CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Depuis les années 1980 – d’abord dans les pays anglo-saxons, puis progressivement dans le reste du monde –, les décideurs publics convoquent la recherche dans le but d’administrer au mieux les politiques de soin (DeLeon, 1988). Pour le champ de la santé mentale, leur demande d’expertise se concentre sur la question de l’efficacité des différents traitements psychothérapiques (Klerman, 1983 ; Newman et Howard, 1986). Or l’évaluation des pratiques implique de disposer d’outils de mesure adéquats (Strupp, 1986). C’est pourquoi, un champ de recherche dédié s’est progressivement constitué, centré sur la discussion des méthodes d’évaluation elles-mêmes, en amont des résultats qu’elles produisent.
Aujourd’hui, si l’objectif de « bonne gouvernance » du soin psychique fait consensus chez les chercheurs psychiatres et psychologues, les moyens mis en œuvre pour y arriver sont, en revanche, encore largement discutés (Norcross, Beutler, Levant, 2005). À l’exactitude des protocoles inspirés des sciences expérimentales, on oppose – du côté des plus cliniciens – la vérité circonstanciée des évaluations thérapeutiques in situ. Aux données pertinentes du terrain clinique, on oppose – du côté des plus expérimentateurs – le manque de protocolisation et de quantification des résultats, faisant obstacle aux opérations statistiques de comparabilité (Garfield, 1992).
Évaluer l’efficacité des différentes thérapies a soulevé une série de débats. Les choix méthodologiques mobilisent implicitement (chez les chercheurs concernés) des positions éthiques, politiques et scientifiques, relevant de décisions qu’il est nécessaire de pouvoir questionner (Visentini, 2017)…

Français

Cet article prend place dans le champ controversé des recherches sur les méthodes d’évaluation des psychothérapies – et plus particulièrement de la psychanalyse. Inspiré par les Science Studies et une approche réflexive sur les pratiques, il propose de dégager les principes d’un modèle intégratif permettant de rendre compte des résultats de la thérapie psychanalytique (son efficacité mesurable), en faisant place à l’appréciation (plus qualitative) de l’efficience singulière des processus en jeu. Que la psychanalyse soit une pratique du cas par cas – c’est-à-dire d’in-équivalence et d’inattendus – et qu’elle mobilise donc au plus haut point l’unicité du cas pour être efficace (contrairement à d’autres types de thérapies) ne l’empêche pas d’être évaluable, sauf à distinguer et stratifier différents niveaux épistémiques de l’évaluation.

Guénaël Visentini
Centre de recherche Psychanalyse, médecine et société (CRPMS – EA 3522), Université de Paris, France.
Correspondance : Visentini Guénaël, Centre de recherche Psychanalyse, médecine et société, Bâtiment Olympe de Gouges, 8 rue Albert Einstein, 75013 Paris, France.
Adrien Blanc
Laboratoire de recherche Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse (PCPP, EA 4056), Institut de psychologie, Université de Paris, Paris, France.
Laurie Laufer
Centre de recherche Psychanalyse, médecine et société (CRPMS – EA 3522), Université de Paris, France.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 04/11/2020
https://doi.org/10.3917/bupsy.569.0255
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