Simeng Wang est sociologue, chargée de recherches au CNRS (CNRS-Inserm-EHESS-université Paris-Descartes). Elle nous a introduits à la sociologie des migrants chinois en France, par des conférences lumineuses dans le service. A mon arrivée à Bichat, en 2000, les consultants chinois étaient rares, le plus souvent migrants de première génération, parlant peu ou pas le français, originaires de Chine du Sud, adressés et accompagnés par les ONG ou les services sociaux. A l’heure actuelle, les Chinois sont bien plus nombreux, et les deux parents viennent accompagner leurs enfants, quand auparavant on ne voyait que les mères. Nous avons appris à communiquer avec eux, et à construire une alliance. De fait, ils ne sont pas et de loin la partie de la population migrante avec laquelle il est le plus difficile de travailler.
Son intervention nous a permis de mieux comprendre cette population, qui fait de plus en plus appel aux services de santé mentale. Avec son livre, nous connaissons ainsi un peu mieux qui sont les Chinois à Paris, et les liens économiques, culturels et affectifs qu’ils maintiennent avec leur pays d’origine et ceux qu’ils développent avec leur pays d’adoption. Nous mesurons mieux la très grande variété de leurs conditions de vie, et nous avons perdu nos représentations initiales sommaires et simplistes. Il n’y a pas d’abord d’ethnopsychiatrique spécifique des Chinois, pas plus qu’il n’existe de Chinois typique, et les particularités et les différences se comprennent plus en terme de milieu social, de niveau d’études et de niveau économique qu’en termes d’origine culturelle…