CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Parler de baby-boom évoque presqu’automatiquement l’idée de l’augmentation de la fécondité dans la plupart des pays industrialisés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si cette image est conforme à la réalité en ce qui a trait au nombre des naissances enregistrées durant cette période, ce qui se cache derrière ce résultat brut s’avère nettement plus complexe. Comme l’affirment van Bavel et Reher (2013) dans leur article synthèse “The Baby Boom and Its Causes: What We Know and What We Need to Know”, il faut se rappeler que les changements dans les comportements de nuptialité sont au moins aussi importants durant cette période que ceux ayant affecté la fécondité. De plus, il faut bien reconnaître avec eux que nous sommes encore loin d’avoir expliqué le phénomène du baby-boom de manière satisfaisante. Proposant quelques pistes pour se rapprocher d’une telle explication, ces deux auteurs nous invitent entre autres à développer une meilleure connaissance des comportements de groupes spécifiques au sein d’ensembles nationaux, ceci afin de faire apparaître des similitudes et des différences susceptibles de nous éclairer sur les motivations des couples et des familles durant cette période.

2À l’instar de collègues ayant récemment travaillé dans cette direction pour des pays comme la Belgique, la Suède et l’Espagne (van Bavel, 2014 ; Sandström, 2014 ; Requena et Salazar, 2014), nous avons de notre côté entrepris d’étudier les modalités du baby-boom au Canada, à l’aide de micro-données nouvellement accessibles. En plus des caractéristiques socio-économiques prises en compte dans les études précédentes, le Canada recèle d’importants contrastes culturels découlant de son histoire, notamment en ce qui concerne la langue (française/anglaise), l’origine ethnique (française/britannique) et la religion (catholique/protestante), ce qui ajoute une dimension culturelle importante à nos analyses. En raison même de ces différences et de l’histoire du peuplement de chaque province, il s’avère important de travailler sur des ensembles mieux circonscrits que le pays dans son entier. C’est pourquoi nous nous concentrons sur le Québec et l’Ontario. Ces deux provinces sont souvent comparées l’une à l’autre parce qu’elles sont les deux plus peuplées de la fédération, mais aussi parce qu’elles sont voisines, situées au centre du pays, que leur peuplement est relativement ancien et qu’elles se distinguent toutes deux par leur économie plus diversifiée que celle des autres provinces.

3On sait déjà, grâce aux travaux de Jacques Henripin (1968), que le baby-boom ne s’est pas déroulé de la même façon dans ces deux provinces, un résultat qui n’a probablement pas reçu toute l’attention qu’il devrait. En Ontario, on retrouve le schéma usuel où l’augmentation de la fécondité, combinée à l’évolution positive de la nuptialité, conduit à une augmentation significative de l’indice synthétique de fécondité (figure 1 et tableau 1). Au Québec, où la population est majoritairement d’origine française et de religion catholique, le déclin de la fécondité associé à la première transition démographique n’est pas aussi avancé qu’en Ontario au moment où s’amorce le baby-boom. L’augmentation de la nuptialité y est également forte, mais la fécondité des couples mariés n’augmente pas ; au contraire elle diminue. Le résultat global consiste néanmoins dans une certaine augmentation des indicateurs généraux de la fécondité [1], mais pas dans la même mesure qu’en Ontario (Henripin, 1968 ; Lapierre-Adamcyk et Lussier, 2003). Pour situer ces deux provinces par rapport à l’expérience d’autres pays, nous avons ajouté le Québec et l’Ontario au graphique préparé par van Bavel et Reher afin d’illustrer la relation négative existant entre le niveau de fécondité observé avant le baby-boom et l’intensité de celui-ci dans divers pays. Comme on le voit sur la figure 2, le Québec et l’Ontario occupent des positions très différentes, loin de celle occupée par le Canada dans son ensemble. Fait intéressant à signaler, l’Ontario se retrouve tout à côté des États-Unis, tandis que le Québec, difficile même à placer sur le graphique original, côtoie des pays à population catholique comme l’Italie et l’Espagne.

Fig. 1

Indice synthétique de fécondité, Québec et Ontario 1926-1960

Fig. 1

Indice synthétique de fécondité, Québec et Ontario 1926-1960

Source : Statistique Canada, statistiques de l’état civil, diverses années.
Tab. 1

Impact de différents facteurs sur l’évolution de la fécondité générale, Québec et Ontario, 1921-1961

Tab. 1
1921-1931 1931-1941 1941-1951 1951-1961 Québec Structure par âge 0,09 1,49 1,61 -6,65 Nuptialité -8,79 -2,2 19,45 9,77 Fécondité - mariées -15,87 -11,07 -6,62 -10,81 Fécondité - non mariées -0,48 -0,36 0,46 0,35 % global -25,05 % -12,14 % 14,90 % -7,34 % Ontario Structure par âge -2,85 2,02 1,71 -5,91 Nuptialité -1,22 10,36 22,38 6,94 Fécondité - mariées -16,85 -19,92 12,59 7,1 Fécondité - non mariées 1,12 0,54 -0,14 0,39 % global -19,80 % -7,00 % 36,52 % 8,52 %

Impact de différents facteurs sur l’évolution de la fécondité générale, Québec et Ontario, 1921-1961

Source : Henripin, 1968, 62-63.
Fig. 2

Indice synthétique de fécondité le plus faible observé de 1920 à 1938 et pourcentage d’augmentation jusqu’à la valeur la plus élevée avant 1975

Fig. 2

Indice synthétique de fécondité le plus faible observé de 1920 à 1938 et pourcentage d’augmentation jusqu’à la valeur la plus élevée avant 1975

Sources : Van Bavel et Reher, 2013, 266. Pour le Québec et l’Ontario, Statistique Canada, données sur les naissances et la fécondité, diverses années.

