1Les inégalités de genre dans une société peuvent conduire les parents à valoriser davantage l’un des deux sexes dans leur descendance (Sauvain-Dugerdil, Thiriat 2009). On observe par exemple des carences nutritionnelles chez les fillettes en Inde (Marcoux 2002) ou une surmortalité des petites filles en Chine (Attané 2008). En outre, Christophe Guilmoto a montré que la préférence pour les garçons conduit à des phénomènes de sélection sexuelle de grande ampleur si elle est confrontée, d’une part, à une baisse de la fécondité — et donc à un risque plus grand de ne pas avoir le sexe désiré — et, d’autre part, à l’existence de techniques modernes de sélection sexuée (Guilmoto 2009).
2Au Proche-Orient en général et en Palestine en particulier, il existe également une préférence pour les descendances masculines (Abu Nahleh, Johnson 2002 ; Al-Akour et al. 2009). De plus, la fécondité palestinienne, longtemps demeurée parmi les plus élevées du monde, a baissé au cours des dernières années, passant de 6,2 à 4,12 enfants par femme entre 1990 et 2009 (PCBS 2010). Parallèlement, deux méthodes prénatales de sélection du sexe de l’embryon sont disponibles depuis 2009 en Palestine : l’une consiste en un tri des spermatozoïdes, l’autre en une fécondation in vitro (FIV) avec diagnostic préimplantatoire [2]. Ces méthodes, qui ne font l’objet d’aucune réglementation légale, sont proposées aux couples qui désirent un enfant, qu’ils aient ou non des problèmes de fertilité.
3Préférence pour les garçons, baisse de la fécondité, techniques modernes de sélection sexuelle : les conditions sont réunies pour que se mette en place un phénomène de sélection des naissances de garçons en Palestine. Cette pratique ne conduit pas encore à un déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance (103,2 naissances de garçons pour 100 filles en 2012 [3]) qui demeure très loin des données observées en Chine (118 en 2009), au Vietnam (111 en 2010) ou encore en Azerbaïdjan (116 en 2000) [4]. Pour autant, la sélection prénatale du sexe existe dans la société palestinienne et n’a fait l’objet d’aucune étude à ce jour. À partir d’entretiens menés auprès de professionnel?le?s de santé, de Palestinien ne s marié e s et de données de cadrage issues de l’enquête Palestinian Family Health Survey (2006), nous analysons l’offre de sélection sexuelle, les formes de régulation de cette pratique et les attitudes des Palestinien?ne?s face à cette offre. Ce faisant, nous souhaitons rendre compte de l’organisation de la sélection sexuelle dans la société palestinienne.
Méthode
Des entretiens semi-directifs ont été menés par nos soins [5] entre janvier 2010 et décembre 2011 auprès de deux types d’acteurs et actrices. Nous avons interrogé vingt-deux femmes et vingt hommes marié e s, ayant des caractéristiques sociodémographiques diverses, recruté e s selon la méthode ‘boule de neige’. Les entretiens portaient sur le parcours de vie des personnes avec un intérêt plus particulier pour le processus d’entrée en union, la répartition des rôles dans le couple, l’itinéraire procréatif et la préférence sexuée. Des entretiens ont également été menés auprès de travailleuses et travailleurs sociaux et de professionnel?le?s de la santé. Trois centres de procréation médicalement assistée (pma) proposant la sélection prénatale ont été visités : un à Bethléem et deux à Ramallah. Nous y avons rencontré à plusieurs reprises cinq médecins gynécologues-obstétriciens dont les directrices, directeurs respectifs de ces centres. L’ensemble des entretiens a fait l’objet d’un enregistrement audio suivi d’une transcription écrite ; nous avons obtenu le consentement des enquêté e s et tous les entretiens ont été rendus anonymes. Lorsque cela était possible, les entretiens étaient menés en anglais ; dans le cas contraire, nous avons eu recours à une traductrice professionnelle [6]. Pour cet article, les entretiens ont donc été traduits de l’anglais au français. Nous avons effectué une analyse thématique permettant d’examiner les attitudes des Palestinien?ne?s face à la préférence pour les garçons, leur position vis-à-vis de la sélection sexuelle et les mécanismes qui mènent à cette pratique.
Par ailleurs, l’enquête Palestinian Family Health Survey [7] réalisée en 2006 par le Palestinian Central Bureau of Statistics (pcbs) a été mobilisée pour fournir des données de cadrage sur la préférence pour l’un ou l’autre sexe [8].
