Remerciements
1Le Dr Zorman (Université Pierre-Mendès-France Grenoble) a collaboré théoriquement et pratiquement à la construction et à la coordination du recueil des données des normes de l’IDE.
2Nous remercions : a) les experts internationaux : les professeurs de pédiatrie : F.P. Glascoe, Université de Vanderbilt USA ; R.C. Tervo. Université du Minessota USA et le professeur J.P. Daures. Université Montpellier 1-Nîmes ; b) le Pr H. Ireton et Heidi Vader responsable commercial des Editions « Child Development Review », qui nous ont accordé gratuitement les droits de reproduction ; c) le CHU de Nîmes qui a contribué financièrement à la réalisation de cet inventaire ; d) Micheline Bisaro et Françoise Perriard (assistantes de recherche clinique, CHU Nîmes), Christine Lequette et Guillemette Pouget (médecins de l’Education nationale Isère) pour leur participation et leur relecture ; e) Dr Souksi-Medioni, Mariette et le service de néonatologie du CHU-Nîmes ; f) Pr Hédon et Pr Mares, Services de gynécologie-obstétrique respectivement de Montpellier et Nîmes, Mme Lecointe et l’école de Sage-femme de Montpellier, Mmes Molinari et Granier, DIM Nîmes.
3Nous remercions les médecins qui ont participé au recueil des données :
4Pour le Languedoc Roussillon : Dr Cret (et son réseau de pédiatrie ambulatoire), Dr Plan et le réseau Naître en Languedoc Roussillon, Dr Daudé, Dr Demichaux, Dr Guinant (et les médecins des CAMSP du Languedoc-Roussillon). Dr Cavalier, Dr Ponsard, le réseau de médecins de PMI du Gard. Mme Mantovani, psychologue.
5Pour l’Isère : les docteurs Martel, Simon-Guediri, Bonamy, Rayz, N’guyen, Tourneur-Martel, Morin, Milongo.
6Pour le Nord de la France : Dr Boidein et son réseau.
7Pour les Hauts de Seine : l’équipe de médecins de l’Education nationale.
8Les orthophonistes du Languedoc Roussillon qui ont bien voulu participer à l’étude.
9Enfin : tous les enseignants et parents qui ont accepté de participer à l’étude.
Introduction
10La prévalence des retards de développement psychomoteur et/ou des troubles du langage dans la population d’enfants de moins de 6 ans est généralement estimée à 12 à 16% (Boyle, Decoufle et Yeargin-Allsoop, 1994 ; Blanchard, Gurka et Blackman, 2006 ; American Academy of Pediatrics, 2001). Notons cependant que ces prévalences peuvent varier en fonction des outils et des critères de définition utilisés (Wake, et al., 2001 ; Sanger, et al., 2006 ; Visscher, et al., 2007). La nécessité de dépister, à un très jeune âge, les enfants susceptibles de présenter de tels retards est de plus en plus soulignée. En effet les recherches ont montré que plus l’aide qui pouvait leur être apportée intervenait tôt, plus leur développement était optimum (Reynolds, Temple, Robertson, et al., 2007). En conséquence, les sociétés professionnelles de pédiatrie encouragent l’identification des enfants présentant des retards de développement avant l’âge de 6 ans (American Academy of Pediatrics, 2001, 2006).
11Vu la difficulté d’évaluer rapidement ces retards chez les enfants de moins de 6 ans dans le cadre d’une consultation en pédiatrie, les questionnaires parentaux sont de plus en plus utilisés. Leur logique se fonde sur le constat de nombreuses études démontrant que les informations parentales sur leur enfant fournissaient des indications importantes et valides sur le développement et les besoins de celui-ci (Henderson et Meisels, 1994 ; Glascoe, 1999, 2000). Le rapport parental est une des procédures pour évaluer certains aspects neuropsychologiques du développement des jeunes enfants. Il se présente sous forme d’un questionnaire écrit, standardisé pour ses énoncés et sa cotation. Ces questionnaires d’administration très simple peuvent être remplis par le/s parent/s avant la consultation puis rapidement dépouillés à l’aide d’une grille de cotation. Ils permettent de préciser les problèmes ou l’âge de développement dans des domaines comme la socialisation, l’autonomie, la motricité, le langage expressif et réceptif, et d’autres domaines selon l’objectif du rapport parental.
