Mots-clés
- Exosomatisation
- Endosomatisation
- Soldat
- Augmentations
- Éthique
Keywords
- Exosomatization
- Endosomatization
- Soldier
- Increases
- Ethics
L’apparition des premiers silex taillés, il y a trois millions
d’années environ, a inauguré ce qu’Alfred Lotka a défini en
1945 comme le début de l’externalisation de nos mémoires dans
des objets, et qu’il a nommé l’exosomatisation. C’est à partir de
cette époque que les organes artificiels commencent à prendre plus
d’importance que les organes internes pour le développement de
l’espèce humaine. En 1964, André Leroi-Gourhan a précisé les
conséquences de cette compétence et montré qu’elle ne s’applique
pas seulement à la fabrication d’outils concrets, mais aussi à celle
de symboles abstraits.
Mais l’être humain ne projette pas seulement ses contenus
mentaux sur son environnement pour en fabriquer des outils et des
symboles. De façon générale, il ne cesse jamais de projeter ce qui
l’habite sur ce qui l’entoure, puis de le réinstaller en lui-même. Le
but de ce processus, qui associe extériorisation et réinteriorisation,
est de faciliter l’assimilation par l’homme de ses contenus mentaux. Le moment de leur extériorisation est en effet mis à profit
pour les rendre plus facilement assimilables et utilisables, comme
l’ont montré Paula Heimann (1942), Donald Winnicott (1971) et
Nicolas Abraham (1978). Avec les progrès technologiques, ce processus complet comprenant un moment d’extériorisation, suivi d’un
moment d’intériorisation, va s’élargir aux outils qui sont eux aussi
des contenus mentaux projetés. C’est cette logique que nous envisagerons d’abord. Puis, dans un second temps, nous évoquerons les
diverses formes d’augmentations envisagées par les militaires, car
c’est incontestablement dans ce domaine que les possibilités sont
actuellement le plus complètement explorées…