Les écrits psychanalytiques de ces dernières années fleurissent
d’un intérêt pour les manifestations corporo-somatiques du
contre-transfert. Ces analystes prennent en compte leur propre
corporéité pour comprendre leurs patients, alors que le clivage
corps-esprit, si ancré dans notre culture, a longtemps infiltré la pratique créant jusque là un « tabou du corps » de l’analyste.
Le présent article s’attache à reprendre le fil de la littérature
pour comprendre ce qui a pu écarter le corps de l’écoute contre-transférentielle, pour aujourd’hui y porter attention, voire en faire
une modalité d’élaboration thérapeutique.
Depuis l’apport par Freud de la notion de contre-transfert il
n’existe pas de consensus quant à une définition précise. Freud lui-même n’a fait que suggérer l’existence du contre-transfert à partir
de la clinique. En dehors de quelques images métaphoriques comme
celle du chimiste, il ne l’a pas développé comme il a pu le faire pour
le transfert. Tower (1955) souligne que les analystes s’accordent
à propos du transfert, mais que cela est loin d’être le cas pour le
contre-transfert.
Avec Freud le contre-transfert est considéré comme un obstacle à la cure. Ce n’est que dans les années 1945-1950, que les
sentiments contre-transférentiels sont devenus acceptables et même
utiles à la compréhension de la problématique psychique du patient.
Le contre-transfert est ainsi entendu comme levier thérapeutique.
Cette dernière conception a pris une telle importance qu’elle est
devenue de nos jours le socle de la pratique analytique d’orientation freudienne…