CAIRN.INFO : Matières à réflexion

À la Maison de Solenn, qui prend en charge des adolescents en souffrance psychique, il existe un groupe thérapeutique d’orientation psychanalytique pour des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans, animé par deux psychologues cliniciennes. Ce groupe sans médiation accueille toutes les semaines six à huit patients pendant une heure et quart. Il vise à les accompagner, souvent durant un an, dans cette étape de transition vers l’âge adulte dans des contextes familiaux et personnels compliqués par la maladie psychique. On attend de cette thérapie de groupe que le jeune adulte passe « du narcissisme à la relation d’objet à travers la reconnaissance et le respect de l’indépendance et de l’altérité des autres » (Garland, 2009). Cette thérapie de groupe, par le travail sur la dynamique inconsciente à l’œuvre dans le groupe (projections, identifications, réintrojections), permet un assouplissement des défenses et une relance du fonctionnement psychique de ces jeunes patients en panne dans leur développement affectif narcissique et relationnel. Le transfert vers l’extérieur des expériences intra- et intersubjectives développées dans le dispositif groupal permettra ensuite aux patients d’enrichir leur vie affective, sociale et professionnelle.
L’expression « jeune adulte », comme le dit V. Cicchelli (2001), assemble deux termes apparemment opposés et elle peut paraître péjorative : « Le rapprochement permet de juger le jeune pour ce qu’il n’est pas encore, mais qu’il aurait déjà dû être : mûr, indépendant, responsable, bref, tous les mots associés au champ sémantique du mot adulte…

Français

Devenir adulte, dans notre société actuelle, est souvent complexe pour tous les jeunes, mais représente une étape particulièrement difficile pour les adolescents en souffrance psychique. La thérapie de groupe d’orientation psychanalytique est tout à fait indiquée pour certains patients en transition vers l’âge adulte, qui ont besoin d’un support identificatoire sur des pairs. À la Maison de Solenn, deux psychologues cliniciennes prennent en charge, toutes les semaines, six à huit jeunes au sein d’un groupe au long cours. Cette thérapie, sans autre médiation que la parole, favorise notamment le deuil des idéaux infantiles, une autonomisation psychique, l’élaboration des mouvements pulsionnels propres à cet âge où s’opère la séparation avec les figures parentales. Trois vignettes cliniques illustrent les difficultés de nos jeunes patients à entrer dans l’âge adulte, et les bénéfices thérapeutiques d’un tel dispositif groupal, trop peu souvent proposé dans les institutions.

Mots-clés

  • Jeune adulte
  • thérapie de groupe
  • autonomisation
  • idéal du Moi
Éloïse Hellier
Psychologue clinicienne, Maison de Solenn, mda Hôpital Cochin
eloise.hellier@aphp.fr
Charlotte de Bucy
Psychologue clinicienne, Maison de Solenn, mda, Hôpital Cochin
charlotte.debucy@aphp.fr
Marie-Rose Moro
Pédopsychiatre, professeure des universités, chef de service, Maison de Solenn, Inserm U1178
marie-rose.moro@aphp.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 13/05/2020
https://doi.org/10.3917/rppg.074.0169
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