12Le recours à ces questionnaires lors de la consultation pédiatrique permet l’identification de 70 à 80% des enfants présentant des retards du développement (Sturner, 1991 ; Squires, Nickels et Eisert, 1996), alors que sans instrument, seuls 30% des enfants sont dépistés et pourront bénéficier des soins appropriés (Lavigne, Binns, Christoffel, et al., 1993 ; Palfrey, Singer, Walker, et al., 1987). Il existe trois instruments de type « rapport parental » évaluant les retards dans différents domaines de développement et reconnus pour leurs bonnes qualités psychométriques : le Parent’s Evaluation of Developmental Status (PEDS – Glascoe, 1998) pour les enfants âgés de 0 à 8 ans, et pour les pour les enfants de 0 à 6 ans, l’Ages and Stages Questionnaires (ASQ – Squires, Bricker et Potter, 1997) et l’Inventaire de Développement de l’Enfant (IDE), version française du Child Development Inventory (CDI) d’Ireton (1992). De plus, la sensibilité et la spécificité de ces instruments de dépistage sont habituellement de 70 à 90% (American Academy of Pediatrics, 2001 ; Rydz, Srour, Oskoui, et al., 2006). Ces valeurs sont satisfaisantes d’un point de vue épidémiologique pour détecter les sujets considérés à risque de retard du développement de ceux qui ne le sont pas.
13Le CDI est issu de la version américaine du Minnesota Child Development Inventory (Ireton et Twing, 1972) et des versions élaborées pour les enfants d’âges plus jeunes (Ireton, 1988a et b). Le CDI est donc le résultat de 20 ans de recherche et d’expérience clinique menant à la dernière version d’Ireton (1992) qui a servi à cette adaptation française. Cet inventaire est considéré par Glascoe et Dworkin (1995) comme étant le « meilleur rapport parental » vu ses qualités à détecter les enfants présentant un retard du développement (sensibilité : 0.80-1.0. ; modérée à élevée) et ceux n’en présentant pas (spécificité : 0.94-0.96 ; élevée). Il est un des outils recommandés par l’American Academy of Pediatrics (2001). Notons cependant que pour les âges inférieurs à 24 mois, ces qualités de détections seraient plus faibles (0.50 et 0.86) (Rydz, Srour et Oskoui, 2006 ; Voigt, Llorente, Jensen, et al., 2007), mais meilleures que celles de l’ASQ (Rydz, Srour et Oskoui, 2006).
14Certains outils de dépistage présentent les mêmes avantages de standardisation et de passation que ceux précisés ci-dessus, mais ils ne sont pas conseillés en raison de leur manque de sensibilité et/ou de spécificité, du manque de représentativité de l’échantillon d’étalonnage et parfois même de leur absence de validation (Glascoe, 2005). En France, seule une échelle d’évaluation du développement du type « rapport parental » a été validée mais elle porte uniquement sur le développement du langage. Il s’agit du questionnaire de langage de Dale et Bates (Bovet, Danjou, Langue, et al., 2005). Notons que la version québécoise de l’ASQ est en cours de validation en France (Roze, CHU Nantes).
Nous présentons, ici, les normes, les qualités psychométriques, la sensibilité et la spécificité de la version française du CDI : l’IDE ou Inventaire du Développement de l’Enfant, à remplir par les parents. En ce qui concerne les qualités psychométriques, la fidélité intra-informant (méthode Test-Retest) et la fidélité inter-informants, la validité de construit par la différenciation selon l’âge et la méthode des corrélations avec d’autres tests en recourant à une épreuve « Gold Standard » ont été éprouvées. Un modèle de prédiction des performances, à partir des âges chronologiques, a été déterminé et la stabilité des quotients de développement sur un an, a été estimée. Enfin la sensibilité et la spécificité de l’IDE, pour détecter les enfants à niveau de développement au-dessous d’un QD ou QI < 86 du « Gold Standard », ont été déterminées.
