CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Ce travail doit beaucoup à P. Cahuc, à ses conseils, àses suggestions et à sa discussion stimulante lors d’un séminaire Fourgeaud. Les auteurs tiennent également à remercier les deux rapporteurs anonymes pour leurs remarques fructueuses, ainsi que A. Quinet et P. Malgrange pour leur relecture. Le développement de la maquette a été grandement facilité par le travail de E. Campens, au cours de son stage à la Direction de la Prévision. Enfin, les auteurs remercient P. Morin et les participants du séminaire Fourgeaud du 21 novembre 2001.

1L’objet de cet article est de proposer un prolongement du modèle d’appariement ou de “ matching ” à un facteur travail hétérogène. Cet article présente une maquette du marché du travail désagrégée en plusieurs qualifications, en précisant pour chacune d’entre elles les fondements microéconomiques de la formation des salaires. Calibrée à partir de données relatives à l’économie française, elle permet d’évaluer l’impact de différentes mesures de politique économique : hausse du salaire minimum, exonérations de cotisations sociales ciblées sur les bas salaires.

2Les travaux sur le chômage structurel reposent généralement sur l’hypothèse d’un facteur travail homogène. Cette approche est habituellement critiquée pour négliger la sensibilité différente de la demande de travail à son coût selon le type de qualification. Elle ignore également l’existence d’une rigidité spécifique liée au salaire minimum. D’ailleurs, l’observation des taux de chômage sur s é r i e s l o n g u e s m o n t r e c l a i r e m e n t q u e l e s déséquilibres entre l’offre et la demande de travail ne sont pas du même ordre entre les différentes catégories de diplôme considérées. La non prise en compte de l’hétérogénéité des qualifications dans une modélisation de la formation des salaires rend aussi difficile l’évaluation des effets des allégements de charges sur les bas salaires introduits depuis 1993 – approfondis dans le cadre de la loi sur la réduction du temps de travail – et donc de leur impact sur le chômage d’équilibre [1]. Le graphique 1 montre en effet l’impact différencié des allégements sur les prélèvements moyens et au niveau du SMIC.

Graphique 1

évolution des prélèvements sur le travail (cotisations sociales salariés et employeurs), au niveau du salaire moyen et au niveau du SMIC

Graphique 1
Graphique 1 : évolution des prélèvements sur le travail (cotisations sociales salariés et employeurs), au niveau du salaire moyen et au niveau du SMIC 1,85 1,80 1,75 1,70 1,65 1,60 Coin fiscal au niveau du SMIC 1,55 Coin fiscal agrégé 1,50 1,45 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 Source : Direction de la Prévision. NB : le coin fiscal considéré ici est le seul coin social, et non le coin fiscalo-social qui prendrait en compte l’impôt sur le revenu.

évolution des prélèvements sur le travail (cotisations sociales salariés et employeurs), au niveau du salaire moyen et au niveau du SMIC

Direction de la Prévision.

3Ce problème de ciblage est mieux traité dans certaines maquettes où le facteur travail a été désagrégé et qui ont été développées spécifiquement pour évaluer les politiques d’allégement de charges dans les années 90. Toutefois, ces maquettes présentent deux inconvénients majeurs :

  • la formation des salaires dans ces modèles est souvent extrêmement simplifiée. Par exemple, dans la maquette construite par Salanié (1999) deux marchés du travail segmentés coexistent, celui des non-qualifiés qui sont rémunérés au SMIC et celui des qualifiés, concurrentiel. Les maquettes de Germain (1997) ou Laffargue (1993) intègrent la dimension des négociations salariales, pour un niveau de qualification intermédiaire. La première ne fait cependant pas intervenir directement le SMIC et les salaires relatifs dépendent de façon ad hoc des taux de chômage relatifs. La seconde intègre à la fois un salaire minimum et des négociations salariales, mais repose sur l’hypothèse que les trois marchés du travail fonctionnent de manière complètement segmentée, si bien que le niveau du salaire minimum n’influe pas sur les négociations. Il n’y a alors pas de diffusion des hausses du SMIC aux salaires des plus qualifiés, alors que les rares études empiriques di sponib les m ontr er a ien t que ce s diff usion s s’effectuent au moins jusqu’à 1,5 SMIC (CSERC, 1999). Enfin, aucun de ces modèles ne prend en compte la possibilité de carrière salariale ou de perte de qualification ;
  • ces maquettes ignorent un fait stylisé majeur des m a r c h é s d u t r a v a i l o c c i d e n t a u x, à s a v o i r l’importance des mouvements de réallocation de m a i n - d’œu v r e ( c f. le s tr a v a u x d e D a v i s e t Haltiwanger, 1992). Ainsi, 7 à 10% des postes de travail sont supprimés chaque année en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les flux bruts de salariés sont naturellement plus élevés et les travaux empiriques montrent qu’entre 20 et 30% des salariés quittent leur emploi chaque année. Les principales différences entre les éc onomies occide ntale s résident dans les flux d’entrée et de sortie du chômage (Cohen, Lefranc et Saint-Paul, 1997). Aux États-Unis, 40% des chômeurs retrouvent un emploi chaque mois, alors que ce taux n’est que de l’ordre de 1 0% e n E ur o pe c o n tin e n ta l e ( Mo r te n se n e t Pissaridès, 1999).

4Ces faits stylisés concernant les mouvements et les transitions de la main-d’œuvre ont conduit au développement de modèles théoriques centrés sur l’analyse des comportements de recherche d’emploi et des frictions induites par les réallocations de main-d’œuvre (modèles de « search »). Dans les m odèles de matc hing, les e mploye urs et le s employés font tous deux face à des frictions dans le processus de recrutement et ont un pouvoir de monopole qu’ils exploitent dans les négociations salariales (Pissaridès, 2000). Un second pan de la littérature relative au search étudie la formation des salaires dans le cas où les employeurs proposent des postes de productivité hétérogène et les employés recherchent les meilleurs opportunités parmi toutes les offres. Ce genre de modèle permet en particulier l’étude des interactions entre les institutions comme le régime d’assurance chômage et les durées de chômage (et non plus uniquement le niveau du taux de chômage), les effets de politiques de formation, d’aides à la recherche active d’un emploi ou d’incitations à l’embauche. Ces modèles donnent également une analyse plus fine des effets de certaines politiques économ iques. Ainsi, une subvention à l’embauche aura des effets très différents d’une baisse du coût du travail, ce qui n’est généralement pas le cas dans un modèle statique standard.

5Paradoxalement, cette littérature a été peu mise à profit pour élaborer des maquettes du marché du travail. L’approche retenue ici consiste précisément à prolonge r le modèle d’appariement, dit de « matching », au cas d’un facteur travail hétérogène en distinguant trois catégories de qualifications et en précisant pour chacune d’elles les fondements microéconomiques de la formation des salaires. Les rigid ités s ala r iale s pr ovie nne nt à la f ois de l’existence d’un salaire minimum pour les salariés les moins qualifiés et de l’existence d’un processus de négociation des salaires pour ceux d’entre eux qui sont plus expérimentés et bénéficient d’un statut d’insiders. Autrement dit, les salariés peuvent acquérir un capital humain spécifique au sein de la firme à l’issue d’un processus de sélection. Ils p e u v e n t a l o r s v a l o r i s e r c e c a p i t a l d a n s l a négociation. Le marché du travail des très qualifiés est supposé être à l’équilibre concurrentiel. Cette maquette présente alors plusieurs avantages par rapport aux modèles existant :

  • l’interaction entre le salaire minimum et les salaires négociés, qui représentent les sources de rigidités salariales respectives pour les deux catégories de salariés les moins qualifiés, est explicitement modélisée. Par conséquent, le modèle permet de rendre compte d’un effet de diffusion des hausses de salaire minimum dans une partie de la distribution des salaires;
  • la maquette prend en compte les transitions sur le marché du travail, c’est-à-dire les mouvements entre emploi et chômage, mais aussi les promotions entre qualifications. Le processus de qualification et de déqualification est donc endogène dans la maquette, ce qui permet notamment d’étudier les effets des politiques de formation (requalification des salariés ou au contraire piège à déqualification);
  • le cœur de la maquette est un modèle d’appariement avec négociation et non pas une simple modélisation de type négociation (WS-PS), ce qui permet entre autres de rendre compte de la coexistence d’un chômage frictionnel avec un chômage structurel lié aux rigidités salariales. Ces modèles d’appariement permettent par ailleurs d’étudier plus aisément les ajustements dynamiques du marché du travail pour les différentes catégories de salariés, suite à des chocs ou des changements de politique économique;
  • enfin, lamaquette permet une analyse debien-être.

6Le modèle est calibré à partir des données relatives à l’économie française et des ordres de grandeur quantitatifs sont donnés pour les différents chocs envisagés. Les différentes simulations réalisées sur la base du calibrage de cette maquette montrent que les chocs affectant la fonction de production, par exemple un shift de progrès technique défavorable au travail peu qualifié, ou sur le processus de réallocation de la main-d’œuvre ont pu avoir un impact significatif sur la progression du chômage structurel, d’une ampleur comparable à un éventuel shift de la courbe de salaire. Pour ce qui concerne l’i m p a c t d e s p o l i t i q u e s é c o n o m i q u e s, l e s simulations suggèrent qu’une hausse de 1% du salaire minimum devrait entraîner une hausse de près de 0,1 point du chômage et diffuser à hauteur de 0,1 point en une hausse du salaire réel négocié par les salariés à qualification intermédiaire. En outre, cette maquette donne une évaluation comparable aux études réalisées ex post de l’impact des allégements de charges mis en œuvre en 1993 sur l’emploi, de l’ordre de 320 000 à long terme. Remarquons qu’une telle maquette serait particulièrement adaptée pour évaluer les effets des lois Aubry, exercice qui n’est pas effectué dans cet article.

Présentation de la maquette

Le cœur de la maquette : flux de main-d’œuvre et capital humain spécifique

Dualité du marché du travail

7On considère un marché du travail dual, où coexistent des salariés très qualifiés et des salariés peu qualifiés. Les salariés très qualifiés représentent les salariés fortement diplômés qui exercent des fonctions d’encadrement et dont le salaire (wq ) est fixé de manière concurrentielle. Le segment du marché du travail peu qualifié est lui-même divisé en deux catégories de salariés, selon le déroulement de leur carrière au sein des entreprises :

  • des salariés faiblement expérimentés et faiblement productifs (par abus de langage, ces salariés seront dits « non-qualifiés »). Leur niveau de rémunération ()wnq est égal au salaire minimum ( )w;
  • des salariés ayant acquis un capital humain spécifique au bout d’un certain temps passé au sein de l’entreprise. Ces salariés plus expérimentés ont ainsi acquis un statut d’insider à l’issue d’un processus de sélection interne. Les salariés promus le sont sur des postes nécessitant une qualification spécifique ; ils sont donc plus productifs et mieux rémunérés que les salariés nouvellement embauchés au salaire minimum. Ces salariés, dits « peu qualifiés expérimentés » ou « insiders », négocient leur niveau de rémunération (w ). Leur qualification est e toutefois spécifique à chaque entreprise, ce qui signifie qu’en cas de changement d’entreprise, ces salariés seront réembauchés au salaire minimum et devront s’approprier la nouvelle culture d’entreprise. L’étude récente de Lefranc (2000) prouve la pertinence de cette hypothèse, puisqu’il montre d’une part que les salariés ayant perdu leur emploi enregistrent une perte substantielle de rémunération (de l’ordre de 10 à 15%, soit un chiffre comparable à celui obtenu aux États-Unis) et que l’essentiel de cette baisse provient de la perte de capital humain spécifique à l’entreprise.