Offre technique, vide juridique et systèmes de régulations
Des méthodes traditionnelles aux nouvelles techniques de sélection sexuelle
4Comme c’est le cas dans d’autres régions, les Palestinien?ne?s n’ont pas attendu les progrès de la médecine pour tenter de prédéterminer le sexe de l’enfant qu’ils/elles souhaitaient : ils et elles s’y essaient depuis longtemps, par des méthodes qualifiées par nos enquêté e s comme étant ‘traditionnelles’. Certain e s ont, par exemple, eu recours à des régimes alimentaires particuliers, des rapports sexuels à des moments spécifiques de la menstruation ou les soirs de pleine lune, etc. D’autres encore pensent que certain e s obstétricien ne s mettent au monde « plutôt des filles » et d’autres parviennent à « donner des garçons ». Ainsi, le désir de sélection prénatale du sexe de l’enfant n’est pas récent. Ce qui change réside dans le fait qu’il peut aujourd’hui être satisfait grâce à des nouvelles technologies disponibles et performantes.
5À ce jour, il existe huit centres de procréation médicalement assistée (markaz al-i???b) en Cisjordanie. Quatre proposent la sélection prénatale par deux méthodes différentes : deux à Ramallah, un à Naplouse et un à Bethléem. L’avortement est interdit en Palestine sauf pour raisons thérapeutiques (Sayej 2007). Même s’il est possible actuellement de connaître rapidement le sexe du fœtus, les centres ne proposent pas l’avortement sexo-sélectif. Par ailleurs, même les médecins qui pratiquent l’avortement illégal, nous ont confirmé que les femmes ne connaissaient en aucun cas le sexe de l’enfant avant d’y avoir recours.
6La première méthode de sélection prénatale du sexe consiste en un tri, en laboratoire, des spermatozoïdes porteurs du chromosome responsable du sexe désiré, suivi d’une insémination. Elle coûte 400 US$ en moyenne [9] et est efficace dans 70 à 75 % des cas. La seconde méthode consiste en une FIV avec diagnostic préimplantatoire. À l’origine, cette méthode était destinée aux parents qui risquaient de transmettre une maladie génétique liée au sexe, la thalassémie étant, parmi celles-ci, la plus répandue dans la région. Aujourd’hui, ce service est également offert aux couples, même si leurs embryons sont sains. Cette méthode, plus efficace que la précédente, présente deux principales limites. D’une part, elle est plus coûteuse : environ 1 400 US$ par cycle, sachant qu’il faut trois ou quatre cycles en moyenne pour que la grossesse soit effective. D’autre part, elle a des conséquences pour la santé maternelle et infantile. Le principal problème vient d’une absence de réglementation en Palestine quant au nombre d’embryons à réimplanter lors d’un même cycle. Pour accroître les chances de réussite, les praticien ne s mettent quatre ou cinq embryons à la fois. Ce qui aboutit à un risque élevé de grossesse multiple, contribuant à un taux plus important d’accouchements prématurés, avec risque de complications chez les nouveaux-nés.
Attitudes des médecins face à la sélection sexuelle
7La Palestine fait face à une carence en matière de régulation juridique autonome, en partie causée et accentuée par l’occupation israélienne. De nombreux domaines de la vie sociale sont en effet soumis à des textes de lois inadaptés ou inexistants. C’est le cas pour la sélection sexuelle, pratique récente qui ne fait, à ce jour, l’objet d’aucune réglementation formelle. Ainsi, l’attitude des médecins est centrale dans la régulation de cette pratique.
8Pour légitimer la sélection sexuelle, les médecins expliquent tout d’abord que cette pratique permet de protéger les femmes et assure la stabilité de la cellule familiale. En s’appuyant sur le décès tragique d’une Palestinienne de 27 ans tuée par son mari alors qu’il venait d’apprendre qu’elle était enceinte d’une petite fille [10], un praticien de Ramallah explique que la sélection sexuelle permettrait d’éviter des pressions et violences envers les femmes :
Quelquefois, il y a un besoin important de protéger la famille d’un second mariage ou d’un divorce. Nous devons faire quelque chose pour les femmes, pour qu’elles puissent garder leur mari. […] même les femmes pensent qu’elles sont responsables si elles ne mettent au monde que des petites filles. Et pour cette raison, elles ont vraiment besoin d’une solution pour rendre leur mari heureux et se protéger de leur mari ou de leur belle-famille qui peuvent les accuser de ne pas leur donner de garçons.
10C’est pourquoi les médecins prennent en considération les pressions subies par les couples ou les patientes pour décider ou non de sélectionner le sexe de l’enfant.
J’ai reçu cette patiente et son mari qui sont venus parce qu’ils ne comprenaient pas ce qui causait la naissance d’un garçon ou d’une fille : lui se demandait si c’était la faute de sa femme […]. Et toute la famille exerçait une pression sur eux parce qu’ils avaient eu deux filles. Quand je les ai vus ici, le mari voulait quitter sa femme ; elle pleurait. Ça allait faire beaucoup de problèmes. Du coup, je leur ai proposé la sélection sexuelle […] je pense que c’est important que l’on écoute nos patients et qu’on comprenne aussi leurs besoins. Pour certains, c’est un vrai besoin d’avoir un garçon.