4Dans le cadre de notre travail sur les causes du baby-boom au Canada, nous avons récemment effectué une analyse détaillée du phénomène qui est commun aux baby-booms du Québec et de l’Ontario, soit la nuptialité, dont l’impact sur les indicateurs de fécondité est très positif dans chacune des deux provinces (Gauvreau et coll., 2015 ; Gauvreau et Laplante, 2016). L’analyse des modèles de mariage selon les caractéristiques ethno-religieuses et le niveau d’éducation des hommes et des femmes a démontré l’ampleur et le caractère généralisé de la baisse de l’âge au mariage, à la fois pour les hommes et pour les femmes, peu importe la province de résidence, le groupe ethno-religieux ou même le niveau d’éducation des individus. À cet effet massif du rajeunissement du calendrier du mariage se greffe celui de l’augmentation de la propension à se marier, particulièrement chez les femmes, les catholiques ainsi que les personnes les plus scolarisées.

5Nous nous intéressons dans cet article à la fécondité des couples mariés durant la période du baby-boom, dont l’évolution diverge dans ces deux provinces, comme on l’a vu précédemment. Utilisant les données rétrospectives du recensement de 1981 sur le nombre d’enfants mis au monde ainsi que l’âge au premier mariage, nous examinons la descendance finale ainsi que les probabilités d’agrandissement mesurées pour les femmes nées entre 1900 et 1940, lesquelles ont mis leurs enfants au monde avant, pendant et juste après le baby-boom. En plus des statistiques descriptives détaillées relatives aux descendances, nous utilisons la régression logistique multinomiale pour estimer l’effet de la religion, de l’origine ethnique, de l’éducation et de la province de résidence sur la fécondité des femmes de ces cohortes, en tenant compte également de l’âge au premier mariage et de la durée de l’union. Nous visons ainsi à mettre au jour, pour le Canada, un éventail de trajectoires reproductives ayant eu cours durant le baby-boom, que nous pourrons comparer aux tendances récemment identifiées pour quelques pays européens au cours de la même période (van Bavel, 2014 ; Sandström, 2014 ; Requena et Salazar, 2014).

Religion, éducation et fécondité

6La question de l’influence de la religion sur la fécondité n’est pas nouvelle et a reçu un regain d’attention au début des années 2000, avec la publication coup sur coup de l’article de Kevin McQuillan « When Does Religion Influence Fertility ? » (2004), de l’ouvrage d’Anne-Françoise Praz sur deux populations catholique et protestante de Suisse (2005) et du livre collectif édité par Renzo Derosas et Frans van Poppel sur le rôle de la religion durant la transition de la fécondité (2006), auquel les deux premiers auteurs ont d’ailleurs collaboré. S’appuyant sur les travaux pionniers de Calvin Goldscheider (1971) et sa critique de la manière étroite de chercher dans la doctrine d’une religion les causes de son impact sur les comportements procréateurs, McQuillan s’efforçait dans son article de mieux définir les conditions qui permettent à une religion d’influencer les comportements de fécondité, parfois même de manière tout à fait indirecte. Le Québec est justement l’un des trois exemples qu’il examine en détail, les autres se rapportant à l’Irlande et à l’islam. Dans cette province, le régime mis en place au moment de la colonisation par la France (Nouvelle-France) fut remplacé à la fin de la Guerre de Sept Ans, en 1763, par un gouvernement britannique où les catholiques occupaient le plus souvent une position inférieure par rapport aux puissantes élites britanniques. Aux catholiques d’origine française se sont par la suite ajoutés d’autres catholiques, surtout en provenance d’Irlande, mais les premiers ont toujours constitué la majorité de la population (tableau 2, section suivante). S’inspirant des travaux de plusieurs historiens québécois, McQuillan démontrait comment la mainmise de l’Église catholique sur de nombreuses institutions, notamment le système d’éducation et les soins de santé, ainsi que les moyens concrets de contrôle dont elle disposait, la confession par exemple, a permis à celle-ci d’étendre son pouvoir dans toutes les sphères de la vie sociale et d’exercer une immense influence sur la vie des individus et des familles, entre autres en ce qui a trait à la fécondité : « The Quebec case shows convincingly the salience of the institutional dimension of religion in shaping individual behavior » (p. 38). S’appuyant également sur une définition large de l’impact de la religion, Praz s’est penchée sur le rôle des enfants et sur l’importance accordée à l’éducation dans deux cantons de Suisse, ceux de Fribourg et de Vaud, respectivement à dominante catholique et protestante. Elle voit dans les différences religieuses à cet égard un facteur important du déclin moins rapide de la fécondité chez les catholiques et donc de la transformation plus lente de l’enfant « utile » en enfant « précieux ». La prise en compte systématique du genre de l’enfant l’amène par ailleurs à conclure à la moins grande égalité des filles et des garçons parmi les catholiques, les premières se trouvant plus souvent confinées à la sphère domestique. Ce décalage dans l’éducation des filles paraît aussi contribuer à ralentir le processus de transition de la fécondité.