8Le processus d’embauche est également distinct sur les deux segments du marché du travail. Les salariés très qualifiés s’adaptent facilement à tous les types de postes d’encadrement, sans coût de transaction. S u r c e s e g m e n t d u m a r c h é d u t r a v a i l a u fonctionnement concurrentiel, il n’y a donc ni chômeur, ni emploi vacant [2]. Pour les salariés peu qualifiés, les embauches s’effectuent sur des postes rémunérés au salaire minimum et dépendent en revanche de la confrontation des offres et demandes d’emplois. Plus précisément, le processus de rencontre entre les chômeurs à la recherche d’un emploi et les entreprises disposant d’emplois vacants est modélisé par une fonction d’appariement M(.), qui indique le nombre d’embauches réalisées par unité de temps, lorsqu’il y a (V) emplois vacants et (U) chômeurs dans l’ensemble de l’économie. De manière standard, la fonction M (V, U) estsupposée strictement croissante par rapport à chacun de ses arguments et telle que M V M U( , ) ( , )0 0 0= =. Enfin, on admet que la fonction d’appariement présente des rendements d’échelle constants.

9Du point de vue de l’entreprise, le maintien d’un emploi vacant occasionne des coûts dont le montant par unité de temps sera noté (h). Parallèlement, la probabilité de pourvoir un emploi vacant par unité de temps s’écrit :

equation im2

où le paramètre ? ?V U/ est l’indicateur traditionnel de tension sur le marché du travail.

10De la même manière, la probabilité pour un chômeur de retrouver un emploi rémunéré au SMIC dépend uniquement de l’indicateur de tension ( )? et est définie par :

equation im3

On montre aisément que la probabilité de pourvoir un emploi vacant est une fonction décroissante de la tension sur le marché du travail, m'( )? <0, alors que la probabilité de retrouver un emploi est une fonction croissantede cette mêmetension(d m d( ( )) / )? ? ? >0.

Les flux de main-d’œuvre sur le segment peu qualifié

11Les postes occupés par les peu qualifiés insiders nécessitent un capital humain spécifique et ne sont donc pourvus qu’en interne. Il n’y a donc pas de coût de transaction lié à l’ouverture d’un emploi vacant pour ces postes, mais les promotions génèrent néanmoins des coûts de formation C. Il est F raisonnable de supposer que le coût de formation est une fonction croissante et convexe du taux de pr om o t io n i n st a n t a n é, n ot é p (C p F'( )>0 et C p F''( )>0), d’une part si on suppose que les promotions s’effectuent au terme d’un processus de sélection des salariés les mieux « appariés » avec l’entreprise (plus le nombre de promotions sera élevé, plus le processus de sélection sera coûteux pour l’entreprise), et d’autre part du fait de la difficulté croissante à absorber des nouveaux promus dans le processus de production, surtout lorsque les postes sont hétérogènes (il n’y a alors pas d’économie d’échelle possible pour la formation).

12La tension sur le marché du travail, les flux de promotion et le taux de destruction des emplois conditionnent, avec la technologie d’appariement, la d yna m iq ue de s f lux d e m a in-d’œuv re e t de chômeurs. Sur chaque petit intervalle de temps (dt), un poste occupé par un salarié peu qualifié est susceptible de devenir vacant, si la paire employeur-employé est affectée par un choc externe négatif. Ces chocs sur l’économie sont supposés intervenir de manière exogène et affecter différemment les postes rémunérés au salaire minimum et les postes des salariés peu qualifiés expérimentés. Les probabilités d’être licencié seront notées respectivement (qe ) et (qn ) p ou r l e s “ expérim entés” et les “non-qualifiés”. Ce tte hypothèse d’exogénéité des taux de séparation est certes discutable, le processus de destruction d’emploi relevant d’une décision stratégique de l’e n tr e pr is e, m ai s P is sa r idè s (2 00 0) m o ntr e comment il est possible d’endogénéiser cette variable sans modifier pour autant les principales conclusions et prédictions du modèle.

13Le graphique 2 résume l’ensemble des hypothèses formulées sur les différents flux de main-d’œuvre sur le segment non qualifié. Cette représentation est naturellementtrès stylisée et présente l’inconvénient d’attribuer aux chômeurs et aux insiders qui viennent juste de perdre leur emploi la même probabilité de retrouver un emploi. Le processus de déqualification est ainsi instantané. Une manière de contourner cette obstacle aurait été de distinguer deux catégories de chômeurs, des chômeurs de courte durée et de longue durée, qui auraient des probabilités de retrouver un emploi et un revenu de remplacement différents. La multiplication des états rend toutefois la résolution plus compliquée et cette extension du modèle n’est pas développée ici.

Graphique 2

les transitions sur le marché du travail des salariés peu qualifiés

Graphique 2
Graphique 2 : les transitions sur le marché du travail des salariés peu qualifiés Salariés non qualifiés Salariés expérimentés p dt LNQE LNQ q dt n q dt e 0m(0)dt U

les transitions sur le marché du travail des salariés peu qualifiés

14Soit N la taille de la population active peu NQ qualifiée, supposée exogène. À chaque instant, la population active des peu qualifiés s’accroît de
equation im5
nouveaux arrivants, qui sont initialement des demandeurs d’emploi. En notant respectivement par U, L et L, le stock de chômeurs (qui sont tous NQNQE peu qualifiés), les niveaux d’emploi des travailleurs non qualifiés et des salariés expérimentés, la dyna m ique de s fl ux e st dé cr ite, d’a pr ès le s hypothèses résumées dans le graphique 1 ci-dessus, par le système de trois équations suivantes :

equation im6

15L’équation (3) indique simplement qu’à chaque date le nombre de chômeurs s’accroît de la quantité

equation im7

alors que simultanément U m? ?( ) chômeurs retrouvent un emploi. Notons respectivement
equation im8
et u U NNQ NQ = / le taux de croissance de la population active des peu qualifiés et leur taux de chômage. À l’équilibre de long terme, c’est-à-dire lorsque le taux de croissance de la population active est stabilisé et le taux de chômage stationnaire, on obtient la relation suivante entre taux de chômage et tension sur le marché du travail :
equation im9

16Dans la mesure où la variable ? est le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre d’emplois vacants, cette dernière relation correspond, sous une forme implicite, à une courbe de Beveridge, qui décrit une relation décroissante et convexe entre le taux de chômage et le taux d’emplois vacants. Elle donne notamment une indication sur l’efficacité de la technologie d’appariement : dans un plan (u, v) plus la courbe est proche de l’origine, plus la technologie d’appariement est efficace.

Le comportement des entreprises

17Le secteur productif de l’économie produit quatre biens : un bien final, consommé par les agents, et troisbiensintermédiaires. Le bien final (Y) est lebien numéraire et est produit à partir du facteur capital (K) et des trois biens intermédiaires, notés L L, et NQ NQE L, selon la technologie Y F K L L L= ( , , , ).

18Q Q NQE NQ L e b i e n f i n a l e s t é g a l e m e n t u t i l i s é p o u r l’investissement (I) de l’entreprise, donc également de prix unitaire.

19Chacun des biens intermédiaires est produit par un entrepreneur individuel (à un seul poste de travail) à partir du facteur travail correspondant à une qualification spécifique. Plus précisément les postes de travail occupé par un salarié qualifié, peu qualifié expérimenté et non-qualifié produisent respectivement les biens intermédiaires L, L et QNQE L aux prix y y e, et y (ces prix correspondant à la NQ Q production des entreprises individuelles).

20Dans chaque entreprise individuelle, les salaires réels perçus à chaque instant par les smicards, les salariés peu qualifiés expérimentés et les salariés qualifiés sont notés respectivement w we, et w. Q Chaque variable endogène du modèle fluctue évidemment au cours du temps, mais l’indice temporel n’est pas retranscrit afin d’alléger les notations. Les salaires réels nets sont soumis à taxation, le coin fiscalo-social affectant les trois types de qualification étant noté respectivement ? ?,e et ?. Par souci de simplification, le coin fiscal Q est supposé ici constant. Il est aisé d’introduire la progressivité (ou dégressivité) de la taxation sur les salaires, ce qui serait en fait pertinent uniquement pour le salairenégocié we[3], mais cela compliquerait inutilement la présentation. D’ailleurs, dans le calibrage du modèle, le salaire négocié représente le point moyen d’une distribution hétérogène de salaires, qu’il conviendrait alors en toute rigueur d’expliciter complètement.

Le programme de l’entreprise produisant le bien final [4]

21En supposant que le marché de bien fonctionne de manière parfaitement concurrentielle, les demandes de biens intermédiaires et de capital à chaque date s’obtiennent à partir du programme de maximisation de l’entreprise représentative de ce secteur :

equation im10

où ( ? ) est le taux de dépréciation du capital.

22Les conditions du premier ordre de ce programme standard donnent, en notant Fi'la dérivée première de la fonction F par rapport au facteur i :

equation im11

Pour les facteurs de biens intermédiaires, qui sont supposés s’ajuster instantanément, la productivité marginale est égale au prix correspondant, tandis que celle du capital est égale à son coût d’usage (r +?).

Le segment qualifié du marché du travail

23Les marchés du travail des qualifiés et des peu qualifiés sont segmentés. La libre entrée sur le marché des produits intermédiaires et le fait que le marché du travail des qualifiés est parfaitement concurrentiel et sans coût de transaction implique a l o r s q u e l e p r o f i t r é a l i s é p a r l’e n t r e p r is e individuelle (? ) est nul. Il en résulte l’égalité entre Q la productivitédessalariés qualifiés yQ et leur coût :

equation im12

où ?Q désigne leniveaudu wedge pour les qualifiés.

24Au niveau agrégé (de la grande entreprise), toute la main-d’œuvre qualifiée est utilisée pour produire le bien intermédiaire « qualifié » et les salaires des qualifiés s’ajustent pour équilibrer l’offre exogène N et la demande. La condition d’égalité entre la Q productivité marginale du facteur travail qualifié et son coût s’écrit :

equation im13

Les espérances de gain des entrepreneurs sur les postes de travail peu qualifié

25Le fonctionnement du marché du travail peu qualifié est proche de celui présentée par Pissaridès (2000) dans le cas d’un facteur travail homogène. Chaque entreprise individuelle prend la décision d’ouvrir un emploi vacant ou de promouvoir un salarié au SMIC s a n s a f f e c t e r l e f o n c t i o n n e m e n t g l o b a l d e l’économie.

