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L’analyse de la preuve est au cœur de controverses doctrinales relatives aux frontières disciplinaires. Les logiques de la preuve diffèrent-elles selon les domaines du savoir ou est-il possible de penser à un concept transdisciplinaire qui surplombe les disciplines ? Autrement dit, la preuve en science et la preuve en droit ont-elles les mêmes bases conceptuelles ou bien faut-il croire à une irréductibilité de la preuve en droit à cause de la spécificité de son application au procès ? Et si l’on peut-on concevoir un métaconcept de preuve, la preuve juridique peut-elle servir de modèle surplombant en raison de la familiarité du juriste avec la méthode inférentielle ?
Quelles que soient les positions retenues, la preuve juridique occupe une place particulière dans l’épistémologie de la preuve. Pourtant, ainsi que le rappelle Carlo Ginzburg, la preuve a longtemps été une question qui relevait non pas du droit mais de la science du langage. Dans la Rome ancienne, les questions de preuve étaient d’ailleurs envisagées non pas par le magistrat en charge du procès, mais par un particulier désigné comme iudex. Du point de vue des jurisconsultes romains, la preuve ne relevait pas du droit mais du fait, elle concernait les rhéteurs, non les juristes.
Rattacher la preuve juridique à la rhétorique conduit à l’envisager comme une façon de présenter la vérité. C’est précisément cette relation à la vérité qu’il faut suivre pour relativiser l’analyse de la preuve et vérifier la portée du modèle développé par les sociétés juridiques occidentales…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/03/2023
- https://doi.org/10.3917/delib.018.0046

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