Lorsqu'on se demande s'il faut envisager de nouvelles doctrines, de nouvelles orientations pour la politique monétaire, il faut analyser l'expérience du passé, les erreurs ou les succès. Par exemple, qu'avons-nous appris de la période de la « grande modération » dans laquelle une politique monétaire améliorée a joué un rôle majeur ? La Fed (Federal Reserve) et la Banque centrale européenne (BCE) ont revu leurs stratégies. Les deux banques centrales ont modifié leurs objectifs d'inflation. Le ciblage de l'inflation en tant que tel est largement considéré comme la stratégie optimale. Cependant, il n'existe à ce jour aucun modèle de ciblage de l'inflation qui intègre les risques du système bancaire et des marchés financiers, avec toutes leurs dynamiques, leurs non-linéarités et leur complexité globale. Le « deuxième pilier » de la stratégie de la BCE peut être considéré comme une approche visant à intégrer ces aspects dans le processus de décision de la politique monétaire.
Contrôler ou orienter plus modestement les anticipations d'inflation reste un défi majeur pour les banques centrales. L'orientation prospective est devenue la principale stratégie de communication pour ancrer les anticipations d'inflation. L'élargissement du rôle des banques centrales a suscité des inquiétudes quant à l'indépendance de cette institution. Globalement, le rôle des banques centrales dans la société doit être reconsidéré. Les banquiers centraux ne doivent pas ignorer la menace qui pèse sur leur indépendance en s'impliquant dans des questions politiques.
Classification JEL : E40, E50, E52, E58, E60
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Avant d'entamer cette discussion, il est utile, voire nécessaire, de se pencher sur l'expérience historique (Issing et Wieland, 2013).
Plus que la plupart des autres domaines de l'économie, le développement de la théorie et de la politique monétaires au fil du temps reflète l'influence et l'interaction entre le système politique et financier, le débat académique et les points de vue et les actions des banques centrales. Selon Wicksell (1906, pp. 3-4) : « […] le choix d'une mesure de la valeur, d'un système monétaire, des lois concernant la monnaie et le crédit, tout cela est entre les mains de la société […]. Les dirigeants de la société ont par conséquent l'occasion là de montrer leur sagesse ou leur folie économique. L'histoire monétaire révèle que la folie a fréquemment pris le dessus, car elle décrit de nombreuses erreurs fatidiques. »
Il est important de préciser dans quel environnement et dans quel contexte la discussion actuelle doit être menée. L'expérience du passé, les erreurs ou les succès, doit jouer un rôle majeur avant d'aborder la question de savoir s'il faut envisager de nouvelles doctrines ou des « lignes directrices » plus modestes.
Au tournant du siècle dernier, les banques centrales étaient au sommet de leur réputation (Issing, 2012). Il régnait une impression générale que l'inflation était à jamais sous contrôle. La situation de la croissance et de l'emploi au niveau mondial semblait meilleure que jamais. La « grande modération » indique qu'il s'agissait d'une période au cours de laquelle l'inflation avait baissé par rapport à des niveaux plutôt élevés et la volatilité de la production s'était considérablement réduite…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/04/2022
- https://doi.org/10.3917/ecofi.144.0123

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