CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1La dépression du post-partum (DPP) peut avoir des conséquences délétères sur la mère, l’enfant et sa famille (Sword, Clark, Hegadoren, Brooks et Kingston, 2012). Au Canada, un sondage auprès de 6 241 femmes (Lanes, Kuk et Tamim, 2011) révèle que 8,69 % des mères souffriraient de dépression majeure en période postnatale. En Europe, des pays comme la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni présentent des prévalences respectives de 8,5, 4,2 et de 7,2 % (Halbreich et Karkun, 2006). Il est donc primordial de comprendre ce qui contribue au déclenchement de cette pathologie. Les recherches ont pu établir un lien clair entre la naissance et la survenue du baby-blues ou de la psychose (Munk-Olsen, Laursen, Pedersen, et al., 2006). L’intuition clinique suggère donc que l’on considère la naissance comme une cause spécifique de la DPP (Cramer, 2002). Toutefois, cette hypothèse demeure controversée. Depuis son introduction dans le DSM-IV en 1994, la DPP est définie comme une dépression majeure (DM) comparable aux dépressions qui surviennent à d’autres périodes de la vie. Pour de nombreux chercheurs et cliniciens, les causes de la DPP seraient de ce fait semblables à celles de la DNP. Toutefois, il est difficile de savoir si la DPP est provoquée directement par la naissance ou si c’est tout simplement le fait d’une co-occurrence sans causalité, entre l’accouchement et le moment d’apparition des symptômes dépressifs (O’Hara, 2009). En somme, une question demeure : la DPP est-elle causée par des facteurs étiologiques différents de ceux qui déclenchent la DNP – ce qui en ferait une forme particulière de dépression – ou sont-ils similaires ?

Spécificité des causes de la dépression postnatale : état de la littérature

2L’étiologie de la DPP a fait l’objet de nombreuses recherches (Cramer, 2002). Celle-ci n’indique pas une cause unique mais plutôt multifactorielle. La plupart des chercheurs avancent que les facteurs les plus fortement associés à la DPP sont : les antécédents de dépression, l’anxiété durant la grossesse, les événements de vie stressants, des difficultés conjugales et un manque de soutien social (Beck, 2001 ; O’Hara et Swain, 1996 ; Robertson, Curtis, Lasher, Jacques et Tom, 2013). Un statut socio-économique défavorable et le tempérament difficile du nourrisson seraient moins fortement reliés à la DPP (Beck, 2001 ; Robertson, Grace, Wallington et Stewart, 2004 ; Robertson, et al., 2013). En ce qui a trait aux facteurs plus spécifiques à la naissance, tels que les caractéristiques obstétricales ou gynécologiques, les résultats indiquent qu’elles ne sont pas fortement associées à l’émergence de la DPP (O’Hara, Schlechte, Lewis et Varner, 1991 ; Beck, 2001 ; Robertson, et al., 2004). Le rôle étiologique de l’expérience de l’échec de l’allaitement ou d’un accouchement difficile qui se termine en césarienne reste encore peu clair (Sword, et al., 2012). Quant au rôle des changements hormonaux dans le développement de la DPP, celui-ci demeure également équivoque. Les études génétiques réalisées ces dix dernières années indiquent en effet que certaines femmes en DPP présenteraient une sensibilité accrue à la signalisation de l’œstrogène (Serati, Redalli, Budi et Altamar, 2016). Toutefois, ces résultats nécessitent d’être corroborés et la valeur prédictive de cette variable dans la genèse de la DPP reste à déterminer.

3Bien que les études quantitatives et qualitatives qui ont porté sur les causes à l’origine de la DPP fassent état de résultats passablement similaires, des Rivières-Pigeon, Gagné et Vincent (2012) soulignent que les études qualitatives semblent les seules à mettre plus systématiquement en lien la DPP et la présence d’un très jeune enfant mais non avec la naissance en tant que telle. Elles mettent l’accent sur le fait que le sentiment d’être submergée par la responsabilité des soins du nourrisson et/ou les tâches ménagères, en raison d’un manque de soutien pratique et émotionnel du conjoint et de la famille, constitue un facteur qui peut rendre plus difficile l’adaptation à la maternité et contribuer au développement de la DPP (Knudson-Martin et Silverstein, 2009). La privation de sommeil, en raison des soins attribués au bébé, et le manque de temps pour soi constituent des causes qui sont aussi fréquemment relevées dans l’analyse du discours des mères en DPP (Beck, 2002). Qui plus est, l’impossibilité pour certaines d’entre elles d’exprimer leurs émotions négatives en raison des conventions sociales et des réactions réprobatrices de l’entourage, ainsi que le manque de soutien émotionnel, favoriseraient l’isolement des mères, contribuant également au développement et au maintien de la DPP (Knudson-Martin et Silverstein, 2009). Les études qualitatives ont ainsi permis de préciser l’importance du rôle du contexte social et relationnel dans l’émergence de la DPP (Knudson-Martin et Silverstein, 2009). Elles font aussi état de l’importance du rôle étiologique du construit social de la maternité et des normes culturelles véhiculées quant au rôle de la mère (Beck, 2002 ; Knudson-Martin et Silverstein, 2009 ; Robertson, et al., 2013). Le rôle clé des conflits entre les attentes irréalistes des mères et la réalité de la maternité semble faire consensus parmi les écrits. L’idéalisation du rôle de mère laisserait peu de place à la flexibilité et rendrait plus difficilement acceptables les pensées négatives en lien avec la maternité et la demande d’aide (Beck, 2002).

4La recension des écrits fait douter d’un lien spécifique entre la naissance et la dépression. Tout comme l’observe Cramer (2002), ce sont plutôt des facteurs non spécifiques à la naissance qui sont pointés par la plupart des chercheurs pour expliquer la survenue de la DPP. Les études semblent indiquer que les facteurs étiologiques les plus prédominants de la DPP sont davantage de nature psychosociale. La plupart des DPP se développeraient dans un contexte psychosocial, au même titre que les dépressions survenant à d’autres périodes de la vie (Beck, 2002 ; O’Hara, 2009). La naissance d’un enfant, avec ses conséquences biologiques, psychologiques et sociales, constituerait simplement un événement de vie stressant qui peut précipiter ou aggraver un désordre affectif (Riecher-Rössler et Hofecker Fallahpour, 2003). La création d’un diagnostic distinct n’est donc à ce jour pas justifiée (Beck, 2002 ; Riecher-Rössler et Hofecker Fallahpour, 2003 ; Jones et Cantwell, 2010). Toutefois, il est surprenant de constater que peu de chercheurs se sont attardés à examiner les causes de la DPP en utilisant aussi un groupe de comparaison de mères souffrant de DNP. De plus, aucune étude de ce genre n’a été menée à ce jour à l’aide d’une méthodologie qualitative. Pourtant, cette approche a permis, d’une part, de mettre en lien les symptômes avec la venue d’un jeune enfant, d’autre part, de préciser le rôle du contexte social, relationnel et culturel dans le développement de la DPP. Il importe donc de questionner les mères qui souffrent de dépression afin de préciser la nature des causes qu’elles perçoivent comme étant à l’origine de leur état dépressif. De telles données nous permettraient de mieux comprendre si la DPP constitue une forme particulière de dépression.

