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« Où vas-tu ?, demandais-je à un personnage étrange, totalement indéfinissable. Je ne me soucie d’aucun but. Quelque part, le
train s’arrêtera, je descendrai et ensuite on verra bien. »« Car enfin, quelle beauté délicieuse, quel bienfait ancestral et
quelle simplicité que la marche à pied, à supposer bien sûr que
chaussures et guêtres soient en état »1
L’errance consiste à se déplacer d’un endroit à un autre sans but
précis. C’est une promenade sans début ni fin, sans lieux reconnaissables. Une flânerie, dont l’itinéraire n’obéit à aucune contrainte,
ni aucune direction, et qui produit chez le marcheur un brouillage
spatial et temporel, qui à la fois le désorganise, mais est aussi source
de créativité, suscitant un état d’esprit de réceptivité et de liberté, à
moins qu’il n’y perde son identité, risquant de s’effacer et de disparaître. Il y a de multiples exemples d’errance littéraire dans la
littérature mondiale, comme la figure du Wanderer du Romantisme
allemand, les penseurs de l’Antiquité qui philosophaient en marchant, les promenades de J.-J. Rousseau et bien d’autres encore.
Dans le présent article, je me propose d’étudier l’errance chez
le poète suisse-allemand, Robert Walser, un grand artiste de la
première moitié du XXe siècle, même s’il est peu connu du grand
public. Le thème de l’errance est central dans son œuvre. « Assurément, marcher sans intention véritable est une belle chose » (Seelig,
1977, p51). Il en parle dans de multiples petits textes, qu’il appelle
des « poèmes en prose », qui sont des bijoux littéraires, mais surtout
dans son texte majeu…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/01/2023
- https://doi.org/10.3917/cpsy2.079.0052

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