26Àchaque instant, un postede travailpeuqualifié peut être vacant ou occupé. Lorsqu’il est occupé, il peut l’être par un salarié peu productif et rémunéré au salaire minimum ou par un salarié expérimenté qui négocie son salaire. Les espérances de profit pour les emplois vacants, pour les postes occupés par des salariés non qualifiés, et les postes occupés par des salariés peu qualifiés expérimentés sont notées respectivement ? ? v nq, et ?e.

27Sur chaque intervalle de temps (dt) un poste occupé au salaire minimum permet la production d’une quantité y dt d’output et donne lieu à versement du salaire net wdt au coût ?w dt pour l’entreprise. Cet emploi est susceptible de devenir vacant avec une probabilité exogène qn d t s u it e à d e s c h oc s technologiques. Le taux d’intérêt réel r est exogène, et le taux d’actualisation des marchés financiers sur chaque intervalle de temps dt est donc égal à 1/(1+rdt). Enfin, l’entreprise promeut son salarié payé au salaire minimum avec une probabilité pdt, ce qui occasionne des coûts de formation C p( ), mais F augmente l’espérance de profit de la firme de ? ? e nq ?, étant donné la productivité accrue des sa la rié s ex pér im en tés. À l’éta t sta tionna ire, l’espérance de profit pour un poste d’employé non qualifié vérifie la relation :

equation im14

La relation (10) signifie que l’espérance de profit d’un emploi au salaire minimum est égal à la somme actualisée des flux de profit instantané ( )y w dt?? et de l’espérance des flux de profits futurs. Cette équation peut se réécrire de manière plus synthétique sous la forme d’une relation d’équilibre instantané des flux financiers générés par un emploi non qualifié :
equation im15

De façon identique, on déduit l’expression de l’espérance d’utilité d’un emploi occupé par un salarié peu qualifié expérimenté enfonctionduprofit instantané qu’il procure à l’entreprise ( )y w e e e ? ?, de la probabilité de destruction d’un tel emploi ( )qe et de la perte potentielle future qe v e ( )? ?? liée au changement d’état possible du poste de travail :
equation im16

Le profit espéré sur un emploi vacant

28À chaque instant, une entreprise peut ouvrir un emploi vacant, qui occasionne des coûts instantanés (h). En fait, ces coûts représentent les dépenses nécessaires à l’entretien du poste de travail et à la recherche active d’un employé (frais de personnel des DRH, frais d’agence, coût de postage…). À chaque date, un tel poste a une probabilité m( )? d’être pourvu, probabilité qui décroît avec la tension sur le marché du travail. Le profit espéré sur un emploi vacant vérifie donc :

equation im17

La demande de travail peu qualifiée

29L’environnement des entreprises étant parfaitement concurrentiel, de nouveaux entrepreneurs entreront sur le marché du bien tant que le profit espéré d’un nouvel emploi vacant sera strictement positif. Cette condition de libre entrée sur le marché des biens implique que le profit espéré d’un emploi vacant est nul :

equation im18

L’expression des profits espérés des emplois occupés se déduit de cette condition de libre entrée et des équations (11), (12) et (13) :
equation im19

et
equation im20

30La durée moyenne pendant laquelle un emploi reste vacant est égale à 1/ ( )m ?. L’équation (16) signifie simplement que le profit intertemporel espéré sur un nouvel emploi pourvu au salaire minimum est égal à l’espérance du coûtmoyend’unemploi vacant
equation im21
Le nombre d’emplois non qualifiés créés à chaque date est déterminé par le nombre d’emplois vacants ouverts et la tension régnant sur le marché du travail. Pour ce qui concerne les salariés expérimentés, l’entreprise ajuste sa demande de travail en décidant du taux de promotion qu’elle pratique. À chaque instant, la firme doit donc arbitrer entre le bénéfice qu’elle retire à former des salariés plus productifs et le coût engendré par ses promotions internes. À l’état stationnaire, le taux de promotion optimal est déterminé parlamaximisationdu profit espéré?nq :

equation im22

31La condition du premier ordre du programme (17) conduit naturellement à l’égalisation entre le bénéfice marginal d’une promotion ( )? ? e nq ? et son coût marginal :

equation im23

où ? est l’élasticité du coût de formation à la CF probabilité de promotion (? >0). Pour une valeur CF du coût de formation suffisamment élevée, le programme (18) aboutira à une solution intérieure pour la probabilité de promotion (p?]0,1[).

32La condition du premier ordre (18) jointe aux équations (15) et (16) permet de déduire l’expression des demandes de travail, respectivement pour les salariés expérimentés et les salariés rémunérés au salaire minimum :

equation im24

et
equation im25

33L es r e lation s (1 9) e t (2 0) m on tre nt que le s produc tivités m arginale s des facteurs travail rémunèrent l’ensemble des coûts liés à la relation salariale, c’est-à-dire le coût salarial, mais aussi les différents coûts de transaction à l’œuvre sur le marché du travail peu qualifié (ouverture d’un nouveau poste de travail ou promotion).

Le comportement des offreurs de travail peu qualifié

Les transitions sur le segment peu qualifié du marché du travail

34La population active est composée de N individus Q très qualifiés et de N dont la durée de vie est NQ infinie. Pour les salariés qualifiés, le marché est concurrentiel et le salaire est déterminé par l’équilibre de l’offre et de la demande. Un employé peu qualifié peut se trouver dans trois situations distinctes : être au chômage, auquel cas son espérance d’utilité sera notée Vu, être employé sur des postes non qualifiés et être rémunéré au salaire minimum, son espérance d’utilité étant alors égale à V V V nq nq u ( )>, ou encore être promu sur des postes nécessitant une qualification spécifique à l’entrepriseV V V e e nq ( )>. Les offreurs de travail sont neutres au risque et les chômeurs recherchent toujours un emploi. En notant (z) le revenu de remplacement net pour un chômeur, compte tenu du fait qu’à chaque instant un demandeur d’emploi rencontre un employeur ayant un poste vacant avec la probabilité ? ?)m(, l’espérance d’utilité Vu d’un chômeur prend la forme :

equation im26

De la même manière, un employé au salaire minimum perçoit la rémunération nette (w), perd son emploi avec la probabilité qn par unité de temps et est promu avec la probabilité (p). Son espérance d’utilité vérifie donc la relation suivante :
equation im27

Enfin, un salarié peu qualifié expérimenté est rémunéré au salaire (we ), négocié avec l’entreprise suivant le processus modélisé dans la section suivante, et perd son emploi avec la probabilité qe par unité de temps. L’espérance d’utilité Ve prend donc la forme suivante :
equation im28

Le processus de négociation et le partage du surplus

35Les inside rs négocient les salaires avec les entrepreneurs, l’issue de négociation s’identifie à une règle de partage du surplus marginal (S) dégagé par la paire « employeur-employé ». Il s’agit donc de négociations individuelles, qui portent sur l’espérance de gains supplémentaires engendrés par chaque emploi de ce type. La productivité marginale ( ye ) de chaque salarié expérimenté pris individuellement est considérée comme exogène au cours de ces négociations. Le surplus S engendré par l’association d’une paire « employeur- salarié peu qualifié expérimenté » est égal à la somme des rentes des deux agents, c’est-à-dire respectivement ? ? e v ? pour l’employeur et V V e u ? p o u r l’employé :

equation im29

Le résultat de cette négociation est déterminé de manière standard par la maximisation d’un critère de Nash généralisé. La valeur du salaire négocié à chaque date est solution du programme suivant :
equation im30

où ? représente le pouvoir de négociation des salariés.

36La condition du premier ordre du programme (25) donne la règle de partage du surplus en fonction du pouvoir de négociation et du niveau du coin salarial :

equation im31

La courbe de salaire (WS)

37L’issue des négociations se traduit par une relation croissante entre le salaire négocié et l’indicateur de tension. La courbe de salaire (WS) explicite cette relation à partir des équations précédentes (26) et (27) et des définitions (21), (22) et (23). Le surplus (S) peut tout d’abord être exprimé en fonction de Vu en additionnant les relations (26) et (27) :

equation im32

En combinant les équations (26) et (28) et en utilisant la condition de libre entrée ?v =0, on aboutit à l’expression du salaire négocié suivante :
equation im33

Le salaire négocié est donc une combinaison linéaire de lavaleur delaproduction d’unsalarié, défalqué du prélèvement social, et des opportunités extérieures du salarié, rVu, pondérés par leur poids respectif dans la négociation. Ainsi, si l’entrepreneur a tout pouvoir de négociation, (? =0), le salaire sera simplement égal au salaire de réservation.

38Pour obtenir une expression explicite du salaire négocié, il suffit à présent d’éliminer la fonction valeur dans l’équation précédente, à partir de l’équation (21) et en réécrivant l’écart d’espérance d’utilité entre un emploi au SMIC et le statut de chômeur :

equation im34

A pr ès que lqu es d év el oppe m e nts, o n obt ien t aisément l’expression du salaire négocié en fonction de l’indicateur de tension sur le marché du travail, du taux de promotion et des exogènes du modèle :
equation im35

où ? ( , )? p =
equation im36

est une fonction croissante de ( )? et de (p).

39En fait, le salaire des peu qualifiés expérimentés est égal à l’expression (31) si et seulement si la négociation aboutit à une valeur du salaire supérieure au salaire minimum. En toute rigueur, l’expression de we s’écrit :

equation im37

En fait, pour des valeurs suffisamment élevées du pouvoir de négociation et de la productivité des peu qualifiés, le salaire négocié est nettement supérieur au salaire minimum. Remarquons que l’expression (31) reste valide, que le salaire minimum soit supérieur ou inférieur au niveau des allocations (z). Ce cas est d’ailleurs théoriquement possible, puisque la condition de participation des smicards est V V nq u >, qui se réécrit d’après ( 30)
equation im38

40Le salaire négocié est une fonction croissante de la tension sur le marché du travail. Il est également croissant avec le salaire minimum. La diffusion n’est pas intégrale, puisque la fonction ( )? reste majorée par 1. Il est aisé de montrer que le salaire négocié est croissant avec le revenu de remplacement net (z). Autre résultat intuitif, le salaire négocié décroît avec le niveau du coin fiscal affectant le travail peu qualifié expérimenté (?e ). En fait, la répercussion d’une hausse du coin fiscal sur le salaire net n’est pas intégrale mais dépend du pouvoir de négociation et des autres paramètres du modèle [5]. Le salaire négocié est également croissant avec la probabilité de promotion mais décroissant avec le taux de destruction des emplois au SMIC. En effet, une hausse du taux de destruction qn ou une baisse de (p) diminuent la valeur d’être sur un poste rémunéré au SMIC et donc limite potentiellement l’espérance futur d’un insider perdant son emploi (c’est-à-dire son point de repli). L’effet de qe est en revanche ambigu. Lors des négociations, les insiders vont en fait revendiquer une hausse des salaires en contrepartie d’une hausse du taux de destruction des emplois expérimentés. En cas de perte d’emploi, en revanche, une hausse de qe va diminuer les pe r s pe c t ive s de g a in f ut ur e t d o nc, c o m m e précédemment, affecter négativement le point de repli lors des négociations. Pour des valeurs des pa r a m è tr e s c o r r e s p o nd a n t à la s i tu a t io n de l’économie française, l’effet de compensation salarial l’emporte (voir les simulations de la section suivante).

