CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Si le mot ‘genre’ ne s’est répandu que récemment dans l’espace médiatique, s’il arrive encore que des chercheuses féministes s’étonnent de son usage en France, force est de constater que le concept est désormais ancien, massivement utilisé et de façon indiscutée par un nombre grandissant de spécialistes des études qui portent aujourd’hui son nom. Progressivement adopté en français à partir des années 1990, le terme sert souvent à renommer des concepts des années 1970-80 (‘rapports sociaux de sexe’, ‘patriarcat’, ‘domination masculine’, etc.). Pour autant, le recours au terme ‘genre’ n’équivaut pas aux formulations antérieures des études féministes. Revenir à l’histoire des définitions et aux débats qu’elles ont engendrés s’avère indispensable pour saisir la polysémie du mot ‘genre’, ainsi que les éventuels malentendus et désaccords que suscite son usage.

2Dès lors, il n’est pas question dans ce dossier, ou pas uniquement, de faire un état des lieux des recherches passées ou en cours. Le propos n’est pas d’isoler ce qui n’avait « jamais été pensé auparavant », mais plutôt de restituer l’histoire des concepts et des usages, pour s’efforcer d’en cerner certaines particularités contemporaines. Jeter un regard rétrospectif sur ce qui s’est fait au cours des quarante dernières années afin de comprendre ce qui se fait aujourd’hui et d’entrevoir des perspectives à venir.

3L’objectif n’est pas non plus de « rompre » avec le passé. La rupture épistémologique était conçue comme un impératif des études féministes des années 1970-80 (Delphy 1975, p. 61-67 ; Fraisse 1982, p. 683-685 ; Varikas 2006, p. 40-42) qui se fondaient sur la critique d’analyses androcentrées et s’appliquaient à révéler la cécité (et la position de pouvoir) des penseurs consacrés. Si elle n’est pas absente des travaux contemporains, cette démarche n’est plus centrale aujourd’hui, c’est pourquoi ce dossier revient plutôt sur les productions accumulées au fil du temps de manière critique. L’‘année zéro’ appartient à un passé (mythique) un peu lointain et il est utile de tenir compte des reconfigurations de la réalité sociale du genre depuis les années 1970 (des évolutions, des permanences, des reproductions), mais aussi des changements intervenus dans les débats sur les façons de définir le concept (ainsi que des non-débats, des impensés, des impensables).

4Notre contribution fait suite à deux dossiers des Cahiers du genre consacrés à « la pluralité des féminismes » (Fougeyrollas-Schwebel, Varikas 2006) et à leurs « recompositions et mutations » (Fougeyrollas-Schwebel, Lépinard, Varikas 2005). L’accent portera cette fois sur la production des concepts au sein d’institutions académiques et éditoriales : bien que ces dernières soient plus ou moins liées aux mouvements féministes, elles suivent aussi des dynamiques qui leur sont propres. On s’intéressera donc ici à des textes académiques et à leurs auteur·e·s, aux maisons d’éditions et aux revues scientifiques qui les ont publiés.

5Nous avons mis l’accent sur la sexualité, la race, la dimension postcoloniale, l’adoption généralisée — avec des acceptions diverses — du terme ‘genre’ parce que ce sont des éléments désormais structurants dans les théories féministes françaises. Le choix des textes publiés tient également à leurs proximités avec nos propres recherches : le travail, la citoyenneté, la sexualité, l’approche sociologique. Dans la mesure où ils portent sur des contextes donnés, leur portée explicative est limitée — à certains pays, certaines disciplines, certain?e?s auteur?e?s — au détriment d’autres.

