Nous avons choisi d’étudier la situation spécifique des troubles sévères du langage oral pour analyser ce qui se joue sur le plan psychique pour ces enfants. Il nous semble que ce qui prend sens pour eux est paradigmatique des enjeux psychiques d’enfants souffrant d’autres handicaps.
Quel qu’il soit, le handicap d’un enfant focalise toute l’attention dans ce qu’il met le plus à mal, en l’occurrence la dimension instrumentale du langage. Le temps diagnostique peut se trouver alors obnubilé par la difficulté la plus bruyante. Les enjeux psychiques se trouvent relégués au second plan dans leur exploration même. La priorité est donnée à ce qui pose manifestement problème. Dans les situations de troubles du langage, la complexité est double car l’appréhension des enjeux psychiques passe essentiellement par le langage. L’enfant se trouve alors privé d’une considération, à sa juste valeur, de sa souffrance psychique. S’enclenche un cercle malheureux, où il serait peine perdue de délimiter la cause des effets. Enjeux psychiques et difficultés instrumentales s’accentuent mutuellement. C’est alors que la théorie de l’attachement et ses outils a constitué un pont entre la dimension instrumentale du trouble du langage et de ses aléas psychiques. À l’occasion d’une recherche-action, une voie privilégiée d’exploration des enjeux psychiques a pu se dessiner par l’intérêt porté aux modalités d’attachement et à la narrativité du sujet. Pari audacieux, pour ne pas dire périlleux, que de s’intéresser aux récits d’enfants empêchés sur le plan du langage…