L’adolescent, par ses identifications, construit son identité dans le lien à l’autre, aux parents, à la famille, à la société. Enfant, s’il s’étonne de son altérité – couleur de peau, langue maternelle, cheveux –, la sécurité de son appartenance au groupe familial, diffère la perception de cette confrontation à l’autre comme une menace. La poussée pulsionnelle de l’adolescence vient bousculer ses repères. Sa conquête identitaire (Kestemberg, 1980) et la construction de son idéal du Moi, passent par une identification à des figures externes, une affiliation à ses pairs, tout en « assumant » sa différence. La qualité des identifications premières engage celle de ses nouveaux investissements.
Cette crise de l’adolescence, seconde phase de séparation-individuation, est autant structurante que périlleuse. La fragilité des assises narcissiques témoigne de l’instabilité des fondements identitaires : une identité à deux faces, reconnue par soi-même « qui suis-je pour moi-même » et par autrui « qui suis-je dans le regard de l’autre » (Denis, 2015).
Dans son roman familial, l’adolescent élabore un fantasme originaire. L’histoire qu’il se raconte sublime son existence et l’inscrit dans une identité narrative féconde pour son sentiment d’identité. Sans cela, il peut développer une haine de soi et une rage contre l’autre, et adulte devenu, resté suspendu, perdu.
Le processus adolescent est sensible à la question culturelle. Le métissage, marqueur de sa différence, interpelle l’adolescent sur ses identifications…