Les effets du Brexit sur les marchés financiers sont encore incertains. Les transferts d'emploi vers l'UE sont progressifs, avec des effets très marqués à Paris, Dublin, Amsterdam et Francfort, même si Londres demeure encore la place financière la plus dense en Europe. Mais la sortie de la City du cadre réglementaire de l'UE a changé profondément les perspectives d'évolution de l'environnement concurrentiel. Les choses ont déjà changé en matière d'introductions en bourse. Pour amplifier cette dynamique, il faut désormais inscrire l'Union des marchés de capitaux dans une ambition politique d'autonomie stratégique, c'est-à-dire orienter nos projets vers la construction d'un modèle véritablement européen avec des centres financiers distribués mais intégrés et fortement interconnectés. Face au risque d'empilement de mesures technocratiques secondaires qui affaiblissent les acteurs financiers de l'UE, trois priorités doivent désormais prévaloir à la Commission, au Conseil et au Parlement européen : simplification, compétitivité et autonomie stratégique.
Classification JEL : F36, F38, F65, G18, L05.
Article
Le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne a mis fin à quarante-sept ans de processus d'intégration et de convergence croissantes. Sa première implication a été, pour citer le président de la Commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale, Jean-Louis Bourlanges (2016), paraphrasant Oscar Wilde : « Alors que le mariage consiste à faire face ensemble à des problèmes que l'on n'aurait pas eus séparément, l'Union européenne et le Royaume-Uni doivent maintenant faire face séparément à des problèmes qu'ils n'auraient pas eus ensemble. » En effet, le Brexit a mis fin à la « spécialisation naturelle » qui faisait de la City le centre financier tacitement reconnu de l'Union européenne. Les services financiers sont l'un des domaines où la coopération entre le Royaume-Uni et l'Union européenne était la plus avantageuse pour les deux parties. La City, en tant que principal centre financier européen, était soumise à la réglementation et à la surveillance de l'Union européenne. En parallèle, le Royaume-Uni pouvait bénéficier du marché commun et influencer les réglementations de l'Union européenne en défendant avec succès sa vision des marchés financiers. Ce cadre de confiance et d'alignement des intérêts est désormais rompu, ce qui entraîne une fragmentation immédiate et une trajectoire divergente pour l'avenir.
Le paradoxe du Brexit est que les enjeux sous-jacents de la réglementation du secteur financier, telles que la stabilité financière ou la protection des investisseurs, n'ont pas fondamentalement évolué…
Résumé
Plan
- « Brexit means Brexit », mais que signifie le Brexit pour l'industrie de la finance ?
- Transferts du Royaume-Uni vers le continent après le Brexit
- Une concurrence accrue entre la City et l'Union européenne
- Les raisons d'un transfert d'activité de Londres vers l'Union européenne plus lent que prévu
- Pour s'adapter à cette nouvelle réalité, l'Union européenne doit défendre un modèle véritablement européen avec des centres financiers décentralisés, mais intégrés et fortement interconnectés
- Compétitivité plutôt que désarmement unilatéral
- Simplification
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 30/01/2023
- https://doi.org/10.3917/ecofi.148.0127

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