Méthode
Outil : Inventaire du développement de l’enfant (IDE)
15L’IDE est un inventaire fondé sur les observations des parents concernant le développement des enfants âgés de 15 à 72 mois. Ce questionnaire se compose d’énoncés standardisés qui décrivent les comportements des enfants et le parent doit cocher « OUI » ou « NON » à chaque énoncé dans la grille de recueil des réponses, en fonction de ce que fait ou ne fait pas son enfant. La cotation est standardisée, ainsi chaque réponse « OUI » est cotée un point. Les items sont formulés de façon à limiter au maximum les réponses subjectives et interprétatives. Ils concernent des comportements observables de l’enfant.
16L’inventaire se compose de 270 items répartis en 8 échelles. Parmi elles, six correspondent chacune à un domaine particulier du développement et deux autres à l’apprentissage de lettres et de nombres. De plus, une échelle de développement général de 70 items a été déduite de l’ensemble des 270 items. Ces 70 items ont été retenus car ils sont les plus discriminants pour qualifier un âge particulier (Ireton, 1992).
17Grâce au score brut obtenu pour chacune des échelles, il est possible de connaître l’âge de développement correspondant pour les enfants âgés de 15 mois à 6 ans et 0 mois. Les domaines de développement ou d’apprentissage évalués par les différentes échelles sont les suivants.
- Développement social (Echelle de 40 items) : il inclut les relations de l’enfant avec ses parents, les autres enfants ou les adultes présents dans son environnement. Il s’agit aussi bien des interactions entre l’enfant et une autre personne que de sa participation au groupe.
- Développement de l’autonomie (Echelle de 40 items) : il inclut des comportements comme, par exemple, manger, s’habiller ou faire sa toilette, ainsi que la responsabilité dont il fait preuve.
- Développement moteur global (Echelle de 30 items) : il inclut des actions comme marcher, courir, grimper, sauter, pédaler, ainsi que le maintient du corps en équilibre.
- Développement moteur fin (Echelle de 30 items) : il comprend l’évaluation de l’utilisation du regard et des mains. Cela va de la simple saisie d’objet au dessin, en passant par le gribouillage.
- Développement du langage sous ses deux formes, expression du langage (Echelle de 50 items) et compréhension du langage (Echelle de 50 items) : ces échelles évaluent respectivement le niveau de langage expressif et réceptif.
- Connaissance des lettres (15 items) et des nombres (15 items) : ces 2 échelles incluent la connaissance des lettres et des nombres, les pré-requis de l’écriture et de la lecture. Elles discriminent les enfants à partir de 4 ans.
18L’échelle de développement général de 70 items est constituée à partir de la sélection de 10 items pour chacune des 6 échelles de développement (soit 60 items) et de 5 items pour chacune des 2 échelles d’apprentissage (soit 10 items). Le total des points obtenus correspond, selon la même procédure que celle pour les autres échelles, à un âge de développement. Le score pour le développement général (DG) peut être transformé en quotient de développement ou QD-IDE (Age de développement/Age chronologique*100).
Echantillons
19Différents échantillons ont été constitués pour établir les normes françaises ainsi que pour estimer les différentes qualités psychométriques, la sensibilité et la spécificité.
Les normes
20Elles ont été établies sur un échantillon d’étalonnage représentatif de la population française de 1362 enfants âgés de 9 mois à 6 ans 3 mois, 1287 étaient âgés de 15 à 72 mois. Les données ont été recueillies dans 3 régions de France : Ile de France, Languedoc Roussillon, Rhône-Alpes, de sorte que les zones urbaines et rurales soient représentées ainsi que des zones d’habitats représentatives de différentes catégories socio-économiques (CSP). Deux procédures de recueil de données ont été mises en œuvre. La première procédure consistait à distribuer et recueillir des questionnaires auprès des parents dans des écoles maternelles et des crèches, la seconde à remettre des questionnaires à des pédiatres pour obtenir des données sur les plus jeunes enfants. De plus, cette dernière procédure évitait un biais d’échantillonnage dû à une surreprésentation des CSP moyennes et supérieures dans les crèches. Vingt-cinq exemplaires étaient remis à chaque pédiatre avec pour consigne de les faire remplir systématiquement par tous les parents correspondant aux critères d’inclusion pour l’âge de l’enfant, à partir d’une date donnée et jusqu’au 25e questionnaire. N’étaient inclus que les enfants dont les parents venaient consulter pour la visite de routine obligatoire et non pour une maladie de l’enfant. Le taux de non-réponses a été de 10,23% (181/1518). Le sexe ratio garçons/filles est de 1,003. Les pourcentages d’enfants en fonction des catégories socioprofessionnelles de leurs parents, selon la nomenclature de l’INSEE, sont de 43.5% pour les cadres et professions libérales (catégories 3 et 2) et 43% pour les « employés-ouvriers » (catégories 5 et 6).
