1D’après Gildas Simon, un champ migratoire peut se définir comme l’ensemble de l’espace transnational qui lie, quelle que soit la distance, les lieux d’origine, de transit et d’installation, c’est-à-dire l’ensemble de l’espace parcouru et structuré par des flux stables et réguliers de migrations et par l’ensemble des flux (matériels et idéels) engendrés par la circulation des hommes [Simon, 2008, p. 15]. Chaque champ migratoire fait lui-même partie d’un système migratoire, c’est-à-dire d’un « ensemble complexe composé d’éléments en interaction » tels que l’environnement économique et social, le contexte juridique, les réseaux sociaux ou encore la famille [Mabogunje, 2013, p. 152]. Le contexte économique jouant un rôle clé au sein du système migratoire, un simple changement au sein de ce contexte, par exemple, une phase de récession et de chômage élevé peut provoquer un changement dans le système migratoire. Dans la théorie classique des migrations internationales, un contexte économique de crise peut avoir un impact négatif sur les flux migratoires en agissant comme facteur de répulsion [Lee, 2013, p. 112]. Cependant, les crises économiques ne débouchent pas toujours sur une diminution des flux d’immigration. Dans les années 1980, en dépit de la crise économique qui affecta les grandes métropoles nord-américaines, les flux d’immigrants, loin de s’éteindre, augmentèrent et se recomposèrent en faveur d’une féminisation [Sassen, 2013, p. 243]. Les champs migratoires se caractérisent donc par leur fluidité et la possibilité de se recomposer spatialement [1], tout en conservant une grande stabilité sur le long terme [Simon, 2008, p. 15]. Un champ migratoire peut donc intégrer de nouveaux lieux, de nouveaux acteurs, de nouveaux flux.
2Il s’agira ici de comprendre quels types de recompositions spatiales et socio-démographiques affectent un champ migratoire, lorsque le système migratoire auquel il appartient est soumis à une crise économique dans le pays d’installation. Cette recherche a pour objectif d’apprécier plus précisément l’impact du changement du contexte économique et social sur le système migratoire colombo-espagnol. La crise économique espagnole a-t-elle agi sur le champ migratoire colombo-espagnol comme facteur de répulsion, avec pour conséquence une inversion des flux migratoires [Picouët, Domenach, 1987, p. 475-476], et éventuellement une extinction du flux d’immigration ? A-t-elle engendré un changement des caractéristiques démographiques des migrants ? Ou a-t-elle provoqué une ramification du champ migratoire, c’est-à-dire un « élargissement du rayon d’action des flux […] au détriment des relations classiques de pays à pays » [Simon, 2002, p. 2] ? Pour étudier les changements quantitatifs et qualitatifs des flux migratoires de Colombiens en Espagne, nous nous appuierons sur les données des statistiques de variations résidentielles espagnoles. Après avoir décrit les dynamiques du système migratoire colombo-espagnol depuis les années 1990, nous analysons en détail la réorganisation des flux migratoires colombiens en Espagne depuis la crise de 2008. Les choix de retourner en Colombie et de ré-émigrer sont ensuite étudiés selon les caractéristiques sociodémographiques des migrants.
Les dynamiques récentes du système migratoire colombo-espagnol
3La Colombie est un pays d’émigration comptant environ 5 millions de ses ressortissants à l’étranger, soit 10 % de la population totale, selon les estimations de l’institut colombien de statistiques. Ce système migratoire s’est mis en place à partir des années 1960. À cette période, le boom pétrolier du pays voisin, le Venezuela, a attiré une partie de la population rurale frontalière, initiant un cycle de circulation entre les deux pays [Reborrati, 1986]. Par la suite, dans les années 1970-1980, les États-Unis sont devenus une destination de prédilection pour des migrants colombiens issus des classes moyennes urbanisées et de l’élite économique [2]. En Europe, la France avait été une étape migratoire importante pour les élites politiques et intellectuelles colombiennes aux xixe et xxe siècles. Mais à compter des années 1970 et surtout des années 1990, l’Europe a accueilli des Colombiens dans le cadre d’une émigration économique de travail peu qualifié. L’Angleterre, la France et l’Allemagne ont été les principales destinations, puis à partir du milieu des années 1990, ce fut au tour de l’Espagne [Guarnizo, 2003, p. 30-31] d’attirer la majorité des ressortissants colombiens. Ceux-là se sont appuyés sur des réseaux, leur permettant d’accéder à des niches professionnelles, comme celle de femmes de ménage ou d’ouvriers du bâtiment [Gincel, 2007].
