1Près de quarante ans après les premières réformes qui ont permis à la Chine de se hisser, en peu d'années, au rang de 2e puissance économique mondiale [1], la croissance de son économie montre des signes d'essoufflement [Banque mondiale, 2012]. Or, cette nouvelle conjoncture coïncide avec la fin de son dividende démographique, caractérisé par une réduction de la part des personnes d'âge actif et donc par une hausse des rapports de dépendance [2], à même de contribuer à une décélération de sa croissance économique [Cai, 2010]. En parallèle, la Chine est entrée dans une phase de vieillissement démographique rapide corollaire de la baisse spectaculaire de la fécondité amorcée au début des années 1970 , qui souligne la nécessité d'une généralisation d'un système de retraite performant. À cette conjonction de tendances, s'ajoutent divers problèmes sociaux liés, en grande partie, aux inégalités socioéconomiques croissantes entre les différentes franges de la population et au démantèlement progressif de l'État-providence instauré au début des années 1950, qui fragmentent la société [Zheng, Tok, 2007].
2La Chine se trouve donc à un moment charnière à la fois de son développement et de son évolution démographique, qui nécessite de nouvelles réformes tant économiques [Banque mondiale, 2012] que sociales [Attané, 2016a ; Cai, Wang, 2005]. Dans un premier temps, cet article se fonde sur les projections démographiques de la Division de la population des Nations Unies [UN WPP, 2015] pour décrire les principales transformations de la population chinoise d'ici le milieu du siècle, même si, bien entendu, demeure une marge d'erreur inhérente à un tel exercice de prospective. Dans un second temps, ces données de cadrage servent de base à une réflexion sur les principaux défis que la Chine devra relever afin d'atteindre son objectif de « société harmonieuse » d'ici 2020 tout en réalisant un objectif central de son 13e plan quinquennal (2016-2020), qui consiste à se hisser au rang de pays à hauts revenus [3].
Vers un déclin démographique de la Chine
3L'amorce de la première phase de la transition démographique, à savoir le recul de la mortalité, coïncide en Chine avec l'arrivée au pouvoir de Mao Zedong en 1949 [Banister, 1987, p. 8.]. La seconde phase, caractérisée par une baisse de la fécondité s'est enclenchée durant les années 1970, sous l'effet du troisième programme de contrôle des naissances lancé en 1971 [Banister, 1987, p. 234]. Le passage de la fécondité en dessous du seuil de remplacement des générations au cours des années 1990 [Zhao, Chen, 2011] a ainsi permis à la Chine de réaliser sa transition démographique dans un délai exceptionnellement court [Cartier, 2002].
Tableau 1 Principaux indicateurs démographiques, Chine (1950-2010)

Tableau 1 Principaux indicateurs démographiques, Chine (1950-2010)
4Conformément au schéma théorique de la transition démographique [Chesnais, 1986], celle-ci s'est traduite en Chine par deux tendances majeures au cours de la seconde moitié du XXe siècle : d'une part, un accroissement démographique soutenu (de + 1,7 % par an en moyenne entre 1950 et 2000) ; d'autre part, un renversement de la pyramide des âges consécutif à la baisse de la natalité et à l'allongement de la durée de la vie. En 1950, en effet, un tiers de la population chinoise (34 %) était âgé de moins de 15 ans et 7 % de 60 ans ou plus ; un demi-siècle plus tard, la part d'enfants avait été divisée par deux, et celle des personnes âgées avait doublé [PCO, 2002]. Dans cet intervalle, la population chinoise a été multipliée par 2,3 (tableau 1). Par la suite, l'accroissement naturel a poursuivi sa baisse : + 0,5 % en 2000-2010. Ce net ralentissement laisse augurer un tassement durable de la population chinoise, de même que d'importantes transformations dans sa structure par âge.
La Chine en repli
5 Les projections des Nations Unies (2015) se fondent sur trois hypothèses d'évolution de la fécondité et une hypothèse unique d'évolution de l'espérance de vie (tableau 2).
Tableau 2 Hypothèses de fécondité et de mortalité retenues dans les projections des Nations Unies pour la Chine

Tableau 2 Hypothèses de fécondité et de mortalité retenues dans les projections des Nations Unies pour la Chine
6La combinaison de ces hypothèses débouche sur trois scénarios d'évolution (variantes basse, moyenne et haute) qui donnent respectivement des effectifs de 1,218, 1,348 et 1,486 milliard d'habitants en 2050. Les deux scénarios extrêmes qui se fondent, l'un sur une fécondité de 1,24 enfant par femme en 2050, et l'autre sur une fécondité de 2,24 à cette date, aboutissent à une différence de 268 millions d'habitants à l'échéance du milieu du siècle (soit l'équivalent de 19,5 % de la population chinoise en 2015) (graphique 1).
