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Lorsque Christine Lazerges m’a sollicité pour évoquer « la misère de la psychiatrie judicaire », j’ai immédiatement pensé à cette « clochardisation de la justice » dénoncée par Jean-Jacques Urvoas, alors garde des Sceaux, formulation certes « choc » mais également volontairement choquante. Elle ne se contente pas de pointer la misère budgétaire, elle donne une image dégradée de l’institution judiciaire, empreinte de misérabilisme. D’où un certain malaise. Je souhaite ici insister sur le fait qu’au-delà de l’incontournable réalité budgétaire, une autre misère a frappé les métiers à vocation, ceux de la justice, de la psychiatrie, du soin ; mais également de l’enseignement, de la recherche, et plus généralement tous les métiers voués au bien commun, désormais réduit aux seuls biens matériels, ravalés à leur coût.
Certes, il est hors de question de tenir pour quantité négligeable l’insuffisance budgétaire. Je lis qu’il y a en Allemagne deux fois plus de magistrats professionnels qu’en France et que la justice y est deux fois plus rapide. Il doit bien y avoir un lien. Et je sais combien les psychiatres ont dû se battre pour que les budgets alloués à l’hôpital général ne dérivent pas vers le MCO, l’un des facteurs qui explique que si la médecine et la chirurgie sont en souffrance, la psychiatrie l’est encore plus.
Mais ce serait une illusion de penser que la quantité produirait immanquablement de la qualité et que l’accroissement de l’effort national résoudrait tous les problèmes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/01/2023
- https://doi.org/10.3917/apc.044.0153