4En 1996, 7 685 Colombiens avaient un permis de résidence en Espagne et 365 personnes avaient cette année-là quitté la Colombie pour l’Espagne. Dix ans plus tard, ils étaient 225 504 Colombiens à détenir un permis de résidence et 37 095 personnes à avoir rejoint l’Espagne [Cruz Zuñiga, 2007, p. 4]. Cette immigration colombienne est à replacer dans le contexte plus général de latinoaméricanisation des migrations en Espagne [Reher, Requena, 2009]. Les Équatoriens, Boliviens et Colombiens ont accompagné le mouvement initié par les descendants d’exilés espagnols, au lendemain de la transition démocratique. Bénéficiant avant 2002 de politiques migratoires particulièrement favorables (les Latino-Américains n’avaient pas besoin de visa pour entrer sur le territoire espagnol), ces populations ont su saisir les nouvelles opportunités qui s’offraient à elles dans un pays, qui, de surcroît, partageait la même langue maternelle et avec lequel, de nombreux liens migratoires existaient depuis la colonisation. Comme ailleurs en Europe, les Colombiens ont occupé des niches professionnelles dans des emplois peu qualifiés : en 2007, plus d’un tiers des hommes travaillaient dans le secteur de la construction et, plus de la moitié des femmes, dans l’hôtellerie et les services domestiques [Gonzalez, Echeverri, 2009 ; Actis, 2009]. Avant la crise de 2008, la géographie résidentielle des migrants colombiens en Espagne se caractérisait par la métropolisation et la concentration dans les principaux pôles économiques et urbains du pays [3] et par une littoralisation (dans les provinces de Valence, Alicante et de Murcie). Leur présence était également importante dans les grandes villes du Nord (Bilbao, Pampelune, Vigo, La Corogne). Une présence insulaire dans les îles Baléares et dans les grandes villes andalouses était également à noter [Baby-Collin, Cortes, Miret, 2009, p. 15]. Cette concentration de Colombiens dans certaines régions contrastait avec la géographie d’autres groupes de migrants en Espagne. On peut expliquer cette spécificité en faisant l’hypothèse du rôle important joué par les réseaux migratoires dans la concentration des migrants dans les mêmes lieux. Une étude récente, menée à partir des données de l’enquête nationale sur les immigrants en Espagne, a montré le rôle déterminant joué par les « liens faibles » (familles élargies et amis) dans l’insertion résidentielle des Colombiens. En effet, les Colombiens ont tendance à être hébergés ou à devenir les colocataires de migrants colombiens, plus anciennement installés, avant d’héberger à leur tour, après quelques années de résidence en Espagne, des Colombiens nouvellement arrivés [Sierra-Paycha, 2016a].
Un contexte économique favorable aux migrations de retour ?
5À la fin des années 1990, les conjonctures économiques colombienne et espagnole changent de tendance (figure 1). Alors que l’Espagne sort d’une crise de l’emploi (24 % de chômage en 1994) et entre dans une période de prospérité à partir des années 2000, la période la plus prospère depuis la fin du franquisme, caractérisée entre autres par une augmentation ininterrompue du Produit intérieur brut (PIB) par habitant, la Colombie entre à son tour dans une crise économique qui touche son secteur phare, le secteur du café (8,5 % de chômage en 1993 et 20 % en 1999), et génère des départs, depuis la région caféière (vallées de la cordillère occidentale des Andes colombiennes), vers l’Espagne comme première destination.
Indicateurs macro-économiques de l’Espagne et de la Colombie (1990-2012)

Indicateurs macro-économiques de l’Espagne et de la Colombie (1990-2012)
6L’éclatement de la bulle immobilière et de la crise financière de 2007 a contribué, de façon brutale, à l’augmentation du chômage en Espagne. Cette crise de l’emploi a également touché la population active immigrée qui travaillait principalement dans le secteur de la construction et a freiné les nouvelles arrivées. L’impact fut différencié selon le sexe des actifs : le taux d’activité masculine a diminué, alors que le taux d’activité féminine a augmenté [Colectivo IOÉ, 2012, p. 5]. Après 2010, alors qu’en Espagne, le PIB par habitant chutait, la situation économique a semblé s’améliorer en Colombie (figure 1). En Espagne, on assiste alors à « un solde négatif des migrations sud-américaines et, dans une moindre mesure, des migrations africaines, alors que les autres contingents (de migrants) ont continué d’augmenter » [op. cit., traduction personnelle]. La perte d’un emploi pousse doublement à migrer, elle peut rendre indispensable une mobilité résidentielle pour la recherche d’un emploi et rendre difficile le renouvellement du titre de séjour, accélérant ainsi le processus de retour [op. cit., p. 179]. Les difficultés rencontrées par les migrants en Espagne ont conduit à la mise en place d’un encadrement des retours, de la part du gouvernement espagnol et des gouvernements des communautés autonomes, mais aussi des autorités de certains pays d’origine. En Espagne, il existe en effet trois systèmes d’aides au retour [Gobierno, 2015], le programa de retorno voluntario de atención social, destiné aux personnes en situation de vulnérabilité, le pograma de ayudas complementarias al abono acumulado y anticipado de la prestación contributiva por desempleo a trabajadores extranjeros comunitarios qui, depuis 2008, permet le paiement anticipé et cumulé des allocations de chômage aux travailleurs ayant cotisé pour la sécurité sociale et souhaitant retourner dans leur pays d’origine. Le programa de retorno voluntario productivo, quant à lui, s’adresse aux immigrés extracommunautaires ayant des projets entrepreneuriaux, associés à leur retour. Certaines communautés autonomes (Madrid, Catalogne) ont également développé des dispositifs à l’attention des populations migrantes vulnérables. Par ailleurs, de nombreux pays d’origine proposent des politiques de retour ; en Colombie, le Plan de retorno [Cancillería, 2015] accorde une aide à l’insertion pour des migrants de retour ne disposant pas de ressources familiales localement, ainsi qu’une assistance médicale aux malades, une aide aux populations expulsées, des dispositifs d’orientation professionnelle (aide à la recherche d’emploi) et d’aide aux projets entrepreneuriaux (accès favorisé au crédit). À ces mesures d’accompagnement des retours volontaires, s’ajoutent les expulsions forcées dans des vols charters depuis que la directive européenne sur le retour a renforcé les processus de rétention en camp et d’expulsion.