7En dépit de divergences sur le niveau réel de la fécondité ces vingt dernières années, la majorité des sources chinoises s'accordent sur le fait qu'elle serait tombée en dessous de 1,5 enfant par femme dans la seconde moitié de la décennie 1990, pour se situer par la suite entre 1,2 et 1,4 [Guo, Chen, 2007 ; Guo, Gu, 2014], soit l'une des plus faibles au monde. Ainsi, et compte tenu d'une part, du contexte socioéconomique actuel de la Chine, où les coûts d'entretiens des enfants incombant aux familles sont extrêmement élevés (en particulier leur éducation et leur santé) [Attané, 2011] et, d'autre part, d'un contexte socioculturel témoignant, à l'instar d'autres pays de la sous-région (comme Taiwan, la Corée du Sud ou Singapour) d'une « réceptivité à une limitation volontaire des naissances » [Coale, Freeman, 1993, p. 238], il semble pertinent d'y anticiper une stabilisation de sa fécondité d'ici 2050 [Basten, Jiang, 2015 ; Zeng, 2007]. À cet horizon, la population de la Chine pourrait se situer entre les variantes basse et moyenne, à savoir entre 1,218 et 1,348 milliard d'habitants (soit une diminution par rapport à 2015 comprise entre 28,0 et 157,8 millions).
Graphique 1 Évolution de la population chinoise selon les trois scénarios des Nations Unies (2015-2050)

Graphique 1 Évolution de la population chinoise selon les trois scénarios des Nations Unies (2015-2050)
8La Chine devrait ainsi commencer à perdre des habitants entre 2023 (variante basse) et 2029 (variante moyenne) et donc à céder du terrain dans la démographie mondiale. Aujourd'hui pays le plus peuplé elle compte encore, à elle seule, plus d'habitants que l'Afrique ou que le continent américain , elle devrait abandonner ce titre à l'Inde dès 2023 et être simultanément devancée par le continent africain, dont la population devrait franchir le seuil des 1,5 milliard d'habitants en 2025 (variante moyenne) [UN WPP, 2015]. En conséquence, alors que la Chine représentait 22 % du total mondial en 1950, sa part est tombée à 18,7 % en 2015 et, en 2050, elle pourrait se situer entre 12,5 % (variante basse) et 13,9 % (variante moyenne). Ce déclin relatif de la Chine tient aussi à la croissance soutenue de l'Inde (dont la part dans la population mondiale est passée de 14 % en 1950 à 17,8 % en 2015) et de l'Afrique (9 % et 16,1 % respectivement). Selon la variante moyenne des Nations Unies, ces deux entités devraient concentrer respectivement 17,5 % et 25,5 % des habitants de la planète en 2050.
La fin du dividende démographique
9L'autre bouleversement majeur de la démographie chinoise concernera sa composition par âge. Le premier fait marquant sera la réduction drastique de sa population d'âge actif : alors que la Chine battait en 2015 un record mondial absolu avec 929,7 millions de personnes âgées de 15 à 59 ans (soit 28 % de plus qu'en Europe et en Amérique du Nord réunies à la même date : 662 millions), en 2050, ce chiffre pourrait tomber à 674 millions (variante moyenne), voire à 608 millions (variante basse), soit 255 à 321 millions de moins qu'en 2015 (ou une baisse de 27,4 % ou 34,5 % respectivement). Dans la littérature, le rôle de la démographie dans l'analyse des performances économiques a longtemps été limité à la seule prise en compte de la taille et de la croissance de la population. Ce n'est qu'à partir de la fin des années 1980 que l'influence de la structure par âge a commencé à être soulignée [Bloom, Freeman, 1988 ; Mason, 1988], l'argument étant que les comportements des individus qu'il s'agisse de leur productivité au travail, de leur épargne ou de la structure de leurs dépenses varient fortement selon l'âge [Van der Ven, Smits, 2011 ; Lee, Chen, 2014]. Par exemple, Mason et Lee, expliquent que : « Les études [...] [montrent] que le revenu par habitant s'accroît plus vite quand le nombre d'adultes d'âge actif au sein d'une population augmente plus vite que celui des enfants, qui sont avant tout des consommateurs et non des producteurs [...] Cela vaut au niveau agrégé ou à celui des ménages. » [Mason, Lee, 2004, p. 2]. En d'autres termes, lorsque la baisse de la fécondité s'accompagne d'une augmentation modeste de la population âgée, et donc que la structure par âge de la population se modifie en faveur des jeunes adultes, le rapport de dépendance diminue. C'est ce qu'on appelle le « dividende démographique » notion introduite par la Banque mondiale à la fin des années 1990 (également appelée « bonus » ou « fenêtre [d'opportunité] » démographique) [Hakkert, 2007]. Durant cette phase particulière, les adultes d'âge actif ont à supporter un fardeau social relativement bas et, plus nombreux, ils sont alors en mesure de réduire leurs dépenses en faveur des enfants et de consacrer une part plus importante de leurs revenus à l'épargne et aux investissements productifs. Ce faisant, ils contribuent à stimuler la croissance économique [Birdsall, Kelley, Sinding, 2001 ; Bloom, Canning, Sevilla, 2003], et cet effet bénéfique est d'autant plus important que les jeunes adultes en question ont un taux d'emploi élevé. Le dividende démographique n'est cependant que transitoire : à l'issue de la transition démographique, le rapport de dépendance recommence à augmenter du fait du vieillissement [Cai, Wang, 2005].
