Depuis la grande crise financière, la Théorie moderne de la monnaie (TMM) suscite l'intérêt des milieux politique, médiatique et académique. Le « moment » keynésien qui a suivi cette crise a sorti d'une relative confidentialité ce courant de pensée qui défend un retour permanent de la dominance budgétaire à rebours du consensus autour d'une politique monétaire indépendante du pouvoir politique. Toutefois, la TMM fait l'objet de vives attaques de la part d'économistes dits de l'offre, de la synthèse voire même post-keynésiens dont la TMM est pourtant réputée proche. Les points de vue les plus virulents contestent le caractère scientifique de la TMM et la réduisent à un mouvement politique assimilable à l'aile radicale du parti démocrate américain. D'autres critiques plus élaborées s'attellent à démontrer les limites théoriques et empiriques des préconisations de la TMM. Cet article propose une synthèse des critiques adressées à la TMM et apporte une contribution en questionnant l'économie politique de la théorie.
Classification JEL : B52, E12, E52, E62, E63, H62, H63.
Article
Depuis 2008, les principales économies avancées ont vécu un tournant keynésien dans la mise en œuvre de leurs politiques économiques pour répondre aux chocs majeurs qu'ont constitué la grande crise financière entre 2008 et 2010 puis l'épidémie de Covid-19 à partir de 2020. Dans le premier cas, les gouvernements ont cherché à compenser l'atonie de la demande privée liée à une incertitude élevée et à un processus de désendettement massif des agents économiques. Dans le second cas, les gouvernements ont tout simplement pris le relais des agents économiques privés contraints d'interrompre partiellement leur activité pour des motifs sanitaires. Dans les deux cas, la politique budgétaire a relégué la politique monétaire au second plan car son efficacité et son rôle semblaient limités dans la réponse à apporter aux chocs. Cette période a également porté une remise en cause plus fondamentale du consensus de politique monétaire fondé sur la relation entre monnaie et inflation, puisque la politique de taux bas couplée à l'assouplissement quantitatif n'a pas immédiatement ramené les économies autour de leur cible d'inflation. Un nouveau régime de dominance budgétaire semble avoir pris la place du régime de dominance monétaire.
Ce « moment » keynésien a mis en lumière les travaux de la Théorie moderne de la monnaie (TMM) contestant les principes du policy-mix orthodoxe reposant sur la « divine coïncidence ». Ainsi, la TMM a permis de relativiser les préoccupations autour de la soutenabilité budgétaire conduisant à l'adoption de règles contraignantes susceptibles d'entraver la procyclicité des politiques budgétaires, ou d'empêcher les dépenses publiques d'investissement…
Résumé
Plan
Auteur
L'auteur remercie le professeur Jean-Jacques Durand pour sa relecture attentive et ses commentaires précieux.
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2023
- https://doi.org/10.3917/ecofi.148.0249

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