7Vu l’importance de la religion dans l’histoire du Canada, il n’est probablement pas étonnant que cette variable ait fait partie du premier recensement canadien de l’ère moderne, conduit en 1851, ainsi que de tous les suivants. L’origine ethnique fut quant à elle introduite plus formellement dans le recensement de 1871. La documentation des différences culturelles en matière de fécondité au Canada remonte aux travaux pionniers de William Tracey (1941) et d’Enid Charles (1943 et 1948). Ceux-ci ont utilisé les données des recensements de 1931 et 1941 ainsi que les statistiques d’état civil pour mesurer la surfécondité des catholiques et celle des provinces comptant une proportion élevée de francophones et de catholiques. La question de l’évolution des différences religieuses en matière de fécondité en Amérique du Nord a également été abordée dans le contexte des changements provoqués par la transition de la fécondité et le baby-boom (Burch, 1966 ; Krotki et Lapierre-Adamcyk, 1968 ; Westoff et Jones, 1979). À l’aide d’indicateurs transversaux de fécondité calculés à partir des recensements, ces auteurs ont mis au jour la convergence générale des niveaux de fécondité des catholiques et des non-catholiques au Canada et aux États-Unis. Westoff et Jones (1979) ont même proclamé la fin de la fécondité « dite » catholique, vers le milieu des années 1970. Thomas Burch s’est attardé pour sa part sur les variations de fécondité au sein du groupe catholique : il a observé, en 1961, certaines différences ethniques en faveur des Irlandais catholiques qui affichaient une fécondité plus élevée que les catholiques d’origine française. Karol Krotki et Évelyne Lapierre-Adamcyk ont fait état d’un résultat semblable lorsqu’ils ont comparé les catholiques du Québec à ceux du reste du Canada (1968). À l’instar de Thomas Burch (1966) et de Jacques Henripin (1968), ces auteurs en sont arrivés à la conclusion que les niveaux de fécondité générale des femmes catholiques auraient même été plus élevés, n’eussent été leur plus faible propension à se marier et leur âge plus tardif au mariage, en comparaison de leurs consœurs non-catholiques (Burch, 1966 ; Krotki et Lapierre-Adamcyk, 1968 ; Henripin, 1968). Notre récente analyse des modèles de mariage en Ontario et au Québec va dans le même sens : elle tend à démontrer que les catholiques nés dans les premières décennies du xxe siècle, autant les hommes que les femmes d’ailleurs, étaient les moins susceptibles de se marier et ont été les plus touchés par les changements de nuptialité pendant le baby-boom, en particulier en ce qui a trait à la propension accrue à se marier (Gauvreau et Laplante, 2016 ; Gauvreau et coll., 2015).

8Divers facteurs socio-économiques sont évidemment aussi associés à des écarts de fécondité importants. Au Canada, la littérature a mis en évidence le gradient négatif souvent observé entre le statut socio-économique et la fécondité, en particulier au cours de la première moitié du xxe siècle, lorsque certains groupes étaient encore aux prises avec la transition de la fécondité (Charles, 1948 ; Henripin, 1968 ; Henripin et Lapierre-Adamcyk, 1974). Notre utilisation des informations rétrospectives contenues dans le recensement de 1981 impose cependant des limites à l’observation directe des variables définissant le statut socio-économique d’un individu telles que la profession du mari ou le revenu de la famille au moment où naissaient les enfants. Dans ces circonstances, le meilleur indicateur pour mesurer ces attributs semble être le niveau d’éducation de la femme, plus stable dans le temps que les variables précédentes. Le choix de cette variable comporte par ailleurs l’avantage de rendre nos résultats comparables à ceux effectués récemment par nos collègues européens sur l’évolution de la fécondité au cours du baby-boom, lesquels démontrent l’importance de cette variable, particulièrement en période d’augmentation rapide de la scolarisation (van Bavel, 2014 ; Sandström, 2014 ; Requena et Salazar, 2014). Le Canada ne fait pas exception à cette dernière tendance dès lors que la plupart des femmes nées au début des années 1900 ont peiné à compléter un cours primaire tandis que la majorité de celles nées dans les années 1940 ont détenu un diplôme d’études secondaires (tableau 2 dans la section suivante).

9Au Canada, la relation généralement négative entre le niveau d’éducation et la fécondité des femmes a principalement fait l’objet d’études au moyen de données d’enquêtes et surtout dans le contexte post-1970 où les niveaux de fécondité étaient tombés sous le seuil de replacement et le nombre de femmes sur le marché du travail augmentait rapidement (par exemple Henripin et Lapierre-Adamcyk, 1974 ; Balakhrishnan et coll., 1993). Deux explications sont généralement avancées pour comprendre cette relation. Plutôt mécanique, l’une est liée au retard de calendrier du mariage et de naissance des enfants lorsque la femme fait des études prolongées, ce qui contribuerait à réduire la taille de sa famille ; l’autre pointe plutôt dans la direction d’une sélection des femmes les plus instruites parmi celles ayant des aspirations moins axées sur la vie de famille et la maternité, d’où la taille réduite de leurs familles. En dépit du travail remarquable effectué par Enid Charles (1948) à partir du recensement de 1941, nous n’avons pas encore pris toute la mesure de l’importance de la relation entre niveau d’éducation des femmes et fécondité durant la première moitié du xxe siècle. Il est donc intéressant d’examiner cette question dans le contexte des années du baby-boom, alors que peu de possibilités d’emploi s’offraient aux femmes et que les méthodes contraceptives existantes étaient encore limitées.