10La Chine est entrée dans cette phase particulière à la fin des années 1970, au moment où les générations nombreuses nées au début des années 1960 ont commencé à arriver sur le marché du travail alors même que la baisse de la fécondité se confirmait [Cai, Wang, 2005]. Dès lors, la part de personnes d'âge actif a commencé à croître significativement, pour atteindre un niveau exceptionnellement élevé (70 % en 2010, contre 53 % en 1970), plus élevé encore que celui de la Corée du Sud. Au cours des décennies suivantes, le rapport de dépendance est devenu de plus en plus favorable, passant de 0,76 personne économiquement dépendante par adulte d'âge actif en 1980 à 0,42 en 2010 (graphique 2). Cette période a également été celle d'une forte croissance économique de 10 % par an en moyenne [Banque mondiale, 2015] permise par la réforme du système de production et la hausse de productivité qu'elle a engendrée [Yueh, 2008], mais également favorisée par ce dividende démographique exceptionnel [4] [Cai, Wang, 2005 ; Zeng, 2007].
Graphique 2 Évolution des rapports de dépendance en Chine et dans quelques autres pays (Brics et pays les plus avancés dans le processus de vieillissement) (1950-2050)

Graphique 2 Évolution des rapports de dépendance en Chine et dans quelques autres pays (Brics et pays les plus avancés dans le processus de vieillissement) (1950-2050)
11Or, le dividende démographique est amené à se résorber tout aussi rapidement que la fécondité a baissé à partir de 1970. Dès 2010, la Chine a franchi un seuil critique : elle a atteint ce que les économistes appellent le « point tournant de Lewis » quand la main-d' uvre d'une économie en développement, jusque-là abondante, se raréfie, générant des hausses de salaire qui, à leur tour, réduisent les marges des entreprises, donc leurs investissements [Cai, 2010 ; Das, N'Diaye, 2013]. Depuis 2010-2015, en effet, le nombre de Chinois sortant chaque année du marché du travail est supérieur à celui des entrants, et ce solde restera négatif au moins jusqu'en 2050 [Bruni, 2014]. Dès 2035, le rapport de dépendance pourrait être remonté au niveau d'avant les réformes économiques (0,75 selon la variante moyenne) ; en 2050, il pourrait franchir le seuil de 1, chaque adulte d'âge actif ayant alors à sa charge une personne économiquement dépendante. De ce point de vue, la Chine se retrouverait dans une situation comparable à celle des pays de la planète dans lesquels le fardeau social est le plus lourd, comme le Japon ou l'Allemagne, mais dans une situation beaucoup plus défavorable que les autres Brics (Brésil, Inde et Fédération de Russie) (graphique 2).
Un vieillissement démographique rapide
12Le second fait marquant est l'accélération du vieillissement de la population chinoise, auquel la disparition du dividende démographique est très corrélée : entre 1970 et 2010, la part des 60 ans ou plus a plus que doublé, et elle connaîtra un quasi triplement entre 2010 et 2050. À cette échéance, la Chine pourrait compter près de 500 millions de personnes âgées (tableau 3), soit plus d'un tiers de sa population (36,5 % selon la variante moyenne et 40,3 % selon la variante basse). Une particularité reste que, jusqu'à présent, le vieillissement chinois s'est opéré davantage par la base de la pyramide des âges (c'est-à-dire qu'il a découlé surtout de la baisse de la part d'enfants) que par son sommet (par l'augmentation du nombre de personnes âgées et l'allongement de la durée de la vie) [Morgan, Guo, Hayford, 2009]. À partir de 2010, c'est principalement l'arrivée à l'âge de la retraite [5] des générations nombreuses nées entre les années 1960 et 1990 (qui ont connu en moyenne plus de 22 millions de naissances annuelles, alors que les Nations Unies en prévoient 12 millions par an en moyenne entre 2010 et 2050) qui fera augmenter tant l'effectif que la part de personnes âgées dans la population totale. Le vieillissement par le sommet de la pyramide des âges deviendra donc plus prépondérant, la population des 60 ans ou plus étant, des trois grands groupes d'âge, le seul à connaître une croissance positive entre 2010 et 2050 (+ 2,5 % par an en moyenne) (tableau 3). Avec un âge médian compris entre 49,6 ans (variante moyenne) et 53,9 ans (variante basse) en 2050, la population chinoise pourrait alors parvenir à un niveau de vieillissement parmi les plus élevés au monde, proche de celui des pays qui seront alors les plus avancés dans ce processus comme l'Italie et l'Espagne (avec un âge médian de 51,7 ans en 2050), l'Allemagne (51,4 ans) et, en Asie, la Corée du Sud (53,9 ans) et le Japon (53,3 ans) en comparaison, l'âge médian de la population française pourrait être, à cette date, de 43,9 ans [UN WPP, 2015].
13De nombreux pays, y compris dans le monde en développement, sont aujourd'hui confrontés au vieillissement de leur population. Mais dans aucun d'entre eux, à l'exception notable du Japon et de la Corée du Sud, il n'a été ou ne sera aussi concentré dans le temps qu'en Chine. En effet, la part des 60 ans ou plus y doublera (pour passer de 15 % à 30 % environ) en 25 ans (2015-2040), soit dans un délai aussi court que le Japon (1985-2010) une transition que la Corée du Sud effectuera en seulement 20 ans (2010-2030). Par comparaison, il faudra 70 ans à l'Allemagne (1950-2020) et 90 ans à la France (1945-2035) pour aboutir à ce résultat. Parmi les autres Brics, le Brésil devrait connaître ce doublement de sa population âgée en 30 ans (2020-2050) et l'Inde en 45 ans (2040-2085). La Fédération de Russie, pour laquelle les Nations Unies ne projettent qu'une lente progression de l'espérance de vie à la naissance (73,9 ans en 2050, contre 82,5 ans pour la Chine à la même date selon la variante moyenne) pourrait, quant à elle, ne pas avoir franchi le seuil de 30 % de personnes âgées en 2050 [UN WPP, 2015].
