L’adolescence représente un temps d’organisation psychique, une période de remaniements intrapsychiques et relationnels, impulsés par le corps en mutation (Gutton, 2003). Ces changements provoquent des modifications relationnelles avec les proches, un éloignement des figures parentales d’une part tandis que l’intérêt et la place accordés aux pairs augmentent d’autre part. De fait, ces derniers permettent de nouvelles identifications, ont une fonction de soutien et de réassurance narcissique, tout en assurant une fonction d’exploration et d’expérimentation. Ces relations horizontales représentent donc une véritable ressource pour les adolescents, qu’il s’agisse des membres de la fratrie ou des pairs extra-familiaux, car à chaque rencontre c’est une partie de l’identité qui s’actualise, se construit et évolue (Écotière et coll., 2016).
Les pratiques cliniques et de recherche auprès de jeunes présentant une déficience intellectuelle et/ou motrice avec troubles cognitifs associés permettent de mesurer toute la complexité du processus d’adolescence dans ces situations, en particulier celles relatives aux relations avec les pairs. Le handicap a une influence indéniable sur la manière dont les relations intersubjectives vont se tisser, et ce aux différents âges de la vie. Si dans la petite enfance les enfants perçoivent très tôt la fragilité, la différence de l’autre, ils ne la conçoivent pas tout de suite comme une incomplétude, un manque, mais plutôt comme un écart (Korff-Sausse, 2009)…