10La question du travail des femmes et de sa modulation en fonction de leur vie reproductive revêt en effet une grande importance. Nous ne disposons pas d’information directe sur cette question pour les femmes recensées en 1981, qui se rapporterait au moment de la naissance de leurs enfants. Mais quelques travaux nous en apprennent cependant davantage sur cette question durant les décennies précédant le recensement de 1981 (Kempeneers, 1992 et 2015 ; Laurin et coll., 1991 ; Laplante et Godin, 2003). Ils suggèrent l’existence d’un modèle discontinu de travail pour les femmes au cours de la première moitié du xxe siècle, suivant lequel les femmes travaillaient avant le mariage, s’arrêtaient durant la phase de constitution de leur famille et pour élever leurs enfants, avant de regagner le marché du travail une fois les enfants devenus plus vieux, ceci dans des proportions croissantes avec le temps. Ce modèle cède ensuite la place à une situation qui se rapproche progressivement de ce que l’on connaît aujourd’hui dans les pays industrialisés, soit un modèle où les mères de jeunes enfants font de plus en plus partie de la population active. En 1976, toutefois, seules 30 % des femmes ayant des enfants âgés de moins de 6 ans étaient actives et occupées, selon les données de l’Enquête sur la population active, nouvellement mise en œuvre par Statistique Canada. Ces résultats suggèrent que le travail des femmes n’a pas agi comme un frein important aux aspirations de fécondité des femmes durant la période du baby-boom au Québec et au Canada. Au contraire, le retour des femmes au foyer après leur mobilisation au travail durant la Crise et la Seconde Guerre mondiale semble avoir contribué à accroître l’importance de la famille et à favoriser la prédominance du modèle du père pourvoyeur et de la mère au foyer (Collectif Clio, 1992).

11Dans la foulée du survol précédent, notre analyse de la descendance finale des femmes se fera en fonction de leurs caractéristiques culturelles individuelles, sous la forme d’une combinaison de la religion et de l’origine ethnique, du niveau d’éducation comme indicateur de leur statut socio-économique, de la cohorte de naissance, de l’âge au premier mariage et de la durée de l’union et, enfin, de la province où elles résident.

Sources et méthodes

12Les données utilisées ici proviennent du recensement de 1981, qui contient deux questions portant respectivement sur le nombre d’enfants mis au monde et sur l’âge au premier mariage, toutes deux posées aux femmes qui se sont mariées au moins une fois. En plus des femmes qui se déclarent mariées en 1981, les veuves ainsi que les femmes séparées ou divorcées ont donc à répondre à ces questions. Celles-ci sont apparues pour la première fois dans un recensement canadien en 1941 seulement. Elles figuraient également en 1961 ainsi qu’en 1971 (pas en 1951), mais les données confidentielles du fichier-maître de ces recensements n’étaient pas disponibles au moment d’entreprendre nos analyses [2]. Dans notre cas, le choix du recensement de 1981 était donc le seul possible. Il est à noter que deux monographies de recensement sur la fécondité et la famille ont déjà été publiées à partir des données des recensements de 1941 (Charles, 1948) et de 1961 (Henripin, 1968).

13Comme l’a fait van Bavel dans son travail sur la Belgique à partir de données de recensement (2014), nous trouvons important de nous pencher sur la qualité des informations disponibles pour mesurer la descendance des femmes. Tout d’abord, s’il va de soi que la question de l’âge au premier mariage ne peut être posée qu’aux femmes déjà mariées, il n’en va pas de même pour la question du nombre d’enfants mis au monde, puisque les femmes célibataires peuvent aussi avoir des enfants. Pour la période qui nous intéresse, la proportion de naissances provenant de femmes non mariées est faible, variant de 2,0 à 4,5 % seulement (Henripin, 1968, 332). Comme certaines des femmes ayant eu un enfant alors qu’elles étaient célibataires ont pu se marier par la suite, la question du nombre d’enfants leur a alors été posée. Et comme l’ostracisme associé aux naissances hors mariage s’est beaucoup atténué avec le temps, notamment avec la popularité grandissante des mouvements de retrouvailles entre enfants donnés en adoption et leurs mères biologiques, nous pensons qu’il est plausible que ces femmes aient déclaré le nombre total d’enfants qu’elles ont mis au monde, pas seulement celui des enfants nés dans le cadre de leur mariage. Pour ces raisons, le problème soulevé au départ semble peu important en définitive.

14D’autres limites sont susceptibles d’avoir affecté la qualité du nombre d’enfants recueilli. Par définition, la nature rétrospective de l’information peut induire certains biais de mémoire, surtout chez les femmes plus âgées, quoique le nombre d’enfants qu’une femme a mis au monde en est une assez centrale que les femmes ont peu de chance d’avoir oubliée. Par ailleurs, l’information n’est évidemment disponible que pour les femmes présentes au recensement de 1981, excluant celles décédées ou ayant émigré avant 1981 et y ajoutant même des femmes ayant immigré au Canada. Nous avons éliminé les immigrantes des analyses lorsqu’elles étaient arrivées déjà mariées, ceci afin d’éviter de comptabiliser des enfants nés ailleurs qu’au Canada. Comme les taux d’émigration sont peu élevés au Canada, le risque de biais lié à l’émigration différentielle de certaines femmes ayant eu plus ou moins d’enfants apparaît très faible. Le risque d’un biais associé à la survie différentielle des femmes selon le nombre d’enfants mis au monde paraît potentiellement plus important, mais les résultats quant à cette question dans la littérature récente ne sont pas unanimes, suggérant par exemple, dans le cas de la Belgique, que les femmes sans enfant et celles en ayant eu plusieurs pourraient être affectées par une certaine surmortalité (van Bavel, 2014).

15Ultimement, la comparaison de la descendance finale par cohorte provenant des données du recensement de 1981 et de celle reconstituée sur la base des taux de fécondité de la statistique d’état civil paraît une bonne façon de s’assurer de la qualité des informations dont nous disposons. Comme on peut le voir à la figure 3 pour le Québec, les deux séries diffèrent très peu, ce qui est rassurant pour la qualité de nos analyses. Les séries partielles disponibles pour l’Ontario suggèrent des écarts légèrement plus élevés, mais dans des limites tout à fait acceptables (Gauvreau et Laplante, 2015). Ces résultats s’accordent tout à fait avec les résultats de l’évaluation faite par Brée et ses collègues (2016) sur des données semblables pour la France et la Belgique. Sauf pour des écarts plus grands observés lorsque l’échelle géographique est plus fine, l’information rétrospective concernant le nombre d’enfants mis au monde s’avère là aussi d’excellente qualité.