Tableau 3 Indicateurs de vieillissement démographique en Chine

Tableau 3 Indicateurs de vieillissement démographique en Chine
Des réformes nécessaires
14Partout dans le monde, les changements de la structure par âge résultant de la transition démographique nécessitent que les sociétés concernées adaptent leurs politiques et leurs structures sociales pour y faire face. Mais elles doivent faire preuve de facultés d'adaptation d'autant plus grandes que les bouleversements démographiques sont concentrés sur une courte période [Pool, 2005]. Le délai octroyé par la transition démographique pour réaliser ces adaptations correspond en principe à la période de dividende démographique au cours de laquelle, comme expliquée précédemment, la proportion élevée d'actifs dans la population est réputée favorable au développement économique [Birdsall, Kelley, Sinding, 2001 ; Bloom, Canning, Sevilla, 2003]. À son tour, le développement économique est censé permettre d'accroître la richesse nationale, dont une partie peut dès lors être redistribuée et assignée à la prise en charge des dépendants. Or, toutes les sociétés en développement ne trouvent pas immédiatement les ressources politiques, financières et matérielles pour mettre en place les mesures politiques et sociales destinées à faire face aux bouleversements de leur structure par âge, faisant des familles, au moins provisoirement, des acteurs majeurs dans la prise en charge de leurs dépendants.
L'État chinois désinvesti des questions sociales
15De ce point de vue, l'exemple de la Chine est révélateur et paradoxal. Sous la présidence de Mao, entre 1949 et la fin des années 1970, le pacte social, calqué sur le modèle soviétique [Gates, 1998] était clair : en échange d'une soumission absolue au Parti communiste qui détenait alors l'ensemble des pouvoirs et gardait la mainmise sur l'organisation sociale les Chinois gagnaient l'assurance, par leur unité de travail, de voir leurs besoins de base satisfaits : logement, services publics, soins de santé, nourriture, scolarisation des enfants, etc. étaient gratuits ou subventionnés [Remington, 2013]. À partir des années 1980, la restructuration des entreprises d'État a conduit au démantèlement des anciennes structures collectives et du système de protection sociale qui leur était lié. Dès lors, les unités de travail, clés de voûte de l'organisation socialiste, ont vu leurs pouvoirs fondre et, au fur et à mesure de la libéralisation des marchés du travail et du logement, la déconnexion entre vie professionnelle et vie privée s'est affirmée. En parallèle, la gestion du système éducatif et du système de santé a été décentralisée : désormais, ils ne fonctionnent plus comme un service public et, livrés aux lois du marché, leur accès dépend étroitement de la capacité des familles à payer [Attané, 2011].
16Pourtant, dans une configuration idéale, la manne économique [6] engrangée par la Chine grâce aux réformes et favorisée par son dividende démographique aurait pu être redistribuée avec davantage d'efficacité et plus largement consacrée à des investissements destinés à pallier les effets du vieillissement et du déclin de la main-d' uvre, notamment dans le système de protection sociale (santé, retraites, etc.) et dans le système éducatif [Cai, Wang, 2005]. De nombreuses études affirment en effet que plus les dépenses publiques pour la santé et l'éducation sont importantes, plus le capital santé et éducation de la population augmente, entraînant ainsi, à terme, la croissance économique à la hausse [Baldacci et al., 2004]. Mais de ce point de vue, l'implication de l'État chinois n'a pas été à la hauteur des besoins. En 2012, la Chine a consacré 5,4 % de son PIB à la santé : c'est en deçà de la Fédération de Russie (6,3 %), de la Corée du Sud (7,5 %), et presque deux fois moins qu'au Brésil (9,3 %) ou qu'au Japon (10,1 %). La même année, seuls 2,5 % du PIB chinois ont été consacrés aux dépenses sociales pour les personnes âgées : c'est quatre fois moins qu'au Brésil, pourtant moins avancé que la Chine dans le processus de vieillissement, et trois fois moins que la moyenne des pays de l'OCDE [OCDE, 2014]. Concernant l'éducation, l'engagement de l'État chinois n'est guère plus significatif : 3,3 % de son PIB c'est encore une fois moins que le Brésil (5,8 % la même année), mais aussi que la Corée du Sud (5,2 % en 2011) et la Russie (4,9 % en 2010), où la part d'enfants d'âge scolaire est pourtant moindre. Rapporté au nombre d'élèves, le budget alloué par la Chine à l'éducation reste parmi les plus faibles au monde [7] : en 2008, ses dépenses moyennes par élève (du primaire au supérieur) étaient de 35 % inférieures à celles du Brésil, de 67 % à celles de la Fédération de Russie et de 83 % à celles de la moyenne des pays de l'OCDE [OCDE, 2011, 2012]. Ces trente dernières années, malgré des performances économiques spectaculaires, la Chine n'a, en matière de progrès social, pas fait plus de chemin que la majorité des autres pays : en 1980, le Programme des Nations Unies pour le développement la classait au 92e rang mondial pour son indice de développement humain (IDH) ; mais en 2013, sur environ 180 pays classés, elle stagnait au 91e rang, certes devant l'Inde (135e), mais loin derrière le Brésil (79e), la Russie (57e) ou la Corée du Sud (15e) [Pnud, 2014].