Une histoire de mots

6Le dossier s’ouvre sur un entretien croisé entre Oristelle Bonis, Cynthia Kraus et Gail Pheterson qui ont usé de terminologies variées, au fil des ans, pour transposer la notion de gender anglo-américain dans le contexte français. La première, traductrice professionnelle et éditrice, est notamment connue pour avoir contribué à mettre à disposition du public francophone le texte de Kimberlé Crenshaw sur l’intersectionnalité (2005 [1994]), Des singes, des cyborgs et des femmes de Donna Haraway (2008 [1991]) et une anthologie du Black feminism (Dorlin 2008) — qu’elle a coéditée en tant que codirectrice de l’ancienne collection « Bibliothèque du féminisme », et dont elle a co-traduit des textes. La seconde, philosophe travaillant en Suisse, a traduit Gender Trouble, entre autres textes de Judith Butler (2005 [1990]), et nous offre un regard francophone formé hors de France favorisant l’analyse des traditions de pensée en fonction de leur contexte national (voir aussi Kraus 2005). La troisième est une psychologue d’origine états-unienne, travaillant en France, elle-même régulièrement traduite en français et ayant collaboré avec Nicole-Claude Mathieu à la traduction du texte fondateur de Gayle Rubin sur les « systèmes de sexe/genre » (2010 [1975]). Leurs trois points de vue sont inscrits dans des métiers, des générations et des moments spécifiques dont la confrontation permet de révéler une histoire des pratiques de traduction ainsi qu’un ensemble de questions, rarement formulées. Celles-ci concernent les délais d’introduction de certains textes en France (avec les conséquences qui en découlent sur les choix de traduction) et les controverses que leur publication occasionne lorsqu’ils entrent en collusion avec les problématiques ‘nationales’. Sont également évoqués les mots tabous, ceux qui sont intraduisibles, et les multiples facettes des réticences théoriques, politiques, disciplinaires et linguistiques, que certaines de nos interlocutrices ont pu nourrir à l’égard de l’introduction du gender en français — ou qu’elles continuent à avoir.

7La traduction pose notamment la question du choix lexical pour être fidèle au fond et au ton, car il est des mots à première vue proches qui recouvrent en réalité des polysémies différentes. On retrouve cette idée dans le second article du dossier : Sarah Bracke et María Puig de la Bellacasa expliquent préférer traduire feminist standpoint par ‘positionnement’ plutôt que par ‘point de vue’ féministe afin de ne pas « diluer l’intensité contenue dans le terme standpoint qui suggère la résistance, l’opposition, l’adoption d’une attitude, la prise de position » (Bracke, Puig de la Bellacasa, p. 48, note 3).

8En matière de concept, la création peut aller jusqu’au néologisme : il n’est plus alors question de résoudre l’intraduisible mais de rendre compte, par un mot inédit, de ce qui apparaît comme une nouvelle réalité sociale. C’est le cas de ‘l’homonationalisme’ forgé par Jasbir Puar. La publication, dans ce numéro, d’une partie de l’introduction à son célèbre Terrorist Assemblages vient compléter la traduction d’autres extraits du même ouvrage parus récemment aux éditions Amsterdam (Puar 2012 [2007]). Ses propos sur la construction de la nation, l’instrumentalisation de l’homosexualité à des fins de domination géopolitique et, plus largement, raciale, intéresseront à n’en pas douter la lectrice ou le lecteur francophone. Ce qui nous a frappées dans ce texte et nous a conduites à l’inclure dans ce dossier, ce n’est pas seulement l’analyse critique du discours nationaliste sur l’exception états-unienne : c’est aussi, et d’abord, la critique que Puar adresse aux théoriciennes queer lorsque ces dernières « effacent », selon elle, l’enjeu racial que recouvre cette instrumentalisation. Sa critique ne s’en prend pas seulement aux discours des politiques et des militaires de son pays. Elle s’adresse à son monde académique, « progressiste », et particulièrement aux féministes, pour mettre au jour certains de leurs impensés. Par là même, elle nous rappelle que les théories queer, trop souvent présentées en France comme des inventions récentes, ont en réalité une histoire désormais relativement ancienne. Elles n’incarnent pas un bloc homogène, composé des quelques auteures traduites en français au cours des dix dernières années : elles font l’objet de débats et de controverses, désormais partie intégrante du corpus critique des théories féministes.

9Ces deux derniers textes sont des textes épistémologiques qui ne se contentent pas d’interroger les idées : ils interrogent aussi leurs porte-parole et les différents contextes dans lesquels ces idées ont été produites. Ainsi, lorsque Puar révèle les impensés des discours progressistes, elle met en lien des écrits théoriques, des auteur?e?s, des associations de défense des droits lgbtq, dans différents pays, en fonction de contextes différenciés.

