La pertinence des attitudes de base de l’Approche centrée sur la personne dans le champ des soins aux personnes âgées est soulignée régulièrement (par exemple Morton, 1999/2002 ; Pörtner, 1996, 2005 ; Wittrahm, 1990). Au cours des années soixante, Garry Prouty a apporté un développement à l’Approche centrée sur la personne en élaborant la « Pré-thérapie », une démarche soutenant le travail avec des personnes aux capacités de contact gravement altérées. Prouty était l’élève d’Eugene Gendlin, dont le focusing et la psychothérapie expérientielle (Gendlin, 1978/1985, 1996/1998) constituent l’un des fondements essentiels de la Pré-thérapie. Au départ, Prouty a élaboré sa démarche pour travailler avec des personnes souffrant de graves troubles psychotiques ou autistiques ou d’un handicap mental (Prouty & al., 1998 ; Pörtner, 1996).
Cette contribution examine dans quelle mesure cette démarche est également pertinente pour améliorer les soins aux personnes âgées souffrant de graves troubles de démence et considérées de ce fait comme « incapables de communication » ou « confuses ». La souffrance durant la vieillesse n’y est cependant pas considérée en premier lieu comme une maladie, mais comme une expérience existentielle fondamentale qui concerne ou peut concerner (presque) chacun d’entre nous ; il s’agit donc d’une situation limite au sens de Karl Jaspers (Jaspers, 1994 ; Dörner, Plog & al., 2000).
C’est pourquoi le terme de « démence » est utilisé avec précaution et même évité totalement si possible…