Qu’est ce que l’autisme ? Nicolas Georgieff (Dunod, 2008, coll. « Les topos », 126 pages)
1Nicolas Georgieff est professeur de psychiatrie à l’université Lyon 1, et chef de service au Vinatier. Il nous montre toute l’étendue de ses dons de pédagogue dans ce petit livre clair, érudit et précis, et remarquablement écrit. L’intérêt majeur du livre est de permettre au lecteur averti de s’y retrouver entre les diverses conceptions de la psychopathologie de l’autisme. La chose n’est pas simple, particulièrement en France, où le point de vue psychanalytique a été souvent psychogénétique. Ce point de vue garde sa pertinence dans l’explication non causale de l’autisme et dans la mise en évidence des mécanismes défensifs qui le constituent ; il y trouve alors une convergence avec les apports récents des neurosciences, en particulier en ce qui concerne le développement de l’intersubjectivité, de l’empathie, de l’attention conjointe et de la théorie de l’esprit. Scindé en quatre chapitres – historique de Kanner à nos jours ; hypothèses étiologiques ; modèles étiopathologiques et physiopathologiques ; et enfin approches thérapeutiques – ce livre sera lu avec grand profit par les cliniciens au contact de l’autisme, par les pédiatres, les spécialistes en pédopsychiatrie, internes et chefs de cliniques, assistants et par les équipes des hôpitaux de jour, les maîtres E de l’EN et les psychologues scolaires, qui veulent s’y retrouver dans des conceptions si dissemblables d’un trouble si étrange et dans les débats sur son étiologie et son traitement. Ils y verront à l’œuvre un raisonnement psychiatrique moderne, intégratif, et une présentation claire des débats, sur handicap et autisme, sur l’Asperger comme dimension de personnalité ou comme trouble, et qui rappelle les meilleurs apports français dans le domaine, Fombonne, Hochmann, Misès entre autres.
2Notons quelques légers bémols : Suschaareva n’est pas citée, clinicienne allemande d’origine russe, elle a sans doute parlé d’Asperger avant Asperger, qui ne l’a pas citée et qui l’avait pourtant lue. Quelques coquilles gênent un texte très écrit et soigné, qu’il faut lire à tête reposée, et de nombreuses références dans le texte ne sont pas retrouvées dans la bibliographie.
3Au total une réussite, à lire par tous ceux qui sont engagés dans le traitement de ce trouble mystérieux.
La mort d’un parent dans la petite enfance. Guide du traitement du deuil traumatique du bébé et du très jeune enfant, Alicia Lieberman, Nancy Compton, Patricia Van Horn, Chandra Ghosh Ippen (Masson Elsevier, 2008, 147 pages – Traduction française Gaelle Catois, ZTT, 2003)
4Voici un livre indispensable. Comment, comme parent ou comme clinicien faire face et aider un jeune enfant qui vient de perdre un parent ? Comment surmonter son propre désarroi face à ce bébé tout seul, qui ne comprend pas ? Comment l’aider face à son désarroi, à sa détresse, sa colère, et répondre à ses questions souvent informulées : Pourquoi maman m’a-t-elle abandonné ? Quand est-ce qu’elle aura fini d’être morte ? C’est ma faute ! Qui va s’occuper de moi ?
5C’est Bowlby qui le premier parle de deuil chez l’enfant, et de l’importance de dire la vérité. Ce livre suit sa trace et rapporte l’expérience de cliniciens expérimentés, derrière Alicia Lieberman, en détaillant des histoires cliniques, les réactions le plus souvent rencontrées, selon les diverses circonstances, mort inattendue ou violente, longue maladie, suicide, maladie stigmatisante. Suit une description du processus d’évaluation, essentiel dans ces situations, et qui se situe bien dans la perspective de Fraiberg, dont Lieberman fut l’élève. L’intérêt du livre vient aussi du détail donné au processus de traitement et d’accompagnement, avec un souci de tous les aspects du cadre, et de la façon dont on peut susciter des réponses chez le jeune enfant, en le mettant en situation de jeu. Le livre se conclut par un indispensable chapitre sur le contre-transfert du thérapeute.
6Un livre bouleversant, indispensable aux parents comme aux professionnels concernés.
Infants of parents with mental illness. Developmental, clinical, cultural and personal perspectives (Bébés de parents malades mentaux : perspectives développementales cliniques, culturelles et personnelles). Sous la direction de Ann Swed Williams et Vicky Cowling (Australian Academic Press, 2008, 271 p.). Disponible sur internet : www. australianacademicpress. com. au
7Voici un livre que tous les cliniciens de la périnatalité voudraient avoir écrit. Ann Sved Williams dirige les services de périnatalité de l’Australie du Sud. Elle est bien connue des participants aux congrès de la WAIMH auxquels elle participe régulièrement avec son équipe. Elle dirige avec une avocate ce livre essentiel sur les impacts de la maladie mentale sur le système familial. Ce livre est essentiel car il évite la stigmatisation. Il fait le point sur les impacts sur le développement précoce des diverses situations bien différentes que sont la dépression postnatale, la schizophrénie, l’anxiété périnatale, la toxicomanie. Il évoque les facteurs culturels de troubles mentaux, à travers l’émigration et la traumatisation. Il précise les modalités d’évaluation de ces impacts, en recherchant les facteurs de résilience et de bonne adaptation des parents ; il donne un aperçu de l’utilisation des unités mère-enfant en Australie, et de l’importance d’enrôler les pères dans les soins. L’originalité de ce qui n’aurait été qu’un bon manuel de psychiatrie périnatale vient des témoignages de parents malades mentaux, et d’une femme devenue travailleuse de santé mentale en périnatalité malgré sa maladie ; il vient aussi de la manière très précise et pleine de tact de faire le point sur ce qui ne va pas dans la relation, la désorganisation de l’attachement en particulier, mais aussi de mettre le même soin à mettre en évidence ce qui va bien. Un tel livre n’est pas encore prêt à être écrit en France…