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Ces deux ouvrages sur le Goulag, et plus généralement sur le système pénitentiaire soviétique de Stalin à la fin de l’URSS, montrent de façon heureuse la vitalité des études sur ces questions. On aurait pu craindre un certain « épuisement » après le profond renouveau qui s’était en particulier concrétisé par la publication en sept volumes de documents d’archives et un ensemble de livres fondamentaux qui font aujourd’hui référence. Il n’en est rien. En français, plusieurs livres publiés en 2017, que nous n’analysons pas ici, confirment cette vitalité. Chacun des deux ouvrages, dont nous faisons ici la recension, contribue à offrir un éclairage particulier et parfois contradictoire. Celui de J. Hardy suit une démarche que nous qualifierions d’internaliste. Il analyse dans le détail les mécanismes essentiellement institutionnels et politiques, guidés par divers acteurs et conceptions, que nous pourrions dire idéologiques, fondées sur un système de pensée cohérent de la fonction d’un système pénitentiaire. Ces conceptions entrent en interaction avec des logiques administratives (inertie de l’administration du camp et confrontation avec des réalités qui ne sont pas toujours en cohérence avec les principes qui orientent les décisions), des logiques politiques (conflits d’autorité, configurations plus ou moins conservatrices des cercles du pouvoir), ou des logiques sociales (inquiétudes voire hostilités des populations vis‑à‑vis des libérations ayant suivi l’amnistie de mars 1953 ou encore des réformes « libérales » du système, relayées par la presse, les rapports de polices, les relais politiques locaux)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/05/2018
- https://doi.org/10.4000/monderusse.10175