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Il suffit de parcourir la littérature pour s'apercevoir que nous savons encore peu de chose de la façon dont les marchés financiers ont anticipé ou non le déclenchement de la Grande Guerre. Après avoir analysé les prix des obligations souveraines à l'approche de la guerre, Ferguson (2006, pp. 73-74) a soutenu que son déclenchement a été une véritable surprise pour le marché financier londonien. Les détenteurs d'obligations ont jugé extrêmement faible la probabilité qu'une grande guerre éclate jusqu'aux tout derniers jours de juillet 1914, lorsque les prix des obligations souveraines ont brutalement chuté, entraînant la fermeture de la bourse le 31 juillet 1914.
Cette analyse se fonde sur ce qu'est fondamentalement le prix d'une obligation, à savoir une expression de la valeur que les détenteurs d'obligations donnent à l'actif sous-jacent. Dans le cas d'une obligation souveraine, cet actif sous-jacent correspond à la capacité de financement à long terme d'un État. La valeur d'une obligation à un moment donné équivaut à la valeur actuelle de l'ensemble des futurs flux du paiement des intérêts et du principal devant être remboursé. Techniquement, outre ses caractéristiques financières, les principaux éléments qui déterminent la valeur d'une obligation sont la probabilité de défaut que les détenteurs d'obligations associent à chaque flux de paiement (déterminée, quant à elle, par des anticipations relatives à des facteurs économiques fondamentaux tels que la croissance économique), le taux de préférence temporelle des détenteurs d'obligations et leurs anticipations inflationnistes ainsi que les chocs idiosyncratiques (par exemple, Weidenmier et Oosterlinck, 2007)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2022
- https://doi.org/10.3917/ecofi.144.0247

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