Dans une analyse intitulée Sabordage : comment la France détruit sa puissance, Christian Harbulot, directeur de l’École de guerre économique, explique qu’on ne peut pas parler de problématique de souveraineté sans penser le développement de la puissance par l’économie. Il donne alors une grille d’analyse en cinq axes : la limitation des dépendances, la localisation de l’activité industrielle, la capacité à se projeter sur les marchés extérieurs, l’entrée dans la compétition informationnelle et la lutte contre la prédation économique. On voit bien, dès lors, que le renseignement dit d’intérêt économique va jouer un rôle clé pour asseoir sa puissance et assurer une souveraineté qui ne peut être en aucun cas synonyme d’autarcie. Son versant sécurité économique est bien connu et a fait l’objet de nombreuses études et controverses ces dernières années avec la perte de plusieurs fleurons français dont le plus emblématique est le rachat d’Alstom power par General Electric sur fond d’extraterritorialité du droit américain. Mais qu’en est-il justement de l’autre versant, celui de l’assaillant qui fait du renseignement un facteur clé de sa puissance économique ?
Après la perte d’un des maillons de la chaîne de production nucléaire nationale, la crise sanitaire puis économique, sociale et politique provoquée par la pandémie de la Covid-19 a mis en exergue les failles du dispositif public français d’anticipation, les faiblesses endémiques du tissu industriel et l’absence de doctrine en matière de souveraineté nationale…