12Troisièmement, d’après les praticien ne s, le recours à la sélection sexuelle permet d’éviter les grossesses non désirées, assurant un meilleur suivi.
Si la grossesse est désirée et surtout si le sexe de l’enfant est le sexe désiré, la période de grossesse sera mieux vécue. Si les femmes acceptent leur grossesse et si elles en sont heureuses, elles seront mieux suivies et prendront leurs vitamines ou traitement avec plus d’assiduité. Une grossesse désirée, c’est toujours mieux.
14En effet, comme c’est le cas dans d’autres régions du monde, il n’est pas rare que les couples continuent à procréer tant que le nombre de garçons désirés n’a pas été atteint. Certaines femmes mettent alors leur santé en danger avec des grossesses répétées et rapprochées. On arrive ici au paradoxe qu’il faudrait éviter des naissances de filles pour protéger les femmes, comme l’exprime une employée du Planning familial palestinien (PFPPA) :
Cette pratique, c’est une vraie forme de discrimination… une vraie forme de violence contre les filles et les femmes en général. […] Mais, c’est compliqué [de réguler] parce que dans notre société, les femmes sont capables d’avoir dix, onze, douze enfants pour essayer d’avoir un garçon. Donc, on parle du droit des femmes, mais en même temps on pense aux grossesses répétées et aux problèmes de santé que ça peut créer. Donc c’est vraiment difficile de statuer là-dessus […]. Mais en même temps, personne n’a le droit d’empêcher les filles de venir au monde, juste parce que ce sont des filles. Et si on ne régule pas et qu’on laisse faire cette pratique, plus personne dans la société n’aura de fille.
L’importance de la perspective religieuse
16La religion constitue un facteur supplémentaire influençant considérablement les choix des acteurs clés dans le domaine de la reproduction. En effet, en l’absence d’État, la religion exerce un rôle régulateur fondamental en Palestine [11].
17La position sunnite de l’islam, largement majoritaire dans le pays, ne s’oppose pas à la PMA et à la sélection sexuelle dans ses fondements à condition qu’elle soit pratiquée dans certaines circonstances. En novembre 2000, un atelier organisé par l’un des principaux acteurs décisionnaires des questions de bioéthiques dans le monde musulman, The International Islamic Center for Population Studies and Research [12] à l’Université Al-Azhar au Caire, regroupant les leaders musulmans de Dar-El Ifta, a discuté des implications des nouvelles technologies de procréation selon la tradition islamique. Au cours de cette rencontre, la FIV ainsi que le diagnostic préimplantatoire ont été acceptés, à condition que, d’une part, ils aient lieu entre un mari et une épouse unis religieusement et, d’autre part, lorsque les femmes ont eu trois ou quatre filles (Serour, Dickens 2001 ; Serour 2005). Tout en reconnaissant que la sélection sexuelle puisse conduire à des risques de discrimination envers les femmes, les autorités religieuses justifient le recours à cette pratique en expliquant qu’elle peut permettre aux femmes d’échapper à la pression de la société là où les naissances de garçons sont très valorisées. Notons que la possibilité d’avoir recours à la sélection sexuelle pour avoir une fille après trois ou quatre garçons n’apparaît pas dans les comptes rendus de cet atelier. Pourtant, on aurait pu attendre d’un document institutionnel qu’il présente logiquement les cas relatifs aux deux sexes. Une telle posture révèle de manière aiguë la forte valorisation des naissances de garçons et l’absence de recours à une pratique médicale pour avoir une fille.
18Depuis, une fatwa [13] sur la sélection sexuelle a été émise par les leaders musulmans de Dar-El Ifta [14]. Cette fatwa évoque tout d’abord le Coran :
À Allah appartient la royauté des cieux et de la terre. IL crée ce qu’Il veut et fait don de fille à qui Il veut et don de garçon à qui Il veut.
20Puis elle rappelle que l’homme est libre d’augmenter ses chances d’avoir l’un ou l’autre des sexes par des méthodes naturelles, ainsi que par le tri des spermatozoïdes et le diagnostic préimplantatoire :
Il n’y a rien dans la loi islamique qui empêche de pratiquer la sélection du sexe sur le plan individuel, à condition que la méthode utilisée ne nuise pas au fœtus avant ou après sa naissance.
22Aujourd’hui, les propos de l’atelier de 2000 et la fatwa qui en est issue servent de ligne de conduite à la plupart des praticien ne s palestinien ne s rencontré e s.