Méthodologie

5Cette recherche qualitative a pour but de clarifier la question de la spécificité des causes à l’origine de la DPP en documentant le regard que portent les mères en DPP et en DNP sur les causes de leur état dépressif.

Participantes

6Les 30 mères constituant l’échantillon (DPP [n = 20] et de DNP [n = 10]) ont été recrutées sur une base volontaire, de février 2008 à septembre 2009. Les 20 participantes identifiées en DPP proviennent d’une précédente recherche plus vaste, qui visait à préciser la sévérité du phénomène dépressif en contexte postnatal. Elles ont été recrutées lors de leur premier rendez-vous gynécologique postnatal (6e semaine de postpartum) par l’intermédiaire du centre des naissances d’un hôpital de la région de Montréal, ainsi que par l’entremise de plusieurs bureaux privés de gynécologie/obstétrique de la région de Montréal. Les mères en post-partum présentant les critères d’inclusion suivants ont été sélectionnées : 1) diagnostic de DM ; 2) maîtrise du français ; 3) être âgée entre 18 et 45 ans ; 4) être née au Québec et 5) et avoir donné naissance à un enfant âgé entre 6 et 12 semaines (primipare ou multipare). Étaient exclues les femmes ayant donné naissance avant 37 semaines. Les 10 mères en DNP ont été recrutées dans 2 hôpitaux ainsi que dans divers centres communautaires de la région de Montréal. Les critères d’inclusion étaient les suivants : 1) diagnostic de DM ; 2) maîtrise du français ; 3) être âgée entre 18 et 45 ans ; 4) être née au Québec et, (5) avoir au moins un enfant ou plus âgé entre 3 et 10 ans. La présence de psychose ou les naissances gémellaires chez les mères en DPP et en DNP constituaient des critères d’exclusion.

7Notons que concernant le groupe de mères en DNP, le recrutement a été interrompu après 10 entretiens en raison de la difficulté de trouver des volontaires. Toutefois, nous pensons avoir atteint la saturation car la majorité des catégories de contenus pour ce groupe présentait au moins 2 individus et plus. De fait, seulement 2 catégories sur les 26 présentées dans le tableau 1 ne rapportent aucun sujet, catégories qui sont en lien avec le bébé, soit la perte de contrôle et l’impuissance face au bébé et la gestion des soins du bébé.

Instruments de mesure

Mesure des caractéristiques sociodémographiques, informations relatives à l’histoire de dépression et aux habitudes de consommation

8Ce questionnaire sert à recueillir des informations telles que : l’âge, l’état civil, la durée de l’union maritale, le nombre d’enfants, le niveau de scolarité, les revenus annuels familiaux, les habitudes de consommation (alcool, café, drogue) et l’histoire de dépression.

Mesure de la symptomatologie dépressive postnatale

9L’Edinburgh Postnatal Depression Scale (Cox, Holden et Sagovsky, 1987) ou EPDS est un instrument autoévaluatif qui comprend dix items permettant d’évaluer la symptomatologie dépressive en contexte postnatal.

Mesure de la symptomatologie dépressive non postnatale

10Le Beck Depression Inventory II (Beck, et al., 1996) ou BDI-II est un questionnaire autoévaluatif constitué de vingt et un items se rapportant aux critères du DSM-IV (APA, 1994) pour une DM.

Entrevue diagnostique pour la dépression

11Le Mini international Neuropsychiatric Interview (Seehan, et al., 1998) ou MINI est un guide d’entretien semi-structuré permettant d’établir un diagnostic psychiatrique selon les critères relatifs aux troubles de l’axe I du DSM-IV (APA, 1994). Cet instrument d’évaluation est utilisé pour diagnostiquer une DM.

Entrevue semi-structurée individuelle

12L’entrevue semi-structurée individuelle, basée sur le modèle de Leventhal, Meyer et Nerenz (1980), d’une durée approximative de 45 minutes, s’est déroulée en face à face. Les questions ouvertes couvraient les cinq dimensions suivantes du modèle : identité, causes perçues, chronologie, conséquences, traitement et contrôle. Seule la dimension causes perçues a été analysée dans le cadre de cette étude.

Procédure

13Les participantes ont été sélectionnées sur la base d’un score à l’EPDS supérieur à 12. L’ensemble des participantes ont fourni leur consentement et les principes de confidentialité leur ont été expliqués. Elles ont été évaluées à domicile lors d’une seule rencontre. Les consignes pour compléter les questionnaires ont été fournies à chaque participante. L’ordre des questionnaires complétés en la présence de l’examinateur est le suivant : 1. Questionnaire sociodémographique et informations relatives aux habitudes de consommation et à l’histoire de dépression, 2. EDPS, 3. BDI-II, 4. MINI. L’entrevue semi-structurée a ensuite été réalisée. Ce protocole de recherche a été approuvé par les comités scientifiques et d’éthique à la recherche des diverses institutions concernées.

Analyses descriptives de l’échantillon

14Des analyses (logiciel SIM-Stat 2.6.5) descriptives (moyenne, écart type, fréquence et pourcentage) et des comparaisons des moyennes ou des pourcentages des deux groupes (test t, Mann-Whitney ou chi-2) ont été réalisées sur les variables sociodémographiques, les habitudes de consommation et l’histoire de dépression antérieure ainsi que sur les niveaux de dépression. Pour les statistiques descriptives, un seuil alpha de 0,05 a été utilisé.

Analyses des entrevues

15Les entrevues ont été enregistrées et retranscrites dans leur intégralité. Elles ont été soumises à une analyse de contenu thématique selon les principes décrits par Van der Maren (1996). Le codage du matériel (logiciel QDA Miner ; Péladeau, 2004), réalisé par une équipe de cinq personnes (étudiants en psychologie), a été effectué à l’aide d’une grille de codage mixte. L’unité d’analyse considérée est la phrase ou le paragraphe. Chaque segment a été placé sous une catégorie comme suit : causes biologiques, psychologiques, sociales/environnementales. Afin d’assurer la congruence ou la fidélité intercodeurs, un contre-codage a été réalisé en calculant l’indice de Krippendorff sur 25 % du corpus des trente entrevues. Celui-ci a donné lieu à un accord interjuges de 75,6 %. Un codage inverse pour vérifier la fidélité intracodeurs a aussi été réalisé sur l’ensemble du corpus. Par la suite, une réduction des codes a été réalisée en se basant sur les traits communs des segments. Cette étape a été menée sous forme de discussion entre deux chercheurs jusqu’à l’obtention d’un consensus.