7Mais ces politiques d’incitation au retour menées par le gouvernement espagnol n’ont pas eu les effets escomptés, peu de personnes ayant souhaité ou pu in fine en bénéficier [Colectivo IOÉ, 2012, p. 182], malgré une mobilité très importante des migrants. La mobilité résidentielle des immigrés à l’intérieur de l’Espagne ne s’explique pas seulement par le contexte de crise. De manière générale, les taux de mobilité résidentielle des étrangers sont beaucoup plus élevés que ceux des Espagnols (106 mobilités résidentielles annuelles pour 100 résidents étrangers versus 29 mobilités pour 100 résidents espagnols en 2004). Le taux de mobilité résidentielle des Colombiens défini comme le nombre de migrations colombiennes, rapporté à la population colombienne enregistrée dans chaque commune [4] était déjà très élevé, avant même le début de la crise (143 mobilités [5] annuelles pour 100 Colombiens en âge de travailler en Espagne en 2004) [Pumares, García Coll, Asensio, 2006, p. 128-143].
Observer les flux migratoires vers et depuis l’Espagne à partir des microdonnées des statistiques de variations résidentielles
8Comme l’indique l’Institut national de la statistique espagnol (INE), « la statistique de variations résidentielles (EVR) se construit à partir de l’exploitation de l’information relative aux hausses et baisses de population enregistrées dans les registres municipaux des habitants générées par des changements de résidence. On obtient ainsi des soldes de variation résidentielle annuels tant internes (entre les différentes communes espagnoles), qu’internationaux, entre les communes espagnoles et l’étranger » [INE, 2013, traduction personnelle]. Toute personne, qui réside habituellement dans une commune espagnole doit s’enregistrer dans le padrón ; si elle a plusieurs résidences, elle doit s’enregistrer, là où elle réside la majeure partie de l’année. Les bases de données des EVR, rassemblant toutes les variations résidentielles enregistrées en Espagne, contiennent les variables suivantes : date de naissance, date de la mobilité, commune ou pays de départ, commune ou pays d’arrivée, sexe et nationalité pour toutes les variations résidentielles enregistrées dans l’année. Chaque personne entrant dans le pays doit s’inscrire au padrón de la commune de résidence et se retirer du registre en sortant. Un biais existe cependant : certaines personnes hébergées ailleurs sur une courte période ne déclarent pas ces changements de résidence. D’autres ne veulent pas signaler ce changement quand il s’opère en dehors du territoire espagnol, car des droits d’accès aux services publics sont associés à l’inscription au registre municipal [6]. L’INE a essayé de corriger cette sous-déclaration, en radiant les personnes immigrées qui n’auraient pas confirmé leur résidence. Depuis le premier janvier 2006, les autorités locales appliquent une mesure de « radiation par caducité » (bajas por caducidad), lorsque les personnes nées à l’étranger, n’étant pas résidentes dans l’Union européenne et ne disposant pas de titre de séjour permanent, n’ont pas renouvelé leur inscription au registre. Une radiation par caducité est ici considérée comme une sortie du territoire espagnol sans indication du pays de destination de la mobilité résidentielle [Larramona, 2013, p. 253]. Non seulement les migrants réguliers s’inscrivent dans le registre municipal, mais également des migrants en situation irrégulière [7] se plient à cet exercice à compter des années 2000, depuis que ce registre donne accès à des services publics de santé et d’éducation.
