CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Si « ce qui réside dans les machines, c’est de la réalité humaine [1] », les nouvelles médiations informationnelles (ordinateurs, logiciels, écrans) reliées par toute sorte de réseaux modifient les formes de communication dans nos existences individuelles et collectives. L’ordinateur offre des capacités de stockage, une vitesse de gestion des informations excédant celles de la mémoire humaine. De même, la communication est mise dans des conditions nouvelles d’instantanéité. Le philosophe danois Peter Kemp fait cette remarque hardie : la communication assistée par ordinateur élargit ou remplace ce que Kant appelait l’entendement humain, « c’est-à-dire la capacité d’opérer avec des concepts dans le temps et dans l’espace [2] ». Les conditions d’effectivité de cette opération à distance sont sans doute nouvelles, mais aussi à examiner.

2Les «?machines informationnelles [3]?» reconfigurent sous certains aspects la communication avec autrui. L’apparente fluidification des rapports n’est pas sans contrepartie ni sans impliquer certains risques, herméneutiques et éthiques. Ceux-ci ne sont pas aisément repérables et homogènes et nécessitent des recherches sociotechniques détaillées, et souvent interdisciplinaires [4]. En effet, la nouveauté annoncée n’est pas toujours aisée à évaluer et va bien au-delà des discours et des modes de représentation qui portent ces techniques. Nous verrons que certaines distinctions entre information et communication s’imposent. Nous avons plus affaire à de nouvelles technologies d’information, même si certains auteurs remettent même en question cela [5]. Puis nous examinerons quelques modifications ontologiques de la communication qui augmentent certains risques éthiques relatifs à la responsabilité, au respect et à la transparence.

Technologies d’information et reconfigurations de la communication

3Le sentiment de puissance originellement associé aux ordinateurs mis en réseau est relié au pouvoir de prendre la parole, ou, mieux, d’envoyer ses paroles, sans intermédiaire ni filtre des médias traditionnels. Les technologies d’information modifient cette asymétrie et redonnent une possibilité d’expression et de reconquête d’une certaine visibilité sociale. Ces dispositifs informationnels sont porteurs de «?nouvelles façons d’agir, ou à tout le moins d’un surcroît d’efficacité (via l’interconnexion et la force de l’organisation en réseau), […] et peuvent largement contribuer […] à la constitution de réseaux d’alerte et de réflexion, à l’enrichissement du débat dans l’agora[6]?». On peut aller jusqu’à dire que les ordinateurs sont producteurs d’une «?transindividuation?», selon le terme employé par Gilbert Simondon [7], qui n’avait certes pas encore connaissance de l’Internet [8] mais proposait néanmoins une analyse pertinente de la relation qui existe entre actions individuelles et médiations informationnelles. Pourtant, il est certainement prématuré d’affirmer que la démocratie est automatiquement plus «?délibérative [9]?». D’une part, cette activité cognitive et politique est plus riche [10], d’autre part, la forme que prend la communication selon qu’elle est médiatisée par des technologies informationnelles ou non n’est pas du tout la même. Les conditions de réflexivité et d’entente sont modifiées. Nous allons nous efforcer de voir dans quelle mesure.

4D’un point de vue existentiel, et pour quitter la superficialité de certaines logiques marchandes, la communication est fondamentale. C’est ce que nous invite à penser Karl Jaspers, bien avant Habermas?: «?Être-soi […], ce n’est rien d’autre qu’être inconditionnellement dans la communication. […] L’être et l’être-en-communication sont la même chose [11].?» La communication constitue le socle de l’existence individuelle et collective. Elle participe également au fait d’être reconnu. Toutefois, ce qui manque dans une relation médiatisée par ordinateur, c’est ce que Roman Jakobson appelle – dans les termes de Malinowski – la fonction «?phatique?» de la communication, qui correspond à ce moment où un sujet veut s’assurer de la relation indépendamment du contenu du message à transmettre?: «?Il y a des messages qui servent essentiellement à établir, prolonger ou interrompre la communication, à vérifier si le circuit fonctionne (“Allô, vous m’entendez??”), à attirer l’attention de l’interlocuteur ou à m’assurer qu’elle ne se relâche pas [12]…?»

