notion d’espérance de vie par génération diffère de l’espérance de vie instantanée. Dans le premier cas, elle est calculée à partir des projections de quotient de mortalité pour une génération donnée aux différents âges (et donc sur différentes années). Elle correspond alors à une projection de la durée réelle de vie à 60 ans. Dans le second cas, elle est calculée à partir des quotients de mortalité d’une année donnée aux différents âges. Elle correspond alors à une projection de la durée de vie à 60 ans sous l’hypothèse où la mortalité dans le futur est la même que celle observée l’année de référence.
  • (6)
    Les projections démographiques de l’Insee réalisées en 2016 révisent les projections de 2010. La prise en compte de ces projections pourrait modifier certains constats présentés sur la durée de retraite et sur la durée de carrière relative à la durée de vie totale : cf. Duc, Martin et Tréguier (2016).
  • (7)
    Plus concrètement, la durée de retraite est égale à : 60 ans + espérance de vie à 60 ans de la génération - âge moyen de liquidation de la génération.
  • (8)
    La durée de retraite en proportion de la durée de vie d’une génération est égale au ratio entre la durée de retraite de cette génération et l’espérance de vie à 60 ans de cette génération à laquelle on ajoute 60 ans.
  • (9)
    La durée moyenne de retraite présentée dans les rapports annuels du COR est calculée sur le champ des retraités résidant en France et liquidant une pension en rente, tandis que la durée simulée à partir du modèle Trajectoire est, dans cet article, calculée sur le champ de l’ensemble des affiliés, y compris ceux résidant à l’étranger et ceux liquidant leur retraite en versement forfaitaire unique (VFU). Or ces deux catégories d’affiliés ont fréquemment des durées validées courtes, et liquident donc le plus souvent à l’âge d’annulation de la décote ; l’âge de liquidation calculé sur le champ incluant ces catégories est donc en moyenne plus élevé, et la durée de retraite plus courte.
  • (10)
    Deux méthodes de calcul peuvent être utilisées pour l’estimation de la durée de retraite par sexe : soit l’espérance de vie distincte par sexe, soit l’espérance de vie unisexe. La première méthode fournit une estimation de la durée moyenne de retraite plus proche de la réalité pour chaque sexe, au sens où les différences d’espérance de vie entre sexe sont prises en compte. La deuxième méthode implique que la différence de durée de retraite entre sexe correspond aux écarts d’âge de liquidation. Les systèmes de retraite obligatoires ayant été conçus dans l’optique d’une mutualisation du risque viager, cette deuxième méthode de calcul permet de s’inscrire en cohérence avec cette optique, en ne considérant pas les écarts d’espérance de vie entre sexe comme des facteurs d’inéquité. Dans cette étude visant à analyser des indicateurs d’équité, et s’inscrivant donc dans une approche normative, nous avons fait le choix de présenter les résultats selon la deuxième méthode. Si l’on fait l’hypothèse que les réformes des retraites n’ont pas d’impact sur l’espérance de vie, le choix de la méthode n’a de toute façon que peu d’incidence sur les résultats.
  • (11)
    Cette définition est également celle retenue par le Conseil d’orientation des retraites.
  • (12)
    La durée de carrière en proportion de la durée de vie totale pour une génération est en pratique calculée ici comme le ratio entre la durée de carrière moyenne de la génération et l’espérance de vie à 60 ans de cette génération augmentée de 60 ans.
  • (13)
    Il s’agit ici du ratio des durées de carrière en années et non des durées de carrière en proportion de la durée de vie.
  • (14)
    Dans le modèle TRAJECTOiRE, les trimestres attribués au titre de l’éducation des enfants sont attribués systématiquement aux femmes. Selon la législation, ils peuvent être partagés entre les parents si ces derniers en font la demande (mais ils sont par défaut attribués à la mère).
  • (15)
    Dans son rapport annuel, le COR ne calcule cet indicateur que sur cas type, car la méthodologie actuelle de ses projections ne permet pas d’estimer le taux de remplacement sur le cycle de vie en moyenne pour chaque génération. Le COR présente par ailleurs un indicateur alternatif sur un échantillon représentatif de retraités : la pension moyenne à 68 ans relative au SMPT de l’ensemble de l’économie.
  • (16)
    Rappelons que cet écrêtement a été décidé dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2009, mais qu’il est ici conventionnellement considéré comme une mesure prise en 2012.
  • (17)
    Le COR présente uniquement un taux de cotisation moyen pour la retraite calculé sur cas type, dans la mesure où sa maquette de projection actuelle ne permet pas de calculer le taux de cotisation en moyenne pour chaque génération.
  • (18)
    Dans le modèle TRAJECTOiRE, sur le champ des assurés affiliés au régime général, la masse salariale située au dessus du plafond de la sécurité sociale représente 15 % de l’ensemble de la masse salariale. Parmi les femmes, cette proportion est de 8 % contre 19 % chez les hommes.
  • (19)
    En point de pourcentage, les taux de cotisation ont progressé de manière à peu près identique entre les deux tranches. Par contre, le taux de cotisation appliqué à la partie du salaire situé sous le plafond était initialement plus important, si bien que ce taux a relativement moins augmenté.
  • (20)
    La pension moyenne relative est la somme des pensions perçues pendant la retraite relatives au salaire moyen par tête (SMPT), divisée par la durée passée à la retraite en nombre de mois.
  • (21)
    Le montant de la pension de retraite pour les régimes de base et intégrés est proportionnel à un facteur, appelé « coefficient de proratisation » qui est le rapport entre la durée validée dans le régime et la durée requise pour le taux plein. La réforme de 2014 augmente cette durée de référence si bien qu’en l’absence de validation de trimestres supplémentaires, la pension diminue par rapport à la situation sans réformes.
  • (22)
    Le revenu est défini comme la médiane des revenus annuels du travail entre 50 et 54 ans.
  • (23)
    Ce salaire de référence passe de l’équivalent de 200 heures travaillées au SMIC à 150 heures.
  • (1)
    Les taux de cotisation de ces deux régimes sont alignés.
  • (2)
    Les taux de cotisations de ces deux régimes sont alignés.
  • (3)
    Ces trimestres seront pris en compte pour le calcul du taux de liquidation mais n’interviendront pas dans le calcul du coefficient de proratisation.
  • (4)
    Au moment de la réalisation de cette étude, l’entrée en vigueur de la LURA (Liquidation unique des régimes alignés) devait intervenir au 1er janvier 2017. C’est donc cette date qui a été retenue pour les simulations. Depuis, son entrée en vigueur a été reportée au 1er juillet 2017.
  • (5)
    Les exceptions sont les suivantes, par ordre de priorité. Pour les assurés ayant exercé une activité non salariée avant le 1er janvier 1973 le régime compétent sera le RSI. Pour les assurés ayant liquidé une pension au titre de l’invalidité dans l’un des régimes alignés, le régime concerné sera le régime compétent. Pour les assurés ayant été affiliés à la MSA salarié et justifiant d’un droit à pension à la MSA non-salarié (exploitants agricoles) c’est la MSA salariés qui versera la pension.
  • (6)
    Dans le modèle TRAJECTOiRE, les départs au titre de l’ex-invalidité et de l’inaptitude ne sont pas distingués. Nous ne disposons pas non plus des taux d’incapacité. On a donc retenu l’hypothèse qu’aucune de ces deux catégories n’est concernée par les coefficients de solidarité ou majorant, ce qui entraîne une sous-estimation des personnes concernées par le coefficient de solidarité. Par ailleurs le modèle ne simule pas les départs pour pénibilité.
  • (7)
    Les personnes liquidant avec une décote viagère ne sont par construction pas concernées par le coefficient de solidarité car elles n’ont pas le taux plein.
Français

