Depuis 2007, et en particulier pendant la pandémie de Covid, les banques centrales ont élargi la portée et l'ampleur de leurs interventions de manière sans précédent, brouillant les frontières entre politique monétaire et politique budgétaire. Cette fiscalisation met en danger l'indépendance des banques centrales, affaiblissant ainsi la capacité des responsables de la politique monétaire à remplir leurs mandats de stabilité des prix et de stabilité financière. Pour retrouver la répartition des responsabilités d'avant-2008, les gouvernements doivent fixer des limites plus claires à ce que les banques centrales peuvent et ne peuvent pas faire. Pour limiter la fiscalisation, les autorités peuvent faire deux choses : s'engager à établir des distinctions structurelles entre la politique budgétaire et la politique monétaire, et articuler une fonction de réaction du bilan (analogue à la fonction de réaction du taux d'intérêt directeur) qui prévoit l'annulation des interventions en cas de crise lorsque la fonctionnalité du marché est rétablie. Après s'être engagées dans la fiscalisation plus d'une fois, par choix ou par circonstance, les banques centrales doivent établir un cadre qui empêche la répétition.
Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
Article
Depuis 2007, et en particulier pendant la pandémie de Covid-19, les banques centrales ont élargi la portée et l'ampleur de leurs interventions de manière sans précédent, brouillant les frontières entre politique monétaire et politique budgétaire. Cette budgétarisation met en danger l'indépendance des banques centrales, affaiblissant ainsi la capacité des responsables de la politique monétaire à respecter leurs mandats de stabilité des prix et de stabilité financière. Pour pouvoir revenir à la répartition des responsabilités d'avant-2008, les gouvernements doivent établir des limites mieux définies sur ce que les banques centrales peuvent et ne peuvent pas faire.
Se remémorer le monde d'avant la crise financière de 2007-2009 peut sembler curieux, mais cela constitue un point de référence utile pour mesurer l'évolution du rôle de la banque centrale au cours des douze dernières années. Nous partons du principe communément admis que pour atteindre ses objectifs de stabilité des prix (et d'emploi), la banque centrale cherche à influencer les conditions financières. Un assouplissement ou un resserrement de ces conditions entraînent une hausse ou une baisse de la croissance et de l'emploi, influençant à la fois l'inflation et les anticipations d'inflation.
Dans un cadre conventionnel d'avant-crise, le levier de contrôle des responsables est l'offre de passifs de la banque centrale. Ces réserves des banques commerciales représentent les actifs les plus sûrs, les plus liquides, et ont les échéances les plus courtes du système financier, de telle sorte que leur rareté a déterminé le coût d'opportunité pour les banques de détenir d'autres actifs liquides…
Résumé
Plan
Auteurs
Les auteurs tiennent un blog sur www.moneyandbanking.com.
Cet article est basé en partie sur Cecchetti et Schoenholtz (2021a). Les auteurs remercient Paul Tucker de les avoir aidés à améliorer leur compréhension du rôle et de la structure des banques centrales
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2022
- https://doi.org/10.3917/ecofi.144.0147

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