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Par son écriture précise et ciselée, par la présence du texte de Du Bois, par le
monde qui semble ressurgir au détour des pages, par l’interrogation constante
sur le geste d’écrire de ce valet de chambre du roi et la manière de l’appréhender en historien, le livre de Christian Jouhaud tranche avec l’historiographie
actuelle. La recherche de « traces vivantes d’actions passées » (p. 9) est effectuée
dans une démarche de connaissance interdisant toute idée d’immédiateté du
texte qui se donnerait à lire à travers les siècles, comme toute immédiateté d’un
rapport émotionnel entre l’effet produit par le texte sur un lecteur contemporain et l’expérience relatée par son rédacteur. Il ne s’agit pas pour autant
de se complaire dans la distance : les longues citations sont mises en français
moderne pour en conserver la vivacité d’impression, même pour qui ne serait
pas familier des sources de l’époque moderne. C’est par l’analyse du document,
la contextualisation et la compréhension de ce qui s’y joue, que se fait le travail
de réflexivité sur l’impression produite par le texte sur son lecteur : l’émotion
n’est pas niée, elle est prise en charge pour comprendre ce qui la fait naître,
mais elle ne saurait être posée comme un accès direct au passé.
L’anecdote qui ouvre l’avant-propos, sur le prénom du valet de chambre,
donne d’emblée au lecteur une idée de la richesse qu’il va trouver dans le livre
et les éléments structurants qui ont guidé le travail de l’historien. Deux traits,
souligne Christian Jouhaud, sont en effet présents dans ce court récit, qui apparaissent continûment dans l’écrit de Du Bois : « Le texte rapporte des paroles
prononcées dont le narrateur se fait le témoin, et ces propos résonnent d’un
surplus de sens qui, en quelque sorte, les traverse comme traces d’une réalité
d’arrière-plan » (p…
Titres recensés
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/03/2023
- https://doi.org/10.3917/rhmc.701.0182

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