23Les chrétien ne s, comme les musulman e s, considèrent que la fécondité ne peut être licite que si elle est le fruit d’un couple (homme et femme) marié religieusement. En revanche, les deux n’ont pas la même position vis-à-vis de la sélection sexuelle. En effet, pour l’Église catholique, la reproduction assistée ainsi que le diagnostic préimplantatoire sont interdits et la sélection sexuelle de l’embryon est considérée comme une intervention illégitime (Kissling et al. 1999). Ainsi, l’une des praticiennes rencontrées, chrétienne, accepte de sélectionner le sexe de l’embryon pour des demandeurs musulmans, mais se montre très réticente à le faire pour des chrétiens. Confrontée à la demande d’un couple de chrétiens en 2010, elle a d’abord refusé, puis, au vu de leur insistance, a demandé conseil au représentant de la communauté chrétienne. Finalement, elle a accepté, en soulignant néanmoins au couple, tout au long du processus, les raisons pour lesquelles une telle pratique est interdite. Le deuxième problème concerne le préjudice causé aux embryons non-sélectionnés à la fin du processus (en général les embryons femelles ou non sains). S’ils ne sont pas congelés au vu d’une insémination future, ils sont détruits. Or, pour les chrétiens, un embryon doit être traité comme une personne, même au stade le plus précoce de son développement (Congrégation pour la doctrine de la foi 1987). C’est ainsi que la même praticienne a suggéré à ses confrères de réutiliser ces embryons non sélectionnés ; après avoir été congelés, les embryons pourraient être donnés aux couples ayant des difficultés à procréer. Pratique qui elle-même pose problème aux couples musulmans infertiles, car l’islam interdit la gestation pour autrui ainsi que le transfert d’embryon ou l’insémination avec des spermatozoïdes lorsque ovocytes ou spermatozoïdes sont extérieurs au couple : ces actes sont considérés comme équivalent à des relations sexuelles illégales (Fortier 2010).
Deux contextes juridiques différents de part et d’autre du mur
24Nous avons vu que la sélection sexuelle de l’enfant ne fait l’objet d’aucune réglementation formelle en Palestine. C’est alors le médecin qui décide au cas par cas de la pratiquer ou non. Si les techniques de sélection prénatales sont également disponibles en Israël, elles font l’objet d’une réglementation beaucoup plus stricte, pouvant entraîner des ‘déplacements reproductifs’ dans l’espace israélo-palestinien.
La sélection sexuelle en Israël est beaucoup plus réglementée
25Israël est le pays qui dispose du plus grand nombre de centres de PMA et du taux de FIV par habitant le plus élevé au monde (Hashiloni-Dolev, Shkedi 2007). Les traitements inhérents à la fertilité sont pris en charge par l’assurance maladie israélienne — ce qui n’est pas le cas en Palestine — et sont disponibles pour tou?te?s les Israélien?ne?s, sans distinction de religion (Kahn 2000). En effet, même si les programmes de planification familiale en Israël sont spécifiquement orientés vers les minorités, notamment palestinienne, l’accès à la FIV est meilleur en Israël pour les Palestinien?ne?s qu’au Liban (Birenbaum-Carmeli, Inhorn 2009). Ce recours élevé à la FIV n’est pas le résultat de taux anormalement élevés d’infertilité en Israël, mais reflète, comme l’explique Susan M. Kahn, l’importance de la reproduction dans le judaïsme (Kahn 2000). Dans ces travaux, l’auteure met justement en évidence l’entrelacement entre la politique nataliste israélienne, d’une part, — liée à des conceptions religieuse [15] (Schenker 2000 ; Shalev, Gooldin 2006) et politique (Prainsack, Firestine 2006) — et, d’autre part, le développement de nouvelles techniques de reproduction, lié à l’injonction toujours très forte à la maternité (Kahn 2000). Ce faisant, elle constate la capacité de l’État israélien, partiellement régi par la loi religieuse juive, à concilier tradition et technique.
26Les centres de PMA en Israël pratiquent les mêmes méthodes de sélection sexuelle qu’en Palestine, pour un coût de traitement quasi similaire (environ 5 000 US$ pour trois ou quatre cycles). Depuis 2005, le recours pour raisons non médicales est possible. Selon une circulaire émise par les autorités israéliennes, la sélection sexuelle n’est autorisée que dans des cas « exceptionnels, inhabituels et rares » [16] et elle est soumise à l’accord d’un comité d’experts [17] établi par le ministère de la Santé. La procédure médicale sera accordée si : 1) les demandeurs ont ensemble au moins quatre enfants du même sexe ; 2) il existe un risque réel pour le bien-être de l’enfant ou pour la santé mentale d’un des deux parents si la procédure n’a pas lieu ; 3) les parents ont été informés des risques médicaux ; 4) en cas d’échec, il n’y aura pas d’autres tentatives de FIV ; 5) le comité d’experts est convaincu de la nécessité de la procédure médicale pour cette famille. Ainsi, à la différence de ce qui se passe en Palestine, la sélection sexuelle prénatale pour raisons sociales est beaucoup plus encadrée en Israël.
