Le Brexit a non seulement constitué un bouleversement politique majeur, mais est également à l'origine de transformations profondes pour les services financiers, compte tenu tant de l'importance de ces services dans le bon fonctionnement des économies européennes et britanniques que de leurs liens. Par ailleurs, pour l'Union européenne, le Brexit constitue assurément une opportunité sans précédent d'asseoir son autonomie en matière de financement, de renforcer sa robustesse en développant un système financier polycentrique appuyé sur des infrastructures de marché européennes et de s'inscrire comme leader en matière d'innovation. Cela n'implique pas cependant de relâcher les liens et le dialogue avec le Royaume-Uni : le maintien d'une forte coordination avec les autorités britanniques, particulièrement sur les champs de la réglementation afférents à des risques systémiques ou globaux, demeure éminemment souhaitable pour éviter d'alimenter un risque de fragmentation réglementaire qui serait dommageable.
Classification JEL : F36, F38, F65, G18.
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Si la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) – ou « Brexit » – décidée dans le sillage du référendum organisé le 23 juin 2016 a constitué un bouleversement politique majeur, elle est également à l'origine de transformations profondes pour les services financiers, compte tenu tant de l'importance de ces services dans le bon fonctionnement des économies de l'UE et du Royaume-Uni que de leurs liens. En effet, avec la sortie du Royaume-Uni, l'UE perd une composante significative de son système financier, sa part de marché dans les services financiers au niveau mondial étant passée de 23 % avant le Brexit, soit la deuxième au niveau mondial, à 14 % aujourd'hui (Asimakopoulos et al., 2021). Pour le Royaume-Uni, si les services financiers représentent toujours une part substantielle de son économie (8,6 % du PIB, soit près de 164,8 Md£ en 2020) et contribuent très positivement à ses échanges extérieurs (l'excédent commercial du secteur s'élevant à 46 Md£ en 2020), l'UE, qui représentait 35 % des exportations britanniques en 2020, constitue toujours un partenaire indispensable (Hutton et Sachi, 2021).
Néanmoins, pour l'UE, le Brexit constitue assurément une opportunité sans précédent d'asseoir son autonomie en matière de services financiers, de renforcer sa robustesse et de s'inscrire comme leader en matière d'innovation. De mon point de vue de banquier central et de superviseur, chargé en particulier de veiller à l'efficacité et à la solidité de notre système financier, la matérialisation de cette opportunité doit passer par trois vecteurs principaux, qui sont développés dans les pages qui suivent : (1) une organisation des centres financiers résiliente avec l'émergence d'un système financier européen polycentrique adapté aux besoins de l'économie réelle, (2) un cadre réglementaire et de supervision propice au développement de l'Union des marchés de capitaux (UMC) et à la finalisation de l'Union bancaire (UB) et enfin (3) un dialogue étroit avec le Royaume-Uni pour maintenir une approche réglementaire convergente, condition d'une prévention efficace des risques systémiques et d'un traitement des défis globaux auxquels nous sommes également exposés, en particulier la double transition numérique et vers une économie durable…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2023
- https://doi.org/10.3917/ecofi.148.0141

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