16Le critère de présence/absence du code (pourcentage d’occurrence) a été retenu pour comparer le nombre de mères en DPP et le nombre de mères en DNP pour lesquelles une cause apparaît. Les résultats concernant les tailles d’effet sont également rapportés dans l’analyse des résultats : petite taille d’effet (r = 0,15), moyenne (0,30) et grande (0,50). Une taille d’effet de 0,30 a servi de critère pour identifier des différences notables entre les deux groupes de mères, plutôt qu’un seuil alpha fixe. Pour illustrer les différents thèmes issus de l’analyse des entrevues, les extraits les plus représentatifs du thème ont été sélectionnés. L’interprétation des données a été effectuée selon les recommandations de Van der Maren (1996), reposant sur le parallélisme intersubjectif et le principe de superposition des plans.

Résultats

Données descriptives de l’échantillon

17Aucune différence significative n’a été trouvée entre les deux groupes de mères en dépression, pour ce qui est des caractéristiques sociodémographiques, des antécédents de dépression, des habitudes de consommation, ainsi que du score total de la symptomatologie dépressive.

18La majorité des mères en DPP ont été évaluées à domicile (90 %) entre la 8e et la 10e semaine du post-partum (8,9 semaines). Elles sont significativement plus jeunes (p = 0,01) (moyenne [M] 30,6 ans ; écart type [ET] 4,83), que les mères en DNP (M = 35,6 ; ET = 5,87), majoritairement primipares (60 %), de niveau de scolarité collégial ou universitaire (70 %) et 90 % vivent en couple avec une durée moyenne d’union de 6,5 ans, contre 60 % (p = 0,05) pour les mères en DNP qui ont une durée moyenne d’union de 10 ans. Trente-cinq pour cent des mères en DPP ont déjà reçu un diagnostic antérieur de DM. La majorité des mères en DNP ont été évaluées à domicile (70 %). Elles sont âgées en moyenne de 35,8 ans. Quarante pour cent sont célibataires. Elles sont majoritairement (60 %) multipares (deux enfants âgés de 8 ans en moyenne) et 60 % ont un niveau de scolarité collégial ou universitaire. Cinquante pour cent d’entre elles ont déjà reçu un diagnostic de DM antérieurement. Le revenu annuel familial des mères en DPP (80 % ≥ 60 000 $) est significativement (p = 0,02) plus élevé que celui des mères en DNP (90 % < 60 000 $). L’ensemble de l’échantillon (n = 30) se caractérise par une symptomatologie dépressive majeure (EPDS 13 et BDI-II 23). Le diagnostic de DM a été confirmé par le MINI pour toutes les mères chez qui la présence d’une DM a été détectée à l’aide de l’EPDS.

Profil mères en DPP et en DNP : perception des causes à l’origine de la dépression

19Le tableau 1 résume le pourcentage d’occurrence de chacune des causes perçues par les mères pour expliquer l’apparition de leurs symptômes dépressifs. L’analyse de contenu thématique a permis de dégager un total de 975 segments codés soit : les causes biologiques (126 segments – 12,92 %), psychologiques (237 segments – 24,3 %) et sociales/environnementales (612 segments – 62,76 %). Les causes communes rapportées par les deux groupes de mères en dépression sont tout d’abord présentées. Ensuite viennent les différences spécifiques entre les groupes.

Tableau 1

Pourcentage d’occurrence des causes perçues par groupe (DPP-DNP)

DPP (n=20) %DNP (n=10) %PTaille d’effet
Causes biologiques
Hormonale35%30%0,780,05
Difficulté obstétricale30%10%0,150,26
Antécédents de dépression10 %20%0,480,13
Manque de sommeil-fatigue75%10%0,000,88
Douleur physique0%20%0,110,29
Médication0%20%0,110,29
Causes psychologiques
Trait de personnalité35%20%0,360,17
Adaptation au changement de style de vie70%20%0,000,56
Standard de perfection de la maternité65%20%0,000,5
Anxiété50%10%0,000,5
Perte de contrôle-impuissance30%0%0,000,53
Limites5%40%0,030,39
Causes sociales et environnementales
Isolement social50%30%0,270,2
Manque de soutien émotionnel30%30%1,000,00
Manque de soutien pratique50%30%0,270,2
Tensions conjugales45%40%0,790,05
Enfant centre d’attention45%20%0,130,27
Allaitement40%20%0,230,2
Gestion des tâches familiales25%50%0,170,25
Perte de liberté et de temps75%30%0,000,47
Gestions des soins du bébé55%0%0,000,9
Image de la maternité40%10%0,030,38
Conseils et jugement de l’entourage25%0%0,060,34
Grossesse non planifiée20%0%0,020,41
Tempérament de l’enfant0%30%0,030,38
Travail45%60%0,430,14

Pourcentage d’occurrence des causes perçues par groupe (DPP-DNP)

Causes biologiques et physiologiques

20Près de 30 % des mères en DPP et en DNP mentionnent de façon à peu près équivalente les changements hormonaux comme facteur causal. Aucune différence n’a été observée entre les deux groupes concernant ce facteur, ni en ce qui a trait aux difficultés obstétricales et aux antécédents de dépression.

Changements hormonaux

21

« J’ai souvent réagi fortement aux hormones. Je me dis que je suis facilement influencée par le degré d’hormones dans mon corps ».
(PP 51)

22

« J’ai toujours eu l’impression que c’était hormonal. Je sens tellement les vagues. J’ai mal à tête. J’me sens pas bien. Tout m’irrite. Des fois, j’ai enfin l’impression d’avoir repris le dessus. Ça dure deux jours puis après je retombe. Ça fait des dents de scie ».
(DNP 07)

23Notons des différences entre les deux groupes de mères concernant la fatigue, la médication et la douleur physique. Les mères en DPP évoquent davantage la fatigue éprouvée en raison du manque de sommeil pour expliquer la survenue de leurs symptômes dépressifs. Par ailleurs, les mères en DNP sont les seules à évoquer la douleur physique ou l’arrêt de la médication (antidépresseurs) pour expliquer la survenue des symptômes.

Manque de sommeil et fatigue

24La grande majorité des mères en DPP mentionnent que leurs symptômes dépressifs résultent en partie d’un manque de sommeil qui serait associé à une fatigue importante. Elles expliquent qu’en raison des soins qu’elles doivent donner au bébé, leur sommeil est fréquemment interrompu et le manque de temps pour se reposer causerait une fatigue importante qui semble jouer un rôle déterminant dans l’apparition de leurs symptômes. Bien souvent, le fait de pouvoir récupérer est, selon certaines d’entre elles, salvateur pour l’amélioration de leur humeur.

25

« C’est essentiellement le manque de sommeil. C’est le fait de ne pas dormir qui vient expliquer tout ça [en parlant de son état dépressif] ».
(DPP 68)

26

« Je suis convaincue que si j’étais moins fatiguée, au moins 30 à 50 % des symptômes s’en iraient ».
(DPP 50)

Causes psychologiques

27Aucune différence n’est observée entre les deux groupes de mères concernant les traits de personnalité. Sept mères sur vingt en DPP contre deux mères sur dix en DNP mettent en cause leur structure de personnalité pour expliquer l’apparition de leurs symptômes dépressifs.