Une histoire de personnes, de structures et d’institutions

10Contribuer à une enquête à la fois historique et sociologique sur la façon dont le genre a été conceptualisé est au cœur de ce numéro. Cela suppose non seulement de reconstituer les généalogies de pensée, mais de donner à voir les acteur?trice?s et les institutions qui les portent, les font exister, et parfois les contrarient (Chapoulie 2005). Il ne s’agit pas de présenter les études féministes comme un domaine scientifique établi mais de penser leur constitution dans leur contexte social, intellectuel et politique, les provenances et les métamorphoses des objets, les luttes qui aboutissent à la domination d’une perspective sur d’autres (Pestre 2006). Depuis l’article de Rose-Marie Lagrave (1990) sur l’entrée des études féministes à l’université ou depuis le numéro de la revue clio consacré à « l’histoire des femmes en revues France-Europe » (Thébaud, Zancarini-Fournel 2002), rares sont les comptes rendus qui se présentent explicitement comme des analyses sociologiques ou historiques de la production féministe. Ceci dit, les témoignages commencent à poindre, au gré d’entretiens qui constituent aujourd’hui des formats récurrents dans plusieurs revues centrées sur le genre (cf. Les Cahiers du cedref ; les Cahiers du genre ; Travail, genre et sociétés ; Genre, sexualité et société). De plus en plus de préfaces reviennent sur l’ensemble de carrières de recherche (e.g. Delphy 2001 ; Kergoat 2012) ainsi que quelques exposés « situés » de la part de chercheuses plus jeunes (e.g. Bereni 2012). C’est à partir de ce type de matériau qu’Isabelle Clair s’est efforcée de reconstituer un débat — sur l’articulation entre genre et sexualité — dont elle estime qu’il n’a jamais vraiment eu lieu dans les études féministes françaises en sciences sociales, et particulièrement en sociologie. Selon elle, ce non-débat français tient notamment à la formulation de « risques » d’inclusion de la sexualité dans la pensée du genre propres à certaines époques, durant lesquelles la promotion d’une telle pensée aurait rendu inaudible la critique vis-à-vis d’une approche psychanalytique dite ‘essentialiste’ des rapports de sexe, aurait enfermé les femmes dans des problématiques ‘féminines’, miné la constitution d’une ‘classe des femmes’ (divisée entre lesbiennes et hétérosexuelles, plus largement éparpillée entre des identités disparates et jugées secondaires) et enfin fait entrer les hommes dans le concept et ses institutions.

11De leur côté, Nicky Le Feuvre, Pierre Bataille et Laura Morend ont constitué une base de données inédite à partir des résumés et des titres d’articles publiés dans quatre revues françaises et britanniques : deux revues dites « généralistes » — Sociologie du travail et Work, Employment & Society —, et deux revues « de spécialité », c’est-à-dire consacrées exclusivement aux études genre — Travail, genre et sociétés et Gender, Work & Organizations. Leur étude montre qu’au cours des vingt-cinq années prises en considération (1987 à 2012), la revue ‘généraliste’ anglaise a publié cinq fois plus d’articles consacrés au genre que son homologue française. Un tel écart témoigne d’une ouverture de la sociologie du travail vis-à-vis de cette thématique beaucoup plus affirmée en Grande-Bretagne qu’en France. Cette différence d’approche se reflète d’ailleurs dans les objectifs que se fixent les deux revues exclusivement consacrées aux études genre : alors que l’une — Gender, Work & Organizations — entend capitaliser l’intérêt suscité par les débats sur le genre, l’autre — Travail, genre et sociétés — cherche à compenser l’invisibilité de la question dans le champ de la sociologie française. Par-delà les pratiques différenciées concernant la signature individuelle ou collective des articles parus dans les deux types de publications, le fait que l’apparition de revues consacrées à la problématique du genre ait coïncidé avec une diminution du nombre de contributions portant sur cette question dans Sociologie du travail indique à l’évidence qu’on a affaire à un processus d’institutionnalisation des études genre fort différent des deux côtés de la Manche. Aussi les spécialistes du genre disposent-elles d’infiniment plus de possibilités de valoriser leurs travaux en Grande-Bretagne qu’en France.

