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La Revue d'économie financière (REF) a choisi d'ouvrir une rubrique « Finance et littérature » à partir de ce numéro. Cette rubrique proposera un extrait d'un texte littéraire susceptible d'élargir les perspectives du thème central retenu pour chaque numéro. Ce texte sera accompagné d'un bref commentaire. L'ambition est modeste, elle est ambitieuse dans la mesure où elle arrive à son heure.
On croyait en effet révolue depuis longtemps l'opposition manichéenne entre les « deux cultures », les humanités d'un côté, les sciences modernes de l'autre. Il restait certes quelque chose de ce mythe dans le procès symétrique, souvent légitime, intenté aux technocrates et aux experts, à travers la critique de la desséchante « gouvernance par les nombres », dont le grand juriste Alain Supiot a décrit les excès dans ses cours au Collège de France. Mais l'idée dominante qui semblait s'imposer à tous les niveaux de la société, en particulier dans les programmes scolaires, était qu'aucune des cultures ne pouvait se passer, sinon de partager, au moins d'écouter l'autre. Même Saint-Simon, le père spirituel de la technocratie dite à la française avait rêvé avant l'heure, dès les années 1820, dans son « catéchisme des industriels », d'un dialogue soutenu entre « l'artiste, le savant et l'industriel » – et par l'artiste, il entendait le poète, l'écrivain. Il était même allé jusqu'à écrire une phrase qui pesait plus qu'une simple concession : « Un savant sans littérature est une âme sans corps…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2023
- https://doi.org/10.3917/ecofi.148.0239

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