La fidélité intra-informant
21Elle a été étudiée sur un échantillon de 50 enfants âgés de 15 à 70 mois. La moyenne d’âge des enfants était de 49,76 mois (E.T. : 13,48) pour la première évaluation parentale, et de 50,55 mois (E.T : 13,31) pour la seconde. La moyenne des différences d’âge est de 0,8 mois (E.T. : 1,35). L’estimation de cette fidélité est équivalente à celle d’un test-retest par le même informant (parent) pour établir la stabilité des scores pour un intervalle de temps bref.
La fidélité inter-informants
22Pour un échantillon de 49 enfants scolarisés en école maternelle, deux informants, un parent et l’enseignant, ont rempli le questionnaire pour chaque enfant. L’empan d’âges des enfants allait de 39 mois à 72 mois. L’âge moyen lors de l’évaluation parentale était de 60,22 mois (E.T. : 10,41) et de 62,46 mois (E.T. : 10,92) lors de celle par les enseignants. La moyenne des différences d’âge est de 2,35 mois (E.T. : 1,32).
Validité de construit
23Elle a été déterminée de deux façons.
- Sur les données issues de l’échantillon d’étalonnage (N = 1362), le critère de différentiation liée à l’âge a été appliqué. Il s’agissait de vérifier l’hypothèse selon laquelle les scores bruts aux échelles spécifiques et le score à l’échelle de développement général augmenteraient avec l’âge chronologique comme cela est attendu pour des caractéristiques développementales. Un modèle de prédiction des scores, à partir de l’âge chronologique, a aussi été établi pour l’échelle de développement général (DG).
- A partir d’un échantillon de 138 enfants, les corrélations avec d’autres tests ont été estimées. Etablir cette validité consiste à comparer les résultats donnés par le questionnaire IDE à ceux obtenus grâce à l’administration individuelle d’un test standardisé pour une évaluation psychologique considérée comme un « Gold Standard ». Il s’agit ici du test de Quotient de Développement (QD) de Brunet Lézine Révisé (1997) pour les enfants de moins de 30 mois et du Quotient Intellectuel (QI) issu des évaluations à l’aide du WPPSI III (2004) pour les enfants de plus de 30 mois. L’âge moyen du groupe était de 52,4 mois (E.T. : 16,2 ; valeurs extrêmes : 15-72 mois). Le QI (QD) moyen pour ce groupe de 138 enfants était de 89,3 (E.T. : 36,2, médiane 94,5, valeurs extrêmes : 40-145). Parmi eux, 59 enfants avaient un QI (ou un QD) inférieur à 86. Les passations des tests individuels avaient été réalisées dans le cadre de deux centres de rééducation ambulatoire. Pour les 80 autres enfants, les évaluations avaient eu lieu dans deux écoles maternelles. Le taux de refus de participation a été de 25%.
Etude de la stabilité du QD-IDE
24Pour un échantillon de 26 enfants, deux évaluations ont été faites par un parent sur un intervalle de temps d’environ un an. L’empan d’âge était de 33 mois à 68 mois (moyenne : 51,5 mois ; E.T. : 9,12) pour la première évaluation et de 47 mois à 82 mois (moyenne 64,35 mois, E.T. : 8,9) pour la seconde. La différence d’âge est de 13,5 mois (E.T. : 1,14). Notons que l’échantillon de 26 enfants correspond aux réponses de 40% des parents qui avaient participé à la première évaluation (N = 65) et qui acceptèrent de participer à la seconde.
