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« Ce n’est plus de l’art ! » : cette interjection, commune aux jugements des non spécialistes et aux discours savants, s’est beaucoup entendue dans le courant du xxe siècle, que ce soit à propos de l’art moderne, de l’art contemporain, des industries culturelles ou du divertissement (cinéma, musique populaire…). Elle pourrait servir de signal paradigmatique pour tout processus de « désartification », à ceci près qu’il existe des différences majeures entre l’acception proprement sociologique de ce terme, et son usage courant. C’est à la mise en évidence de ces différences que nous nous attacherons ici, dans la mesure où elles engagent de profondes modifications de la signification même de la « désartification ».
Dans le travail collectif dirigé par Roberta Shapiro et moi-même sous forme de séminaire, de colloque puis d’ouvrage, nous avons défini l’artification comme l’ensemble des processus par lesquels une activité en vient à être qualifiée comme un art, et ses praticiens comme des artistes.
Comme l’indique la conclusion de notre ouvrage, l’artification peut s’opérer à partir de différents domaines : l’artisanat (peinture), l’industrie (cinéma), le loisir (photographie), le spectacle (magie), le divertissement (bande dessinée), le sport (cirque), la technique (métiers d’art), la religion (liturgie), la politique (muralisme), la vie quotidienne (gastronomie), voire les activités délictueuses (graffiti). Les opérateurs en sont également variés : mots, catégorisations, instruments de pérennisation et de mise en visibilité, institutions, marché, édition, discours, signes (la signature étant un indicateur majeur d’artification)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/10/2018
- https://doi.org/10.3917/cite.075.0025

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