La demande des Palestinien?ne?s d’Israël se tourne vers la Palestine
27Durant la période de juin 2005 à août 2007, 197 demandes de sélection sexuelle pour raisons non médicales ont été soumises en Israël au comité [18] (Landau 2008). Parmi ces demandes, plus de 30 % provenaient de Palestinien?ne?s d’Israël qui ne représentent qu’environ 18 % de la population totale en Israël (y compris Jérusalem-Est).
28Les Palestinien?ne?s d’Israël bénéficient d’un régime de mobilité leur permettant un accès relativement aisé à la Cisjordanie. Ainsi, les patient?e?s qui ne répondent pas aux critères nécessaires pour une demande de sélection sexuelle en Israël peuvent se rendre dans les services de PMA de Palestine connus pour être moins restrictifs. C’est le cas de Dana, musulmane de 39 ans, Palestinienne citoyenne d’Israël. Elle a déjà deux filles mais souhaite vivement accoucher d’un garçon et vu son âge, elle ne souhaite qu’un enfant supplémentaire. C’est pourquoi elle a commencé à s’intéresser de près à la sélection sexuelle, tout d’abord auprès de centres en Israël, réputés pour offrir un service de meilleure qualité et avoir des taux de réussite plus élevés. Elle s’est alors trouvée confrontée à la réglementation plus rigide présente en Israël.
Quand j’ai parlé de ça avec mon docteur arabe en Israël, il était choqué. Il m’a dit que ce n’était pas éthique de le faire, parce que ce serait dire que je préfère les garçons aux filles. Moi, je ne veux pas être jugée de cette façon. Et j’ai beaucoup discuté avec lui pour essayer de lui expliquer mon point de vue, mais il n’a pas compris. Il m’a dit que ce n’est pas éthique et que le gouvernement israélien n’autorise pas cela. C’est possible pour raisons médicales, mais pas dans mon cas ; j’ai deux filles et grâce à Dieu, elles sont en bonne santé.
30Dana a alors parlé de son désir de sélection sexuelle à un ami praticien qui consulte à Ramallah. Il lui a directement proposé de l’aider et même, si elle le désirait, d’atteindre « l’équilibre parfait » avec une naissance de jumeaux. Les Palestiniennes d’Israël, comme Dana, qui ont la chance de pouvoir circuler dans l’espace israélo-palestinien, peuvent ainsi jouer sur l’ensemble des différentiels géographiques, juridiques, sociaux et moraux pour satisfaire leur désir de descendance masculine.
31Ainsi l’offre existante en Palestine permet de contourner les règles en vigueur en Israël en matière de sélection sexuelle prénatale, mais cela présuppose d’être doté d’un régime de mobilité avantageux et d’un capital économique, social et culturel permettant de s’adresser aux centres en Palestine plus éloignés. Cette possibilité pour certain e s Palestinien ne s d’Israël de venir en Cisjordanie pour choisir le sexe de leur enfant montre que la dimension transfrontalière doit être prise en compte si l’on cherche à caractériser le système d’offre et de demande de sélection sexuelle chez les Palestinien?ne?s.
La demande : avoir un garçon pour satisfaire le ‘contrat procréatif’
32Ces techniques de sélection prénatales s’appuient sur une survalorisation des garçons par rapport aux filles dans la société palestinienne, qui renvoie à la nécessité sociale d’avoir au moins un garçon dans sa descendance pour satisfaire ce que nous proposons d’appeler le ‘contrat procréatif’.
Préférence pour les garçons et baisse de la fécondité
33Lorsque l’on pose la question aux Palestiniennes sur la répartition idéale par sexe qu’elles souhaitent pour leur descendance, l’absence de préférence pour les filles ressort très clairement : deux tiers préfèrent avoir autant de garçons que de filles et un tiers pensent que l’idéal est d’avoir plus de garçons (PCBS 2006). Ce phénomène découle du système patrilinéaire et patriarcal en vigueur. Il s’explique par un ensemble de motifs culturels (Manasra 1993 ; Abu Nahleh 2002 ; Azzouni 2010) et socioéconomiques où les garçons constituent une sorte « d’assurance vieillesse » (Abu Nahleh 2002). En outre, les discours natalistes ont investi les débats nationalistes dans les années 1980. Au sein de ce que certain?e?s appellent la « guerre démographique » (Courbage 1997 ; Courbage, Todd 2007 ; Khawaja et al. 2009), le « travail reproductif » consistait à faire des enfants et surtout des garçons « dans le but de compenser la perte des martyrs », selon une enquête menée auprès des Palestiniennes (PCBS 2000a).