Trait de personnalité

28

« Je me fâche souvent, c’est un peu ma personnalité. J’ai tendance à être comme ça et c’est ça qui m’a amené en dépression je pense ».
(DPP 51)

29

« Je pense que c’est à cause de mon estime de moi, de ma tendance à m’auto flageller, je l’ai toujours eu un petit peu, Je pense que c’est ma personnalité ».
(DNP 06)

30Les causes suivantes diffèrent selon les deux groupes de mères. La majorité des mères en DPP expliquent la survenue de leurs symptômes dépressifs par leurs difficultés à s’adapter aux changements de style de vie suite à la venue du bébé, par leurs standards de perfection de la maternité, par l’anxiété et l’inquiétude ainsi que par la perte de contrôle et l’impuissance. Par contre, les mères en DNP expliquent davantage l’émergence de la dépression par leurs difficultés à mettre des limites (savoir dire non).

Difficultés d’adaptation aux changements de style de vie

31Une grande majorité de mères en DPP évoquent des difficultés à s’adapter au changement de style de vie pour expliquer leur état dépressif. En somme, la venue du bébé leur impose un changement de routine, une diminution de leurs activités sociales, professionnelles et personnelles qui semble difficilement vécue par certaines mères :

32

« Les interactions sociales ont changé, vous voyez moins vos amis. Je passe mon temps avec le bébé et je dois suivre son rythme. S’il dort, je ne peux pas décider de sortir. Je dois attendre qu’il se réveille. Puis on est tellement épuisés que ça nous tente pas toujours de nous déplacer chez des gens. Je ne peux pas l’amener partout […], s’il pleure […]. Je trouve ça difficile ! Ça me donne le goût de pleurer ».
(DPP 80)

33

« Ne plus voir mon monde, ne plus avoir la valorisation du travail… Je suis dans la maison. Il faut que je me fasse à cette nouvelle vie et c’est difficile ».
(DPP 19)

34

« Je dois m’adapter au changement mais je suis quelqu’un qui aime les choses stables. J’ai l’impression qu’il y a des problèmes d’adaptabilité. Je pense que tout ça engendre la dépression ».
(DPP 61)

Perfectionnisme et sentiment d’incompétence maternelle

35Plus de la moitié des mères en DPP expliquent ceci :

36

« J’ai le sentiment d’être inadéquate parce que je voudrais être parfaite pour mon conjoint, mes enfants, pour moi-même et je n’y arrive pas parce que les standards sont trop élevés. Je suis face à la réalité de la maternité, et il faut que je comprenne que l’idéal n’existe pas. J’étais peut-être mal préparée à être maman […]. Je pense que tout ça engendre la dépression ».
(DPP 61)

Anxiété et inquiétudes

37La moitié des mères en DPP évoquent le rôle de l’anxiété dans le développement de leurs symptômes dépressifs. Elles rapportent se sentir inquiètes concernant la santé de leur bébé. Soulignons que les inquiétudes relatives au bébé sont spécifiquement évoquées par les mères en DPP et touchent principalement le sommeil, l’alimentation et la garde du bébé.

38

« Je pense que c’est peut-être plus l’anxiété qui déclenche l’humeur dépressive ».
(DPP 51)

39

« Des inquiétudes par rapport aux enfants. Par exemple, mon fils a un rhume, il ne mange pas bien, il ne dort pas bien, moi ça m’inquiète. C’est des petits détails comme ça qui m’inquiètent. C’est niaiseux mais c’est plus fort que moi ».
(DPP 64)

Perte de contrôle et impuissance

40La perte de contrôle et l’impuissance sont spécifiquement rapportées par près d’un tiers des mères en DPP pour expliquer la présence de leurs symptômes dépressifs. En somme, c’est le fait de ne pas avoir de contrôle sur les réactions du bébé et le fait de ne pas savoir comment réagir avec ce dernier qui provoqueraient un sentiment d’impuissance et affecteraient leur humeur.

41

« Je n’ai pas de contrôle sur mon bébé et c’est ça qui me rend triste, impuissante et qui m’épuise ».
(DPP 40)

42

« On dirait qu’il faudrait que ce soit inné. Souvent je me fais dire : “C’est toi la mère !” Oui c’est moi la mère mais je ne sais quand même pas ce que je dois faire ! Je suis complètement désarçonnée. Ça me déprime ».
(DPP 50)

Difficultés à mettre ses limites, à savoir dire non

43Plus d’un tiers des mères en DNP expliquent ceci :

44

« Je pense que c’est le fait de ne pas mettre mes propres limites, de ne pas savoir dire non, ça entraîne de la surcharge. Je suis quelqu’un qui s’implique beaucoup et souvent ça finit par m’épuiser. Je ne sais pas comment faire pour refuser. C’est probablement pour ça que je suis en dépression ».
(DNP02)

Causes sociales et environnementales

45Aucune différence n’est observée entre les deux groupes de mères concernant les causes suivantes : l’isolement social, le manque de soutien pratique et émotionnel, la présence de tensions conjugales, le fait que l’enfant soit le centre d’attention, l’allaitement. Les mères en DNP expliquent également leur état dépressif par le fait de vivre des difficultés en lien avec le travail ou la gestion des tâches familiales.

Gestion des tâches familiales, manque de soutien et tension conjugale

46

« J’aurais aimé avoir de l’aide de ma famille. Il faut beaucoup de choses pour le bébé, mais j’aurais aimé ça, que mon conjoint voie tout ce qu’il y a à faire. Puis aussi il y a eu une chicane entre moi et mon copain. Pendant une semaine on s’est pas parlé et moi je faisais tout avec le bébé. C’est un gros facteur sur l’humeur ».
(DPP 81)

47

« Dans les cours prénataux ils nous disaient souvent “vous allez voir le premier mois, le deuxième mois vous allez avoir des gens autour de vous qui vont vous aider, à préparer un souper, à faire du ménage, des trucs comme ça pour vous donner un coup de main”. Mais c’est le genre de choses qui est pas arrivé souvent. On dirait que les gens pensent qu’on s’arrange bien, alors ils s’imaginent que tout va bien alors que j’ai besoin d’aide. J’ai fait face à des gens qui me disaient pleins de commentaires, des jugements, puis ces gens ne sont pas conscients qu’ils sont en train de nous dire des choses qui vont nous blesser ou on dirait qu’ils essayent d’aider mais vraiment pas de la bonne façon ».
(DPP 86)

48

« Ce qui a été difficile, c’est le fait de courir toujours, de vouloir tout faire et de gérer toutes les tâches ménagères, toutes les responsabilités. Vous avez l’impression que vous endossez toute la responsabilité plus que votre conjoint. J’ai pas de famille ici, c’est difficile et mon conjoint ne s’implique vraiment pas beaucoup dans la gestion des responsabilités ».
(DNP 10)

Arrêt de travail et isolement social

49

« C’est le fait de ne plus me lever le matin pour aller travailler. De ne plus voir mon monde, de ne plus avoir la valorisation du travail, de ne plus… Je suis à la maison, il faut que je me fasse une nouvelle vie parce que j’ai 7 jours de semaine à passer ici. C’est difficile, ça me déprime ».
(DPP 19)