Demande de travail agrégée

41La synthèse des équations de demande de biens intermédiaires détaillée plus haut (équations 8) et des comportements d’ouverture d’emplois vacants et de promotions (équations 19 et 20) permet de résumer le comportement de demande agrégée de l’économie

equation im39

42Ce sont ces équations que l’on retrouve à l’annexe 1 récapitulant l’ensemble du modèle.

Calibrage de la maquette et chômage structurel

Substitution entre qualifications et fonction de production

43Le principe général du paramétrage a été de caler l’équilibre de long terme sur la situation de l’économie française en 2000 en s’appuyant sur des estimations empiriques des paramètres structurels. Le taux de croissance de la population active est par conséquent nul pour cet équilibre stationnaire. Le champ considéré est celui des salariés du secteur privé, soit environ 14,5 millions de salariés. D’après les données de l’Enquête Emploi 2000, un peu plus du tiers des salariés du champ considéré sont très qualifiés, soit environ 5 millions de salariés [6]. La population active totale, qui inclut le secteur public et les entrepreneurs individuels, est égale à 26,4 millions. Elle sera utilisée pour le calcul du taux de chômage dans l’ensemble de l’économie. Le nombre de salariés concernés par un relèvement du SMIC horaire est légèrement inférieur à 2,5 millions d’après l’enquête spécifique ACEMO-SMIC, ce qui correspond environ au nombre de salariés rémunérés à un taux horaire inférieur à 1,1 SMIC dans l’Enquête Emploi 2000. Le SMIC annuel net est fixé à 65 230 F et le revenu de remplacement net (z) à 80% de ce m onta nt [7]. Le taux de tax ation de s sala ire s (paramètres ?), hors impôt sur le revenu avec prise en compte des mesures ciblées de baisses de charges, est légèrement supérieur à 1,75 pour les qualifiés et les insiders, et est de 1,55 pour les salariés rémunérés au SMIC. Le taux d’intérêt est fixé à 5% par an. En prenant en compte le déclassement (au taux de 9%) et la taxation du capital (à 36%), le coût d’usage obtenu est de l’ordre de 0,2. Les taux de séparation des paires employeurs-employés sont estimés à partir de l’enquête DMMO (Déclaration des Mouvements de Main-d’Oeuvre) et fixés à 0,2 pour les insiders et à 0,3 pour les salariés rémunérés au SMIC.

44Les hypothèses formulées sur la fonction de production vont jouer un rôle crucial pour le calcul de l’équilibre du modèle. Afin de tenir compte des degrés de substituabilité hétérogènes entre les facteurs, la fonction de production retenue ici est une fonction CES imbriquée, qui regroupe les agrégats travail qualifié et capital, d’une part, et l’agrégat constitué des deux facteurs de travail peu qualifié, d’autre part. La fonction de production considérée est donc la suivante :

equation im40

? où ? ? ? ? ? ? 1 1 1 2 2 1 1 1 1 1= ? = ? = ? ? ? ( ) , ( ) , ( ) sont les élasticités de substitution entre les salariés peu qualifiés, entre le capital et le travail qualifié et entre les deux catégories.

Tableau 1

statique comparative du salaire négocié à l’équilibre stationnaire

Tableau 1
Tableau 1 : statique comparative du salaire négocié à l’équilibre stationnaire w z ? qe qn ? p Effet d’une hausse des vairiables sur le salaire négocié + + + ? – + +

statique comparative du salaire négocié à l’équilibre stationnaire

45Les différentes élasticités de substitution sont calibrées à partir de travaux d’estimations récentes sur données françaises (voir Gianella, 2002). D’après Biscourp et Gianella (2001), qui raisonnent sur deux catégories d’employés, les qualidiés (S) et peu qualifié (U), le travail qualifié ( ,? ?11 et UK ? ? 0 7, ) et les différentes catégories de travailleurs SK sont aisément substituables entre elles ( )? ?1 [8].

46SU Les valeurs de ? et ? sont fixées respectivement à 12 1,1 et 0,7. L’élasticité ? est supérieure à ? car les 1SU catégories de qualifications sont par définition plus homogènes dans le cas du modèle. Il est en revanche plu s d é lic a t d e dé t er m ine r u ne va l e ur po ur l’élasticité de substitution entre l’agrégat travail peu qualifié et l’agrégat capital physique-capital humain (?). Les estimations effectuées par Gianella (1999) suggèrent une faible substitution entre capital et travail peu qualifié, de l’ordre de 0,7, alors que celles de Biscourp et Gianella (2001) aboutissent à une élasticité supérieure à 1. Les estimations sont toutefois moins précises dans le second cas. L’élasticité (?) est fixée à 0,8, soit une valeur intermédiaire qui appartient aux intervalles de confiance des deux estimateurs.

47Les autres paramètres de la fonction de production ? ?, et ? reflètent, pour des valeurs quasiment 12 unitaires des élasticités de substitution, la part des différents facteurs dans la valeur ajoutée. D’après l’enquête Emploi 2000, la part de la masse salariale revenant aux salariés rémunérés à moins de 1,1 SMIC horaire est supérieure à 8%, celle revenant aux insiders dépasse 40% et celle revenant aux très qualifiés est de l’ordre de 50%. En fixant à 0,7 la part des salaires dans la valeur ajoutée, on obtient alors les valeurs suivantes des paramètres : ? =0,38, ?1 =0,15 et ?2 =0,50.

48Le pouvoir de négociation des salaires est calibré à partir des estimations d’Abowd et Allain (1996) pour la France. Ces estimations, menées en supposant un pouvoir de négociation homogène entre les salariés, aboutissent à une valeur de ( )? de 0,4 [9].

49La fonction de matching est une fonction homogène de degré 1, généralement représentée par une fonction de type Cobb-Douglas :

equation im42

Plusieurs estimations du paramètre d’échelle ( )? sont disponibles dans la littérature empirique sur le s u j e t. D a n s l a p l u p a r t d e s m o d è l e s macroéconométriques, les auteurs fixent la valeur de ce paramètre à 0,5 sans pour autant que cette valeur repose sur des fondements solides. À notre avis, une des études les plus convaincantes et rigoureuses du point de vue économétrique est celle récemment effectuée par Anderson et Burgess (2000) à partir de données longitudinales américaines. Ces données trimestrielles sont disponibles par État, ce qui permet de contrôler pour les effets temporels et les effets spécifiques à chaque région. Les auteurs aboutissent ainsi à une élasticité de la fonction de matching au chômage nettement inférieure aux estimations effectuées sur séries temporelles [10] : $,? ? 01 [11]. Cette estimation présente l’inconvénient de porter sur l’économie américaine, mais les données sur les emplois vacants en France sont de mauvaise qualité. Il est cependant probable que les processus d’appariement ne diffèrent que marginalement d’un pays à l’autre. Les paramètres M et (h) sont calibrés 0 afin d’obtenir des probabilités de transition sur le marché du travail conformes aux observations. Une étude de sensibilité à ce paramètre sera toutefois effectuée.

50L’existence d’un coût de formation, croissant avec la probabilité de sélectionner un insider, est la seconde source de friction du modèle. La fonction de coût est supposée quadratique :

equation im43

où le paramètre C est égal au coût maximal de 0 formation, c’est-à-dire au coût nécessaire pour former le salarié le moins adapté à l’entreprise (C0 est fixé à 200 000 F par an).

Le compte central

51Ce calibrage conduit à une simulation qui reflète fidèlement la situation de l’économie française du point de vue des salaires relatifs et des niveaux d’emplois respectifs (voir tableau 2). Le nombre de salariés au SMIC est légèrement inférieur à ceux indiqués par l’enquête ACEMO ou l’Enquête Emploi. L’emploi total dans le secteur privé correspond à celui des comptes trimestriels de l’Insee.

52Le s salaire s r elatif s sont cohére nts avec le s statistiques obtenues par l’Enquête Emploi : un salarié très qualifié perçoit en moyenne un salaire net près de 3 fois supérieur au SMIC et environ 1,5 fois supérieur au salaire des peu qualifiés non smicards. Le taux de promotion est de l’ordre de 48%. Ce taux est largement supérieur au taux de transformation des CDD en CDI, environ égal à un tiers, mais ce taux recouvre une réalité plus large dans le modèle (et inclut notamment les promotions des salariés déjà en CDI). De la même manière, le taux de sortie du chômage est élevé (la durée moyenne de chômage étant à peine supérieure à l’année), mais il faut considérer que ce dernier intègre également des transitions directes d’emplois en emplois, non modélisées par la maquette. Le taux de chômage po u r l’e n s e m b le d e l’é c o no m ie ( y c o m p r i s entrepreneurs individuels et salariés du public) est de 9%. Ce taux est inférieur d’environ ½ point à celui atteint au début de l’année 2000. Cette différence doit être interprétée comme un chômage keynésien résiduel. Elle peut également être imputée en partie à la non prise en compte du chômage des qualifiés dans la maquette [12]. Rappelons que le calibrage n’intègre pas les allégements de charges liés à la réduction du temps de travail, mais uniquement la ristourne sur les bas salaires jusqu’à 1,3 SMIC.

53Le chômage affiché dans ce compte central est la combinaison d’un chômage structurel lié aux rigidités des salaires des peu qualifiés et d’un chômage frictionnel lié aux coûts de transactions, mais le taux obtenu dans le compte central ne doit pas être considéré comme une évaluation robuste du taux de chômage d’équilibre de l’économie française en 2000. En effet, certains paramètres comme le coût d’un emploi vacant ou le coût de formation sont difficilement mesurables, alors qu’ils jouent un rôle important dans la détermination de l’équilibre. L’hypothèse d’un segment du marché du travail qualifié concurrentiel conduit à surestimer le chômage des peu qualifiés dans le compte central (il est cependant possible de réécrire le modèle en tenant compte d’un chômage frictionnel pour les plus qualifiés). L’intérêt principal du modèle réside donc dans l’analyse de variantes de politiques économiques, mais une manière complémentaire d’utiliser la maquette en variante consiste à examiner c om m en t la m od ifi ca ti on d’u n ou plus ie ur s paramètres structurels affecte l’équilibre.

Tableau 2

compte central de la maquette

Tableau 2
Tableau 2 : compte central de la maquette Situation de référence pour l’année 2000 Production (MdF) 7024 Capital (MdF) 10735 Coût du capital (y compris taxe) 0,19 Emploi au SMIC (en millions) 2,6 Emploi des insiders (en millions) 7,0 Emploi qualifié (en millions) 5,0 Emploi total (en millions, hors emploi public) 14,6 Taux de chômage des peu qualifiés (%) 19,9 Taux de chômage ensemble de l’économie (%, ycompris emploi public) 9,0 Tension 0,84 Taux de sortie du chômage 0,86 Taux de promotion 0,48 Salaire annuel net au SMIC (en milliers de FF) 65 Salaire annuel net négocié (en milliers de FF) 116 Salaire annuel net des qualifiés (en milliers de FF) 187 Coût annuel du travail au SMIC (en milliers de FF) 101 Coût annuel du travail des insiders (en milliers de FF) 203 Coût annuel du travail des qualifiés (en milliers de FF) 326 Coût relatif négocié / SMIC 2,0 Coût relatif qualifié / négocié 1,6 Coût relatif qualifié / SMIC 3,2

compte central de la maquette

Sensibilité des facteurs structurels sur le niveau du chômage d’équilibre

54Une étude de la sensibilité de cet équilibre aux paramètres structurels qui régissent la relation salariale a u sein de l’entreprise (pouvoir de négociation, coût de formation), d’une part, ou les technologies de production et d’appariement, d’autre part, peut ainsi fournir, outre un éclairage complémentaire sur le fonctionnement du modèle, une analyse des causes de la hausse (ou de la baisse) du chômage structurel. Les différentes simulations figurent dans le tableau 3.

