La question de l’attachement « ce lien qui unit deux personnes à travers le temps et l’espace » pour reprendre la définition de M. Ainsworth (Zigante, 2005) et qui se trouve à la base de tout ce qui permet la régulation des états émotionnels dans une relation de sécurité et de proximité (Cassidy, 1994) a été largement traitée et a fait l’objet de nombreux ouvrages et recherches dans des champs très différents : l’adoption, le placement, la garde non parentale, la maladie, l’hospitalisation, le handicap… Aujourd’hui encore, cette question suscite l’intérêt et la curiosité des cliniciens comme en témoignent certains ouvrages récents (Pierrehumbert, 2020 ; Persiaux, 2021).
Un grand nombre de recherches, avec des cohortes spécifiques (enfants avec des troubles autistiques, porteurs d’une trisomie 21, prématurés, mères déprimées, parents borderline…) s’appuient également sur la théorie de l’attachement et sur ses outils d’évaluation.
Cependant, peu de recherches se sont intéressées à l’attachement parents-enfant dans le cas d’un handicap sensoriel parental et très peu à l’attachement parents-enfant dans le cas d’une déficience visuelle maternelle bien qu’il existe une étude récente sur les représentations d’attachement des mères avec une déficience visuelle (Becerra et coll., 2016).
En s’appuyant sur les recherches des éthologues et notamment celles menées par L. Konrad sur les oiseaux, J. Bowlby (1978a) souligne que la plupart des oisillons s’attachent au premier objet qu’ils « voient » et qu’ils « suivent »…