La comparaison et le contraste des politiques adoptées par la Fed et la BCE en réponse à la crise financière mondiale de 2008 et à la pandémie de Covid-19 mettent en évidence l'importance de la dimension budgétaire de la politique monétaire, ainsi que les pièges si une banque centrale indépendante néglige la synergie des politiques budgétaire et monétaire. Pour la BCE, deux changements cruciaux dans ses politiques de réponse à la crise ont conduit à des résultats nettement meilleurs à la suite de la pandémie. Contrairement à l'hésitation dont elle a fait preuve en 2008, la BCE a élargi son bilan de manière plus adaptée en 2020 en conduisant des achats massifs de la dette publique à long terme. De plus, la BCE a suspendu les éléments de son dispositif qui avaient entravé le fonctionnement des marchés de la dette publique, comme la dépendance par rapport aux agences de notation du crédit pour déterminer l'éligibilité de la dette publique aux opérations monétaires. En protégeant les marchés des obligations d'État contre les équilibres négatifs autoréalisateurs que la BCE avait tolérés à la suite de la crise financière mondiale, la BCE a soutenu le refinancement de la dette publique à faible coût dans l'ensemble de la zone euro, plutôt que seulement dans certains États membres. Cela a facilité la mise en place d'une politique budgétaire plus expansionniste, qui a favorisé une reprise plus vigoureuse et a protégé la zone euro d'une nouvelle fragmentation.
Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
Article
La baisse mondiale du taux d'intérêt naturel constatée au xxie siècle limite la marge de manœuvre de la politique monétaire qui peut être assurée par des taux directeurs plus bas en cas de crise. Par deux fois déjà au cours de ce siècle, à la suite de la crise financière mondiale de 2008 et plus récemment lors de la pandémie de 2020, la limite inférieure nulle (zero lower bound, ZLB) des taux d'intérêt a constitué un défi important pour la politique monétaire. Dans ces circonstances, l'activation de politiques agissant sur le bilan des banques centrales telles que l'assouplissement quantitatif et une politique budgétaire accommodante soutenue par l'assouplissement quantitatif peuvent se substituer à des réductions impossibles des taux d'intérêt. Lorsque le taux d'intérêt naturel est faible, les interactions entre la politique budgétaire et la politique monétaire sont plus prononcées, ce qui suggère la nécessité d'une meilleure coopération d'une banque centrale indépendante avec les autorités budgétaires, malgré la méfiance des banquiers centraux qui craignent de compromettre leur autonomie.
Cet article compare et oppose les interventions de la Réserve fédérale des États-Unis (Federal Reserve, Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE) lors des deux périodes de crise, ainsi que les résultats économiques qui en découlent, afin de tirer des leçons sur la stratégie et la conduite de la politique monétaire. La comparaison met en évidence l'importance de la dimension budgétaire de la politique monétaire et les pièges qui peuvent surgir lorsque la synergie des politiques budgétaire et monétaire est négligée par une banque centrale indépendante…
Résumé
Plan
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2022
- https://doi.org/10.3917/ecofi.144.0161

Veuillez patienter...