9Il s’agit donc de données exhaustives des variations résidentielles en Espagne. Chaque ligne du fichier correspond à une mobilité résidentielle. Autrement dit, une personne qui a déclaré plusieurs changements de résidence dans le registre municipal peut apparaître plusieurs fois dans le fichier de microdonnées. La population statistique retenue regroupe l’ensemble des mobilités résidentielles depuis ou vers l’Espagne. Pour nous centrer précisément sur les migrants colombiens, nous nous intéresserons aux personnes nées en Colombie, qu’elles aient ou non la nationalité colombienne. Si un nombre important de Colombiens bénéficie de la double nationalité, ces derniers préfèrent déclarer la nationalité européenne à la nationalité colombienne dans les registres municipaux, pour des raisons évidentes de facilité administrative. Pour bien séparer le contexte de crise [8] du contexte antérieur, notre période d’observation ira de 2005 à 2012, période que l’on peut séparer en deux sous-périodes de même durée (2005-2008 et 2009-2012) correspondant à deux moments radicalement différents, du point de vue des contextes économiques et sociaux en Espagne et en Colombie.
10Entre 2005 et 2012, seulement 18 % des Colombiens ayant quitté l’Espagne avaient déclaré un nouveau lieu de destination. Pour les 82 % n’ayant rien déclaré ou ayant été radiés du registre par expiration de leur inscription, la méthode d’imputation des données Hot Deck a permis de réduire les biais de non-réponse (figure 2).
Destinations internationales connues et inconnues des émigrations colombiennes depuis l’Espagne

Destinations internationales connues et inconnues des émigrations colombiennes depuis l’Espagne
11L’imputation est une méthode qui attribue une valeur renseignée à chaque valeur manquante grâce à un processus de duplication : quand une valeur est manquante, on lui duplique la valeur connue, en général, celle de son « plus proche voisin ». Dans la méthode Hot-Deck [9], les unités statistiques sont ordonnées de façon à former des groupes les plus homogènes possible. Chaque valeur manquante est remplacée par une valeur renseignée qui appartient à une unité statistique du même groupe [Avila Guerra, 2002, p. 25]. Ici, les sorties du territoire espagnol de personnes nées en Colombie ont été extraites et consignées dans un fichier à part. Pour établir des groupes homogènes, les variables sexe, âge, année de départ d’Espagne, et dernière province espagnole de résidence ont été sélectionnées [10]. Concrètement, une femme née en Colombie en 1986, résidant avant 2012 dans la province de Malaga, mais n’ayant jamais déclaré, auprès de sa dernière municipalité de résidence en Espagne dans quel pays elle comptait déménager, se verra attribuer la destination d’une autre femme colombienne présentant strictement les mêmes caractéristiques (née en 1986 et résidant avant 2012 à Malaga).
La réorganisation des flux migratoires colombiens en Espagne à la faveur de la crise : retours et ré-émigrations
Baisse de l’immigration et hausse de l’émigration colombienne depuis la crise
12En lien avec la crise, les arrivées de Colombiens en Espagne ont diminué (43 248 arrivées en 2008 et 13 331 en 2012) après une croissance ininterrompue depuis 2005. Cependant, on ne peut pas vraiment parler d’extinction du flux avec 13 000 arrivées annuelles (figure 3).
Flux d’immigration et d’émigration de Colombiens en Espagne

Flux d’immigration et d’émigration de Colombiens en Espagne
13Quatre régions espagnoles continuent d’attirer la majorité des migrants colombiens : Madrid, Barcelone, Valence-Alicante et Cantabrie-Pays Basque, mais dans des proportions moindres que par le passé, de sorte que la carte des lieux d’arrivée des Colombiens en période de crise ressemble à un modèle réduit de la situation d’avant la crise. La crise n’a donc pas affecté, de manière significative, la distribution des principales destinations des Colombiens en Espagne (figure 4). Cette permanence de la géographie des lieux d’arrivée des migrants colombiens en Espagne peut sans doute s’expliquer par la solidité des réseaux migratoires ayant conduit les Colombiens, installés depuis longtemps, à héberger les nouveaux arrivants, processus qui avait déjà été observé sur un temps long, avant la crise [Sierra-Paycha, 2016a].
Provinces espagnoles d’arrivée des migrants colombiens

Provinces espagnoles d’arrivée des migrants colombiens
14Si les arrivées de Colombiens en Espagne ont fortement diminué, les départs de Colombiens depuis l’Espagne, c’est-à-dire les retours et les ré-émigrations vers un pays tiers, ne cessent, d’augmenter. Entre 2005 et 2012, les retours ont été multipliés par huit, passant de 2 254 à 16 677 (figure 3). La crise économique a bien eu un impact sur les niveaux d’immigration et d’émigration. Pour la première fois dans l’histoire du système migratoire colombo-espagnol, en 2012, les sorties de Colombiens ont dépassé les entrées (figure 3), conformément aux hypothèses classiques des théories de la migration [Lee, 2013, p. 112]. La majorité des émigrants (près de 80 % sur toute la période) sont repartis en Colombie (figure 5). À ces mouvements de retour, se combine sur la même période une émigration d’Espagnols (de nationalité espagnole y compris des personnes nées en Colombie [11]) : 1 562 Espagnols ont émigré vers la Colombie en 2012. Ces flux inversés, par rapport à la situation avant crise, participent du phénomène que Gildas Simon appelle les « migrations à rebours », c’est-à-dire, « ce grand mouvement qui draine vers les anciennes métropoles les ressortissants des anciens territoires colonisés, du Maghreb et de l’Afrique francophone vers la France, du Commonwealth vers le Royaume-Uni, des espaces lusophones vers le Portugal, des Philippines vers les États-Unis » [Simon, 2002, p. 2].