17Depuis les réformes, l'État chinois a délaissé le volet social de sa mission, accumulant un retard que, malgré de récents efforts, il peine à combler [Attané, 2011, 2016a]. Les familles deviennent donc des acteurs incontournables dans la prise en charge des dépendants, qu'il s'agisse de leurs enfants (éducation, santé) ou de leurs aînés (santé, retraite). Par conséquent, de nouvelles dépenses grèvent leur budget, et augmentent d'année en année plus vite que les revenus du travail [8]. Les conditions de vie des populations économiquement dépendantes dépendent ainsi de la capacité financière des familles et, in fine, des solidarités qu'elles parviennent à maintenir entre leurs membres.
La nécessité d'une généralisation d'un système de retraite performant
18Partout dans le monde, dès lors que le vieillissement s'accélère, se pose la question de la prise en charge des personnes âgées, en termes de santé, de bien-être et d'autonomie financière. Le plus gros défi consiste donc à répartir les coûts engendrés par le vieillissement sans qu'ils pèsent de manière inconsidérée sur une frange ou une autre de la population [Attané, 2016a].
19Dans l'ensemble, l'État chinois reste largement absent de la prise en charge des personnes âgées. Aujourd'hui, le système de retraite par répartition qui avait été instauré pendant les années 1950 ne bénéficie qu'à une petite fraction des retraités (exclusivement des retraités des entreprises d'État et de la fonction publique) et n'est que très partiellement relayé par le nouveau système progressivement mis en place : en 2010, une pension de retraite ne représentait en effet la principale source de subsistance que pour un retraité sur cinq (19,6 %) ; un autre cinquième (21,9 %) continuait à vivre principalement du revenu de son travail, tandis que la majorité des autres (52,6 %) subsistaient principalement grâce à un membre de leur famille, à savoir un conjoint ou, souvent, un enfant (tableau 4).
Tableau 4 Répartition par sexe des personnes âgées de 60 ans ou plus selon leur principale source de subsistance Chine, 2010

Tableau 4 Répartition par sexe des personnes âgées de 60 ans ou plus selon leur principale source de subsistance Chine, 2010
20L'État chinois tente d'instaurer un système de retraites susceptible de bénéficier à l'ensemble de la population à l'horizon 2020 [Cai, Cheng, 2014], notamment dans les campagnes qui en ont jusqu'ici été presque totalement exclues, mais où vit encore un habitant sur deux et où la pauvreté est plus répandue, en particulier dans la tranche la plus âgée de la population [Pang, de Brauw, Scott, 2004 ; CHARLS, 2013]. La loi sur l'assurance sociale (shehui baoxian fa) entrée en vigueur en juillet 2011, a posé un cadre légal à la réforme du système de retraites entamée dans le cadre d'initiatives pilote à partir de 1984 et étendues à partir de 1997 [The Central People's Government of the People's Republic of China (CPG-PRC), 2010 ; Remington, 2013]. Le nouveau système mis en place, qui tend vers un système par capitalisation, repose sur « trois piliers » (san zhizhu) : une contribution des gouvernements provinciaux, qui versent une pension de base ; une contribution obligatoire des entreprises qui vient compléter cette pension de base ; et, enfin, une contribution facultative des salariés [Remington, 2013]. Cependant, le bas niveau des pensions (avec un taux de remplacement de l'ordre de 50 % pour la majorité des salariés du privé, mais de seulement 15 % du revenu d'activité dans les campagnes) et le coût élevé des cotisations (28 % du montant des salaires, dont 20 % dus par les entreprises et 8 % par les employés, soit l'un des taux les plus élevés au monde) constituent des obstacles importants à la généralisation de ce système [Oksanen, 2010]. Le taux de couverture au niveau national était ainsi estimé à environ 50 % au début des années 2010 [Cai et al., 2012]. Enfin, sa gestion décentralisée et fragmentée complique sa mise en uvre [Oksanen, 2010], notamment pour les migrants internes [9] susceptibles de cotiser dans plusieurs provinces en effet, la loi chinoise permet de transférer les droits accumulés grâce aux cotisations des salariés, mais seulement 12 % de ceux accumulés grâce aux cotisations des employeurs successifs, dès lors que les travailleurs migrent dans une autre province. Enfin, cette fragmentation empêche la solidarité nationale de jouer et contribue ainsi à entretenir les disparités entre régions [Huchet, 2003] : dans les provinces dans lesquelles se concentre l'activité économique, les caisses de retraite, généralement bénéficiaires, n'ont aucune peine à verser des pensions décentes à leurs retraités ; mais dans les provinces moins développées et moins riches, des déficits budgétaires récurrents rendent le versement des pensions plus aléatoire [Hu, 2012 ; MCAC, 2012].