Fig. 3

Descendance finale des femmes d’après la statistique d’état civil et l’information rétrospective du recensement de 1981, Québec cohortes 1901-1940

Fig. 3

Descendance finale des femmes d’après la statistique d’état civil et l’information rétrospective du recensement de 1981, Québec cohortes 1901-1940

Source : Bureau de la statistique du Québec, 1976 ; nos compilations à partir du fichier-maître du recensement de 1981.

16Le caractère rétrospectif de l’information recueillie au recensement de 1981 a aussi des conséquences pour les variables indépendantes qui peuvent être prises en compte dans l’analyse. Comme mentionné plus tôt, les caractéristiques retenues doivent avoir une certaine permanence dans le temps et un certain pouvoir explicatif relativement au moment où les enfants de ces femmes interrogées en 1981 sont venus au monde. Par exemple, le revenu de la famille tel que déclaré en 1981 ne pourrait être vu comme ayant un impact sur la descendance finale des femmes, puisque la situation de la famille a probablement varié entre le moment de la naissance des enfants et le recensement. Afin d’éviter ce problème, nous avons retenu dans l’analyse les variables religion, origine ethnique, niveau d’éducation, année de naissance et âge au premier mariage, qui toutes respectent globalement ce critère d’antériorité des facteurs explicatifs.

17La religion et l’origine ethnique ont été combinées pour délimiter quatre groupes ethno-religieux présents dans chaque province : les catholiques d’origine française, les catholiques d’origine britannique (principalement des Irlandaises), les protestantes d’origine britannique (principalement des Anglaises et des Écossaises) et les femmes de religion juive (tableau 2). La plupart des catholiques d’origine française sont des descendantes des colons français arrivés durant la période du Régime français, qui a pris fin en 1763. Elles forment un groupe culturellement homogène qui a essaimé vers d’autres provinces (et les États-Unis) à partir du xixe siècle, tout en gardant ses traits culturels distinctifs. Dans la foulée de la Conquête par les Britanniques, les vagues suivantes d’immigrants sont venues d’Irlande, d’Angleterre et d’Écosse, de même que des États-Unis au moment de la Guerre d’indépendance ; ces derniers sont des Loyalistes, également d’origine britannique. La composition de l’immigration se diversifie, à partir de la fin du xixe siècle, lorsqu’arrivent des immigrants en provenance d’Italie, d’Europe de l’Est et même de Chine, durant une période qui constitue l’apogée de l’immigration pour le Canada (1896-1914) (McInnis, 2000). Les quatre groupes ethno-religieux retenus dans nos analyses représentent plus de 85 % de la population québécoise dans chaque cohorte, et entre 55 et 70 % en Ontario, où l’immigration fut plus importante et diversifiée, surtout pour les dernières cohortes. L’échantillon du Québec est composé d’une majorité de catholiques d’origine française (environ 85 %) tandis que les protestants britanniques forment le plus fort contingent de l’échantillon de l’Ontario (environ 70 %).

Tab. 2

Caractéristiques de l’échantillon, femmes du Québec et de l’Ontario

Tab. 2
QUÉBEC ONTARIO 1901-1910 1911-1920 1921-1930 1931-1940 1901-1910 1911-1920 1921-1930 1931-1940 Franco-catholiques 85,3 86,6 88,2 90,4 8,4 9,7 10,9 13,1 Brit. catholiques 4,3 4,3 4,3 4 11,3 12,7 14,8 17,4 Brit. protestantes 7,1 6,2 5,4 4 76,6 74,3 71,4 66,9 Juives 3,3 2,9 2,1 1,6 3,7 3,3 2,9 2,6 Total (%) 100 100 100 100 100 100 100 100 N échantillon 29 336 48 670 62295 64 129 29 572 47 549 58 128 54 518 FRANCO-CATHOLIQUES <9 années de scolarité 66,2 62,5 53,4 40,1 66,7 56,1 46 30,8 9-13 années 23,8 24,5 28,8 33,6 19,3 26,8 32,3 40,5 Post-seccondaire non Univ 6,5 8,4 12,3 17,4 9,4 10,8 14,9 18 Université 3,5 4,6 5,5 8,9 4,6 6,3 6,8 10,7 % nées au Canada 97 98,3 97,8 98,4 95,5 97,8 96,6 97,5 <9 années de scolarité 46,7 40,6 32,9 24 37 26,1 20,5 12,5 9-13 années 31,6 34,8 39,1 39,3 37,8 47,3 48,9 50,7 Post-seccondaire non Univ 13,7 16,6 18,4 22,6 17,6 19,2 21,7 25,3 Université 8 8 9,6 14,1 7,6 7,4 8,9 11,5 % nées au Canada 79,2 87,1 86,3 89,5 74,5 78,8 76,5 76,7 BRITANNIQUES PROTESTANTES <9 années de scolarité 39,3 31,1 24,6 15,9 39,4 26 18,9 11,2 9-13 années 32,1 33,4 36,2 39,8 34,3 46 49,4 50,4 Post-secondaire non Univ 16,5 21 24,2 23,8 19,4 19,7 22,3 26,1 Université 12,1 14,5 15 20,5 6,9 8,3 9,4 12,3 % nées au Canada 65,8 79,4 78,3 74,8 70,1 82,1 79,8 81,9 JUIVES <9 années de scolarité 47,3 32,6 22,7 7,3 47,7 26,1 16,2 4,1 9-13 années 36,6 43,3 42,1 36,1 36,6 48,4 49 38,4 Post-secondaire non Univ 9,7 13,7 15,1 17,3 10 14,9 17,2 20,8 Université 6,4 10,4 20,1 39,3 5,7 10,6 17,6 36,7 % nées au Canada 29,1 49,7 47,4 55,5 21,6 48,2 48,2 60

Caractéristiques de l’échantillon, femmes du Québec et de l’Ontario

Source : Compilations à partir du fichier-maître du recensement de 1981.