5Or, dans le cadre d’un pur échange électronique, le message est adressé indépendamment d’une connaissance du contexte où l’interlocuteur se trouve [13]. Ajoutons sans emprunter cette voie d’analyse comparative que des changements existent qui sont propres au téléphone, à la radio ou au courrier. Les ordinateurs sont aveugles aux conditions de réception, et peuvent en ce sens contribuer à nous désensibiliser à l’égard de ces dernières. Insistant sur les cadres qui déterminent l’acte de communication, les théoriciens de l’école de Palo Alto ont, quant à eux, bien mis en évidence les aspects relationnels essentiels à toute communication. Toute communication présuppose en effet?: 1) un aspect physico-comportemental?: une communication ne se borne pas à transmettre une information, mais induit un comportement [14]?; 2) un aspect herméneutique?: la perception de l’intention qu’il suppose conditionne le bon et juste déchiffrement du message, qu’il soit ou non langagier?: «?Activité ou inactivité, parole ou silence, tout a valeur de message [15].?» Or ce sont précisément ces conditions «?métacommunicationnelles?» qui tendent à être appauvries dans une communication à distance, où la connaissance du contexte dans lequel les interlocuteurs se trouvent n’est pas assurée.

6Du point de vue de l’organisation de la société elle-même, on peut observer que la communication s’inscrit dans un horizon d’entente. Karl-Otto Apel et Jürgen Habermas ont montré à cet égard que toute légitimité politique suppose une entente communicationnelle qui se fonde sur une situation donnée [16]. Le concept d’«?agir communicationnel?» permet de formaliser la nature intrinsèquement intersubjective du lien social, en s’appuyant sur les visions de la société qui seraient héritées chez les individus des grandes théories sociales [17]. La communication et le langage contribueraient donc originairement à une fonction d’intégration sociale. Pourtant, ces auteurs ne tirent pas les conséquences des changements de médiations techniques, qui sont considérables en tant qu’elles modifient les conditions pratiques de la réalisation de la communication. Bien plus, la communication assistée par ordinateur renvoie non seulement à la mise en relation des machines entre elles, mais aussi, et plus intrinsèquement, à un mode de société. C’est notamment ce que Gilles Deleuze avait bien vu, lui qui expliquait qu’à chaque société correspondent des réalités machiniques spécifiques?: «?Les machines simples ou dynamiques pour les sociétés de souveraineté, les machines énergétiques pour les disciplines, les cybernétiques et les ordinateurs pour les sociétés de contrôle [18].?» Il importe donc d’analyser les agencements collectifs dont les machines ne sont qu’une partie.

7Dans une perspective sociologique, certains auteurs ont suggéré que l’instantanéité permise par les machines pourrait être source de malaises chez les utilisateurs [19]. La nécessité d’une vigilance constante se trouve renforcée par la possibilité d’une transmission instantanée des messages?: «?L’attente d’une réponse annoncée ou attendue entraîne (parfois) des comportements compulsifs […] alors que, de l’aveu même des informateurs, le message attendu n’a pas une importance particulière [20].?» Le risque est donc celui d’une tyrannie de l’instantanéité qui peut fortement porter préjudice à la qualité des échanges. Or, si les ordinateurs donnent l’illusion d’accélérer le temps, et en tout cas de réduire les durées de gestion de certaines activités, individuelles, mais surtout collaboratives, il y a toujours une durée nécessaire dans l’acte de communication qui ne se réduit pas à un simple échange d’informations. Ces modifications ontologiques de la communication affectées par des technologies d’information peuvent exposer à certains risques.