21La généralisation du système de retraite est d'autant plus nécessaire que les solidarités intergénérationnelles, forme traditionnelle de prise en charge des personnes âgées en Chine, sont compromises par le renversement de la pyramide des âges, la charge portée par chaque actif étant amenée à s'accroître significativement. De plus, la libéralisation du marché du travail pousse désormais une majorité des jeunes adultes à quitter leur région natale pour travailler ailleurs dans le pays, s'éloignant ainsi de leurs parents et limitant de fait les possibilités d'entraide. Malgré tout, et bien que les modes de vie se prêtent de moins en moins à une cohabitation des générations [Attané, 2016a], les adultes chinois sont toujours fortement impliqués dans la prise en charge de leurs parents âgés ce devoir d'assistance étant d'ailleurs une obligation légale [10]. Alors même que les structures d'accueil restent largement insuffisantes [11], la cohabitation avec un enfant adulte reste la règle pour la majorité des personnes âgées de 60 ans ou plus (56 % dans les villes et 61 % dans les campagnes en 2010) tandis que moins de 4 % vivent dans un cadre non familial, dont les maisons de retraite [PCO, 2012]. Parmi celles ne cohabitant pas avec l'un de leurs enfants, plus de la moitié (53 %) reçoit de l'argent de leur part [CHARLS, 2013, p. 42]. Ainsi, de nombreuses personnes âgées, quand elles ne bénéficient pas d'une aide de leurs enfants, se retrouvent démunies dès lors qu'elles n'ont plus la capacité de travailler [Attané, 2016a], en particulier dans les campagnes (où le taux de pauvreté chez les personnes âgées était de 65,1 % en 2011-2012, contre 11,4 % dans les villes) [CHARLS, 2013, p. 31].
Relancer la fécondité
22Outre la question du financement des retraites qui, en Chine comme dans les autres pays touchés par le vieillissement, fait débat [12] se pose également, afin de rééquilibrer la structure par âge, celle de la pertinence du maintien du contrôle des naissances, alors même que, en dépit des assouplissements récents, la fécondité s'est stabilisée à un très bas niveau. S'il est encore trop tôt pour évaluer les effets de l'abandon de la politique de l'enfant unique et de l'adoption concomitante de la politique de deux enfants fin 2015, la disposition « dandu liang hai » (littéralement « unique, deux enfants ») de fin 2013 (autorisant les couples de citadins dont l'un des deux conjoints est un enfant unique à avoir deux enfants alors que jusque-là, seuls ceux dont les deux conjoints étaient des enfants uniques pouvaient prétendre à cette dérogation), n'a quant à elle pas permis d'inverser la tendance : fin 2015, seuls 1,8 des quelques 11 millions de couples éligibles à l'échelle du pays avaient déposé une demande pour avoir un deuxième enfant, un chiffre très en deçà de l'objectif attendu [Attané, 2016b]. En Chine, en effet, la limitation de la fécondité relève désormais davantage d'arbitrages économiques au sein des familles que des contraintes imposées par la politique de contrôle des naissances à proprement parler [Guo, Gu, 2014 ; Morgan, Guo, Hayford, 2009] ; en conséquence, la préférence des couples chinois va désormais à un très petit nombre d'enfants [Zheng et al., 2009], à l'instar de ce qui est observé dans d'autres pays de la région [Bongaarts, 2001 ; Suzuki, 2009a]. Au Japon, par exemple, des mesures sont prises depuis les années 1990 pour stimuler la natalité : allocations familiales versées dès la naissance du premier enfant, allègement fiscal, instauration du congé parental, création de crèches, etc. L'État japonais délivre même, depuis 2003, des certificats aux entreprises qui procèdent à des aménagements permettant aux femmes d'articuler plus facilement vie familiale et vie professionnelle [Suzuki, 2006]. Mais ces mesures n'ont pas eu d'effet sur la fécondité, pas plus d'ailleurs qu'en Corée du Sud où, depuis le milieu des années 2000, des initiatives similaires sont prises [Suzuki, 2009b]. Dans ces deux pays, la très faible fécondité (1,2 et 1,4 enfant par femme respectivement en 2013) tiendrait à un paradoxe : le maintien d'un bas statut des femmes dans la famille, alors même qu'elles accèdent progressivement, dans la sphère publique (notamment en matière d'éducation) à davantage d'égalité avec les hommes, d'où une incompatibilité entre vie familiale et vie professionnelle qui les dissuaderait de faire des enfants [McDonald, 2002]. Or, tout laisse penser qu'une situation semblable se profile en Chine [Attané, 2011, 2016a ; Zheng et al., 2009]. Pour preuve, l'expérience pilote menée depuis 2009 à Shanghai, où les couples éligibles sont activement encouragés à mettre au monde un deuxième enfant. Mais la fécondité y reste extraordinairement basse : 0,7 enfant par femme en 2014 [Li, 2015] [13]. Les chances que la Chine remédie à son vieillissement démographique par une relance de la natalité semblent donc, à brève échéance, très ténues.
Vers une « société harmonieuse » et riche ?