12Parallèlement à l’approfondissement de ce type de démarches et à l’exploitation des données disponibles, tout reste à faire : interroger non seulement les actrices et les acteurs des études genre, mais aussi leurs archives (correspondances, manuscrits, littérature grise, etc.), et celles des institutions dans et pour lesquelles ils et elles ont travaillé et continuent de le faire (rapports de laboratoires, évaluations des formations, libellés des postes de chercheur?e mis aux concours et candidat?e?s retenu?e?s, etc.).

13C’est, de manières différentes, ce à quoi répondent en partie l’entretien croisé consacré aux « translations du genre » et l’article du Groupe ‘État et rapports sociaux de sexe’. Le premier donne accès à des récits personnels et à quelques documents d’archive qui éclairent la traduction en train de se faire. Le second voit se reformer, comme se reforment les groupes musicaux, un collectif de recherche né en 1987 à l’issue du colloque international « Les rapports sociaux de sexe : problématiques, méthodologies, champs d’analyses », organisé à Paris par l’apre (Atelier – Production – Reproduction). Composé notamment d’Alisa Del Re, Arlette Gautier, Jacqueline Heinen, Jane Jenson, Bérengère Marques-Pereira et Martine Spensky (auteures de l’article que nous publions ici), le Groupe ‘État…’ a permis de donner corps à un objet alors peu débattu dans l’espace francophone par les recherches sur les rapports sociaux de sexe. Ce texte, qui présente un état des lieux de la question, offre des pistes de lecture sur les conditions dans lesquelles les trois concepts au cœur des travaux du groupe — l’État, les politiques sociales et la citoyenneté — ont émergé. Les auteures soulignent que la dimension transnationale de leur terrain d’étude les a d’emblée sensibilisées à l’importance de situer les problématiques abordées dans leurs contextes respectifs. Non seulement les réalités étudiées s’avéraient fort dissemblables selon qu’il s’agissait de l’Europe ou des Amériques, du Sud ou du Nord, de l’Ouest ou de l’Est, de régimes politiques fédéralistes ou centralisés, mais l’acception même de termes à première vue semblables différait du tout au tout. Soulignant les apories qui, du point de vue du genre, ont longtemps marqué les analyses sur l’État dans les divers champs des sciences humaines, cet article évoque les déplacements opérés dans la réflexion depuis vingt-cinq ans — à la fois en raison des changements intervenus dans la réalité politique, économique et sociale, des changements d’approche dus aux mouvements porteurs de revendications nouvelles en termes de droits et des apports conceptuels qui en ont découlé.

Une histoire sans fin

14À l’heure où le ‘genre’ se diffuse au-delà d’un cercle restreint — pour le meilleur comme pour le pire —, retracer l’histoire du concept et en faire l’objet d’une enquête sociologique s’avère des plus nécessaires. Mais un tel travail et, partant, ce numéro s’exposent à des objections de la part des spécialistes qui risquent de ne pas se retrouver dans les propos émis. Les objectivations du passé entrent souvent en conflit avec les récits personnels et collectifs. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un microcosme qui s’est construit (et maintenu) contre des tentatives répétées de le réduire au silence — la crainte étant que toute critique interne sape l’unité, vienne casser les rangs. Nous pensons au contraire qu’une démarche réflexive ne peut que conforter les arguments féministes en prolongeant une discussion jamais achevée et armer un domaine d’études contre la critique de mauvaise foi, et surtout contre les coups de boutoir antiféministes. Ainsi que l’écrit Puig de la Bellacasa, dans un texte publié ailleurs :

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Une des forces de la formule ‘le personnel est politique’ est d’inciter à demeurer à l’écoute des devenirs qui s’enclenchent dans le partage des morceaux d’existences que l’on fait taire, d’inviter à ne pas perdre de vue dans la construction des positions les pièges de leur normalisation / naturalisation. […] Si la perspective féministe, sujet de savoir et sujet politique, permet de montrer l’imposture des points de vue venant de ‘nulle part’, ses positionnements politiques et théoriques tentent, eux, de se présenter comme situés et partiels — sans automatiquement perdre leur pertinence. La vivacité des débats théoriques dans le féminisme témoigne d’une résistance à la normalisation, de la nécessité de ne rien donner pour acquis : aucune position de minorité ne garantit un devenir-minoritaire.
(Puig de la Bellacasa 2003, p. 42)

