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Il est, selon Girard, une illusion de donner comme il est une illusion d’aimer. Donner n’est pas donner, aimer n’est pas aimer. Au « mensonge archaïque » répond le « mensonge romantique ». Tous les dons ne sont-ils pas en effet pour lui empoisonnés ? Ne consistent-ils pas, à l’image du jeu du mistigri, à se débarrasser de ces mauvaises cartes qui empoisonnent notre existence, en expulsant vers l’autre tout ce qui pourrait être source de rivalité, donc de violence entre nous ? Quant à nos amours, ne sont-elles pas toutes d’imitation ? La personne que nous aimons ou croyons aimer n’est-elle pas seulement désirée parce que nous pensons, à tort ou à raison, qu’un autre la désire ou la possède ? Dans l’enfer des autres – désir mimétique oblige –, sous l’apparente générosité du don et la supposée authenticité des affinités amoureuses, couvent les « feux de l’envie » [1990]. Et la violence rode.
C’est l’idée de cette double illusion et de ce double mensonge que ce texte voudrait questionner. L’intuition qui le guide est que si Girard passe à côté du don et de toutes les formes de réciprocité positive, fasciné qu’il est par ses formes négatives, c’est parce que sa théorie du désir mimétique lui interdit de faire toute sa part à la délicatesse des relations interhumaines. Et notamment à la relation amoureuse. C’est pourquoi, après avoir confronté son anthropologie du sacrifice à l’anthropologie du don maussienne, il nous faudra faire retour à son premier livre, Mensonge romantique et vérité romanesqu…

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L’hypothèse qui guide cet article est que si Girard passe à côté du don et de toutes les formes de réciprocité positive, fasciné qu’il est par ses formes négatives, c’est parce que sa théorie du désir mimétique lui interdit de faire toute sa part à la délicatesse des relations interhumaines. Et notamment à la relation amoureuse. C’est pourquoi, après avoir confronté son anthropologie du sacrifice à l’anthropologie du don maussienne, l’article propose de faire retour à son premier livre, Mensonge romantique et vérité romanesque, afin d’ouvrir à une conception de l’amour qui embrasse des formes de réciprocité à hauteur d’hommes (et de femmes).

Philippe Chanial
Professeur de sociologie à l’université de Caen-Normandie (CERREV).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/07/2020
https://doi.org/10.3917/rdm.055.0199
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