CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Dans son analyse de la formation et de l’évolution des institutions, Douglass North (1990 ; 2005) s’est inscrit clairement dans une perspective de rationalité limitée (Simon, 1982) afin de mettre en évidence les dimensions psychologiques et sociales des choix des individus. Dans son ouvrage sur Le processus de développement économique, North (2005) tente de saisir les interactions entre les processus cognitifs, la formation des croyances et les institutions. Son schéma est, en simplifiant, « bi-directionnel » (Ambrosino et Fiori, 2018) : les croyances orientent les actions des individus et jouent sur les institutions et, en retour, celles-ci modifient les croyances individuelles. Dans ce schéma, les institutions sont conçues comme des régularités de comportements et des routines qui sont partagées au sein d’une population. Ce n’est cependant que parce que les institutions sont ancrées dans les esprits des individus qu’elles peuvent être adaptées et opérationnelles. C’est ce qui fonde, selon Mantzavinos et al. (2004), la singularité et l’originalité de l’approche cognitive des institutions.
Au cœur de la démarche se trouve donc un système de croyances individuelles déterminées par des modèles mentaux (Denzau et North, 1994, Denzau et al., 2016). Ces modèles, hérités du passé, transmis d’une génération à une autre, conditionnent la vision du monde des individus ainsi que leur processus d’apprentissage. Roy et Denzau (2020) ont mis en évidence récemment la grande portée de ce modèle cognitif initialement présenté dans l’article séminal de Denzau et North (1994) et qui a acquis rapidement une grande notoriété dans le monde académique (l’article ayant été cité plus de 3100 fois)…

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L’analyse néo-institutionnelle, et en particulier celle de Douglass North, a tenté de revenir sur les fondations micro des institutions. Les développements analytiques que proposent North et ses collègues se focalisent sur le rôle des modèles mentaux. Ils suivent cependant le tournant cognitiviste des sciences sociales et délaissent les émotions. L’article porte sur les apports de la pensée philosophique de John Dewey à une conception institutionnelle qui intègre la dynamique des émotions pour enrichir la conception de l’action et l’analyse du lien entre les institutions et l’individu.

Mots-clés

  • Emotions
  • institutionnalisme
  • Dewey
  • North
Jérôme Ballet [1]
  • [1]
    Fonds pour la recherche en éthique économique et Université de Bordeaux, jballetfr@yahoo.fr.
Emmanuel Petit [2]
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Mis en ligne sur Cairn.info le 16/01/2023
https://doi.org/10.3917/cep1.082.0169
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