34Dès qu’ils ont un enfant de sexe masculin, les couples acquièrent un nouveau statut qui repose sur le prénom de leur premier fils : ils deviennent Abu (père de) et Oum (mère de). Les parents d’une famille sans garçon sont parfois raillés comme étant Abu banaat ou Oum banaat (respectivement le père et la mère de la fille) et sont mêmes déconsidérés, qualifiés de « familles de seconde zone », comme l’explique un gynécologue de Ramallah. En outre, le statut même des femmes change avec la maternité et surtout après la mise au monde d’un garçon, notamment concernant la relation belle-fille/beaux-parents, comme c’est le cas dans d’autres sociétés très actives en matière de sélection sexuée comme l’Inde et la Chine.
35Le rapport à la descendance a évolué chez certains couples palestiniens qui maîtrisent et limitent leur fécondité (Courbage, Todd 2007) ; la diminution de la taille des familles semble exacerber la préférence pour les garçons, comme cela a déjà été souligné sur d’autres terrains (Attané 2008 ; Sauvain-Dugerdil, Thiriat 2009). D’après l’enquête PCBS 2006, les femmes qui préfèrent avoir une ‘petite’ famille sont plus nombreuses à souhaiter avoir plus de garçons que de filles (42 %) que celles qui préfèrent idéalement une ‘grande’ famille (26 %) (PCBS 2006). Ainsi, le désir de maîtriser les naissances, en réduisant les chances d’avoir un garçon dans sa descendance, exacerbe la préférence pour les garçons. Il s’accompagne d’un souci de garantir au moins une naissance de garçon comme l’exige ce que nous appelons le ‘contrat procréatif’. Pour remplir ce contrat, les femmes — qui se voient traditionnellement attribuer le rôle reproductif — doivent avoir quatre enfants en moyenne et au moins un garçon.
Les Palestinien?ne?s face à la sélection sexuelle : des attitudes contrastées, une demande tournée vers l’équilibre familial
36Si la nécessité d’avoir un garçon concerne l’ensemble de la population palestinienne, tous et toutes ne sont pas favorables à la sélection sexuelle ni disposé?e?s à recourir à cette pratique. Les attitudes sont contrastées selon les caractéristiques sociodémographiques et le sexe. En tant que responsables du ‘travail reproductif’, ce sont les femmes qui subissent les pressions si le couple n’a toujours pas eu de fils.
37Certaines étaient plutôt favorables à cette méthode qui permet de limiter les grossesses multiples pour tenter d’avoir un garçon.
Je pense que c’est un peu comme faire de l’agriculture (al-zir??a). C’est comme si tu prenais une graine d’un côté et une autre graine de l’autre et tu fais tes petites plantations et, en gros, tu choisis la fleur que tu préfères […]. Si on peut choisir, c’est une bonne chose. Je ne vais pas faire sept filles pour essayer d’avoir un garçon ; je ne cautionne pas ça ! C’est mieux de choisir.
39Un parallèle peut être fait avec les travaux de Marie-Angèle Hermitte sur l’avortement lorsqu’elle remarque que :
Si l’enfant, une fois né, n’a pas de place suffisante dans son environnement social, alors l’avortement a toujours été considéré comme la moins mauvaise solution pour lui, pour la femme, pour le corps social.
41L’auteure explique également que le pouvoir d’avorter est étroitement encadré socialement par des instances extérieures, malgré la légalisation. De façon similaire, même si la sélection prénatale n’est pas interdite en Palestine, ceux qui veulent y recourir ont parfois du mal à assumer leur volonté d’avoir un garçon, car cela peut être considéré comme contraire à certaines valeurs culturelles et religieuses.
Je me suis renseignée pour ça [la sélection sexuelle], mais je ne veux pas qu’après les gens disent que ce que j’ai fait c’est mal […] que ce n’est pas à moi de décider le sexe de mon enfant […] que ça veut dire que je préfère les garçons aux filles. J’ai déjà deux filles et je les adore, ce n’est pas que je préfère les garçons.
43Pour autant, dans l’islam c’est l’ange envoyé par Dieu qui assigne à l’enfant son sexe ; celui-ci ne peut en aucun cas relever d’une décision humaine (Fortier 2007). Ainsi, certaines enquêtées expliquent que, quoi que l’on fasse, le sexe de l’enfant dépend de la volonté divine :
Tu auras toujours ce que Dieu a choisi ! Même s’il y a une technologie qui intervient, si Dieu ne veut pas, tu n’auras pas de garçon. Et si le garçon vient, peut-être qu’il mourra très vite, de maladie ou d’autre chose. Si Dieu ne veut pas que tu aies de garçon, tu n’en auras pas !