55Les variantes indiquent une élasticité du chômage d’é q u i l i b r e a u x p a r a m è t r e s d e p o u v o i r d e négociation (?) et au coût d’un emploi vacant (h) de 0,13, ce qui est d’une ampleur peu élevée. Il est par ailleurs peu probable que ces paramètres aient connu une progression au cours de la période récente. Le taux de syndicalisation a en effet fortement diminué, les négociations salariales sont plus décentralisées et desgrandes entreprises publiquesont étéprivatisées. La valeur de l’élasticité de la fonction de matching ainsi que le coût de formation C influent très peu 0 sur le niveau du chômage d’équilibre.

56L es chocs technologiques sur les paires employeur-employé ont en revanche un impact négatif non négligeable sur l’emploi. Une hausse de 1% du taux de séparation des insiders (qe ) favorise la substitution envers les salariés non qualifiés, mais déprime fortement la demande de cette catégorie (40 000 emplois sont détruits). Un taux de séparation plus élevé induit en effet des coûts de recrutement et de formation plus élevés pour les entreprises. L’effet négatif sur l’emploi de cette catégorie est d’autant plus élevé que les salariés voudront négocier une hausse de leur rémunération pour compenser le risque accrû de perte d’emploi. Une hausse du taux de séparation des smicards (qn ) a des effets plus faibles sur le niveau du chômage d’équilibre mais affecte en revanche de façon plus homogène les deux catégories de salariés peu qualifiés (chacune des catégories subit la perte de 6 à 7 000 emplois). Le taux de promotion augmente légèrement (+0,2%), puisqu’un emploi d’insider devient relativement plus stable du point de vue de l’entreprise. Mais la probabilité pour un chômeur de retrouver un emploi diminue (-0,3%).

57Le taux de turnover a fortement augmenté au cours des deux dernières décennies, surtout pour les salariés les plus fragilisés sur le marché du travail. Bien que cette intensification des mouvements de ré-allocation de main-d’œuvre résulte en grande partie d’un changement des politiques de recrutement des entreprises (forte progression des embauches en CDD et en intérim), l’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles organisations du travail [13] a certainement contribué à accroître le turnov er de m a nière sign if icative. Da ns ces conditions, l’existence de frictions dans le processus d’appariement a pu potentiellement conduire à une hausse non négligeable du chômage d’équilibre.

58Un choc de progrès technique défavorable au travail peu qualifié peut être modélisé par une baisse de la part (? ) de cet agrégat dans la fonction de production. Une diminution de 1% de ce paramètre conduit à la destruction de 110 000 emplois, dont 80 000 sont des emplois au SMIC. Ce dernier résultat suggère qu’une faible variation de ce paramètre peut déprimer fortement la demande de travail peu qualifié. L’activité est fortement déprimée (-1%) et le facteur capital ne bénéficie pas de l’amélioration de sa rémunération relative (l’effet revenu l’emporte sur l’effet substitution).

59D’autres hypothèses parfois avancées, comme la hausse du coût du capital, semblent moins probantes. C er ta ines é tudes ( Giane lla, 2002) suggè re nt d’ailleurs que ce coût a plutôt baissé sur la période 1984-1997. La maquette suggère en revanche qu’un shift de progrès technique, perceptible par la hausse sensible de la part des qualifiés dans l’emploi total, a pu jouer un rôle dans la hausse du chômage structurel. La maquette ne permet pas d’évaluer convenablement les effets sur l’emploi d’un tel shift de demande selon les qualifications, puisqu’un tel exercice nécessite une représentation fiable de l’éventuelle « déformation » de la fonction de production.

Tableau 3

simulations de variations des paramètres structurels

Tableau 3
Tableau 3 : simulations de variations des paramètres structurels Taux de Taux de Pouvoir de Coût d’un Elasticité de la Coût de destruction des destruction des négociation (?) empl Part du travail ) emplois au emplois oi vacant(h) peu qualifié (?) fonction dematching (?) formation (C0 SMIC (qn ) d’insiders (qe ) 1% 1% 1% 1% 1% 1% 1% (écart à la situation de référence en pourcentage) Production-0,2-0,2 1,0 0,0 0,0-0,1-0,2 Capital-0,2-0,2 0,4 0,0 0,0-0,1-0,2 Emploi au SMIC-0,2-0,4 1,3 0,0 0,1-0,3 0,2 Emploi des insiders-0,4-0,3 1,1 0,0-0,1-0,1-0,6 Emploi qualifié 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Emploi total-0,2-0,2 0,8 0,0 0,0-0,1-0,2 Salaire minimum net 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Salaire net des insiders 0,4 0,0 1,0 0,0 0,0 0,0 0,1 Salaire net des qualifiés-0,3-0,2 0,7 0,0-0,1-0,1-0,3 Coût du travail au SMIC 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Coût du travail desinsiders 0,4 0,0 1,0 0,0 0,0 0,0 0,1 Coût du travail desqualifiés-0,3-0,2 0,7 0,0-0,1-0,1-0,3 Coût du capital 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Taux de chômage global 1,4 1,4-4,8 0,0 0,2 0,6 1,4 Taux de sortie duchômage-1,7-1,7 6,3 0,0-0,3-0,3-1,0 Taux de promotion-0,2 0,1-0,2 0,0-0,2 0,2 0,2 Tension-1,9-1,9 7,1 0,0-0,3-0,4-1,2 (écart à la situation de référence en niveau) Emploi au SMIC(milliers) -6,1-11,3 35,4 0,2 2,9-7,2 5,2 Emploi d’insiders(milliers) -27,6-21,7 79,4 0,4-8,4-5,9-38,6 Emploi total (milliers) -33,7-33,0 114,8 0,6-5,6-13,1-33,4 Chômage (points) 0,13 0,13-0,43 0,00 0,02 0,05 0,13

simulations de variations des paramètres structurels

Analyse de variantes de politiques économiques

60Cette partie présente les réponses du modèle à di ve r s e s m e s ur e s de p o li ti qu e é c o no m i q ue. L’analyse de ces variantes, tel qu’une hausse du coût du capital ou des baisses de cotisations sociales, permet de situer la maquette par rapport aux modélisations du marché du travail existantes. En outre, cette maquette permet d’envisager des chocs spécifiques à la modélisation retenue du mode de formation des salaires par qualification, tels qu’une hausse du salaire minimum ou une baisse ciblée du coin salarial (notamment au niveau du SMIC). Les résultats des variantes sont résumés dans le tableau 4.

Hausse de 1% du SMIC

61Une hausse du salaire minimum se répercute intégralement sur le coût du travail des peu qualifiés et se diffuse partiellement au salaire négocié. Plus précisément, une hausse du SMIC net réel [14] agit dans la maquette par trois canaux, dont les deux premiers sont standard dans ce type de modèle :

  • le premier effet d’une hausse du salaire minimum est cla ssique et c om mun à tous les m odèles désagrégés : la hausse du SMIC conduit à dégrader l’emploi des non-qualifiés au salaire minimum du fait de la hausse du coût du travail qui en résulte. Elle induit a priori des substitutions entre facteurs de production ;
  • le deuxième effet est un effet d’échelle qui transite par la frontière de prix des facteurs. La hausse du salaire minimum entraîne en effet une augmentation des coûts unitaires et une dégradation de la rentabilité des entreprises. Cette baisse de rentabilité se traduit par une baisse de la rémunération des facteurs désirée par le producteur (le coût du capital é ta nt e x o g è n e ) e t un e b a i s se de s q u a n ti t é s demandées ;
  • enfin, le troisième effet est lié à la diffusion de la hausse du SMIC dans la hiérarchie salariale : le salaire minimum, net des cotisations sociales, participe du point de repli des salariés peu qualifiés expérimentés, au même titre que les allocations de chômage, si bien qu’une hausse du SMIC accroît le niveau du salaire négocié. La hausse des salaires négociés induite va alors limiter les effets de substitution avec les smicards et aggraver en revanche l’effet « profitabilité ».

62Sur le marché du travail des salariés non qualifiés, une hausse du SMIC de 1% dégrade de façon non ambiguë la demande de travail via un effet de coût du travail auquel s’ajoute un effet d’échelle : environ 15 000 emplois au SMIC sont ainsi détruits (voir tableau 4, colonne 1).

63Sur le marché du travail des salariés qualifiés, la dégradation de la rentabilité des entreprises ne se traduit pas par une baisse de l’emploi, dont le marché est à l’équilibre, mais par une baisse des salaires via un effet d’échelle qui transite par la frontière de prix.

Tableau 4

effet d’une hausse du SMIC sur le fonctionnement du marché du travail des peu qualifiés expérimentés

Tableau 4
Tableau 4 : effet d’une hausse du SMIC sur le fonctionnement du marché du travail des peu qualifiés expérimentés Effet sur l’emploi les salaires Effet de substitution (i) + 0 Effet de diffusion (ii) – + Effet d’echelle (iii) – – Effet global ex ante (i) + (ii) + (iii) ? ? Effet global ex post (compte tenu ducalibrage retenu) – +

effet d’une hausse du SMIC sur le fonctionnement du marché du travail des peu qualifiés expérimentés

64Sur le marché du travail des salariés expérimentés, l’impact d’une hausse du SMIC sur l’emploi est a priori ambigu (voir tableau 4). L’effet de substitution favorable à l’emploi des expérimentés est en fait limité par la diffusion du salaire minimum sur le s a l a i r e n é g o c i é. D u f a i t d e l e u r p o s i t i o n d’insiders[15], les salariés expérimentés parviennent à capter ex ante une partie de la hausse du SMIC. Au total, le salaire négocié diminue par rapport au SMIC et la hiérarchie des salaires se réduit. L’effet de substitution est donc en partie entamé par la diffusion du SMIC mais joue en faveur de l’emploi des salariés expérimentés.

65Néanmoins, ex post l’effet d’échelle domine nettement l’effet de substitution : la perte de profitabilité due à une hausse du SMIC de 1% entraîne la destruction de près de 20 000 emplois de salariés expérimentés. Au total, une hausse du SMIC de 1% se traduit par la destruction de près de 35 000 emplois.