De nouveaux liens pour de nouveaux défis éthiques

8La communication assistée par ordinateur dissimule les individus tout autant qu’elle les rend présents et disponibles. Elle voile et dévoile d’un même geste. À ce titre, surgit la problématique de l’anneau de Gygès telle qu’elle se trouve formulée par Platon dans La République[21]?: quelle serait l’éthique d’un homme muni d’un anneau qui le rendrait invisible?? Du point de vue de notre sujet, la question pourrait se voir reformulée ainsi?: peut-on se sentir aussi responsable de ce que l’on dit dans la distance, sans interlocution directe??

9Les médiations électroniques transforment les voies d’expression des conflits et des tensions. On observe à cet égard que les forums de discussions sont souvent des lieux où la parole peut s’affranchir très rapidement, à tel point qu’elle tend parfois à se faire plus abrupte. En situation professionnelle, la méconnaissance des contextes de travail (un aéroport, une gare, un train, etc.) des interlocuteurs éloignés peut devenir une source de tensions quelquefois très vives. Les interlocuteurs ont souvent tendance à s’adresser des messages plutôt expéditifs qui peuvent être mal interprétés et mal vécus?: l’appauvrissement du langage peut susciter beaucoup d’équivoques et de malentendus?; ils se montrent plus agressifs dans un mode de relations qui les soustrait au face-à-face. Ainsi, ce qui nous relie par de nouveaux moyens informationnels est aussi ce qui peut nous délier de certains «?contrats?» éthiques.

10La mise à distance, ou la relative invisibilité, peut dissoudre notre sens des responsabilités. Par la multiplication des médiations, nous ne sommes plus toujours en mesure de clairement appréhender les conséquences de nos actes de langage. Les formes de civilités et la mise en responsabilité sont modifiées dans les échanges interactifs [22]. Il est toujours plus facile d’être intransigeant avec un interlocuteur par e-mail qu’en situation de face-à-face. Cela vient en partie appuyer la thèse formulée par Emmanuel Lévinas selon laquelle le face-à-face a quelque chose d’irremplaçable dans l’expérience d’autrui. Certes, cet auteur n’est pas familier des nouvelles technologies, mais ses intuitions peuvent nous alerter à très juste titre, lui qui estime vigoureusement que le visage marque le commencement de l’éthique. En s’adressant à l’autre, l’usager s’expose au risque propre à toute véritable interlocution?: c’est essentiellement par la parole vive que se noue la relation éthique [23]. Indirectement, Lévinas nous met donc en garde contre ce risque latent de la perte des visages ou d’une proximité qui est nécessaire au développement d’une certaine «?conscience d’autrui?». L’éthicien Peter Kemp, pour qui toute technique comporte implicitement une conception de l’homme et des relations sociales, s’est inspiré d’une telle mise en garde?: «?Si nous ne nous fréquentons que par écrans interposés, les autres ne seront plus pour nous que des images médiatiques, et non des êtres humains dont nous sommes responsables [24].?»