45Comme le souligne Isabelle Attané dans le cadre de la Chine (Attané 2008), ce ne sont pas nécessairement les personnes les moins éduquées et les plus attachées aux valeurs communautaires de type traditionnel qui ont recours à la sélection sexuelle. En effet, en Palestine, ce sont les femmes de statut socioéconomique relativement élevé qui ont davantage recours à la sélection sexuelle ou qui se montrent les plus disposées à ‘passer à l’acte’. Tout d’abord, le coût d’accès aux techniques prénatales de sélection sexuelle demeure important et si certain?e?s Palestinien e s bénéficient d’une sécurité sociale d’entreprise, ni la sélection prénatale ni même la PMA ne sont prises en charge par celle-ci. De ce fait, dans la majorité des cas, ce sont des couples issus de la classe moyenne qui en font la demande. Pour autant, certain e s praticien ne s rencontré e s ont évoqué le cas de couples pauvres qui ont vendu des parcelles de terre pour s’assurer une descendance masculine. Ensuite, ce sont les femmes dotées d’un capital social et culturel relativement élevé qui, pour le moment, sont les plus nombreuses à passer de la préférence genrée à la pratique discriminatoire.
46De façon générale, lorsqu’il existe une demande de sélection sexuelle, elle émane de couples ayant déjà plusieurs enfants du même sexe et qui souhaitent un enfant supplémentaire, si tant est qu’il soit bien de l’autre sexe. Ce phénomène a été plus largement documenté dans d’autres contextes (Robertson 2003 ; Landau 2008 ; Al-Akour et al. 2009). En revanche, les Palestinien?ne?s préfèrent s’en remettre au « choix de Dieu » pour leur premier-né. Ainsi, la demande des couples se tournerait davantage vers « l’équilibre familial », c’est-à-dire avoir des garçons et des filles (Sauer 2004). Néanmoins, la notion « d’équilibre familial » peut être nuancée car ce désir s’exprime quasi exclusivement si le sexe « manquant » est masculin. Autrement dit, un couple se contente très bien d’une famille composée uniquement de garçons ; ce n’est que dans le cas contraire que l’intérêt pour la notion d’équilibre familial est manifesté.
47Finalement, en Palestine, l’accessibilité et la performance de ces méthodes renforcent l’injonction à avoir un garçon pour « faire famille ». Puisque la société considère que sans garçon l’on ne peut devenir une famille complète et épanouie, il convient de tout faire pour en avoir un. Autrement dit, les avancées en matière économique et sociale sont des moteurs de la réduction de la taille de la famille, mais ne constituent pas une condition suffisante pour changer un système de préférence pour les garçons, exacerbé par la baisse de la fécondité et l’accès aux technologies du choix du sexe.
48* * *
49En Palestine aujourd’hui, la possibilité de choisir le sexe de son enfant par des techniques de sélection prénatale disponibles et performantes rencontre une demande : celle de s’assurer une naissance de garçon, dans une société où le ‘contrat procréatif’ fixé aux femmes est d’avoir au moins un fils.
50En dépit de l’absence de réglementation formelle en Palestine autour de ces pratiques de sélection sexuelle, nos résultats soulignent la présence d’une régulation informelle complexe et multiforme. Le rôle du médecin est essentiel puisqu’il décidera, selon un certain nombre de critères qu’il s’est lui-même fixé, si le couple a légitimité ou non de satisfaire son désir de choisir le sexe de l’enfant, brouillant ainsi la frontière entre jugement légal et moral. La décision finale relevant alors d’un arbitrage individuel ou du moins individualisé. Ce glissement est le reflet d’un des problèmes récurrents dans ce pays : celui du manque de législation lié à l’absence d’État.
51Nos résultats invitent également à questionner l’existence, au sein de l’espace israélo-palestinien, de ‘déplacements reproductifs’ qui, sans avoir l’ampleur des ‘exils reproductifs’ décrits ailleurs pour la procréation médicalement assistée (Pulman 2010), doivent être mis en exergue dans un espace où la circulation est contrainte. La possibilité pour certain?e?s Palestinien e s d’Israël de venir en Cisjordanie pour choisir le sexe de leur enfant ajoute une autre dimension — transfrontalière — pour caractériser le système d’offre et de demande de sélection sexuelle palestinien.
52Pour finir, il est nécessaire de s’interroger sur les conséquences et l’évolution de la sélection sexuelle dans la société palestinienne. On n’observe pas de déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance comme cela a été observé dans certains pays d’Asie ou du Caucase (Allahbadia 2002 ; Dahl et al. 2003 ; Van Balen, Inhorn 2003 ; Guilmoto 2010). En effet, le nombre d’enfants par femme reste assez élevé en Palestine pour que la probabilité d’avoir au moins un garçon soit importante sans recours à la sélection prénatale. Par ailleurs, l’absence de recours à l’avortement sexo-sélectif pratiqué notamment en Asie (Sauvain-Dugerdil, Thiriat 2009), limite l’éventail des méthodes disponibles et, de ce fait, l’ampleur du phénomène. La sélection sexuelle ne se traduit donc pas à ce jour sous forme de déséquilibre sociodémographique. Pour autant, ce phénomène pourrait aller en s’amplifiant. En effet, une demande, potentiellement accrue par une baisse en cours de la fécondité, rencontre une offre qui s’étend sans être légalement régulée. Il apparaît donc essentiel pour les pouvoirs publics, malgré les difficultés qu’ils rencontrent, de statuer rapidement sur cette question en mettant en place un système de régulation faisant autorité auprès des médecins comme des patient e s.