66La hausse du chômage qui en résulte tend à déprimer les salaires et l’effet global d’une hausse du SMIC sur le salaire négocié est a priori ambigu. Le calibrage retenu suggère qu’une hausse de 1% du SMIC entraîne une légère hausse du pouvoir d’achat des salariés expérimentés de près de 0,1%. Cet effet est un effet de long terme, qui est cohérent avec les résultats d’estimations d’équations de salaire. Ces dernières aboutissent à un effet de diffusion des coups de pouce légèrement plus élevé (de l’ordre de 0,15 à 0,20 %) à l’horizon de quelques trimestres. À plus long terme, lorsque les entreprises restaurent leur profitabilité et ajustent le niveau d’emploi et les rémunérations, le resserrement de la distribution des salaires serait alors accentué.

67La baisse du salaire des qualifiés (-0,2%), qui est le seul mécanisme d’ajustement de ce segment du marché du travail dans la maquette et qui permet d’absorber le choc de production négatif, contribue également à ce resserrement de la hiérarchie des salaires.

68Enfin, une hausse du SMIC affecte également le fonctionnement des transitions sur le marché du travail des peu qualifiés. Elle conduit à une baisse importante (de près de 2%) du taux de sortie du chômage et de la tension caractérisant ce segment du marché du travail, mais à une hausse du taux de promotion (0,3%). Autrement dit, l’amélioration de la situation d’un salarié au SMIC est double : il perçoit d’une part un salaire plus élevé et a d’autre part de meilleures perspectives de carrière. En revanche, l’utilité espérée d’un chômeur se dégrade fortement suite à la baisse de la tension sur le segment peu qualifié.

69Cette dualité entre insiders et outsiders est un des faits stylisés importants du marché du travail français et est à comparer à la plus grande fluidité observée aux États-Unis (cf. Cohen et alii, 1997). Remarquons que cette situation est parfaitement compatible avec des flux de destruction d’emplois au sein des entreprises similaires (Abowd et alii, 1997). En effet, les salariés nouvellement recrutés en France proviendraient préférentiellement d’autres entreprises, alors qu’aux États-Unis le faible niveau du salaire minimum limiterait cette stigmatisation.

Hausse du coût du travail au SMIC de 1% via une hausse du coin fiscal

70Cette variante correspond à une hausse du coin fiscal au niveau du SMIC qui entraîne une hausse ex post de 1% du coût du travail au niveau du salaire minimum. Le mécanisme relatif à l’effet de substitution est ainsi identique dans les deux simulations : une hausse du coin fiscal au niveau du salaire minimum dé gr a de l’e m p loi a u S M IC d an s le s m ê m e s proportions qu’une hausse de SMIC net. La différence primordiale vis-à-vis de la simulation précédente tient à la neutralité ex ante de la hausse du coin fiscal au niveau du SMIC sur la détermination du salaire négocié par les salariés expérimentés.

71La hausse du coin fiscal au niveau du SMIC laisse en revanche inchangée la rémunération du SMIC nette : elle n’a donc pas d’impact ex ante sur la négociation du salaire des expérimentés. Ainsi, le salaire négocié diminue de manière non ambiguë sous l’effet de la baisse de la productivité du travail expérimenté et de la hausse du chômage (0,1%). L’ajustement à la baisse du salaire négocié entraîne une moindre dégradation de l’emploi des salariés expérimentés que dans le cas d’une hausse du SMIC (- 0,1% contre - 0,3%). Au total, 20 000 emplois sont détruits, soit de 10 à 15 000 de moins que dans le cas d’une hausse du SMIC (voir tableau 5, colonne 2).

72L’alourdissement du coût du travail au niveau du SMIC est compensé ex post par une baisse des salaires des autres catégories de main-d’œuvre via la fr ontièr e d e pr ix, d e m a nièr e à re sta ure r la profitabilité des entreprises. Dans le cas d’une hausse du coin fiscal, qui n’induit pas d’effet de diffusion sur le salaire négocié, la baisse du salaire « désiré » est répartie entre les deux catégories de main-d’œuvre (salariés qualifiés et expérimentés).

73La moindre hausse du chômage entraîne une baisse p l u s f a ib l e d u t a u x d e s o r t i e d u c h ô m a g e. Néanmoins, le taux de promotion augmente de façon proportionnelle en cas d’une hausse du SMIC : la baisse relative de la profitabilité des salariés non qualifiés accroît en effet les transform ations d’emplois au SMIC en emplois expérimentés.

Hausse du coût du capital de 1%

74Une hausse du coût du capital de 1% dégrade la profitabilité des investissements et se traduit par une forte perte de potentiel (-0,9%) et de l’accumulation du capital (-1,6%) (voir tableau 5, colonne 4). Cet effet est plus fort que pour des évaluations menées à partir d’une fonction de production Cobb-Douglas, les possibilités de substitution étant plus faibles avec le calibrage retenu ici. Cette dégradation de la profitabilité des entreprises conduit ainsi à la destruction de près de 60 000 emplois mais affecte de façon différenciée les différents segments du marché du travail.

75Sur le segment non qualifié, la rigidité du SMIC implique que l’ajustement passe par la demande de travail uniquement : l’emploi des salariés au salaire minimum se dégrade fortement (-20 000 emplois). Sur le segment qualifié, l’ajustement s’effectue par une baisse des salaires de l’ordre de 1,3%. Sur le marché des salariés expérimentés, l’ajustement est « mixte » car la hausse du coût du capital n’affecte pas ex ante les aspirations salariales. L’ajustement du salaire à la baisse de la productivité du travail est partiel (-0,5%) et entraîne une baisse de l’emploi (-40 000 emplois).

Évaluation de la baisse des cotisations sociales employeurs sur les bas salaires

Effet sur l’emploi

76L’hétérogénéité introduite par la maquette du côté de la demande de travail et de la formation des salaires la rend adaptée à l’évaluation d’une baisse du coin fiscal ciblée sur les bas salaires, comme l’est la ristourne dite « Juppé ».

77D an s un m o dè le th éo ri que à f a ct eu r tr a va il homogène, l’évaluation de l’impact sur le chômage structurel d’un allégement de charges ciblé sur les bas salaires est potentiellement biaisée, puisqu’un tel modèle ne tient pas compte de l’hétérogénéité des modes de fixation des salaires. L’impact d’une baisse (ou d’une hausse) du coin salarial sur le coût du travail dépend en effet fortement de la réaction des salaires nets à la baisse (ou à la hausse) du coin salarial. Or, selon le degré de rigidité des salaires, cet ajustement des salaires nets sera plus ou moins important. Au bas de la distribution des salaires, l’ajustement est évidem ment difficile en ca s d’existence d’un salaire minimum. Dans le cas de salaires négociés, cet ajustement est théoriquement partiel, d’une part parce que les salaires réagissent à la variation du taux de chômage et, d’autre part, parce que les syndicats peuvent intégrer dans leur f o n c t i o n d’u t i l i t é l e s r e v e n u s d i f f é r é s q u e représentent une hausse des cotisations sociales. Enfin, dans le haut de la distribution des salaires, au nive a u duq ue l la f or m ati on de s sa la ire s e st probablement proche d’un modèle concurrentiel, l’ajustement des salaires nets sera sans aucun doute im po rta n t et ab sor be r a la q ua si- to ta lité de s variations de coût ex-ante. Enfin, si la demande de travail est plus sensible à son coût au bas de la hiérarchie des salaires (hors tout ajustement ex post de la courbe d’offre) ou si les possibilités de substitution entre les différentes qualifications sont supérieures à l’unité (Laffargue, 1999), les effets des baisses ciblées sont également sous-estimés par un modèle agrégé. Un raisonnement à partir d’un tel modèle, dans lequel le salaire moyen présente de manière générale un degré de rigidité nettement moindre que celui prévalant au niveau du SMIC, doit donc sous-estimer les effets d’une telle politique.

Tableau 5

variantes de politique économique

Tableau 5
Tableau 5 : variantes de politique économique Hausse du Hausse du coût du Hausse du coût du travail Hausse du coût du Ristourne Ristourne Juppé SMIC de 1% SMIC de 1% des insiders de 1% capital de 1% Juppé non ciblée (écart à la situation de référence en pourcentage) Production-0,2-0,1-0,1-0,9 1,5 0,3 Capital-0,2-0,1-0,1-1,6 1,4 0,3 Emploi au SMIC-0,6-0,5-0,1-0,7 6,7 0,8 Emploi des insiders-0,3-0,1-0,2-0,6 2,0 0,5 Emploi qualifié 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Emploi total-0,2-0,2-0,1-0,4 2,2 0,4 Salaire minimum net 1,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Salaire net des insiders 0,1-0,0-0,8-0,5 0,3 0,9 Salaire net des qualifiés-0,2-0,1-0,2-1,3 2,0 1,7 Coût du travail au SMIC 1,0 1,0 0,0 0,0-14,5-1,2 Coût du travail des insiders 0,1 0,0 0,2-0,5 0,0-0,3 Coût du travail des qualifiés-0,2-0,1-0,2-1,3 2,0 0,4 Coût du capital 0,0 0,0 0,0 1,0 0,0 0,0 Taux de chômage global 1,4 0,9 0,9 2,5-13,4-2,0 Taux de sortie du chômage-1,8-1,2-1,1-3,2 15,2 2,7 Taux de promotion 0,3 0,4-0,1 0,1-5,0-0,3 Tension-2,0-1,3-1,2-3,5 16,7 3,0 (écart à la situation de référence en niveau) Emploi au SMIC (milliers) -14,9-12,9-3,7-18,0 175,8 20,6 Emploi d’insiders (milliers) -18,8-9,3-17,0-40,6 142,9 34,6 Emploi total (milliers) -33,7-22,1-20,8-58,7 318,7 55,2 Chômage (points) 0,13-0,08 0,08-0,22-1,21-0,21 Bien-être des chômeurs 0,1-0,1-0,6-0,6 1,4 0,9 Bien-être des salariés au SMIC 0,2-0,1-0,6-0,6 1,0 0,8 Bien-être des insiders 0,1-0,1-0,7-0,6 1,1 0,9 Sources : calcul des auteurs.

variantes de politique économique

calcul des auteurs.

78Les effets théoriques de l’ajustement différencié du salaire net selon les catégories d’emploi apparaissent c l a i r e m e n t d a ns l e s s im u la ti o n s p r é s e n té e s précédemment (voir tableau 5). La baisse du coin fiscal se répercute entièrement sur le coût du travail au niveau du SMIC et permet aux effets positifs sur l’emploi de fonctionner à plein sur ce segment du marché du travail. Au niveau du salaire négocié, en revanche, l’accroissement de la demande de travail consécutive à la hausse de la profitabilité des entreprises est en partie convertie en une hausse de salaire net. Le salaire négocié (29) augmente en effet au travers de deux canaux : le premier correspond à un effet de partage du profit, la hausse de la productivité étant répartie entre employeurs et e mployé s se lon le ur pouvoir de négoc iation respectif; le second renvoie à un effet « Phillips », la hausse de la probabilité de sortie du chômage accroissant le point de repli des insiders. Le salaire des qualifiés croît de façon à absorber complètement l’excès de demande. La hausse du salaire négocié entame une partie des effets positifs de la ristourne sur l’emploi. Au total, cette mesure de politique économique créerait près de 320 000 emplois à long terme, dont environ 175 000 emplois au SMIC et plus de 140 000 emplois d’insiders. Ces créations d’e m p loi s g é nè r e nt un e ba i sse d u c h ôm a ge structurel de 1,2 point (voir tableau 5, colonne 5).