50

« C’est l’isolement qui a intensifié mes symptômes, c’est le fait d’être toute seule parce que tu sors moins, tu vas moins dans les soirées, les événements, les choses comme ça. Tu te couches de bonne heure, t’es fatiguée, tu changes ton alimentation aussi pour le bébé. Tu te renfermes un peu. Quand t’as un bébé, tu t’en occupes et ça demande que tu sois plus souvent à la maison… ».
(DPP 77)

51

« Le fait que j’fasse pas mes choses courantes de la vie, que j’sois pas capable de travailler, que j’sois pas capable de sociabiliser avec les gens, de faire des activités que j’aime. Je pense que c’est à cause de ça que je suis en dépression. Si je me mêlais plus aux autres, je serais peut-être un peu plus heureuse ».
(DNP 03)

52Les mères en DPP se distinguent des mères en DNP principalement par le sentiment de perte de liberté et le manque de temps pour soi qu’imposent la responsabilité et la gestion des soins au nouveau-né, ainsi que par l’idéalisation de la maternité. La grossesse non planifiée, de même que les conseils et les jugements relatifs à la maternité constituent des causes spécifiquement rapportées par les mères en DPP. Près d’un tiers des mères en DNP expliquent davantage l’émergence de leurs symptômes dépressifs en raison du tempérament difficile de leur enfant. Notons que ce facteur est spécifiquement évoqué par les mères en DNP.

Perte de liberté, de temps pour soi et gestion des soins du bébé

53

« L’arrivée du bébé fait que je ne peux plus faire ce que je veux. Il y a quelqu’un qui dépend de moi et ça m’angoisse. Je ne peux pas m’en aller, je ne peux plus faire ce que je faisais avant et je ne sais pas quand je vais pouvoir le faire. Je n’ai plus de temps pour moi ».
(DPP 51)

54

« Idéalisation de la maternité, conseils et jugement de l’entourage. La société présente la maternité comme quelque chose de merveilleux mais on ne parle pas des couches, du manque de sommeil, des difficultés d’allaitement. Je suis vraiment déçue. Je voyais ça comme une étape merveilleuse (en parlant de la maternité), remplie de joie. On dirait que je n’avais pas été préparée à vivre autant de tristesse. La plupart des gens, quand ils parlent d’avoir un enfant, ils parlent des belles choses et pas des difficultés. Je savais qu’un bébé ça pleure mais moi je ne m’attendais pas à trouver ça si difficile et à être aussi triste d’une situation aussi heureuse ».
(DPP 83)

55

« Je reçois beaucoup de conseils de mon entourage, de mes amies mais surtout de mes parents, et c’est ça qui me rend déprimée. Ma famille me dit de ne pas faire ci, faire ça. Ma sœur a accouché deux semaines avant moi. Il y a beaucoup de comparaison de la part de mes parents. J’ai l’impression d’entendre beaucoup de critiques négatives sur ma façon de réagir avec Etienne [son bébé]. J’entends souvent : “Ta sœur fait pas ça comme ça !” J’ai l’impression que je ne suis pas à la hauteur des attentes. Ça me rend malheureuse ».
(DPP 43)

Grossesse non planifiée

56

« La cause de ma dépression ? C’est que je n’en voulais pas, d’enfant ! Quand j’ai réalisé que j’étais enceinte, j’ai paniqué. Ça ne m’intéressait pas d’avoir des enfants au point que quand j’allais chez mes amies et que les enfants m’énervaient, je mettais mon manteau et je partais. J’avais pas planifié de tomber enceinte. Je pense que c’est plus facile quand t’as décidé d’en avoir ! ».
(DPP 50)

Tempérament difficile de l’enfant

57Pour certaines mères en DNP, c’est plutôt le fait d’avoir un enfant au tempérament difficile qui jouerait un rôle dans le développement de leurs symptômes dépressifs.

58

« Mon fils a des problèmes de comportement. Je dois lui imposer des limites et c’est difficile, il fait des crises. Il n’y a pas une seule gardienne qui veut le garder. Ça m’épuise, ça me rend triste. Si je n’avais pas ça (en parlant du comportement difficile de son enfant), ça irait sûrement mieux ».
(DNP 03)

Discussion

59Cette recherche est la première à documenter la nature des causes, telles que perçues par les mères en DPP et en DNP, afin d’analyser si la dépression qui survient en période postnatale est reliée spécifiquement à l’événement de la naissance, ou si elle résulte de causes similaires à celles de la DNP.

Profil des facteurs étiologiques des mères en DPP

60Notre objectif, qui visait à analyser les causes telles que perçues par les mères en DPP et en DNP, révèle des différences entre les deux phénomènes dépressifs. Néanmoins, en dépit de cette distinction apparente, la nature des facteurs causaux retrouvée dans les deux formes de dépression semble similaire. En effet, bien que notre analyse indique que les mères en DPP mettent plus systématiquement en lien leurs symptômes avec la venue d’un jeune enfant, nos résultats s’inscrivent de manière générale dans la lignée des travaux qui indiquent que la DPP résulte généralement de facteurs étiologiques non spécifiques à la naissance. Les causes biologiques inhérentes aux changements hormonaux ou aux difficultés obstétricales ne constituent pas les raisons les plus prévalentes retrouvées dans le discours des mères en DPP pour expliquer la genèse de leur état dépressif. Nous rejoignons à cet égard les conclusions de O’Hara (2009), qui suggère que la DPP se développe dans un contexte psychosocial au même titre que les dépressions survenant en dehors de la période postnatale. Tout comme Riecher-Rössler et Hofecker Fallahpour (2003), nous sommes d’avis que le bébé semble agir comme un facteur de stress auquel les mères doivent s’adapter. Nos résultats appuient l’idée selon laquelle la création d’un diagnostic spécifique pour la DPP n’est pas justifiée (Beck, 2002 ; Riecher-Rössler et Hofecker Fallahpour, 2003 ; Whiffen, 1991). Toutefois, les causes perçues par les mères en DPP de notre étude méritent d’être discutées car elles peuvent constituer des éléments d’informations importants sur le plan de la prévention et du traitement de ce trouble.

La naissance, un facteur déclencheur du développement de la DPP ?

61Tant dans le public que dans le monde médical, les changements hormonaux liés à la naissance sont, en général, la première cause avancée pour expliquer l’apparition de la DPP. Dans notre échantillon, seulement un tiers des mères souffrant de DPP attribuent le développement de leurs symptômes dépressifs aux fluctuations hormonales inhérentes à la naissance. Tout comme O’Hara (2009), nous notons que ce facteur biologique ne semble pas constituer l’explication la plus fréquemment rapportée par les mères en DPP pour justifier leur état dépressif. D’autres facteurs semblent avoir clairement une influence sur la santé psychologique des mères en période postnatale. Bien qu’elles ne représentent pas la majorité, il est toutefois primordial de garder à l’esprit, tout comme l’indiquent nos résultats et ceux de certaines études antérieures, qu’une proportion non négligeable de mères pourrait être plus vulnérable aux changements hormonaux liés à la maternité et que ces changements pourraient être associés à leurs symptômes dépressifs (Bloch, Rotenberg, Koren et Klein, 2005 ; Serati, et al., 2016).

