CAIRN.INFO : Matières à réflexion

À vrai dire, le titre de cet article est probablement plus lacanien que je ne le suis véritablement mais, pour parler de la grossesse, je n’ai pu résister à la tentation de décomposer le signifiant « gravide » en « grave » et « vide »… Cela étant, si le contraire de la pesanteur n’est pas la légèreté mais la grâce comme l’a bien montré la philosophe Simone Weil (1947), la légèreté, quant à elle, apparaît tout de même comme l’inverse de la gravité.
Michel Soulé à qui je dois tant dans ma formation professionnelle, me disait parfois : « Vous savez, Bernard, plus on s’occupe de choses graves, plus il faut rester légers… », ce que lui-même, d’ailleurs, savait faire à merveille !
Être enceinte, être grosse, être gravide. On sait que la dynamique psychique de la grossesse permet qu’à son terme, un juste écart – ni trop faible, ni trop important – s’instaure entre l’enfant réel et l’enfant imaginaire (Missonnier, 2015) afin d’éviter tout risque de déception (en cas d’écart trop important) ou de naufrage dans la jouissance (en cas d’écart trop faible).
Tout enfant qui arrive dans une famille, par essence, dérange l’ordre relationnel qui lui préexiste, et il importe d’ailleurs qu’il en aille ainsi, sinon à quoi servirait de naître ou d’arriver dans une famille ? Un enfant qui ne dérangerait rien, serait un enfant non investi par son entourage, soit un enfant dont l’existence ne serait pas prise en compte, véritable déni d’existence à valeur d’affront narcissique majeur…

Français

Après avoir rappelé les principaux éléments de la dynamique psychique de la grossesse, soit la dimension d’étrangeté de l’enfant et les différentes composantes de l’enfant imaginaire, l’auteur aborde ensuite la problématique des dépressions périnatales en se référant au processus d’objectalisation progressive du fœtus. La réflexion aborde ainsi les deux pôles des représentations du vide et du vide de représentations qui renvoient différemment au concept de gravité.
Qu’il s’agisse de dépressions maternelles pré ou postnatales, la nature de la perte d’objet pose la question d’une troisième topique qui distinguerait la place de l’objet, les liens à l’objet et l’objet en tant que tel, en donnant à la représentation des liens une place centrale ouvrant sur une possible métapsychologie périnatale.

Mots-clés

  • Dépressions maternelles périnatales
  • enfant imaginaire
  • fœtus
  • gravité
  • métapsychologie périnatale
  • perte d’objet
  • représentations d’objet
  • troisième topique
Bernard Golse
Pédopsychiatre et psychanalyste, professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’université Paris-Descartes (unité Inserm u669), ancien chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Necker-Enfants malades. Il est président l’Association Pikler Loczy France et de la cippa, Institut Paris Brune, 26 boulevard Brune, F-75014 Paris.
bernard.golse@aphp.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/03/2022
https://doi.org/10.3917/cm.105.0049
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