Retours et ré-émigrations (imputées) de Colombiens depuis l’Espagne

Retours et ré-émigrations (imputées) de Colombiens depuis l’Espagne
La ramification du champ migratoire colombo-espagnol en contexte de crise
15Les départs de Colombiens d’Espagne, dont nous avons vu plus haut qu’ils augmentaient depuis le milieu des années 2000 (excepté entre 2010 et 2011), présentent un caractère hétérogène en raison de la diversité des destinations. Une minorité croissante – car 4 882 Colombiens avaient ré-émigré entre 2005 et 2008 contre 9 192 entre 2009 et 2012 – se dirige vers des pays tiers (figure 5).
16Parmi ces ré-émigrations, les destinations européennes (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Suisse, Pays-Bas) et américaines (États-Unis, Venezuela, Équateur, Panama et Canada) étaient et ne cessent d’être majoritaires (figure 6).
Destinations (imputées) des migrants colombiens quittant l’Espagne avant et après la crise

Destinations (imputées) des migrants colombiens quittant l’Espagne avant et après la crise
17Avec la crise, non seulement le nombre de Colombiens à ré-émigrer a augmenté, mais encore, les destinations se sont diversifiées. C’est ainsi qu’entre 2008 et 2012, 80 pays ont été concernés par la ré-émigration de Colombiens ayant quitté l’Espagne, soit 17 de plus qu’avant la crise (63 pays affectés entre 2005 et 2008). Bien que le Royaume-Uni accueille de plus en plus de Colombiens ayant quitté l’Espagne (près d’un tiers entre 2009 et 2012 pour moins d’un quart avant la crise), les pays où ils ré-émigrent sont aussi plus nombreux depuis la crise. Les neuf pays qui attirent le plus de Colombiens repartis d’Espagne concentraient 77 % de la ré-émigration colombienne en période de crise, soit une proportion inférieure à celle observée avant la crise (80 %). La diminution de l’indice de GINI [12] rend compte d’une diffusion plus équitable de la population colombienne entre les différents pays d’accueil, en période de crise. Cependant, parmi les principales destinations européennes, on remarque une augmentation spectaculaire (> 100 %) des ré-émigrations vers les pays européens dont les marchés du travail ont moins été affectés par la crise [13]. La proportion de Colombiens ré-émigrant vers le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas ou encore la Suisse a ainsi augmenté de plus de 100 % d’une période à l’autre (figure 6).
18La carte des ré-émigrations de Colombiens et des retours vers la Colombie (figure 7) atteste un très large rayon d’action de ces populations. Outre les destinations européennes et américaines déjà citées, l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Europe de l’Est, le Maghreb et le Pacifique sont aussi devenus des lieux de ré-émigration.
Destinations internationales (imputées) des Colombiens ayant préalablement émigré en Espagne entre 2009 et 2012

Destinations internationales (imputées) des Colombiens ayant préalablement émigré en Espagne entre 2009 et 2012
19Avec la crise, moins de Colombiens se sont rendus en Espagne et plus de Colombiens en sont partis. Ce sont toujours les mêmes lieux qui continuent d’attirer les nouveaux migrants en Espagne – Madrid, Barcelone et Valence principalement. En revanche, la crise a contribué à élargir le rayon d’action des flux du champ migratoire Colombie/Espagne, évoquant ainsi une forme de ramification. Pour illustrer l’impact qu’ont eu ces migrants colombiens partis d’Espagne sur d’autres champs migratoires colombiens, prenons le cas de la France. Entre 2009 et 2012, elle a accueilli 844 Colombiens résidant préalablement en Espagne, soit 211 par an, en moyenne. Or, environ 1 000 Colombiens arrivaient chaque année à la fin des années 2000 – 773 selon le recensement français [INSEE, 2013], 1 221 selon les données du fichier central des titres de séjour du ministère de l’Intérieur [Thierry, Wielki, 2009, p. 28]. L’Espagne, autrefois pays d’installation, est devenu un pays de départ en période de crise, contribuant par exemple à 20% des nouvelles arrivées de Colombiens en France.
Des stratégies migratoires différenciées selon les ressources des migrants : migrations de retour versus ré-émigrations ?
20Si ces résultats confirment l’idée d’une inversion des flux migratoires assortie d’une recomposition spatiale du champ migratoire par le biais des ré-émigrations, qu’en est-il de la composition démographique de ces flux ? Ont-ils changé de nature ? Observe-t-on des stratégies migratoires différenciées selon le profil démographique des migrants ? Quelles ressources individuelles (nationalité, âge, sexe) sont associées aux différentes stratégies migratoires ?