62Il est par ailleurs intéressant d’observer qu’une proportion équivalente des mères souffrant de DNP évoque l’influence des changements hormonaux dans l’émergence de leur état dépressif. Ce facteur biologique pourrait donc ne pas être spécifique à la DPP. Ceci ne nous paraît pas si surprenant puisque l’humeur des femmes dans la population générale est souvent mise en lien avec le cycle menstruel ou la ménopause (des Rivières-Pigeon, et al., 2012). Tout comme le souligne Ferreri (2003), bien que l’on suppose que les hormones sexuelles jouent un rôle dans l’émergence des dépressions caractérisées, ce rôle n’apparaît pas non plus prévalant dans la population générale des femmes. Les dépressions ne semblent pas plus fréquentes à la ménopause.

63Notons qu’il est difficile de savoir si l’explication hormonale rapportée dans notre étude par les mères dans l’apparition de leurs symptômes dépressifs est mentionnée en raison de l’influence du discours populaire ou d’une réelle vulnérabilité biologique aux changements hormonaux.

Privation de sommeil et émergence de symptômes dépressifs

64Des changements au niveau du sommeil et la privation de sommeil ont été suggérés comme explication dans l’apparition des troubles psychiatriques périnataux (Ross, Murray et Steiner, 2005). Certaines études ont porté plus précisément sur les difficultés de sommeil en période postnatale et leur association possible avec la dépression (Armstrong, Van Haeringen, Dadds et Cash, 1998 ; Dorheim, Bondevik, Eberhard-Gran et Bjorvatn, 2009 ; Ross, et al., 2005). La privation de sommeil au cours de la période postnatale pourrait provoquer des insomnies chroniques (Silber, 2005) ou d’autres symptômes s’apparentant à la dépression, comme l’irritabilité ou encore la fatigue (Armstrong, et al., 1998). Toutefois, nos résultats indiquent que c’est le manque de sommeil induisant cette fatigue qui pourrait jouer un rôle étiologique spécifique dans la survenue des symptômes de la DPP. La fatigue éprouvée par les mères pourrait être causée par des facteurs différents chez les mères en DPP et en DNP. Chez les mères en DPP, elle semble être causée par le manque de sommeil et les réveils fréquents qu’occasionnent les soins au bébé alors que pour les mères en DNP, elle semble davantage liée aux insomnies inhérentes à la dépression. Nos résultats sont cohérents avec ceux des recherches ayant utilisé un groupe de mères en DNP, qui indiquent que les mères en DPP rapportent moins d’insomnies que les mères en DNP (Whiffen, 1991).

65Toutefois, même si un manque de sommeil peut augmenter le risque de dépression chez certaines femmes, il est primordial de considérer que plusieurs autres facteurs peuvent influencer la qualité du sommeil durant les premiers mois du post-partum. Le soutien social pourrait en faire partie. Rappelons que les mères en DPP de notre échantillon mentionnent que le repos a bien souvent suffi à améliorer leur état émotionnel. Le soutien de l’entourage, et particulièrement du conjoint, paraît essentiel durant les premières semaines postnatales et peut avoir une influence marquée sur la capacité des mères à récupérer et à s’adapter. Il nous paraît donc pertinent de sensibiliser l’entourage à l’importance d’un réseau de soutien qui permet de répondre aux besoins des mères durant cette période de vulnérabilité.

La DPP, la résultante de facteurs psychosociaux ?

66Les facteurs relationnels et ceux liés à l’environnement social de la mère sont maintenant bien documentés pour expliquer l’exacerbation des symptômes dépressifs. La qualité de la relation conjugale est un facteur associé à la détresse psychologique et à la dépression chez les femmes de tous âges (des Rivières-Pigeon, et al., 2012). Un peu moins de la moitié de toutes les mères de notre échantillon mentionnent vivre des tensions conjugales fréquentes, ce qui est cohérent avec les résultats de Beck (2002). La moitié des mères de notre échantillon rapportent que l’isolement social éprouvé en raison de leur condition de mère génère leurs difficultés au plan de l’humeur. Ce facteur est toutefois présent dans les deux groupes de mères. Conformément aux études antérieures, ces facteurs psychosociaux ne sont pas spécifiques à la DPP.

Le mythe d’une maternité idéalisée

67Stoppard (2000) avance qu’il existe des facteurs invisibles qui peuvent affecter la vie des femmes, quel que soit le milieu de vie. Le discours populaire sur le rôle de mère et la maternité pourrait constituer l’un d’entre eux. Dans notre société, la maternité est empreinte d’un mythe : devenir mère, c’est être accomplie et heureuse. Cette idéologie de la maternité contribue à alimenter le fantasme de la mère parfaite. Dans notre échantillon, un peu moins de la moitié des mères en DPP rapportent que l’image idéalisée de la maternité serait à l’origine de leurs symptômes dépressifs. En accord avec les études qualitatives antérieures, nos résultats révèlent que ce discours idéalisé de la maternité pourrait être, pour certaines mères, la source d’attentes non comblées qui créerait un décalage avec l’expérience réelle de la maternité et qui contribuerait au développement de symptômes dépressifs (Knudson-Martin et Silverstein, 2009 ; Beck, 2002 ; Robertson, et al., 2013 ; Vik et Hafting, 2012). D’autres types d’attentes non satisfaites peuvent être rencontrés dans différents domaines de la vie (travail, soutien social, relation avec le partenaire, la vie avec les enfants, soi comme mère, etc.). Ces attentes non comblées contribuent à rendre plus difficile l’adaptation à la maternité (Beck, 2002). Elles peuvent générer l’idée de se considérer comme une mauvaise mère ou la peur d’être condamnée comme telle par la société (Beck, 2002 ; Knudson-Martin et Silverstein, 2009).

68Bien que l’influence de ce discours idéalisé de la maternité ne soit pas évoquée par la grande majorité des mères en DPP, il est surprenant que cela ne soit pas mentionné par un certain pourcentage de mères en DNP. Dans notre société, le rôle parental fait l’objet d’une certaine pression de performance. Selon nous, autant les mères qui ont des enfants en bas âge que celles ayant des enfants plus vieux sont confrontées à cet idéal de la maternité. Pourquoi les mères en DNP évoquent-elles davantage des difficultés liées au tempérament difficile de l’enfant ou concernant son éducation, plutôt que le malaise découlant de la pression de performance liée à leur rôle de mère ? Cette question mériterait davantage de recherche pour apporter une réponse bien nuancée.

