Le concept de narrativité, fort en vogue à l’heure actuelle, est important à bien considérer dans le champ du travail avec les bébés dans la mesure où la mise en place de la narrativité n’est pas le fruit d’une simple compétence neurologique ou cognitive mais qu’elle se coconstruit dans le cadre des interactions précoces, et ceci dès le début de la vie.
Le concept de narrativité renvoie aux processus dynamiques de mise en récit tandis que le récit ou la narration en sont le résultat (Golse et Missonnier, 2005). Qui dit narrativité dit processus de mise en lien de matériaux psychiques de différents ordres (sensations, perceptions, images mentales, mots…).
On dit parfois qu’il faut trois générations pour faire advenir un sujet et je voudrais essayer de montrer ici, en écho de cette proposition, qu’il y a d’une part trois niveaux distincts de narrativité dans le développement, d’autre part trois niveaux distincts de narrativité dans le soin.
J’assure la présidence de l’association Pikler-Lóczy France depuis 2007 et, si j’ai accepté cette présidence avec enthousiasme, c’est parce que je crois que, dans le monde difficile qui est le nôtre, les apports de l’institut Pikler-Lóczy sont porteurs d’une vision du bébé et de son développement qui est garante de l’unité de la personne en devenir des plus petits et qui, dans le même temps, nous permet de veiller à leur liberté et à leur dignité au sein d’une véritable éthique du soin. Cette dimension éthique ne laisse pas de m’impressionner et il me semble que cette question de la narrativité s’inscrit précisément au cœur de cette dimension éthique…