21Selon le type de migration (retour, ré-émigration, mobilité résidentielle interne, immigration), l’impact de la crise sur les caractéristiques démographiques de ces migrants, n’a pas été le même.
22Parmi les nouveaux immigrants colombiens en Espagne (figure 9), deux profils ressortent clairement : les personnes qui immigrent en Espagne alors qu’elles sont mineures (avec un pic pour celles qui vont avoir 18 ans dans l’année), et les adultes âgés de 25 à 35 ans. La migration des mineurs s’explique par le regroupement de ceux-ci auprès de leurs parents, travaillant en Espagne. En effet, la législation espagnole autorise ce regroupement pour les enfants mineurs dont un des parents a résidé au moins un an en Espagne, si ce dernier détient un titre de séjour ou en a fait la demande, et justifie de ressources permettant de subvenir aux besoins de l’enfant. Les adultes migrant entre 25 à 35 ans, quant à eux, se rendent en Espagne pour travailler ou pour étudier ; le visa pour études étant plus facile à obtenir que d’autres types de visa. Ces nouveaux immigrants sont davantage des femmes que des hommes, et ce, de plus en plus depuis la crise (figure 8).
Caractéristiques démographiques des migrants colombiens selon les stratégies migratoires

Caractéristiques démographiques des migrants colombiens selon les stratégies migratoires
Pyramide des âges des Colombiens migrant vers l’Espagne

Pyramide des âges des Colombiens migrant vers l’Espagne
23Les Colombiens choisissant de déménager ailleurs en Espagne sont des trentenaires, en majorité des femmes. Mais les caractéristiques de ces migrants internes ont peu varié depuis 2008 (figures 11 et 8). Le profil des Colombiens ayant opté pour un déménagement ailleurs en Espagne ressemble de plus en plus à celui des Colombiens ayant choisi de ré-émigrer vers un pays tiers. En effet, là aussi, ce sont davantage des femmes que des hommes et surtout des trentenaires qui optent pour ce type de mobilité (figures 12 et 8). Le changement le plus spectaculaire, dans la composition sociodémographique des flux concerne les migrants de retour. Alors que l’on comptait 95 Colombiens de retour pour 100 Colombiennes avant 2008, depuis la crise, ce sont 128 hommes pour 100 femmes qui reviennent dans leur pays de naissance (figure 8). Ce sont en particulier les hommes âgés de 30 à 70 ans qui ont modifié la physionomie de la pyramide des âges de la période prospère à la période de crise (figure 10). Cette très forte masculinisation des migrations de retour a été également observée pour les Boliviens et les Équatoriens. On peut interpréter ce phénomène comme le signe d’une meilleure résistance au chômage du principal secteur d’activité des femmes latino-américaines (le secteur domestique), comparativement au principal secteur d’activité des hommes (la construction) [García Ballesteros, Jiménez Blasco, Mayoral Peñas, 2014 ; Baby-Collin, Cortes, 2014].
Pyramide des âges des Colombiens de retour d’Espagne

Pyramide des âges des Colombiens de retour d’Espagne
Pyramide des âges des Colombiens déménageant dans une autre commune espagnole

Pyramide des âges des Colombiens déménageant dans une autre commune espagnole
Pyramide des âges des Colombiens ré-émigrant

Pyramide des âges des Colombiens ré-émigrant
24Le retour en Colombie s’apparente à une stratégie de repli pour les hommes, durement touchés par la crise du secteur de la construction en Espagne, et pour lesquels les opportunités d’emploi ont diminué, que ce soit en Espagne ou ailleurs en Europe. Par contraste, ce sont surtout des femmes qui choisissent de ré-émigrer en Europe et en Amérique du Nord. Elles y bénéficient d’opportunités de travail, notamment dans les métiers du care, moins touchés par la crise que d’autres secteurs en Espagne et en Europe, d’une manière générale. Comme cela a été montré dans une autre étude [Sierra-Paycha, 2016b], les familles colombiennes migrantes vivent très souvent entre plusieurs pays de résidence ; on observe ainsi fréquemment des couples mariés vivant de part et d’autre de l’Atlantique, ou des enfants restés en Colombie auprès d’un parent pendant que l’autre travaille en Espagne. Il est donc très probable qu’au sein d’une même famille, la femme ait continué sa route dans un pays tiers et que l’homme soit retourné en Colombie. Malheureusement, les données des EVR ne permettent pas de savoir si les personnes enregistrées sont mariées ou célibataires ni si elles migrent seules ou accompagnées.