Quelques conséquences éthiques de ces reconfigurations ontologiques

11Au-delà de la problématique de la distance que nous venons de mentionner, la communication assistée par ordinateur pourrait contribuer à nous faire perdre le sens de la vraie rencontre avec autrui et de la lenteur qu’elle nécessite, des aléas inhérents à toute interaction directe. Cette communication favorise une rationalité instrumentale qui prend le pas sur une rationalité plus pleinement communicationnelle. Or il y a une telle disproportion entre la rapidité des outils collaboratifs et la lenteur de la communication humaine que le risque est de vouloir imposer plus de vitesse et de rationalité dans nos échanges avec autrui. En outre, si la dématérialisation des échanges permet de stimuler des formes d’interactivité bénéfiques dans la vie sociale, elle contribue à accentuer des contradictions très fortes en milieu professionnel. En effet, dans le monde de l’entreprise, où l’on exige de «?ceux qui sont aptes au combat des performances toujours supérieures en matière de productivité, de disponibilité, de discipline et de don de soi [25]?», les usages des outils collaboratifs sont ambivalents, et capables de provoquer des maux bien spécifiques, liés essentiellement à une perte d’autonomie. Toutefois, quels que soient les risques liés à la communication assistée par ordinateur, la technologie entraîne le plus souvent un fort consentement de la part des salariés et des cadres [26]. Ce consentement prend appui sur le sentiment que les technologies en général sont l’expression d’un sens de l’histoire qu’il serait absurde de vouloir contrer. En effet, le contrôle des communications par les entreprises est en lui-même jugé légitime pour beaucoup de personnes. Une telle acceptation est bien sûr en partie liée au fait que l’entreprise demeure un lieu de contrat qui inclut par définition une notion de subordination [27]. Pourtant, ces récentes mutations du travail liées à l’évolution des technologies nécessitent une prise en compte sans doute plus vaste du respect de l’autonomie des personnes et devraient pour cette raison appeler à bien considérer les problèmes liés au contrôle [28]. Car si les technologies actuelles permettent une surveillance de tous les instants (examen du courriel et des habitudes de navigation des employés sur Internet, par exemple), l’exigence du travail dans ses caractéristiques contemporaines impose que l’on respecte plus encore la liberté des salariés. Hubert Bouchet, ancien vice-président de la CNIL, a fort bien exprimé les raisons qui devraient motiver un tel respect?: «?plus fondamentalement, on sait que l’être humain ne fonctionne que grâce à une alternance d’ombre et de lumière, et donc grâce à l’existence d’une opacité nécessaire. [Or] les techniques permettent de le mettre en permanence en pleine lumière, ce qui revient à l’empêcher de vivre. La nature elle-même nous enseigne que les êtres vivants ne peuvent pas vivre en permanence en pleine lumière [29]?». Il y a bien sûr toujours un écart entre les potentialités technologiques du contrôle et son effectivité. En France, comme dans d’autres pays d’Europe, les formes de surveillance qui passent par l’informatique sont en principe encadrées par la loi. Cependant, les sophistications technologiques sont aujourd’hui telles qu’il devient de plus en plus difficile d’évaluer les modes de surveillance à distance. Le phénomène de convergence ne permet plus de distinguer ce qui relève de la vie professionnelle et ce qui est du ressort de l’intimité de la vie privée?: «?le disque dur de l’ordinateur est également “bavard” dans un domaine comme dans l’autre [30]?».

12***

13En conclusion, nous insisterons sur le fait que, quelles que soient les raisons qui peuvent justifier l’expansion des nouvelles technologies à l’échelle de la société comme des organisations, la communication humaine ne pourra jamais évoluer au même rythme qu’elles. Les technologies communicationnelles et informationnelles, dont fait partie l’ordinateur, contraignent, mais ne doivent pas se substituer à la communication directe. Nous avons montré quelques-unes de ces contraintes ontologiques qui peuvent entraîner des risques de dilution du sens moral. Pour le dire de façon provocatrice, il ne faudrait pas que ces risques rendent impossibles les vrais risques de la communication, qui furent si justement soulignés par Karl Jaspers. La volonté de communication ne signifie jamais «?se soumettre simplement à l’autre homme comme tel, mais vouloir le connaître, l’écouter, […] jusqu’à admettre la nécessité de se transformer soi-même. […] [Je suis mis dans] la situation où je m’expose au risque [31]?».