Anxiété et perfectionnisme

69Plus de la moitié des mères en DPP de notre échantillon attribuent leurs symptômes dépressifs à l’anxiété qui serait spécifiquement reliée aux inquiétudes envers le bébé, ce qui n’est pas le cas des mères en DNP. Certains travaux, comme ceux de Robert, David, Reeves, Goron et Delfosse (2008), confirment l’existence d’une anxiété qui serait propre à la maternité. Cette anxiété spécifique tient son origine dans l’angoisse de performance et du mythe de la mère parfaite et idéale. Les mères en DPP de notre échantillon présentent des standards élevés de perfection par rapport à la maternité. Le perfectionnisme semble jouer un rôle important dans l’étiologie, le maintien et l’évolution de certains des problèmes psychologiques les plus répandus chez les femmes, y compris la dépression et l’anxiété (Shafran et Mansell, 2001). Les mères qui pensent devoir être des mères parfaites sont à risque de DPP et peuvent rencontrer plus de difficultés à s’adapter au changement de vie après l’accouchement (Nepon, Flett, Hewitt et Molnar, 2011). Le perfectionnisme constitue un facteur indépendant de trait de personnalité associé à la DPP (Gelabert, et al., 2012). Par ailleurs, il n’est pas clair si ce sont les traits de personnalité (facteurs individuels) qui sont en jeu ou si c’est l’image véhiculée par la société qui pousse les mères à vouloir être parfaites (facteurs culturels) ou la combinaison des deux facteurs qui influence le développement des symptômes dépressifs en post-partum. Considérant ce lien possible entre perfectionnisme et anxiété, nous suggérons, tout comme Robert, et al. (2008), d’évaluer ces deux dimensions dans l’étude de la dépression en contexte postnatal.

La DPP, une dépression liée au changement de style de vie et à la perte ?

70La naissance d’un enfant entraîne une multitude de changements personnels nécessitant un ensemble d’ajustements individuels, conjugaux et familiaux. Les trois quarts des mères en DPP de notre échantillon rapportent éprouver de la difficulté à s’adapter au changement de style de vie qui contribuerait, selon elles, au développement de leurs symptômes dépressifs. Lors de la naissance d’un enfant, les mères doivent recourir à de multiples stratégies d’adaptation qui, selon Razurel, Kaiser, Sellenet et Epiney (2013), ne sont pas spécifiques à la période périnatale mais vont être influencées par le degré de soutien social perçu, et par la perception des événements. En plus du manque de soutien évoqué précédemment, la grande majorité des mères en DPP de notre échantillon mentionnent vivre différentes sortes de perte suite à la naissance de leur enfant : le manque de temps pour elles, le manque de temps pour faire tout ce qu’il y a à faire, le sentiment de perte de liberté, de perte de contrôle et l’impuissance, la perte d’identité, la perte des relations sociales et de stimulation intellectuelle, etc. La moitié d’entre elles rapportent également se sentir submergées par la gestion des soins au bébé et rapportent un sentiment de perte de contrôle. Nos résultats sont conformes à ceux des études antérieures (Beck, 2002 ; Knudson-Martin et Silverstein, 2009 ; Vik et Hafting, 2012).

71En résumé, l’analyse du discours des mères révèle un paradoxe quant à la conceptualisation de la DPP. Présentement, la DPP est implicitement perçue par les professionnels de la santé et dans la population comme une dépression spécifique qui est davantage liée aux changements hormonaux qui font suite à l’accouchement, plutôt qu’à des conditions de vie difficiles ou au contexte social des mères. Pourtant, nos résultats ne soutiennent pas la vision selon laquelle la DPP est déclenchée directement par ce facteur spécifique qu’est la naissance du bébé. Ils soutiennent plus l’idée que les facteurs biologiques ne doivent pas être considérés comme les seuls éléments explicatifs de la dépression chez les mères, mais que la DPP est générée par des facteurs multiples qui sont d’ordre à la fois biologique, psychologique et social. L’importance de la culture, qui alimente l’idéalisation de la maternité et le désir d’être une mère parfaite, n’est pas non plus à négliger. Ce sont donc davantage des causes psychosociales en lien avec l’environnement social et familial et le contexte culturel qui sont mentionnées par les mères en DPP pour expliquer leur dépression. La création d’un diagnostic spécifique à la DPP qui la différencierait des DNP ne serait pas justifiée, selon nous, car les causes identifiées mettent en jeu des mécanismes d’adaptation à des stresseurs de la vie, qui sont contextualisés ici par la présence du nouveau-né et les ajustements que cela nécessite, tout comme dans certaines DNP où les stresseurs de la vie peuvent constituer des causes de l’état dépressif.

Implications cliniques

72Actuellement, la DPP a tendance à être encadrée comme un problème essentiellement médical (Knudson-Martin et Silverstein, 2009), ce qui peut expliquer que l’hypothèse hormonale occupe une place si importante dans l’étiologie de la DPP. Le fait de maintenir une vision spécifique de la DPP, dont les causes seraient liées directement à la naissance, n’est pas sans conséquence. Tout comme des Rivières-Pigeon, et al., (2012), nous pensons que cela peut avoir un impact sur le type d’interventions proposées aux mères souffrant de DPP, interventions qui seraient plus de nature médicale et donc pas nécessairement adapté à aux besoins des mères qui sont souvent de nature psychosociale. Il serait plus adéquat de développer des interventions préventives qui soient davantage axées sur l’environnement social et familial des mères, et qui privilégieraient une démarche de démystification de la maternité. Les professionnels de la santé qui œuvrent auprès des mères en DPP pourraient à cet effet axer leurs interventions vers des activités de transfert de connaissances (feuillets informatifs, vidéo, animation, réseaux sociaux, etc.) touchant notamment les résultats des recherches concernant les causes à l’origine de la DPP, afin de pouvoir accéder à des informations nuancées, objectives et non culpabilisantes (Moreau, 2011). Des interventions axées sur les perceptions qu’ont les mères de la maternité et des idéaux intériorisés, ainsi que sur l’acceptation des émotions présentes durant la période postnatale pourraient être développées (Knudson-Martin et Silverstein, 2009). Les idéaux n’étant pas des objectifs atteignables, ils peuvent engendrer des sentiments d’incompétence chez les femmes (Douglas et Michaels, 2004). Un recadrage des attentes irréalistes pour libérer les mères des contraintes qu’elles s’imposent (Beck, 2002) et surtout une normalisation des sentiments négatifs ou ambivalents (d’ennui, de tristesse, de colère, etc.) pourraient ainsi être préconisés. De telles interventions pourraient s’avérer très pertinentes dans le cadre des rencontres préparatoires à l’accouchement. Le soutien demeure selon nous le pilier de la prise en charge ; soutien qui devrait être à la fois émotionnel et pratique et caractérisé par l’écoute et le non-jugement. Ce soutien qui, souvent absent du réseau social de plusieurs femmes, devrait faire l’objet d’interventions visant à en faciliter l’accessibilité. En somme, ce sont des interventions de type non médical qui devraient être développées pour cette population, afin d’augmenter sa qualité de vie. Les antidépresseurs ne devraient pas constituer, selon nous, le traitement privilégié.