53Enfin, le recours à cette pratique est un phénomène inquiétant car il signe des attitudes discriminatoires à l’égard des femmes, comme cela a été souligné dans d’autres travaux (Fathalla 2000 ; Dahl et al. 2003 ; George 2006). La sélection du sexe confère un ordre de préséance à l’identité masculine au détriment de la valeur féminine. En rendant possible le choix du sexe de l’enfant, la sélection prénatale renforce l’injonction à avoir un garçon pour ‘faire famille’, confortant ainsi la domination de genre et la pression exercée sur les femmes dans la société palestinienne.
Notes
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[1]
Les auteures expriment leur gratitude à Michèle Ferrand et Agnès Guillaume pour leurs commentaires sur les premières versions de ce document. Les vues exprimées ici n’engagent que les auteures.
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[2]
En Palestine, la première fiv a été réalisée en 1995 par le Razan Medical Center.
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[3]
D’après les données disponibles sur le site du Palestinian Central Bureau of Statistics (pcbs) – Institut statistique de l’autorité palestinienne :
www.pcbs.gov.ps/site/881/default.aspx#Population -
[4]
Voir à ce sujet le compte rendu de la journée scientifique Sex Selection: From Asia to Europe. www.ceped.org/?Sex-Selection-from-Asia-to-Europe,1022
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[5]
Les entretiens ont été menés par Sarah Memmi.
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[6]
La traduction a été réalisée par une Palestinienne originaire du Nord d’Israël, titulaire d’une licence de travail social ainsi que d’une licence de traductrice anglais/arabe.
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[7]
13 238 ménages ont répondu aux questionnaires, dont 8 781 en Cisjordanie et 4 457 dans la Bande de Gaza. Cette enquête comprend un volet sur la santé sexuelle et reproductive qui s’adresse aux femmes mariées de 15 à 54 ans (N=5 542).
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[8]
La préférence pour un sexe ou l’autre a été quantifiée à partir des réponses aux questions : « Si vous pouviez choisir exactement le nombre d’enfant souhaité, combien ce serait ? » et « Parmi ces enfants, combien souhaiteriez vous de garçons ou de filles ? »
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[9]
Le prix est dix fois plus élevé aux États-Unis où la probabilité de succès est la même. Par ailleurs, le salaire moyen en Cisjordanie est de 630 us$ par mois en 2010.
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[10]
Le quotidien palestinien Maan News a révélé ce fait divers en avril 2011 : cette palestinienne a été tuée par son mari alors qu’ils venaient d’apprendre que sa cinquième grossesse serait une petite fille.
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[11]
La population palestinienne est largement musulmane sunnite avec des minorités chrétiennes (moins de 2 % recensés en 2008).
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[12]
Cette réunion était la troisième organisée par le Centre de recherche sur les questions de la reproduction et des juristes, praticiens, chercheurs, représentants de comités religieux y participaient. La première, réalisée en 1991, portait sur la reproduction et l’éthique ; la seconde, en 1997, évoquait les traitements de l’infertilité.
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[13]
Il s’agit d’un avis juridique donné par un spécialiste de la loi islamique (mufti) sur une question particulière, lorsque celle-ci ne figure pas dans le Coran. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d’un individu ou d’un juge pour régler un problème auquel la jurisprudence islamique n’a pas encore répondu ou ne permet pas de trancher.
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[14]
Pour une version anglaise, voir la fatwa n° 3512 de Dar-El Ifta, consultée le 15/10/11 :
www.dar-alifta.org/ViewFatwa.aspx?ID=3512&text=children%20sex&Home=1&LangID=2 -
[15]
Un désaccord existe chez les rabbins en ce qui concerne le nombre et le sexe des enfants à mettre au monde pour satisfaire le commandement divin. Pour l’école Beit Shamai, il faut avoir au moins deux fils comme Moïse, tandis que l’école Beit Hillel prône la naissance d’une fille et d’un garçon en référence à Adam et Ève.
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[16]
Sur ces questions, voir : Ministry of Health, Director General Circular [the procedure for selecting the embryo’s sex through preimplantation genetic diagnosis] :
http://abush.health.gov.il/download/forms/a2692_mk21_05.pdf, Article disponible le 15 mai 2011. -
[17]
Ce comité comprend un psychologue, des biologistes et physiciens spécialisés dans la génétique, un travailleur social, un juriste, un gynéco-obstétricien et un représentant religieux.
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[18]
En 2008, 13 avaient été acceptées, 75 refusées et les autres toujours en cours de traitement.