25Nous avons ici tenté d’appréhender les stratégies migratoires, ré-émigrations et migrations de retour, au moyen d’une régression logistique (figure 13), pour apprécier l’effet de chaque variable sur la probabilité de ré-émigrer au lieu de retourner [15]. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, entre 2009 et 2012, une personne née en Colombie de nationalité européenne ou nord-américaine a environ 22 fois plus de chances de ré-émigrer plutôt que de retourner en Colombie, comparativement à une personne née en Colombie, mais de nationalité colombienne.
Déterminants de la ré-émigration vers un pays tiers


Déterminants de la ré-émigration vers un pays tiers
26Comme le laissaient présager les résultats de la statistique descriptive exposés plus haut, si être une femme avait un effet positif sur la probabilité de ré-émigrer avant la crise, c’est encore le cas pendant la crise. La régression met aussi en évidence le fait que le migrant a plus de chances d’aller s’installer dans un pays tiers, au lieu de retourner en Colombie, quand sa nationalité est autre que colombienne. Avoir une double nationalité constitue un atout pour la poursuite du parcours migratoire [González Bernaldo de Quiros, Jedlicki, 2012]. Avoir une double nationalité, de surcroît lorsqu’il s’agit d’une nationalité d’un pays du Nord parmi celles proposées dans le modèle (Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni Suède, Suisse), permet en effet au migrant de s’installer plus facilement dans un pays tiers. La probabilité très élevée de ré-émigrer pour les personnes possédant une autre nationalité (ni l’une des pays cités plus haut ni colombienne) témoigne du fait que celles-ci se dirigent systématiquement vers le pays qui correspond à cette autre nationalité. La crise ajoute à ces profils un élément nouveau, favorisant la ré-émigration : la localisation du lieu de provenance. Le fait d’avoir résidé en Galice ou en Andalousie, autrement dit dans des régions où la pêche, l’élevage et l’agriculture sont particulièrement développés, incite davantage les Colombiens à poursuivre la route vers un pays tiers, au lieu de retourner en Colombie. On peut faire l’hypothèse que le choix de ré-émigrer s’explique par l’implication probable de ces migrants dans l’agriculture : cette expérience professionnelle leur permet éventuellement d’aller travailler dans le cadre de contrats saisonniers dans d’autres pays d’Europe. L’âge apparaît également comme un facteur relativement discriminant, puisque les plus jeunes (moins de 25 ans) et les plus âgés (plus de 50 ans) connaissent une probabilité plus faible de ré-émigrer que les migrants issus des classes d’âge intermédiaires (25-49 ans).
Conclusion
27Cette étude nous a permis de comprendre certaines dynamiques affectant un champ migratoire soumis à une crise socioéconomique dans le pays d’installation. Dans le cas colombo-espagnol, les flux migratoires tendent à s’inverser entre anciens pays d’origine et pays d’installation depuis la crise de 2008 ; les retours de Colombiens étant désormais supérieurs aux arrivées en Espagne, ce qui témoigne de l’actualité de la « migration à rebours » telle qu’elle est envisagée par Gildas Simon. Cependant, on n’observe pas d’extinction du flux, contrairement à ce que laissait présager un push factor de l’ampleur de la crise de la bulle immobilière espagnole de 2008. Les lieux d’implantation des Colombiens en Espagne sont d’ailleurs restés identiques avant et après la crise. Cette permanence des lieux d’insertion résidentielle des Colombiens en Espagne malgré la crise est sans doute liée à la force des réseaux migratoires en place ; les Colombiens déjà installés hébergeant leurs compatriotes arrivés depuis la crise. C’est plutôt par la ré-émigration que la recomposition spatiale du champ migratoire colombo-espagnol s’opère, suggérant ainsi une « ramification » du champ migratoire. À titre d’exemple, 20 % des nouvelles arrivées de Colombiens en France proviennent désormais d’Espagne. Les acteurs entreprenant ces différentes stratégies migratoires diffèrent par leurs caractéristiques sociodémographiques. En effet, ce sont surtout des femmes qui ré-émigrent ou migrent ailleurs à l’intérieur de l’Espagne, alors que les hommes qui partent optent majoritairement pour un retour dans leur pays de naissance. En outre, avoir une autre nationalité que la nationalité colombienne facilite la ré-émigration, tandis que ne pas disposer de cette ressource contraint à la migration de retour. Alors que les plus jeunes et les plus âgés optent pour le retour, être en âge de travailler favorise au contraire la poursuite du parcours migratoire dans un autre pays d’Europe. L’histoire très récente du champ migratoire colombo-espagnol confirme donc qu’il est pris à la fois dans les dynamiques classiques de la migration à rebours, mais également dans de nouvelles dynamiques migratoires s’apparentant à des processus de ramification depuis l’ancien pays d’installation. Notons que certaines dynamiques – en particulier, les répercussions différenciées des effets de la crise sur les hommes et les femmes – ont été observées pour d’autres groupes de migrants latino-américains, tels que les Boliviens et les Équatoriens à partir de ces mêmes données [García Ballesteros, Jiménez Blasco, Mayoral Peñas, 2014 ; Baby-Collin, Cortes, 2014], l’impact de la crise sur les champs migratoires n’est donc pas une spécificité colombienne et peut être généralisé à d’autres populations migrantes en Espagne.