18Le nombre d’années durant lesquelles une personne a fréquenté l’école et le plus haut niveau de scolarité atteint ont été regroupés en une seule variable à quatre catégories : 1) moins de 9 années de scolarité ; 2) 9 à 13 années, ce qui comprend les niveaux supérieurs du secondaire ainsi que le secondaire complété ; 3) postsecondaire, à l’exclusion de l’université, aussi appelé postsecondaire non universitaire (PSNU) ; et 4) études universitaires (avec ou sans diplôme). Comme on pouvait s’y attendre, on observe des augmentations très significatives dans les catégories supérieures de cette variable, au détriment surtout de la catégorie la plus faible. À mesure qu’on avance dans le temps, la catégorie modale devient « 9 à 13 années de scolarité » pour tous les groupes à l’exception des catholiques d’origine française du Québec, qui accusent un retard de scolarisation, et des juives qui, au contraire, sont très scolarisées.

19Le fait de pouvoir accéder au fichier-maître du recensement de 1981 nous assure de disposer de nombres largement suffisants pour mener des analyses détaillées dans chacun des groupes (tableau 2). Nous présentons d’abord des statistiques descriptives portant sur la descendance finale ainsi que les probabilités d’agrandissement dans les familles constituées par les femmes mariées nées entre 1901 et 1940 en 1981 ; celles nées après 1931 n’ont pas encore atteint 50 ans en 1981, mais leur vie féconde est pratiquement terminée, surtout à cette époque où très peu d’enfants naissent de mères plus âgées. Ces statistiques sont fournies en fonction du groupe ethno-religieux, du niveau d’éducation, de la cohorte de naissance, ainsi que de la province de résidence. Nous consacrons la dernière section aux résultats de l’estimation des effets d’un certain nombre de facteurs sur la descendance finale des femmes au moyen de la régression logistique multinomiale. Nous regroupons les valeurs de la descendance en cinq modalités : aucun enfant, un enfant, deux enfants, trois enfants et au moins quatre enfants. En raison des grandes différences observées dans les statistiques descriptives, nous estimons des équations différentes pour chaque groupe ethno-religieux dans chaque province. Nous comparons les résultats de deux modèles. Dans le premier, on estime les effets de l’éducation et de la cohorte de naissance. Comme les analyses descriptives montrent que l’effet du niveau d’éducation varie selon la cohorte, on combine les deux variables de manière à estimer l’effet du niveau d’éducation selon la cohorte de naissance. Dans le second modèle, on estime en plus l’effet de l’âge au mariage et celui de la durée du mariage. Comme il est raisonnable de supposer que ces effets ne sont pas linéaires, on les estime en posant qu’ils sont quadratiques.

Résultats

Descendance finale des femmes mariées

20La figure 4 présente la descendance finale des femmes mariées nées entre 1901 et 1940 selon le groupe ethno-religieux et le niveau d’éducation au Québec (4.1 à 4.4) et en Ontario (4.5 à 4.8). Il est à noter que les femmes nées entre 1916 et 1930 sont celles qui ont mis au monde la presque totalité de leurs enfants durant le baby-boom, les autres l’ayant fait en bonne partie avant ou après cette période. Un coup d’œil rapide sur ces graphiques permet d’emblée de constater quelques grandes tendances : d’abord, les différences importantes observées en fonction de l’appartenance ethno-religieuse des femmes ; ensuite, l’évolution divergente enregistrée dans le temps en fonction de celle-ci ; enfin, les écarts très nets observés en fonction du niveau d’éducation des femmes.

Fig. 4

Descendances complètes des femmes mariées selon le groupe ethno-religieux et le niveau d’éducation, Québec et Ontario

Fig. 4
Fig. 4

Descendances complètes des femmes mariées selon le groupe ethno-religieux et le niveau d’éducation, Québec et Ontario

21De grands écarts caractérisent la fécondité des femmes mariées des divers groupes ethno-religieux au moment où s’amorce le baby-boom. Comme le précédent survol de la littérature l’a montré, les catholiques francophones nées au début du siècle ont plus souvent des familles nombreuses que les femmes des autres groupes (3 à 5 enfants en moyenne selon le niveau d’éducation), cela autant au Québec qu’en Ontario. À l’autre extrême, les protestantes d’origine britannique et les femmes de religion juive mettent nettement moins d’enfants au monde, de 2 à 2,5 enfants en moyenne, des chiffres en-deçà même du seuil de remplacement des générations pour certaines d’entre elles. La transition de la fécondité est bel et bien complétée pour ces femmes et leur descendance finale est proche des faibles niveaux mis en évidence par van Bavel pour de nombreux pays européens à la même époque (2010). Les femmes catholiques d’origine britannique occupent une position intermédiaire, ce qui ne surprend pas étant donné qu’elles partagent certaines caractéristiques culturelles avec les Britanniques protestantes (origine ethnique et langue) et qu’elles sont probablement moins assujetties au puissant contrôle social exercé par l’Église sur les catholiques francophones (McQuillan, 2004). On peut penser que ces catholiques sont influencées par les valeurs et les comportements présents chez les protestants, pas au point toutefois de les imiter complètement puisque, contrairement à l’Église protestante depuis 1930, l’Église catholique demeure opposée au recours à la contraception.