Les réformes entreprises en France depuis 2010 ont modifié de nombreux paramètres du système de retraite. Les bornes d’âge du système (âge d’ouverture des droits et âge d’annulation de la décote), la durée requise pour le taux plein, les modalités de calcul des pensions (valeur de service du point dans les régimes complémentaires, date de revalorisation des pensions, calcul du minimum contributif) mais aussi les taux de cotisation ont évolué. Dans le même temps, le profil des assurés évolue au fil des générations. Entre autres, l’entrée sur le marché du travail est de plus en tardive et le taux d’activité des femmes s’accroît. Dans ce contexte, cette contribution s’interroge sur l’impact des modifications règlementaires récentes sur l’équité inter et intra générationnelle du système de retraite. Elle s’appuie sur le modèle de microsimulation TRAJECTOiRE de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Les résultats sont partagés : au prisme de certains indicateurs (durée de retraite) l’équité entre les générations semble assurée alors qu’elle se dégrade à l’aune d’autres indicateurs (taux de cotisation et taux de remplacement).

Mots-clés

  • inégalités inter et intra générationnelles
  • redistribution
  • réformes des retraites

Bibliographie

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Cindy Duc
Insee, Drees au moment de cette étude.
Henri Martin
Drees.
Julie Treguier
Drees.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 18/06/2018
https://doi.org/10.3917/ecop.213.0085
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