Notes

  • [1]
    Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1989, p. 12.
  • [2]
    Peter Kemp, L’Irremplaçable. Une éthique de la technologie, traduit de l’allemand par Pierre Rusch, Paris, Cerf, 1997, p. 218.
  • [3]
    Jean-François Lyotard, La Condition postmoderne, Paris, Minuit, 1979, p. 12.
  • [4]
    Voir, par exemple, le projet éditorial interdisciplinaire réunissant des chercheurs en sciences humaines et sociales et en sciences des technologies de l’information et de la communication?: Bernard Reber et Claire Brossaud (dir.), Humanités numériques 1. Nouvelles technologies cognitives et épistémologie, et Humanités numériques 2. Socio-informatique et démocratie cognitive, Paris, Hermès Science International, 2007 (en anglais?: Digital Cognitive Technologies, Wiley-ISTE, 2010).
  • [5]
    Yves Jeanneret, Y a-t-il (vraiment) des technologies de l’information??, Québec, Presses universitaires du Septentrion, 2000. Pour les différences entre information et communication, voir notamment Daniel Bougnoux, La Communication contre l’information, Paris, Hachette, 1995. En contrepoint, voir le dossier d’Éric Brousseau et Frédéric Moatty, «?Technologies de l’information et de la communication?: approches croisées?», Sciences de la société, n° 59, 2003, p. 3-35.
  • [6]
    Gérard David, L’Enjeu démocratique des NTIC, Inventaire/Invention, 2001, p. 59. Voir également Pierre Chambat, «?La démocratie assistée par ordinateur?», Cahiers politiques, n° 4, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 46-80.
  • [7]
    Cf. Gilbert Simondon, L’Individuation psychique et collective, préface de Bernard Stiegler, Paris, Aubier, 2007. Voir en particulier la deuxième partie.
  • [8]
    Il misait même plus sur la radio que sur la télévision.
  • [9]
    Cf. Gérard David, L’Enjeu démocratique des NTIC, op. cit., p. 59.
  • [10]
    Pour s’en rendre compte, voir, par exemple, la différence qui existe entre une forme de délibération assistée par ordinateur comme la propose Maxime Morge («?Se concerter à l’aide d’un système multi-agents?», in Bernard Reber et Claire Brossaud [dir.], Humanités numériques 2, op. cit., p. 117-128) et les définitions de la délibération dans la Rhétorique d’Aristote – pour ne prendre que cette référence topique.
  • [11]
    Karl Jaspers, Raisons et Existence. Cinq Conférences, première traduction en français par Robert Givord, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1987, p. 80-81.
  • [12]
    Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, traduit de l’anglais et préfacé par Nicolas Ruwet, Paris, Minuit / Seuil, 1963, p. 217. On pourra objecter sur la base de certains travaux que cette fonction perdure. Pourtant, elle est modifiée quant à l’effectivité et à la qualité de la présence de l’autre ou des autres médiatisée par l’ordinateur. Il en est de même du silence, que la fonction phatique en situation de coprésence tente de limiter. Voir notamment les travaux de Judith Donath, comme «?Signals in Social Supernets?», Journal of Computer-Mediated Communication, 13, 2007. Grâce à la théorie du signal en sociologie, issue de l’économie et de la biologie, elle traite de bien d’autres choses, tels le jeu des identités dans les réseaux sociaux soutenus par le Web 2.0 et les risques pris par certains auteurs (voir http://jcmc.indiana.edu/vol13/issue1/donath.html). Voir également Zeynep Tufekci, «?Grooming, Gossip, Facebook and Myspace?», Information, Communication & Society, 11, 2008, p. 544-564.
  • [13]
    Certes, cette dissociation est aussi ancienne que la rédaction et la réception d’un texte qui est transcontextuelle, mais ici les conditions temporelles changent qualitativement.
  • [14]
    Paul Watzlawick, Janet Beavin et Don Jackson, Une logique de la communication, traduit de l’anglais (États-Unis) par Janine Morche, Paris, Seuil, 1972, p. 49.
  • [15]
    Ibid., p. 46.