22L’évolution de la descendance finale de ces femmes mariées est marquée par la divergence des parcours : augmentation dans le cas des femmes protestantes et celles de religion juive ; relative stabilité pour les catholiques d’origine britannique ainsi que pour les francophones catholiques de l’Ontario ; enfin, déclin pour les francophones catholiques du Québec, particulièrement pour les générations de femmes ayant constitué leurs familles en plein cœur du baby-boom. Le déclin de la fécondité des Québécoises mariées mis au jour par Henripin (1968) se confirme donc, mais la prise en compte de caractéristiques culturelles additionnelles permet de le limiter aux seules catholiques francophones, qui forment la majorité de la population. Très semblables au Québec et en Ontario, les tendances observées pour les protestantes et les juives paraissent quant à elles plus conformes au schéma usuel du baby-boom. Le résultat de ces évolutions contraires paraît toutefois remarquablement homogène. En effet, la descendance des femmes mariées nées dans les années 1930 diffère peu d’un groupe ethno-religieux à l’autre, oscillant entre un peu plus de deux et un peu plus de trois enfants selon le niveau de scolarité. Cela semble bel et bien la fin de la fécondité « catholique ».

23À l’opposé de cette tendance à l’effacement des différences ethno-religieuses pour les cohortes les plus récentes, celles liées au niveau d’éducation des femmes évoluent peu, même si elles s’atténuent chez les catholiques où elles étaient les plus fortes, passant d’un écart de deux à un enfant. Comme on pouvait s’y attendre, la relation entre la fécondité des mariées et leur niveau d’éducation est négative dans tous les groupes, nettement moins toutefois chez les femmes juives de l’Ontario : la descendance finale moyenne diminue à mesure qu’augmente le niveau d’éducation des femmes et le groupe qui s’écarte le plus des autres est celui des femmes ayant complété moins de 9 années de scolarité. Ces écarts perdurent donc avant, pendant, et après le baby-boom.

Probabilités d’agrandissement

24Au-delà des moyennes que nous venons de décrire, il importe d’examiner de plus près la distribution des familles selon la taille ou, envisagée autrement, les probabilités d’agrandissement mesurées au sein des familles. L’augmentation de la fécondité des femmes mariées pourrait en effet résulter de la diminution de la proportion de femmes restées sans enfant combinée, ou non, à l’augmentation de la proportion de femmes ayant eu davantage d’enfants. Certaines de ces tendances peuvent être communes à tous les groupes, alors que d’autres pourraient être spécifiques à certains. La figure 5 contient les probabilités d’agrandissement pour les parités 0, 1, 2, 3 et 4, soit la probabilité pour une femme d’avoir au moins un enfant, celle d’en avoir un deuxième pour les femmes en ayant un, et ainsi de suite jusqu’à la probabilité d’avoir un cinquième enfant pour les femmes en ayant quatre, en fonction du niveau d’éducation et de l’année de naissance des femmes. Afin de ne pas alourdir le texte, les résultats sont présentés pour les deux groupes formant la majorité des échantillons du Québec et de l’Ontario, soit les francophones catholiques au Québec (figures 5.1 à 5.4) et les protestantes d’origine britannique en Ontario (figures 5.5 à 5.8). On a vu par ailleurs que l’évolution de la descendance finale des femmes mariées a suivi une tendance opposée dans ces deux groupes, ce qui en fait de bons choix pour examiner un éventail des changements dans les probabilités d’agrandissement.

Fig. 5

Probabilités d’agrandissement pour les femmes mariées franco-catholiques du Québec (5.1 à 5.4) et les femmes mariées protestantes d’origine britannique de l’Ontario (5.5 à 5.8), selon la cohorte et le niveau d’éducation

Fig. 5
Fig. 5

Probabilités d’agrandissement pour les femmes mariées franco-catholiques du Québec (5.1 à 5.4) et les femmes mariées protestantes d’origine britannique de l’Ontario (5.5 à 5.8), selon la cohorte et le niveau d’éducation

25Les probabilités pour les femmes mariées d’avoir un premier enfant (a0) et un deuxième par la suite (a1) constituent les deux seuls indicateurs dont la hausse est généralisée dans les deux groupes et pour tous les niveaux d’éducation. Nous pensons que cette augmentation pourrait résulter de deux phénomènes qui concourent à augmenter la durée des unions, soit la baisse universelle de l’âge au mariage ainsi que le déclin de la mortalité observé chez les adultes (Bourbeau et coll., 2004), ce dernier réduisant les risques de veuvage à un âge où le couple est encore fécond [3]. L’augmentation est plus marquée chez les femmes plus instruites, qui ont aussi tendance à se marier plus tardivement. Par exemple, la proportion de femmes mariées restées sans enfant (1-a0) passe de près de 20 % à moins de 10 % parmi les femmes des deux catégories d’éducation intermédiaires (9-13 et PSNU), au Québec autant qu’en Ontario.

26Les changements dans l’évolution des autres parités varient d’un groupe à l’autre en fonction des niveaux de fécondité observés juste avant l’amorce du baby-boom. Chez les franco-catholiques du Québec, les probabilités d’agrandissement a2, a3 et a4 connaissent toutes une baisse appréciable, d’autant plus forte et rapide que les femmes sont scolarisées. C’est vraisemblablement la dernière étape de la transition de la fécondité au cours de laquelle les couples au statut socio-économique élevé mènent le bal comparativement aux moins nantis et aux moins scolarisés (Henripin, 1968 ; Henripin et Lapierre-Adamcyk, 1974 ; Gauvreau et coll., 2007). Il est d’ailleurs remarquable de voir le faible écart existant au départ entre les diverses probabilités d’agrandissement pour les Québécoises franco-catholiques nées au début du xxe siècle : ces probabilités avoisinent toutes les 80 %, même chez celles ayant un niveau d’études postsecondaire, mais non universitaire. Cette situation semble témoigner de l’emprise de la religion catholique auprès des femmes de tous les groupes, peut-être même d’ailleurs par le biais du contenu de l’éducation, largement contrôlé par l’Église catholique (Lalou, 1993).