Recherches futures

73Les recherches futures devraient être de nature qualitative comparant les facteurs étiologiques de la DPP et ceux de la DNP, tels que perçus par les mères, tout en considérant les facteurs hormonaux qui pourraient être présents dans ces deux populations cliniques. Ainsi, on verrait dans quelle proportion le facteur biologique joue de façon différentielle dans les deux groupes, tout en bénéficiant de l’éclairage de la perception des mères quant aux causes de leur état dépressif. De plus, la poursuite des études explorant le lien causal de la DPP avec d’autres facteurs individuels, tels que les traits perfectionnistes, est également préconisée en raison de sa forte association à l’anxiété et à la dépression.

Limites de l’étude

74Bien que cette étude constitue, à notre connaissance, la première recherche à avoir documenté les causes telles que perçues par les mères en DPP, en utilisant un groupe de comparaison de mères en DNP, celle-ci comporte un certain nombre de limites. Tout d’abord, rappelons qu’elle ne permet pas d’établir de lien de cause à effet entre les causes rapportées par les mères et les symptômes dépressifs, étant donné le choix du devis de recherche. De plus, le statut socio-économique ainsi que le niveau de scolarité des participantes ne nous permet pas de savoir si des mères vivant dans un contexte plus défavorisé rapporteraient des causes similaires. Il aurait également été souhaitable que le diagnostic de dépression clinique soit confirmé par une seconde personne afin d’éviter les biais diagnostiques. Malgré ces lacunes, nos résultats concordent en grande partie avec les recherches antérieures. À l’exception des résultats qui n’ont pas pu être validés par les sujets eux-mêmes de l’étude, les critères de qualité pour la recherche qualitative énoncés par Van der Maren (1996) ont été respectés.

Conclusion

75En conclusion, plusieurs aspects des résultats de notre étude sont cohérents avec la vision selon laquelle la DPP serait déclenchée par des causes multifactorielles qui sont non spécifiques à la naissance. La création d’un diagnostic distinct qui différencierait la DPP des autres formes de dépression n’est à ce jour pas justifiée. La poursuite des études de nature qualitative entourant les causes de la DPP et le recours à un groupe de comparaison de mères en DNP paraissent essentiels afin d’approfondir notre compréhension de ce phénomène dépressif.

Points importants

  • La dépression postnatale est déclenchée par des causes multifactorielles non spécifiques à la naissance.
  • La venue du bébé constitue un événement stressant auquel les mères doivent s’adapter.
  • Importance du soutien émotionnel et pratique qui constitue le pilier de l’intervention.

Remerciements

Nous tenons à remercier Annelie Anestin, Sarah-Jeanne Viau, Vickie Gagnon et Marie-Frédérique Themens pour leur collaboration.

Notes

  • [*]
    Cet article a été rédigé dans le cadre de la recherche doctorale de la première auteure.
    Conflit d’intérêts : aucun
    Avis du comité d’éthique : cette recherche a été approuvée par les comités d’éthique à la recherche du centre hospitalier universitaire de Montréal ainsi que par le CSSS du Cœurde-l’Île de Montréal, Québec, Canada.
    Support financier : aucun
    Reçu mai 2017, revu et accepté juillet 2017.
Français

Cette étude s’intéresse à la controverse entourant les causes de la dépression post-partum (DPP). Bien que l’on pense implicitement que la naissance joue un rôle déclencheur dans la DPP, cette hypothèse n’est pas solidement soutenue. Afin d’explorer davantage cette problématique, une analyse qualitative des causes de la dépression telles que perçues par les mères en DPP (n = 20) et en dépression non postnatale (DNP : n = 10) est réalisée. Les résultats n’appuient pas l’hypothèse d’une étiologie liée directement à la naissance dans le développement de la DPP. La DPP et la DNP seraient déclenchées par des facteurs similaires.

Mots-clés

  • dépression postnatale
  • etiologie
  • recherche qualitative
  1. Introduction
    1. Spécificité des causes de la dépression postnatale : état de la littérature
  2. Méthodologie
    1. Participantes
    2. Instruments de mesure
      1. Mesure des caractéristiques sociodémographiques, informations relatives à l’histoire de dépression et aux habitudes de consommation
      2. Mesure de la symptomatologie dépressive postnatale
      3. Mesure de la symptomatologie dépressive non postnatale
      4. Entrevue diagnostique pour la dépression
      5. Entrevue semi-structurée individuelle
    3. Procédure
    4. Analyses descriptives de l’échantillon
    5. Analyses des entrevues
  3. Résultats
    1. Données descriptives de l’échantillon
    2. Profil mères en DPP et en DNP : perception des causes à l’origine de la dépression
      1. Causes biologiques et physiologiques
        1. Changements hormonaux
        2. Manque de sommeil et fatigue
      2. Causes psychologiques
        1. Trait de personnalité
        2. Difficultés d’adaptation aux changements de style de vie
        3. Perfectionnisme et sentiment d’incompétence maternelle
        4. Anxiété et inquiétudes
        5. Perte de contrôle et impuissance
        6. Difficultés à mettre ses limites, à savoir dire non
      3. Causes sociales et environnementales
        1. Gestion des tâches familiales, manque de soutien et tension conjugale
        2. Arrêt de travail et isolement social
        3. Perte de liberté, de temps pour soi et gestion des soins du bébé
        4. Grossesse non planifiée
        5. Tempérament difficile de l’enfant
  4. Discussion
    1. Profil des facteurs étiologiques des mères en DPP
    2. La naissance, un facteur déclencheur du développement de la DPP ?
    3. Privation de sommeil et émergence de symptômes dépressifs
    4. La DPP, la résultante de facteurs psychosociaux ?
    5. Le mythe d’une maternité idéalisée
    6. Anxiété et perfectionnisme
    7. La DPP, une dépression liée au changement de style de vie et à la perte ?
  5. Implications cliniques
  6. Recherches futures
  7. Limites de l’étude
  8. Conclusion

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Stéphanie Goron
Ph.D\Psy.D. Psychologue
Centre Hospitalier Universitaire de Montréal, 1051 Rue Sanguinet, H2X 3E4, Montréal, Québec, Canada
Université du Québec à Montréal, 405 Rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2C4, Canada
Gilles Dupuis
Ph.D. Professeur. Département de Psychologie,
Université du Québec à Montréal, 405 Rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2C4, Canada
Catherine des Rivières-Pigeon
Ph.D. Professeure. Département de Sociologie,
Université du Québec à Montréal, 405 Rue Sainte-Catherine Est, Montréal, QC H2L 2C4, Canada
Marie Josée Bédard
M.D., F.R.C.S.C. Professeure agrégée, Gynécologue\Obstétricienne
Centre Hospitalier Universitaire de Montréal, 1051 Rue Sanguinet, H2X 3E4, Montréal, Québec, Canada
Nicole Reeves
Ph.D Psychologue
Centre Hospitalier Universitaire de Montréal, 1051 Rue Sanguinet, H2X 3E4, Montréal, Québec, Canada
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Mis en ligne sur Cairn.info le 29/12/2017
https://doi.org/10.3917/dev.174.0267
Pour citer cet article
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