23Le vieillissement et la fin du dividende démographique constituent deux défis majeurs pour l'État chinois [MCAC, 2012] : d'une part, parce qu'il est amené à procurer des conditions de vie décentes à la population âgée, alors même que le rapport de dépendance devient de moins en moins favorable ; d'autre part, parce que la moindre disponibilité en main-d' uvre en particulier celle issue de la migration interne, jeune et peu qualifiée, sur laquelle la croissance économique chinoise s'est jusqu'ici appuyée [14] et la hausse des salaires qu'elle induit l'obligent à repenser son modèle économique. Une particularité tient en outre au contexte dans lequel émergent ces défis. Le développement économique et la transition démographique en Chine sont en effet allés de pair avec divers problèmes (aggravation des inégalités socioéconomiques, problèmes environnementaux, etc.) à l'origine d'une fracture sociale importante [Zheng, Tok, 2007]. La Chine est ainsi devenue l'un des pays les plus inégalitaires de la planète : un tiers de la richesse nationale est concentrée entre les mains de 1 % de la population, tandis que le quart des ménages les plus pauvres n'en détient qu'à peine 1 % [ISS-PKU, 2014]. Le coefficient de Gini [15], qui mesure les inégalités de revenus, y est désormais parmi les plus élevés au monde : de 0,27 au milieu des années 1980, il est passé, officiellement, à 0,47 en 2012 le seuil de 0,4 étant considéré comme alarmant par la Banque mondiale. Officiellement [16], les inégalités de revenus sont donc, en Chine aujourd'hui, plus fortes qu'en Inde (0,34) et au Bangladesh (0,32) et presque aussi marquées qu'au Brésil (0,52) [Banque mondiale, 2015]. De plus, contrairement aux pays les plus avancés dans le processus de vieillissement, comme le Japon, la Corée du Sud ou l'Allemagne, la Chine n'est pas un pays riche : bien qu'au 2e rang mondial pour son produit intérieur brut en valeur absolue, en 2014, elle ne se situait qu'au 79e rang en termes de PIB par habitant, certes devant l'Inde (117e), mais distancée par d'autres pays émergents comme le Brésil (65e), la Fédération de Russie (40e) ou la Corée du Sud (27e) [Banque mondiale, 2015] [17] ; le niveau de vie moyen y reste relativement bas [Cai et al., 2012] et, malgré une croissance forte au cours des trente dernières années, son économie reste largement sous-développée [Salditt, Witeford, Adema, 2007]. La Chine ne dispose pas non plus des atouts dont les économies développées ont su se doter pour faire face au vieillissement. Alors que ces dernières ont une économie axée sur les services (qui génèrent entre les deux tiers et les trois quarts du PIB au Japon et en Allemagne, par exemple), ce secteur est peu développé en Chine (46 % du PIB en 2013), où il n'occupe que 36 % de la population active (contre plus de 70 % au Japon et en Allemagne) [Banque mondiale, 2015]. Enfin, la consommation des ménages reste faible (elle contribue à environ un tiers du PIB chinois, contre 60 % à 70 % dans la plupart des économies de l'OCDE) et la dépendance de son économie aux exportations reste importante (un quart du PIB chinois) [Moody, 2014].
24Pour tenter de « corriger les déséquilibres » (duanzheng shiheng) [Zhu, Xie, 2014], le gouvernement chinois donne désormais la priorité à « l'harmonie ». Concept fondamental de la philosophie confucianiste, l'harmonie est un idéal censé présider aux relations entre les individus au sein de la famille et de la société, de même qu'à celles entre la population et l'État, l'objectif ultime étant d'éviter les conflits et, par conséquent, d'assurer la pérennité du système politique [Chan, 2009]. Dans sa version socialiste diffusée à partir de 2006, l'objectif de « société harmonieuse » (hexie shehui), censé être atteint en 2020, cherche à remédier aux effets pervers d'un développement économique effréné, sourd aux attentes de la société civile et au bien-être de la population. Concrètement, il s'agit de : « réduire le fossé entre villes et campagnes, favoriser une répartition plus égalitaire des revenus, permettre aux familles de devenir plus riches [...] abaisser le chômage, mettre en place un système de sécurité sociale profitant à tous [...] améliorer les qualités scientifiques et la santé de la population, instaurer des relations harmonieuses entre les individus, réorienter le développement de sorte qu'il soit moins nuisible à l'environnement. » [Xinhua, 2006] En posant l'harmonie en principe du socialisme, en « garantie essentielle de la prospérité du pays, de la régénération de la nation et du bonheur du peuple » [PCC, 2007], les autorités chinoises souhaitent explorer de nouvelles voies de développement et trouver de nouveaux ressorts à l'économie afin que le pays, aujourd'hui classé parmi ceux à revenu intermédiaire, se hisse, dans la durée de son 13e plan quinquennal (2016-2020), au rang des pays à hauts revenus [Moody, Hu, 2014b]. Pour atteindre ces objectifs, mais aussi éviter le « piège du revenu intermédiaire » l'explosion des coûts du travail en Chine [18] ayant réduit la compétitivité de son secteur industriel, elle ne peut plus rivaliser avec des pays à bas salaires [19], mais sa faible capacité d'innovation technologique l'empêche encore de rivaliser avec les économies développées , les autorités chinoises lancent de nouvelles réformes. Il s'agit, conformément aux préconisations de la Banque mondiale [2012], de stimuler la consommation intérieure (notamment en luttant contre les inégalités de revenus) et, ainsi, tenter de sevrer la croissance économique de sa dépendance aux exportations, de même que de mettre l'accent sur l'innovation technologique et la production de services, notamment pour répondre aux besoins des populations âgées. Il s'agit aussi de permettre à ces dernières d'accéder à une autonomie économique, de sorte qu'elles soient en mesure d'une part, de s'extraire de la logique de simple subsistance dans laquelle la majorité d'entre elles se trouve et, d'autre part, d'être partie prenante de l'économie en devenant des consommateurs à part entière pour, in fine, contribuer à stimuler la consommation intérieure.
