Les banques centrales sont aujourd'hui le garant d'un système financier fragile et volatil basé sur le marché, comme en témoigne la récente instabilité financière dans le contexte de la crise de Covid. Cet article étudie la genèse de cette position, en l'associant à un programme asymétrique des banques centrales visant à prévenir l'instabilité financière. Rapide et résolu dans les moments de crise, ce programme est lent et hésitant, voire inefficace dans les moments d'essor financier. Cet état de fait est lié au manque de contrôle des banques centrales sur le comportement procyclique des institutions du secteur bancaire parallèle, résultat d'un système de gouvernance fragmenté que les banques centrales partagent avec les autorités de marché. La crise de Covid et les programmes de QE à grande échelle qui ont suivi, entrepris pour assurer la stabilité de ce système d'intermédiation du crédit, mettent en évidence la nécessité d'une re-réglementation fondamentale de ce secteur. Si les banques centrales doivent continuer à soutenir ce secteur, elles doivent demander une expansion substantielle de la surveillance et du contrôle réglementaires. En l'absence de telles réformes, la garantie de facto installera un aléa moral, invitant à une prise de risque accrue dans le secteur.
Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
Article
De nos jours, les banques centrales opèrent au cœur d'un système financier très fragile et très volatil. N'ayant aucun contrôle ou presque sur les aspects procycliques de ce système lors des phases d'expansion, les banques centrales jouent aujourd'hui le rôle de filet de sécurité lorsque des perturbations apparaissent, agissant non seulement comme prêteurs en dernier ressort pour les banques, mais également comme teneurs de marché en dernier ressort et investisseurs en dernier ressort pour l'ensemble des marchés financiers (Mehrling, 2010). Si cette hypothèse avait besoin d'une nouvelle confirmation après la crise financière mondiale de 2008, la crise de la Covid et la « folle course aux liquidités » de mars 2020 l'ont en effet confirmée. Sur la base du rôle de filet de sécurité qu'elles jouent de facto pour le système, les banques centrales occidentales ont procédé à des injections massives de liquidités, recourant à des facilités de liquidités d'urgence ainsi qu'à de nouvelles vagues d'assouplissement quantitatif pour rétablir la stabilité financière (Schnabel, 2020). Plus frappant encore, la Federal Reserve (Fed) est intervenue sur les marchés financiers au cours de la seconde quinzaine du mois de mars 2020 pour acheter des stocks de courtiers-contrepartistes, accroissant ainsi son portefeuille de bons du Trésor de 775 Md$ et son portefeuille de créances hypothécaires (mortgage-backed securities, MBS) d'agences de 291 Md$ (Fleming et al., 2020a). Ces programmes d'achats massifs d'actifs mis en œuvre en l'espace de deux semaines ont été quasiment équivalents à ceux mis en œuvre après la crise financière mondiale, lorsque la Fed a porté son portefeuille total à 2,1 billions de dollars en juin 2009 (contre 920 Md$ en décembre 2007)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2022

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