79Le caractère ciblé de la ristourne sur les bas salaires présente toutefois l’inconvénient de créer des « trappes à bas salaires ». Le taux de promotion diminue de 2,6%. Les allégements de charges ont donc des effets importants sur l’emploi mais contribuent à entraver la carrière salariale des salariés rémunérés au SMIC.

Encadré 1 : la simulation d’une baisse de charges ciblée sur les bas salaires Le coût de la mesure est légèrement supérieur à 40 MdF en 2000. Le montant de la ristourne (R) est linéairement dégressif jusqu’à 1,3 SMIC selon la formule suivante :
equation im48

où (S) est le salaire mensuel brut, SMICh le salaire minimum horaire brut et H HC / le taux de temps partiel.
Une simulation à partir de l’enquête Emploi 2000 permet d’attribuer la part du coût de la mesure imputable aux salariés rémunérés moins de 1,1 SMIC horaire, que l’on considérera comme smicards, de la part imputable aux salariés rémunérés entre 1,1 et 1,3 SMIC, que l’on considérera comme faisant partie de la catégorie insiders (défini par la CSP comme les employés et les ouvriers).
Les estimations de l’Enquête Emploi évaluent à 34,5 MdF et 6,5 MdF le coût de la ristourne, respectivement pour les seuls salariés au SMIC et les salariés plus expérimentés.
Ces montants correspondent à une baisse du coin fiscal moyen de respectivement 0,23 pour les smicards et de moins de 0,01 pour les insiders, soit une baisse du coût du travail respectivement de 13% et de à 0,4%. En fait, l’allégement de charges sur les bas salaires a permis de ramener le niveau des prélèvements sur cette catégorie à son niveau de la fin des années soixante-dix.
La simulation consiste donc à relever les coins salariaux aux niveaux qui prévaudraient en l’absence de la ristourne [16]. La variante qui est commentée correspond toutefois à la ristourne Juppé, c’est-à-dire à la lecture en sens inverse de cette simulation (voir tableau 4).

80Enfin, la maquette permet d’illustrer les effets du ciblage de la ristourne sur les bas salaires en comparant les résultats précédents avec ceux d’une simulation d’une baisse homogène des taux de cotisations sociales employeurs pour un montant de 40 MdF [17]. Celle-ci créerait alors moins de 60 000 emplois (voir tableau 5, colonne 6).

Coût pour les finances publiques et financement des allégements de charges

81La question qui prolonge naturellement la simple évaluation des effets sur les salaires et l’emploi d’un allégement de cotisations sociales est celle de son impact sur les finances publiques. Les créations d’emplois, mais aussi les hausses de salaires induites par ces allégements, engendrent des effets de retour importants sur les cotisations sociales. Ainsi, les allégements de charges ciblés sur les bas salaires, dont le montant ex ante est de l’ordre de 40 MdF, entraînent ex post des moins-values de cotisations à hauteur de 5 MdF : l’effet de retour est donc massif, de l’ordre de 85%.

82Au niveau du SMIC, le surcroît de recettes lié à la h a u s s e d e l’e m p l o i n e c o m p e n s e q u e t r è s partiellement le manque à gagner dû à l’allégement du barème des charges sociales et les baisses de cotisations atteignent 30 MdF. Ces moins-values sont pour partie compensées par la hausse de l’emploi et du salaire des insiders (10 MdF). Sur le segment des qualifiés, la hausse des salaires génère en revanche des rentrées importantes de cotisations (14 MdF). Ce dernier effet découle directement de l’ampleur de la hausse des salaires de cette catégorie, hausse très dépendante du choix des élasticités retenues pour la fonction de production (cf. tableau 7 et ci-après), le calibrage de la maquette conduisant ici à une élasticité forte des salaires des qualifiés. Ce point constitue à l’évidence une fragilité pour l’évaluation des montants budgétaires en jeu.

83L’évaluation de ces retours financiers est source de débats permanents et ne correspond en principe pas à la logique du décide ur politique au mom ent d’arbitrer le financement de la mesure. Pour cette raison, les schémas de financement de la mesure simulés à partir de la maquette sont des financements ex ante. Par ailleurs, les résultats obtenus à l’aide de l a m a q u e t t e r e n d e n t q u e l q u e p e u c a d u q u e l’introduction d’un financement ex ante de la mesure – vu son caractère quasiment autofinancé.

84Deux pistes de financement ont cependant été explorées, qui consistent à pratiquer différents reprofilages du barème des cotisations. L’une repose sur un prélèvement exclusif sur le travail qualifié, l’autre sur un prélèvement uniforme sur la totalité du facteur travail. La première solution revient de facto à accentuer la progressivité du barème, la seconde à l’atténuer. Sans surprise, un prélèvement sur le seul travail qualifié apparaît préférable, à la fois parce qu’il est neutre sur le volume d’emplois créés et qu’il procure les recettes les plus importantes. La taxe proportionnelle sur le facteur travail est légèrement moins efficace du point de vue des créations d’emploi et des retours financiers, mais perturbe peu la hiérarchie des coûts salariaux.

Sensibilité des effets emplois aux paramètres structurels

85Une des limites de l’exercice, déjà soulignée, réside dans l’incertitude potentiellement importante sur les valeurs et paramètres structurels du modèle, ce qui p e u t a f f e c t e r f o r t e m e n t l’é q u i l i b r e macroéconomique et les simulations présentées. Le t a b l e a u 7 d o n n e a l o r s d e s é v a l u a t i o n s complémentaires de la ristourne sur les bas salaires pour des valeurs sensiblement différentes des pa ram ètr es technologiques et de la f onction d’appariement.

86Il apparaît tout d’abord que les évaluations des créations d’e mploi gé nér ées par la ristourne dépendent fortement de la valeur de l’élasticité de la fonction de matching (?). Plus ce paramètre est élevé, moins les créations d’emplois liées à la baisse du coût du travail sont nombreuses. Les propriétés du modèle sont en effet d’autant plus proches d’un modèle de demande de travail que cette élasticité est faible. Pour de fortes valeurs de (?), en revanche, l’o u v e r t u r e d e n o u v e a u x e m p l o i s v a c a n t s consécutive à la baisse du coût du travail donnera lieu à un nombre d’appariements plus faible. Les frictions limitent alors d’autant l’efficacité de la mesure.

87Les effets sur l’emploi sont en revanche moins d é p e n d a n t s d e s v a l e u r s d e s é l a s t i c i t é s d e substitution. Si les salariés peu qualifiés sont moins substituables entre eux, les insiders bénéficient de cette situation pour en retirer une rente salariale supplémentaire. Les créations d’emplois sont alors relativement plus nombreuses au niveau du SMIC et, au total, sont légèrement inférieures. Une moindre substituabilité entre les agrégats qualifiés et non qualifiés se traduit en revanche par des créations d’emploi nettement plus faibles (240 000 pour ? =0,7 contre 318 000 pour ? =0,8). De par la nécessité d’accumuler relativement davantage de capital humain et physique pour atteindre le même niveau de productivité de l’agrégat peu qualifié, la hausse de profitabilité induite par les allégements de charge est inférieure.

88Les possibilités de substitution par de l’emploi peu qualifié sont alors limitées, en particulier pour le travail peu qualifié expérimenté dont le salaire net augmente relativement plus par rapport au salaire net des qualifiés que dans la variante de base. Notons toutefois qu’une valeur de l’élasticité de substitution ? de 0,7 correspond au bas de la fourchette des estimations empiriques sur données françaises (voir Biscourp et Gianella, 2001, ou Gianella, 1999).

Tableau 6

simulations de la ristourne Juppé selon la source de financement ex ante

Tableau 6
Tableau 6 : simulations de la ristourne Juppé selon la source de financement ex ante Allégements de charges ciblés sur Financement par une taxe sur le Financement par une taxe les bas salaires travail qualifié proportionnelle sur le facteur travail Emploi au SMIC 176 176 156 Emploi négocié 143 143 111 Emploi total 319 319 267 Cotisations ex post-5,4 17,4 14,2 dont non qualifiés-29,6-29,6-27,1 dont non qualifiés expérimentés 10,0 10,0 18,7 dont qualifiés 14 37 23 Source : calcul des auteurs.

simulations de la ristourne Juppé selon la source de financement ex ante

financement ex ante
Tableau 7

sensibilité à certains paramètres de la variante Juppé

Tableau 7
Tableau 7 : sensibilité à certains paramètres de la variante Juppé Ela sticité de la fonction dematching alpha=0,2 sigma1=0,9 sigma2=0,6 sigma=0,7 calibrage retenu Production 1,2 1,4 2,2 0,8 1,5 Capital 1,1 1,3 2,0 0,8 1,4 Emploi au SMIC 6,0 6,5 7,6 5,5 6,7 Emploi des insiders 1,5 1,8 3,1 0,9 2,0 Emploi qualifié 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Emploi total 1,8 2,1 2,7 1,5 2,2 Salaire minimum net 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Salaire net des insiders 0,3 0,5-0,1 0,4 0,3 Salaire net des qualifiés 1,6 1,9 3,4 1,1 2,0 Coût du travail au SMIC-14,5-14,5-14,5-14,5-14,5 Coût du travail des insiders 0,1 0,2-0,4 0,1 0,0 Coût du travail des qualifiés 1,6 1,9 3,4 1,1 2,0 Coût du capital 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 Taux de chômage global-11,2-14,5-8,4-25,8-13,4 Taux de sortie du chômage 12,9 15,9 12,2 22,7 15,2 Taux de promotion-4,8-5,0-4,9-4,9-5,0 Tension 15,9 17,5 13,5 24,8 16,7 Emploi au SMIC (milliers) 157,9 183,8 162,1 170,4 175,8 Emploi d’insiders (milliers) 102,2 128,2 181,3 68,8 142,9 Emploi total (milliers) 260,1 312,0 343,4 239,2 318,7 Chômage (points) -1,0-1,2-1,3-0,9-1,2

sensibilité à certains paramètres de la variante Juppé

Analyse de bien-être de la ristourne sur les bas salaires

89Plus que par leurs effets sur l’emploi, les politiques économiques doivent être évaluées par leurs effets sur le bien-être des différentes catégories de salariés et des chômeurs. Une telle analyse est aisée dans le modèle d’appariement à partir des fonctions valeurs (équation (21) à (23)). Les variations de bien-être induites par les différentes réformes envisagées précédemment figurent dans le tableau 5. Les hausses du coin fiscal diminuent le bien-être de toutes les catégories, puisque l’effet redistributif de l’impôt n’est pas pris en compte ici. Pour ce qui conc erne la ristourne Juppé, les sim ulations montrent que la hausse de bien-être est la plus élevée p o u r l e s c h ô m e u r s ( + 1,4 % ). C e r é s u l t a t (apparemment paradoxal puisque leur situation présente ne s’est pas améliorée) s’explique par la très forte hausse de la probabilité de retrouver un emploi (+15%). Le bien être des smicards augmente moins que celui des insiders (respectivement +1% et +1,1%) du fait du phénomène de trappe à bas salaires : la probabilité de promotion diminue (-5%), ce qui fait perdre une partie des bénéfices de l’amélioration du marché du travail relativement aux insiders. La hausse de bien-être est supérieure à celle de la ristourne non ciblée (même pour les insiders dont la hausse de salaire est plus conséquente) étant donnée les moindres effets sur l’emploi et donc les probabilités de retrouver une emploi.