25Les réponses de l'État chinois au vieillissement de sa population n'ont pas été apportées dans la durée du dividende démographique. Elles devront donc l'être dans un contexte moins propice, caractérisé à la fois par un ralentissement de la croissance économique lié à une perte de compétitivité et par un endettement public accru, découlant notamment de la hausse des dépenses sociales associées au vieillissement. Tout en relevant ces défis propres aux pays les plus développés, l'État chinois ne devra toutefois pas perdre de vue la nécessité de résoudre d'autres problématiques plus spécifiques aux sociétés en développement : urbanisation rapide, lutte contre la pauvreté, dégradation de l'environnement, etc.
Notes
-
[1]
En 1990, la Chine se classait au 11e rang mondial pour son PIB en valeur absolue ; en 2015, elle occupait la 2e place, derrière les États-Unis et devant le Japon.
-
[2]
Il s'agit de la part des personnes économiquement dépendantes (moins de 15 ans et 60 ans ou plus) rapportée à celle des adultes d'âges actifs (15-59 ans).
-
[3]
C'est-à-dire avec un revenu national brut par habitant supérieur à 12 746 US $, soit deux fois celui de la Chine (6 807 US $ en 2013 selon la Banque mondiale) [Moody, Hu, 2014b].
-
[4]
Entre 1982 et 2000, la baisse du rapport de dépendance a contribué à environ un quart de la croissance du PIB par habitant [Cai, Wang, 2005].
-
[5]
L'âge légal de la retraite en Chine est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes [Attané, 2016a].
-
[6]
Entre 1990 et 2015, la Chine a connu une multiplication par 7,7 de son PIB par habitant. En 2011, elle a produit 15 % du PIB mondial [Banque mondiale, 2015].
-
[7]
Au sein des pays de l'OCDE et du G20.
-
[8]
La part du budget des familles consacrée à la scolarité des enfants a augmenté de 12 % par an en moyenne entre 1995 et 2007, celle consacrée au logement de 16 % et celle consacrée à la santé de 15 %. Les revenus du travail n'ont augmenté que de 9 % par an en moyenne sur la période [Lee, Chen, 2014].
-
[9]
En 2010, les migrants internes (qui travaillaient dans une autre localité que celle où leur résidence était enregistrée) représentaient 28,5 % de la population d'âge actif [Davin, 2014].
-
[10]
Cette obligation, stipulée notamment par la Loi sur le mariage de 1980 et par la Constitution de 1982, est réitérée par la Loi sur la protection des droits et intérêts des personnes âgées adoptée en 1996 et amendée en 2013 [CPG-PRC, 2012 ; site Internet LawInfoChina à l'adresse http://www.lawinfochina.com].
-
[11]
Au début des années 2010, la Chine comptait environ 20 millions de personnes âgées de 80 ans ou plus, pour 5 millions de lits en maisons de retraite [Li, 2014].
-
[12]
Afin de limiter les déficits croissants de la Caisse nationale des retraites, le gouvernement chinois prévoit l'élévation progressive, entre 2017 et 2022, de l'âge légal de la retraite [Shi, Xu, Zhang, 2015]. Cette décision suscite la controverse au sein de la population [Attané, 2016a].
-
[13]
Une enquête de l'Institut de recherches en sciences sociales de Shanghai (2010) a révélé que, dans cette municipalité, un enfant coûte à sa famille en moyenne 32 000 yuans par an entre sa naissance et son douzième anniversaire, soit plus du tiers du salaire annuel moyen dans cette ville [Yu, 2011].
-
[14]
Selon les économistes chinois Cai Fang et Wang Dewen, les travailleurs issus de la migration interne auraient, entre 1978 et 1998, généré plus de 20 % de la croissance du PIB [Cai, Wang, 1999].
-
[15]
Le coefficient de Gini se situe entre les valeurs de 0 et 1, avec 0 correspondant à l'égalité parfaite et 1 donnant le niveau d'inégalité maximal.
-
[16]
Selon une estimation indépendante du Shanghai Advanced Institute of Finance, le coefficient de Gini en Chine atteindrait 0,61 [Moody, Hu, 2014a].
-
[17]
En parité du pouvoir d'achat.
-
[18]
Dans le secteur manufacturier, les salaires ont augmenté de plus de 70 % entre 2008 et 2013 [Orlik, 2013].
-
[19]
Adidas a fermé sa dernière usine en Chine en 2012 ; Samsung, qui y produisait l'essentiel de ses Smartphones a investi deux millions de dollars dans la construction d'une usine au Vietnam où, depuis 2015, se concentre 40 % de la production [Xinhua, 2013].