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En Polynésie française, le fa’a’amura’a ou plus simplement « fa’a’amu » qui signifie « nourrir, élever » en langue tahitienne, est une pratique de confiage d’enfants qui est souvent présentée, y compris par le personnel de justice, comme la grande particularité culturelle de cette collectivité d’outre-mer. Si elle est celle qui intrigue le plus les magistrats, elle a tôt fait de les déconcerter et même, parfois, de susciter leur réprobation. Elle a fait l’objet de plusieurs procédures d’appel et de pourvois en cassation depuis 2020.
Historiquement, le fa’a’amura’a consiste à confier un enfant à des membres de la famille proche – grands-parents, oncles ou tantes, frères ou sœurs – ou à des parents plus éloignés qui en deviennent les parents nourriciers. La pratique n’implique pas de rupture du lien avec les parents biologiques et peut d’ailleurs n’être que temporaire. Les parents biologiques comme les parents accueillants peuvent initier le confiage d’un enfant. La circulation des enfants permet notamment de renforcer les liens au sein de la famille élargie dans une logique d’alliance ou de solidarité, en répondant à l’infécondité.
Les raisons du confiage d’enfants se sont diversifiées avec les changements sociaux et économiques occasionnés notamment par la colonisation française puis la modernisation rapide de la société polynésienne avec l’implantation du Centre d’expérimentation du Pacifique dans les années 1960. Ainsi, le fa’a’amura’a est multiforme et répond aujourd’hui à des besoins circonstanciels relatifs, par exemple, à une situation économique difficile dans un contexte de fortes inégalités socio-économiques, à la mobilité professionnelle induite par la géographie polynésienn…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/03/2023
- https://doi.org/10.3917/delib.018.0055

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