La sensibilité et la spécificité
25En premier lieu, à partir de l’échantillon de 138 enfants, constitué pour étudier la validité par corrélation avec d’autres tests, la sensibilité et la spécificité de l’IDE ont été estimées par rapport au « Gold Standard » (Tests individuels standardisés donnant lieu à un calcul de QD ou de QI). En second lieu, les sensibilités des deux échelles de langage de l’IDE (langage expressif et langage réceptif) ont été éprouvées à partir d’un échantillon de 94 enfants engagés dans une rééducation orthophonique ambulatoire et ayant un diagnostic de retard du langage et/ou un trouble de la parole au moment des réponses des parents à l’IDE. Pour 83 enfants de cet échantillon, un diagnostic révélait la présence simultanée des deux types de trouble de langage. L’âge moyen était de 52,4 mois (E.T. : 16.2). Notons que chacun des scores bruts des échelles de langage était, comme pour l’échelle de développement général, dérivé en QD de langage pour ces analyses.
Méthode statistique
- Pour établir les normes, les courbes de développement ont été déterminées à l’aide d’un modèle statistique semi-paramétrique (LMS ; Cole, 1998). Ce modèle est utilisé par l’organisme gouvernemental américain « Centers for Disease Control and Prevention » pour élaborer les courbes de développement postnatal de la taille et du poids des enfants. Les valeurs des 90e, 50e, 25e et 15e centiles ont été calculées pour chaque âge. Le 15e centile a été choisi sur la base de la prévalence des troubles psychomoteurs et/ou du langage (12 à 16%, American Academy of Pediatrics, 2001). Le 90e centile a été empiriquement déterminé comme étant le seuil indiquant, soit une surévaluation par les parents, soit une avance réelle du développement de l’enfant. Pour déterminer la norme en âge de développement, le score médian pour chaque échelle a été estimé et retenu pour chacun des différents âges chronologiques de l’échantillon d’étalonnage.
- Pour estimer les coefficients de fidélité intra- et inter-informants, une Corrélation Intra-Classe (ICC) a été calculée. La valeur de l’ICC correspond au rapport suivant : variance inter - variance intra/variance inter + variance intra. La probabilité est fournie grâce à la valeur du F. La variance erreur due à la répétition de l’évaluation, pour les deux types de fidélité, est donnée par la différence entre la valeur 1 et chaque valeur de l’ICC. La différence entre les deux ICC est calculée sur le rapport des variances intra-groupe.
- Les coefficients de validité, entre les différents âges et les scores bruts aux différentes échelles de l’IDE, ont été estimés par une corrélation de Bravais Pearson. Le modèle de prédiction du score de développement général à partir de la connaissance de l’âge chronologique a été établi à partir d’une analyse de régression polynomiale quadratique.
- Pour évaluer la validité d’utilité prédictive par la stabilité du QD-IDE, le coefficient de corrélation de Bravais Pearson a été utilisé. Les scores moyens, pour chacune des deux cotations de l’IDE par les parents, ont été comparés en utilisant le t-test pour échantillons dépendants.
- Pour déterminer la capacité du questionnaire IDE à distinguer les enfants montrant un retard de développement de ceux n’en montrant pas, la méthode des courbes ROC (Receiver Operating Characteristic) a été appliquée. Les valeurs de la sensibilité et de la spécificité du QD de l’IDE ont donc été déterminées pour un seuil optimum. La valeur du seuil devait discriminer les enfants à partir du diagnostic fondé sur la valeur du « Gold Standard ». En d’autres termes, le seuil pour le QD IDE devait permettre de dissocier les enfants ayant un QI (QD) supérieur ou égal à 86 de ceux ayant un QI (QD) inférieur à 86 pour le « Gold Standard ».
- Des analyses ont aussi été menées pour définir la sensibilité des échelles d’expression et de compréhension du langage et celle du développement général à partir de l’échantillon d’enfants en soin orthophonique. Il s’agissait de savoir si ces échelles permettaient de constater des QD-IDE inférieurs à 86 pour ces enfants ayant tous un diagnostic de retard dans le développement du langage. Les rapports entre le nombre d’enfants ayant un QD-IDE < 86 et le nombre total de ces enfants en soin ont été calculés.
Résultats
- Les courbes des scores pour les 90e, 50e, 25e et 15e centiles en fonction de chaque âge sont présentées sur le [graphique 1, voir p. 49] pour les scores de développement général. Le [tableau 1, voir p. 50] présente les correspondances entre les âges chronologiques et le score médian pour chaque échelle.