16Aussi les pistes proposées dans ce numéro sont-elles les pistes d’une histoire sans fin — mais aussi sans finalité préétablie. Une telle posture apparaît dans plusieurs des textes regroupés ici, avec la remise en cause d’une vision téléologique du féminisme et de ses théories. Citant Harriet Silius (2002), Le Feuvre, Bataille et Morend soulignent la « dépendance au sentier » (path dependency) qui caractérise la diffusion et l’institutionnalisation de la notion de genre. On ne peut saisir la complexité des études qui s’y rapportent si l’on s’en tient à une optique linéaire selon laquelle telle étape succèderait à telle autre. De son côté, Isabelle Clair met en garde contre l’idée qu’intégrer la sexualité dans l’approche sociologique du genre aurait nécessairement une dimension progressiste : contrer la stigmatisation dont souffrent les recherches sur les sexualités dans la sociologie en général et dans les études féministes — a fortiori lorsqu’elles engagent une réflexion sur l’articulation entre genre et sexualité — devrait, selon elle, être à l’agenda des études genre françaises mais ne revient pas à énoncer la seule problématisation désormais pertinente. La référence, dans le texte de Puar et dans celui de Bracke et Puig de la Bellacasa, à Saba Mahmood et à sa remise en cause de toute téléologie de la modernité, élargit encore la question [1] : toute définition d’un « chemin unique » (Puar p. 160) vers la libération (des femmes, des queers), vers le progrès, comprise dans les discours nationalistes ou dans certains discours féministes, est un piège qui tend à rendre inaudibles certaines voix, à exclure de la réflexion et de la solidarité une pluralité d’expériences pensées dès lors comme « autres » (non blanches, pieuses, etc.).

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18Le dossier est complété par deux articles « hors-champ » qui mettent au jour la réalité de femmes déterminées à faire reconnaître leurs droits. Celui de Virginie Vinel repose sur une enquête par entretiens biographiques auprès de femmes qui, dans les années 1970, se sont engagées aux niveaux syndical et politique dans un bastion masculin : la sidérurgie. Le recueil de parcours biographiques articulant engagement public et organisation de la vie privée est l’occasion de rendre visibles des formes et des femmes d’action habituellement passées sous silence par la science politique, l’histoire et la sociologie françaises. L’article de Manuela Lavinas Picq nous fait quant à lui traverser les mers pour rendre compte de l’action politique d’autres femmes, là encore de façon très localisée : des Amérindiennes, situées à l’intersection de rapports de race et de sexe, entre droit international, justice ordinaire (nationale) et justice indigène. L’analyse minutieuse de leurs stratégies pour faire valoir leurs droits révèle une réalité peu connue ; elle éclaire aussi la mécanique complexe selon laquelle les normes internationales en matière de genre sont concrètement mises en application dans des pays où prévaut le « pluralisme juridique ».

Notes

  • [1]
    Rappelons que l’ouvrage de Mahmood (2009 [2005]) est désormais accessible en français.

