La radicalisation est un terme que nous n’aimons pas beaucoup. Il vient figer les représentations et empêche une construction intellectuelle qui tiendrait compte d’une multiplicité de variables, d’histoires, et finalement de trajectoires qui font la singularité des adolescents momentanément perdus sur les chemins de la destructivité. Pour autant, le terme existe aujourd’hui et il convient donc dans un premier temps de le définir. Pour cela, commençons par clarifier un point désormais bien établi par une littérature foisonnante d’études nationales comme internationales : il n’y a pas de psychopathologie de la radicalisation. Nous choisirons la définition du sociologue Farhad Khosrokhavar : « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel » (2014, p. 8). Elle touche souvent les personnes les plus fragiles, qui trouvent ainsi dans ces convictions une issue à des problématiques internes et sociales multiples (Guénoun, 2016). La littérature sur le sujet souligne le manque de prise en compte des problématiques adolescentes et familiales. Pourtant la recherche d’idéaux ou de croyance fait partie des solutions que trouvent nos adolescents pour répondre à cette période de crise où les difficultés narcissiques et la dépressivité se font fortes (Jeammet, 2006). C’est pourquoi nous allons nous intéresser ici aux vulnérabilités spécifiquement adolescentes…