  • [16]
    Cf. Karl-Otto Apel, Éthique de la discussion, traduit de l’allemand par Mark Hunyadi, Paris, Cerf, 1994.
  • [17]
    Nous ne reviendrons pas ici sur le caractère problématique de cette hypothèse.
  • [18]
    Gilles Deleuze, «?Contrôle et devenir?», in Pourparlers, Paris, Minuit, 1990, p. 237.
  • [19]
    Voir sur ce sujet l’article de Luc Bonneville et Sylvie Grosjean, «?“À la recherche du temps virtuel” ou l’Homme confronté au désir et au devoir de vitesse?», in Bernard Reber et Claire Brossaud (dir.), Humanités numériques 1, op. cit., p. 53-66.
  • [20]
    Marie Després-Lonnet et al., «?Le couple dispositif/pratique dans les échanges interpersonnels?», in Emmanuel Souchier, Yves Jeanneret, Joëlle Le Marec (dir.), Lire, écrire, récrire. Objets, signes et pratiques des médias informatisés, Paris, Centre Pompidou, 2003, p. 215.
  • [21]
    Platon, La République, II, 359c-360a, traduit par Pierre Pachet, Paris, Gallimard, 1993, p. 99-100. Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède cet anneau qui le rend invisible, nous agirions comme lui. Platon réfute bien sûr cette hypocrisie.
  • [22]
    Voir Bernard Reber, «?Virtual Games Inviting Real Ethical Questions?», in Bertrand Hériard Dubreuil et Philippe Goujon (dir.), Technology and EthicsA European Quest for Responsible Engineering, Louvain, Peeters, 2001, p. 121-132.
  • [23]
    Emmanuel Lévinas, Totalité et Infini. Essai sur l’extériorité, Paris, Le Livre de Poche, 1992, p. 70.
  • [24]
    Peter Kemp, L’Irremplaçable, op. cit., p. 231. Nous avons eu l’occasion d’aborder cette question dans Pierre-Antoine Chardel, Bernard Reber et Peter Kemp (dir.), L’Éco-éthique de Tomonobu Imamichi, Paris, Éditions du Sandre, 2009.
  • [25]
    Christophe Dejours, Souffrance en France. La banalisation de l’injustice sociale, Paris, Seuil, 1998, p. 10.
  • [26]
    Voir sur cette question Pierre-Antoine Chardel, Guillaume Zorgbibe et Patrick Maigron, Les Technologies de la mobilité dans les organisations?: une nouvelle source d’interrogation éthique, rapport de recherche ETHICS, GET / Fondation Louis Le Prince Ringuet, 2006.
  • [27]
    Jean-Pierre Le Goff?: «?Le rapport du salarié à son employeur n’est pas un lien de filiation, ni un lien d’égalité citoyenne, mais un contrat passé dans le cadre d’une activité délimitée, le travail, au sein d’une collectivité produisant des biens et des services?» (Les Illusions du management. Pour le retour du bon sens, postface inédite de l’auteur, «?Mal-être dans les organisations?», Paris, La Découverte, 2000, p. 30).
  • [28]
    Hubert Bouchet, «?Cybersurveillance dans l’entreprise?», Terminal, n° 88, automne-hiver 2002-2003, p. 25.
  • [29]
    Ibid.
  • [30]
    Hubert Bouchet, La Cybersurveillance sur les lieux de travail, rapport adopté par la CNIL dans sa séance du 5 février 2002, p. 18.
  • [31]
    Karl Jaspers, Raisons et Existence, op. cit., p. 87.
Français

Résumé

Cet article entend montrer que si les « machines informationnelles » reconfigurent sous certains aspects la communication interpersonnelle, l’apparente fluidification des rapports n’est pas sans contrepartie d’un point de vue herméneutique, ni sans impliquer certains risques éthiques relatifs à l’évolution du sentiment de responsabilité, à la qualité des échanges et au respect de l’autonomie des personnes. Ces risques de la communication assistée par ordinateur n’étant pas aisément repérables et homogènes, ils nécessitent d’être évalués au-delà des discours et des modes de représentation qui portent ces technologies et selon les contextes dans lesquels elles s’inscrivent.

Pierre-Antoine Chardel
ETOS, Institut Télécom
Bernard Reber
CERSES, CNRS / Université Paris Descartes
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2012
https://doi.org/10.3917/commu.088.0149
Pour citer cet article
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