Références

  • Bereni Laure (2012). « Une nouvelle génération de chercheuses sur le genre. Réflexions à partir d’une expérience située ». Contretemps, rubrique « Interventions », en ligne : www.contretemps.eu/interventions/nouvelle-génération-chercheuses-sur-genre-réflexions-partir-expérience-située-0
  • Butler Judith (2005 [1990]). Trouble dans le genre. Pour un féminisme de la subversion. Paris, La Découverte (trad. fr. Cynthia Kraus).
  • En ligneChapoulie Jean-Michel (2005). « Un cadre d’analyse pour l’histoire des sciences sociales ». Revue d’histoire des sciences humaines, n° 13.
  • Crenshaw Kimberlé W. (2005 [1994]). « Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur ». Cahiers du genre, n° 39 (trad. fr. Oristelle Bonis).
  • Delphy Christine (1975). « Pour un féminisme matérialiste ». L’Arc, n° 61. Réédition plus accessible : Delphy Christine (2009 [2001]). « Pour un féminisme matérialiste ». L’ennemi principal. 1. Économie politique du patriarcat. Paris, Syllepse « Nouvelles questions féministes ».
    — (2001). L’ennemi principal. 2. Penser le genre. Paris, Syllepse.
  • Dorlin Elsa (ed) (2008). Black feminism. Anthologie du féminisme africain-américain, 1975-2000. Paris, L’Harmattan « Bibliothèque du féminisme » (trad. fr. Anne Robatel, Oristelle Bonis, Magali C. Calise, Jules Falquet, Catherine-Léa Auffret, Meghann Cassidy, Elsa Dorlin).
  • En ligneFougeyrollas-Schwebel Dominique, Lépinard Éléonore, Varikas Eleni (eds) (2005). « Féminisme(s). Penser la pluralité ». Cahiers du genre, n° 39.
  • En ligneFougeyrollas-Schwebel Dominique, Varikas Eleni (eds) (2006). « Féminisme(s). Recompositions et mutations ». Cahiers du genre, hors-série.
  • Fraisse Geneviève (1982). « Sur l’utilisation du concept de ‘rupture épistémologique’ dans le champ des recherches féministes ». Actes du colloque « Femmes, féminisme et recherches », Toulouse. Désormais disponibles en ligne : http://w3.msh.univ-tlse2.fr/arpege/spip.php?article90
  • Kergoat Danièle (2012). Se battre, disent-elles… Paris, La Dispute « Le genre du monde ».
  • En ligneKraus Cynthia (2005). « Anglo-American Feminism made in France : crise et critique de la représentation ». Cahiers du genre, n° 38.
  • En ligneLagrave Rose-Marie (1990). « Recherches féministes ou recherches sur les femmes ? » Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 83.
  • Mahmood Saba (2009 [2005]). Politique de la piété. Le féminisme à l’épreuve du renouveau islamique. Paris, La Découverte « Textes à l’appui / genre et sexualité » (trad. fr. Nadia Marzouki).
  • En lignePestre Dominique (2006). Introduction aux Science Studies. Paris, La Découverte « Repères ».
  • Puar Jasbir K. (2012 [2007]). Homonationalisme. Politiques queer après le 11 septembre. Paris, Éd. Amsterdam (trad. fr. Judy Minx et Maxime Cervulle).
  • En lignePuig de la Bellacasa María (2003). « Divergences solidaires. Autour des politiques féministes des savoirs situés ». Multitudes, vol. 2, n° 12.
  • Rubin Gayle (2010 [1975]). « Le marché aux femmes. ‘Économie politique’ du sexe et systèmes de sexe/genre ». In Rubin Gayle. Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe. Paris, Epel (trad. fr. Nicole-Claude Mathieu et Gail Pheterson).
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  • Thébaud Françoise, Zancarini-Fournel Michelle (eds) (2002). « L’histoire des femmes en revue France-Europe. Regards contemporains ». clio. Histoire, femmes et sociétés, n° 16.
  • Varikas Eleni (2006). Penser le sexe et le genre. Paris, puf.
Isabelle Clair
Isabelle Clair est sociologue, chargée de recherche au cnrs, au sein de l’équipe Genre, Travail, Mobilités du cresppa (umr 7217, cnrs, Université Paris 8). Elle travaille sur l’entrée dans la sexualité et la conjugalité des jeunes. Elle a notamment publié :
— (2008). Les jeunes et l’amour dans les cités. Paris, Armand Colin « Individu et société ».
— (2012). Sociologie du genre. Paris, Armand Colin « 128 ».
Jacqueline Heinen
Jacqueline Heinen est professeure émérite de sociologie à l’Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle travaille sur les politiques sociales en Europe de l’Est et de l’Ouest. Elle a publié récemment :
— (2011). “Gender, Family Policies and Democracy in Eastern Europe after 1989”. In Bonvin Jean-Michel et al. (eds). Transforming Gendered Well-Being in Europe: The Impact of Social Movements. London, Ashgate.
— (2012). Religion et politique : les femmes prises au piège (avec Sharah Razavi) (eds). Cahiers du genre, hors-série.
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 11/06/2013
https://doi.org/10.3917/cdge.054.0009
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