Notes
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[*]
Doctorant en géographie et en démographie, université de Poitiers, laboratoire Migrinter ; Institut national d’études démographiques, unité « Mobilité, logement, entourage ».
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[1]
Le terme de recomposition spatiale d’un champ migratoire est proposé par D. Lessault et M.-L. Flahaux dans le contexte sénégalais [Lessault, Flahaux, 2013].
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[2]
Voir les travaux récents sur les Colombiens à New York de Magnan Penuela [2009]
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[3]
Madrid et Barcelone
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[4]
Nous traduisons ici le terme espagnol municipio par commune, terme qui en désigne l’équivalent administratif en France.
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[5]
Travailler sur les données de flux à partir des registres de populations implique de considérer comme unités statistiques les mobilités (les migrations) et non les migrants. Un migrant peut être comptabilisé plusieurs fois la même année dans le flux de Madrid vers Valence. C’est pourquoi, dans le calcul du taux de mobilité résidentielle, le numérateur excède souvent le dénominateur. Quand les auteurs cités parlent d’un taux de mobilité résidentielle colombienne de 143 %, c’est précisément qu’on a enregistré 143 mobilités résidentielles de Colombiens pour 100 personnes colombiennes résidentes en Espagne.
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[6]
Être inscrit permet d’accéder aux systèmes de santé et d’éducation.
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[7]
Par définition, la statistique publique peine à estimer le nombre de personnes en situation irrégulière. En 2007, d’après nos propres calculs effectués à partir de l’enquête nationale sur les immigrants qui avait interrogé à l’époque plus d’un millier de Colombiens tirés aléatoirement dans les logements sur le territoire espagnol, on comptait ainsi seulement 7 % de Colombiens en situation irrégulière. Ce faible taux constitue selon nous une sous-estimation liée au moins à deux facteurs : une sous-déclaration de ces situations légales face aux enquêteurs de l’INE perçus comme des représentants de l’État, et une sous-estimation liée au fait que seules les personnes les plus « installées », figurant à ce titre dans les bases de sondage de l’INE, ont été enquêtées.
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[8]
Si la crise désigne techniquement un moment précis, après lequel la conjoncture s’inverse, dans le cas de la crise économique espagnole de 2008, la récession est toujours en vigueur en 2016. Par ailleurs, le terme de crise est employé par les médias et par les habitants eux-mêmes pour décrire le contexte difficile dans lequel ils vivent.
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[9]
L’adjectif Hot renvoie à l’utilisation de valeurs de la même enquête pour l’imputation et non d’une source extérieure comme dans le cas du Cold-Deck.
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[10]
Nous avons imputé les données internationales grâce à un programme SAS. Une grande limite de l’imputation Hot-Deck est qu’elle lisse les phénomènes observés par la normalité, les cas les plus fréquents ayant tendance à être gonflés par l’imputation et les cas les plus rares à être minorés. Les données imputées n’étant pas toujours très fiables, elles sont utilisées ici exclusivement pour quantifier les flux, en aucun cas pour analyser leur composition. Aussi, nous préciserons systématiquement lorsque nous utiliserons les données imputées et non-imputées.
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[11]
Ce mouvement comprend à la fois des enfants de Colombiens nés en Espagne, des Espagnols n’ayant aucun ascendant colombien, et des Espagnols nés en Colombie. Nous précisons que par le droit du sol en vigueur, les personnes nées en Colombie sont automatiquement colombiennes.
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[12]
L’indice de GINI est un indicateur statistique permettant de mesurer la concentration et la dispersion d’une population statistique. Il varie entre 0 et 1. Un indice de GINI égal à 0 correspond à une situation où tous les pays reçoivent le même nombre de migrants colombiens. Un indice de GINI égal à 1 correspond à une situation où un seul pays concentre la totalité des Colombiens quittant l’Espagne.
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[13]
On peut mesurer cette résistance à la crise par le maintien d’un taux de chômage plus bas que dans les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Grèce).
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[14]
Les sex-ratios sont exprimés en nombre d’hommes pour 100 femmes et les âges en années. Un box-plot est un outil de représentation statistique qui indique de bas en haut, le minimum, le premier quartile, la médiane, le troisième quartile et le maximum d’une série statistique.
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[15]
La régression logistique a été effectuée sous le logiciel SAS avec la procédure logistic et l’option logit. Une telle modélisation statistique, dans le cas d’une variable à expliquer qualitative dichotomique, a pour objet de prédire la probabilité qu’a un individu d’être classé dans l’une ou l’autre des modalités de cette variable. Une variable qualitative dichotomique est une variable que l’on appréhende par deux modalités, ici « retourner » ou « ré-émigrer ».