- La moyenne des QD-IDE pour les enfants âgés de 15 à 72 mois est 100,5 (E.T. : 15,3, I.C.95% : 99,7-101,4). Elle ne diffère pas significativement en fonction de l’âge (p < 0.7). Notons qu’à partir de 64 mois la distribution devient asymétrique, si à cet âge le 86 e percentile est comme attendu à 115 points, il est à 111 points à 72 mois. La moyenne de QD-IDE pour les enfants de cadres (moyens, supérieurs et professions libérales regroupés) est 102,1 (13,9) et celle des employés-ouvriers est 99,4 (15,9). La différence est faible mais statistiquement significative (F = 0.79, p < 0.002). Les moyennes de QD-IDE pour les filles et les garçons sont respectivement 102,9 (15,5) et 98,2. (14,7) et leur différence est statistiquement significative (F = 30,1, p < 0.000001).
- Le coefficient de fidélité inter-informants (parents vs enseignants) pour le QD-IDE est de 0,78 (I.C. 95% : 0,65-0,88), la différence de moyenne entre informants n’est pas statistiquement significative (m = 0.58, E.T. : 10.7, p = 0.70). L’ICC est 0,76 et la variance erreur due aux deux types d’observateurs est de 24%.
- Le coefficient de fidélité intra-informant pour les QD-IDE est de 0,97 (I.C. 95% : 0,95-0,99). La différence de moyenne est 0,27 (E.T. : 4,2). L’ICC de 0,97 est presque parfaite. La variance erreur due au test-retest est donc très faible (3%). La différence entre les 2 ICC (inter-informants et intra-informant) est significative (F = 56.63/8.50 = 6.6 ; N1 = 49, N2 = 50 ; p < 0,001).
- Le coefficient de validité pour la différenciation selon les âges pour les scores à l’échelle de développement général est de 0,89. Les coefficients pour les échelles spécifiques sont respectivement 0,76 et 0,82 (socialisation et l’autonomie), 0,81 et 0,88 pour la motricité globale et la motricité fine, 0,78 et 0,82 pour l’expression et la compréhension du langage, et enfin 0,81 et 0,89 pour l’apprentissage des nombres et des lettres. Le modèle de prédiction du score de développement général issu de l’analyse de régression quadratique polynomiale fournit un R égal à 0,94. Le score attendu en fonction de l’âge est déterminé par l’équation suivante :
Score DG = -22,852813 + 2,57596274 x « âge en mois » - 0,01863214 x « âge en mois »2. - Le coefficient de validité par la corrélation entre les QD-IDE et les QD/QI du Gold standard est de 0,83 (I.C. 95% : 0,78 à 0,88).
- Le coefficient de stabilité entre les valeurs des QD-IDE aux deux périodes d’évaluation est de 0,81 (I.C. 95% : 0,60-0,93), les moyennes sont respectivement 96 (E.T. : 17,7) pour la première évaluation et de 101,3 (E.T. : 14,5) pour la seconde. La différence de moyennes est statistiquement significative (5,3, E.T. : 10.4, p = 0.01).
- Le seuil estimé par la courbe ROC pour le QD IDE est à 86 avec une sensibilité et une spécificité respectivement de 84% (I.C. 95% : 72%-92%) et 92% (I.C. 95% : 84%-97%) pour un QI ou QD « Gold Standard » inférieur à 86.
- La sensibilité est de 90% (I. C. 95% :82-96) et la spécificité de 85% (I.C. 95% :79-88) pour les scores des courbes de développement général de l’IDE correspondant aux centiles inférieurs à 25% et pour un QI ou un QD « Gold Standard » inférieur à 86. Notons que 3 des 6 faux négatifs concernent des enfants de moins de 24 mois (N = 11/138). Pour les centiles inférieurs à 16%, la sensibilité est de 85% (I.C. 95% : 77-90) et la spécificité 89% (I.C. 95% : 83-93).
