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Le développement rapide des usages des analyses génétiques dans les enquêtes judiciaires et policières auquel nous assistons pose plusieurs questions importantes liées à un problème central : la place des sciences dans la production et l’administration de la preuve pénale. Il permet de s’interroger sur les « régimes de vérité » dans le monde social de la justice, c’est-à-dire, selon Michel Foucault, non sur « la » vérité désincarnée et surplombante, mais, plus modestement, sur l’ensemble des règles et des procédures qui permettent de prononcer ou de faire jouer des énoncés qui sont considérés, à un moment donné, comme vrais. Parmi les personnes qui s’intéressent de près à ces questions, aucune ne nie que l’ADN puisse apporter des outils cruciaux à la résolution d’enquêtes judiciaires. Toutefois, comme l’indique la chercheure Sheila Jasanoff, le problème n’est pas seulement de savoir si l’analyse ADN peut, en théorie, fournir une preuve incontestable, mais aussi de saisir si les sociétés sont capables de générer des preuves génétiques exemptes à la fois d’erreurs et d’abus.
La technique dite des « empreintes génétiques », par analogie avec les empreintes digitales, permet notamment de comparer un ADN laissé sur une scène d’infraction à celui d’un individu connu des services de police, ou bien des traces d’ADN inconnu entre elles, ou encore des traces d’ADN avec des personnes disparues ou des cadavres anonymes.
Pour mieux comprendre comment elle a trouvé sa légitimité, il convient tout d’abord de préciser la manière dont la correspondance entre deux profils génétiques est établie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/03/2023
- https://doi.org/10.3917/delib.018.0020

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