Provoquée par la sortie du Royaume uni du marché unique européen, la relocalisation d'activités financières vers l'Union européenne est significative. Elle concerne tous les métiers : banque, marchés, assurance, gestion d'actifs. La transition n'est toutefois pas achevée, parce que les régulateurs européens ont laissé des délais et accepté une relocalisation par étapes.
Une estimation faite au printemps 2021 relevait 440 firmes concernées, 900 milliards de livres de bilans bancaires et 7 400 emplois. La réalité aujourd'hui est certainement sensiblement supérieure. Plusieurs places financières de l'Union européenne en ont bénéficié, mais Paris apparaît comme la seule ayant reçu des activités de toutes les branches de l'industrie financière et comme la place où se concentrent les activités de marché.
Paris présente plusieurs atouts : son pool de talents, l'attractivité de la ville, la réputation de ses régulateurs, le dynamisme de ses acteurs. Il reste toutefois des handicaps qui se corrigent très lentement, essentiellement du côté des coûts fiscaux et sociaux (charges sociales, impôts de production), ce qui justifie une poursuite des efforts de compétitivité.
Classification JEL : F36, F38, F65, G18, G21.
Article
Le mouvement de relocalisation d'une partie des activités financières vers l'Union européenne (UE) est indéniable, même s'il est resté limité jusqu'à présent.
Ce mouvement était inéluctable. En effet, dès lors que le Royaume-Uni (RU) avait fait le choix de sortir du marché unique, il renonçait par là même à la libre prestation de services à l'intérieur de ce marché : autrement dit, pour accéder à la plupart des clients (particuliers ou entreprises), localisés dans l'UE, il devenait nécessaire d'opérer à partir d'une entité juridique qui y soit localisée. La raison en est simple : conformément à la conception même du marché unique tel qu'il a été pensé dans les années 1990 (à l'instigation notamment des Britanniques !), le fondement en avait clairement été l'unicité de réglementation (directives ou règlements européens) et l'unicité de juge pour interpréter ces règlements (Cour de justice de l'Union européenne, CJUE), auxquelles il faudrait ajouter aujourd'hui la coordination de la supervision financière grâce aux agences européennes (Autorité bancaire européenne (ABE), Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (AEAPP), Autorité européenne des marchés financiers (AEMF)) : or le RU avait clairement décidé de sortir de cet univers juridique.
La relocalisation revêt un clair avantage en matière de politique monétaire et de surveillance des acteurs financiers. En effet, l'un des paradoxes de la situation créée par le marché unique était que le principal centre financier de l'euro se situait à Londres, en dehors de la juridiction de la Banque centrale européenne (BCE) tant dans sa fonction monétaire que dans celle de la supervision bancaire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2023
- https://doi.org/10.3917/ecofi.148.0083

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