- Les sensibilités des échelles d’expression et compréhension du langage de l’IDE ainsi que de l’échelle générale sont respectivement : 88 (enfants détectés) / 94 (enfants diagnostiqués) soit (93,6%, I.C. 95% : 87-98), 73/94 (77,6%, I.C. 95% : 68-86), 67/94 (71,3%, I.C. 95% : 61-80). Au moment de l’évaluation, l’âge chronologique moyen pour ces enfants en soin était de 55,4 mois (E.T. : 14,4) mois, alors que l’âge de développement moyen est beaucoup plus faible pour les échelles de langage expressif et réceptif était respectivement de 31,6 (E.T. : 9,9, t = 23.2, p < 0.00001) et 37,7 (E.T. = 14,2, t = 14.8, p < 0.00001) mois. L’âge de développement moyen pour l’échelle de développement général était de 40,8 mois, également plus faible que l’âge chronologique moyen (ET : 13,9, t = 14.2, p < 0.00001).
Discussion
28Les qualités psychométriques de la version française du CDI (IDE) sont très bonnes. Les sensibilités et spécificités sont supérieures à 80%. Les corrélations entre les âges chronologiques et les scores aux différentes échelles (de 0,76 à 0,89) qui traduisent le lien entre une augmentation linéaire progressive des scores avec l’évolution de l’âge sont proches de celles de la version américaine (de 0,70 à 0, 89, Ireton, 1992, p. 36). Cependant, comme dans la version américaine, ces qualités métriques semblent moins satisfaisantes pour les enfants âgés de moins de 24 mois (Rydz, et al., 2006), des travaux ultérieurs seraient à effectuer pour préciser les qualités métriques dans cette tranche d’âge. D’autres échelles pour les enfants de moins de 18 mois ont de bonnes qualités métriques (Alarme Détresse Bébé : Guedeney, et al., 2001 ; Langage : Bovet, et al., 2005). La fidélité intra-informant est significativement plus faible que celle inter-informants. Il faut cependant noter d’une part que le remplissage du questionnaire a nécessité que les enseignants effectuent une observation individualisée de l’enfant et que d’autre part ils interrogent les parents pour certains items, comme cela est prévu par Ireton (1992). Ces items sont ceux relatant des comportements observables uniquement dans l’environnement familial de l’enfant. La stabilité entre deux évaluations sur un intervalle d’un an est satisfaisante et indique que les différences intra-individuelles liées à l’âge, entre les deux évaluations, ne modifient que très peu le rang des enfants à l’intérieur du groupe. L’élévation statistiquement significative de la moyenne des QD-IDE peut provenir d’un biais d’échantillonnage des répondants qui ne représentent que 40% de l’échantillon initial de parents. Il est possible de supposer que ce seraient les parents les plus motivés, investissant donc davantage le développement de leur enfant, qui auraient participé aux deux évaluations.
Ce questionnaire est donc utilisable en France par les pédiatres et tout professionnel de la santé et de la petite enfance. Il leur fournit des évaluations plus objectives sur le développement de l’enfant. Il est simple et rapide d’utilisation. Les parents peuvent remplir le questionnaire chez eux puis le rapporter à la consultation suivante, ou le remplir juste avant la consultation, ou terminer de le remplir avec le professionnel concerné. Il enrichit l’échange de celui-ci avec les parents qui se sentent plus impliqués et mieux compris en améliorant leur perception du développement de leur enfant. Le questionnaire et un manuel d’utilisation sont publiés dans un autre article de ce numéro [3](voir pp. 27-50). Il est maintenant bien démontré que les parents ayant participé aux évaluations grâce aux questionnaires parentaux et dont les enfants sont suivis par des services de soins ambulatoires mentionnent une meilleure qualité de soins et de relation interpersonnelle avec leur enfant (Halfon, Regalado, Sareen, et al. 2004 ; Sunde, Mabe et Josephson, 1993).
Notes
-
[1]
Unité d’Epidémiologie, Bio statistique et Santé Publique – EA 2415
Université Montpellier N?mes, Faculté de Médecine, Institut Universitaire de Recherche Clinique. 4, boulevard Henri IV 34000 Montpellier. E-mail : michel.duyme@univ-montp1.fr -
[2]
Université Montpellier 3.
-
[3]
Le manuel et le questionnaire sont également téléchargeables au site www.cognisciences.com. Nous avons également inclut sur ce site une version abrégée concernant uniquement les enfants de 4 ? 6 ans, et une autre concernant uniquement le développement du langage pour les enfants de 15 ? 72 mois.