Conclusion

90Cet article propose un modèle de matching étendu au cas où les salariés peuvent acquérir un capital humain spécifique. La maquette comprend trois catégories de qualification. Les salariés les moins qualifiés sont rémunérés au salaire minimum. Les insiders sont les salariés qui ont acquis un capital humain spécifique. Ils négocient leur rémunération. Enfin, le segment très qualifié du marché du travail a un fonctionnement concurrentiel. Par rapport aux modélisations traditionnelles, cette maquette permet d’expliciter l’interaction entre le salaire minimum et le salaire négocié et donc de rendre compte d’une d i f f u s i o n p a r t i e l l e d e c o u p s d e p o u c e s discrétionnaires dans la distribution des salaires. Elle permet également de rendre com pte des phénomènes de déqualification et de requalification et, par conséquent, d’étudier l’impact de politiques de formation. Enfin, l’introduction d’un modèle d’appariement rend compte de la coexistence d’un chômage frictionnel avec un chômage structurel lié aux rigidités salariales (salaire minimum et salaire négocié).

91Les simulations de variantes analytiques confirment le fort effet dépressif d’une hausse du coût d’usage du capital. Le salaire minimum joue naturellement un rôle primordial sur le niveau du chômage structurel de l’économie. Une baisse du coût du travail de non-qualifiés, sous la forme d’une exonération de cotisations sociales employeurs calée sur le profil de la ristourne Juppé, permettrait la création de 320 000 emplois. Enfin, les simulations de chocs sur les paramètres structurels du modèle indiquent que la dynamique du chômage structurel n’est pas seulement guidée par des variations des rigidités salariales. En effet, des shifts négatifs sur la f on c tio n de p ro du c tion ou sur le p ro c es su s d’appariement (hausse du coût des emplois vacants ou hausse des taux de séparation) ont pu conduire à des hausses d’ampleur significative du chômage d’équilibre. La dynamique des flux de main d’œuvre apparaît donc comme un élément central des relations entre employeurs et salariés.

92De nombreux développements et prolongements peuvent permettre d’accroître la pertinence de la maquette. Fondamentalement on peut en retenir trois :

  • l’introduction d’un bloc d’offre permettant notamment d’étudier l’impact des hausses du salaire minimum sur la participation;
  • l’étude de la dynamique du modèle, notamment en cas d’interactions entre divers chocs (progrès technique biaisé et hausse de SMIC, ou évolution du coin fiscal et des revenus de remplacement ou enfin des chocs sur le processus de réallocation en interaction avec la dynamique de requalification) ;
  • l’évaluation des lois Aubry sur la réduction du temps de travail en introduisant le facteur heures travaillées dans la fonction de production et la fonction utilité des salariés. La maquette permet a lors d’exa mine r sé par ém en t ou de m aniè re c o m b iné e l e s tr o is c o m p os a nt e s de l a loi : a llège me nts de c harge, m odé ra tion sa lar iale acceptée par les salariés en échange, pertes de productivité.

Annexe 1 : les équations d’équilibre de la maquette

93La fonction de production

equation im51

94Le facteur (d) est un facteur d’homogénéisation des mesures du capital et du nombre de salariés (d =1/10000).

95Les demandes de facteurs

equation im52

où le coût du capital CK prend en compte la fiscalité pesant sur ce facteur ?K.

equation im53

96Le bloc d’offre

equation im54

97La tension sur le marché du travail

equation im55

98L es équations de flux

equation im56

99La maquette est donc constituée de 12 équations et 12 endogènes : la production Y, les rémunérations des facteurs travail w w nq e, et wQ, le stock de capital K, les niveaux d’emploi L LNQ NQE, et LQ, le nombre d’emplois vacants V, le taux de promotion p, le niveau de chômage U et enfin l’indicateur de tension sur le marché du travail ?.

100La fonction de « matching » et les coûts de promotion

equation im57

d’où m M( )? ??? =0 et ? ? ??? m M( )=01

Annexe 2 : calibrage de la maquette

tableau im58
Paramètres du compte central Fonction de production Valeur ? ? 1 1 1= ?? ( ) 1,1 1 ? ? 2 2 1= ?? ( ) 0,7 1 ? ?= ?? ( )11 0,8 ? 0,38 ?1 0,15 ?2 0,50 A 2350 d 10-4 Coût des facteurs Taux d’intérêt (r) 0,05 Coût du capital (cK ) 0,19 SMIC annuel net (w) 65 230 FF Revenu de remplacement net (z) 0,8 SMIC Coin fiscal au niveau du SMIC (?) 1,55 Coin fiscal des salariés peu qualifiésexpérimentés (?e ) 1,75 Coin fiscal des salariés qualifiés (?Q ) 1,75 Pouvoir de négociation (?) 0,4 Fonction de matching Elasticité (?) 0,1 M0 1,0 (h) 180 000 FF Flux de main-d’œuvre Taux de séparation des smicards (qn ) 0,30 Taux de séparation des insiders (qe ) 0,18 Coût de formation maximal C0 200 000 FF Remarque : Le paramètre A est ajusté afin d’obtenir un niveau de production proche des données de comptabilité nationale pour l’année 2000 (A=2350).

Notes

  • (*)
    Direction de la Prévision au moment de la rédaction de cet article.
  • (**)
    Direction de la Prévision.
  • (**)
    Ambassade de France à Berlin, Direction de la Prévision au moment de la rédaction de cet article.
  • (1)
    Les premières études menées sur des données individuelles d’entreprises, Crépon et Desplatz (2001), confirment l’intuition d’une sous-estimation des évaluations antérieures à partir de modèles macroéconomiques (le consensus établi entre la D.P., la Dares et l’Insee se situait autour de 250 000 emplois). Crépon et Desplatz (2001) évaluent les créations nettes d’emplois intervenues depuis 1993 entre 300 000 et 470 000 en 1997, alors que le processus de substitution entre les facteurs n’est pas achevé. Les évaluations à long terme menées par Laroque et Salanié (2000) aboutissent à un chiffrage proche de 500 000.
  • (2)
    Il aurait évidemment été très aisé de considérer que sur ce segment du marché du travail également le processus d’appariement engendre du chômage frictionnel.
  • (3)
    Dans les modèles de négociation cette progressivité joue un rôle dans la formation des salaires, les pressions à la hausse étant moins élevées en cas de forte progressivité de la taxation (voir Cahuc et Zylberberg, 2001 p. 543).
  • (4)
    Dans le cas d’un facteur travail homogène, il est possible de résoudre directement le programme de la « grande firme », en prenant en compte les décisions d’investissement et ses conséquences sur l’emploi et sans introduire de biens intermédiaires. Pissaridès (2001) montre que les équations de demande de travail ainsi que l’équation de formation de salaire issue du partage du surplus demeurent inchangées, lorsque les négociations salariales s’effectuent avec chaque salarié pris séparément. Le choix du stock de capital est simultané à la négociation sur les salaires. Il existe donc un second marché du capital, sur lequel chaque entreprise peut acheter et vendre sans délai. Dans ces conditions, l’employeur ne peut s’engager sur un stock de capital afin de manipuler le salaire négocié, qui dépend de la productivité. Sous ce jeu d’hypothèses, Pissaridès (2000) ou Cahuc et Zylberberg (2001) montrent, d’une part, que la productivité marginale du capital est égale à son coût d’usage et, d’autre part, que l’équation de demande de travail obtenue pour la petite entreprise demeure valide dans le cas de la grande firme.
  • (5)
    Comme dans les modèles à une seule qualification, le coin salaire reste toutefois neutre sur le chômage d’équilibre si le revenu de remplacement net z et le salaire minimum net sont indexés sur le salaire net, ce qui est bien sûr exclu en pratique
  • (6)
    Les très qualifiés sont définis comme les cadres et les techniciens.
  • (7)
    Ce taux peut paraître élevé pour les smicards, mais dans le modèle les smicards et les insiders perçoivent le même revenu de remplacement. En moyenne, le taux de remplacement net est de l’ordre de 50%.
  • (8)
    Les valeurs indiquées sont celles du tableau 5.
  • (9)
    Cahuc, Gianella, Goux, Zylberberg (1998) obtiennent une estimation de l’ordre de 0,2.
  • (10)
    Voir le survey de Petrongolo et Pissaridès (2000).
  • (11)
    Les paramètres ? et 1?? sont simultanément estimés. En fait l’élasticité du match au taux de chômage n’est pas toujours significative et est même nulle si les auteurs se restreignent aux salariés issus du chômage. En fait, c’est surtout le paramètre 1??, c’est-à-dire l’élasticité au nombre d’emplois vacants qui est précisément estimé, et qui fluctue entre 0,8 et 1.
  • (12)
    Avec un taux de chômage inférieur à 5%, le nombre de qualifiés potentiellement au chômage est de l’ordre de 250 000.
  • (13)
    Voir Askenazy et Gianella (2001).
  • (14)
    Compte tenu des règles institutionnelles qui régissent l’indexation du SMIC, le choc s’apparente à un coup de pouce sur le SMIC de 1%, qui entraînerait une revalorisation du salaire minimum supérieure à l’évolution des salaires moyens de l’économie.
  • (15)
    La forme de la courbe de salaire – relation (22) – montre que l’ampleur de cette diffusion ex ante n’est d’ailleurs pas uniforme mais croissante avec la probabilité de retrouver un emploi : ex post, la dégradation de cette probabilité va donc freiner la diffusion à travers la hiérarchie salariale.
  • (16)
    C’est-à-dire à environ 1,77 pour les salariés payés au SMIC et 1,76 pour les peu qualifiés expérimentés.
  • (17)
    Ce qui correspond à une baisse de 1,7 point de cotisations sociales employeurs, soit une baisse de 1,3 % du coût du travail pour chaque catégorie de salariés.
Français

L’objet de cet article est de proposer un prolongement du modèle d’appariement ou de « matching » à un facteur travail hétérogène. Cet article présente une maquette du marché du travail désagrégée en plusieurs qualifications, en précisant pour chacune d’entre elles les fondements microéconomiques de la formation des salaires. Calibrée à partir de données relatives à l’économie française, elle permet d’évaluer l’impact de différentes mesures de politique économique : hausse du salaire minimum, exonérations de cotisations sociales ciblées sur les bas salaires.

Mots-clés

  • modèle de matching
  • salaire minimum
  • allégements de charges sociales
  • hétérogénéité
  • déqualification

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Sébastien Doisy (*)
  • (*)
    Direction de la Prévision au moment de la rédaction de cet article.
Sandrine Duchêne (**)
  • (**)
    Direction de la Prévision.
Christian Gianella (**)
  • (**)
    Ambassade de France à Berlin, Direction de la Prévision au moment de la rédaction de cet article.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2007
https://doi.org/10.3917/ecop.162.0001
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