CAIRN.INFO : Matières à réflexion

La santé publique n'a jamais été un point fort de la France. Les deux dernières années l'ont dramatiquement démontré. Les causes sont anciennes. En effet, il a fallu attendre 1983 pour que s'ouvre dans les facultés de médecine un internat en santé publique. La puissance de la corporation médicale a laissé s'accréditer l'idée que médecine et santé étaient des synonymes : ainsi on parle abusivement des dépenses de « santé », alors qu'à 97 %, il s'agit de dépenses médicales qui certes contribuent à la santé de la population, mais ce label conduit à ignorer que bien d'autres facteurs agissent aussi sur la santé : l'alimentation, les différentes formes de pollution, l'usage de toxiques licites ou illicites, etc. La situation française s'explique surtout par le fait que le premier financeur de ces dépenses de santé est l'assurance maladie, «maladie» donc et non pas « santé ». Ainsi, il a fallu de longues années avant qu'elle ne rembourse les vaccins : il s'agissait de guérir, pas de prévenir.
Une politique de santé ne peut donc pas se limiter à la seule médecine et de très nombreux phénomènes qui ont un impact sur la santé sont hors du champ médical. Il arrive que l'on puisse les prévenir, voire en limiter les conséquences délétères sur la santé.
Prévenir, prévention, tous les responsables politiques en parlent. Certains ont agi avec succès, si l'on en juge par la baisse des accidents de la route, le dépistage précoce des cancers ; dans d'autres cas toutefois, les succès sont moins flagrants, notamment aujourd'hui en matière d'alimentation, d'alcool ou de tabac…

Français

Depuis une vingtaine d'années et le constat d'un « paradoxe français », la prévention est affichée comme une priorité absolue des réformes du système de santé. Pourtant la dynamique de réforme est lente et les inégalités sociales de santé toujours aussi criantes. La prévention relevant du secteur de la santé ne se décrète pas. Elle nécessite une articulation entre l'échelon local et national, et des incitations fortes auprès des usagers comme des professionnels de santé. En outre, elle s'appuie peu, voire pas, sur des évaluations économiques qui démontreraient l'intérêt potentiel des programmes. En outre, la normalisation des procédures institutionnelles et scientifiques d'évaluation a eu tendance à prôner les démarches ex post et à verrouiller l'option ex ante, ignorant les outils de l'analyse coûts-bénéfices. Cet article propose de réhabiliter cette méthode pour choisir les méthodes les plus efficaces et contribuer à leur diffusion.
Classification JEL : I11, I12.

Laurence Hartmann
Maîtresse de conférences en sciences économiques, LIRSA EA4603, Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
Jean de Kervasdoué
Membre, Académie des technologies ; chroniqueur, Le Point.fr ; professeur émérite, CNAM.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 03/12/2021
https://doi.org/10.3917/ecofi.143.0143
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