27La situation chez les protestantes britanniques de l’Ontario n’a rien à voir avec la précédente. Conformément à l’augmentation des descendances finales au cours du baby-boom dans ce groupe de femmes mariées, les probabilités d’agrandissement a2 et a3 suivent une tendance à la hausse qu’on ne décèle toutefois pas au-delà de cette parité (a4, soit la probabilité d’avoir un cinquième enfant lorsqu’on en a eu quatre). La hausse est d’assez courte durée et paraît s’inverser d’autant plus rapidement que les femmes sont instruites. Pour les femmes des dernières cohortes, la convergence des comportements observée dans la taille moyenne des descendances des catholiques et des protestantes se vérifie à nouveau. À scolarité égale, les probabilités d’agrandissement pour les femmes des deux groupes se ressemblent de plus en plus et le gradient négatif selon le niveau d’éducation paraît aussi très semblable. Plus le niveau d’éducation des femmes augmente, plus les probabilités d’agrandissement a0 et a1 s’écartent des suivantes (au moins 0,9) et la probabilité d’avoir un troisième enfant lorsqu’une femme en a deux (près de 0,6) occupe une position intermédiaire qui suit alors une pente descendante chez les femmes plus scolarisées. À peine 40 % des femmes ayant eu trois enfants poursuivent leur vie féconde au-delà de ce nombre (a3), un résultat semblable à celui observé pour les femmes qui en ont quatre (a4).

Les modèles statistiques

28Les analyses descriptives font apparaître des différences importantes entre les groupes ethno-religieux et montrent que la descendance finale varie en fonction du niveau d’éducation et de la cohorte. Nous savons par ailleurs que pendant le baby-boom, on se marie plus jeune et en plus grand nombre (Gauvreau et coll., 2015). Par exemple, la proportion de femmes célibataires à 25 ans diminue de moitié dans la plupart des groupes ethno-religieux, passant d’environ 40 % à 50 % à environ 20 % à 25 % chez les femmes nées dans les années 1930. Nous savons également que la mortalité des adultes diminue. La durée du mariage augmente donc. Nous savons également que le niveau d’éducation augmente au fil des cohortes, que la fécondité varie en fonction du niveau d’éducation et que le lien entre la fécondité et le niveau d’éducation varie vraisemblablement selon la cohorte. Finalement, nous avons toutes les raisons de croire que l’âge au mariage et donc indirectement la durée du mariage varient en fonction du niveau d’éducation, les femmes plus instruites se mariant plus tard. L’ensemble de ces relations crée une structure causale un peu compliquée qu’on ne peut pas faire apparaître clairement par la simple description, si soignée soit-elle. On ne peut pas étudier cette structure sans utiliser un modèle statistique.

29Les modèles les plus simples supposent que l’effet des variables indépendantes est le même pour toutes les valeurs de la variable dépendante. Cette simplicité n’est pas très vraisemblable dans le cas qui nous occupe. On veut bien admettre, par exemple, que la descendance finale varie en fonction du niveau d’éducation, mais on a un peu plus de mal à juger vraisemblable que la différence entre la probabilité d’avoir trois enfants plutôt que deux est la même pour la femme qui n’a pas complété le primaire et celle qui a fait des études universitaires. On ne peut pas sérieusement utiliser un modèle qui ne comprend qu’une seule équation où les effets des variables indépendantes sont les mêmes pour toutes les parités.

30L’ensemble de ces contraintes nous amène à regrouper les valeurs de la descendance finale en cinq modalités – aucun enfant, un enfant, deux enfants, trois enfants et au moins quatre enfants – et à estimer les effets des variables indépendantes au moyen de la régression logistique multinomiale qui permet d’obtenir une équation différente pour toutes les modalités de la variable dépendante moins celle qui sert de modalité de référence. Nous combinons les niveaux d’éducation et les cohortes de naissance pour obtenir une variable unique dont les modalités permettent de faire varier l’effet du niveau d’éducation selon la cohorte. Nous estimons les effets de l’âge au mariage et de la durée du mariage en posant qu’ils peuvent ne pas être linéaires et permettons à chacune des deux variables d’être reliée à la descendance finale par une relation quadratique. Comme on sait que l’âge au mariage et la durée du mariage varient selon le niveau d’éducation et la cohorte, il semble vraisemblable, a priori, de supposer que l’âge au mariage et la durée du mariage jouent le rôle de variables intermédiaires entre l’éducation, dont l’effet varie selon la cohorte, et la descendance finale. En termes moins techniques, nous cherchons à établir que la nuptialité est à la fois une conséquence des différences entre les niveaux d’éducation et entre les cohortes et une cause intermédiaire de la fécondité. En pratique, on y parvient en comparant les coefficients d’une équation où n’apparaissent que la cohorte de naissance et le niveau d’éducation et une autre équation où on estime les effets de ces deux variables ainsi que ceux de l’âge au mariage et de la durée du mariage. Si, dans la deuxième équation, les effets de l’âge au mariage et de la durée du mariage sont significativement différents de zéro et que ceux de la cohorte et du niveau d’éducation sont plus faibles que dans la première équation, la nuptialité joue bien le rôle de « canal » intermédiaire entre les deux autres variables et la descendance finale.

31Les résultats de ces analyses se trouvent dans les tableaux A1 (Québec) et A2 (Ontario) de l’annexe. Les modèles comparent la probabilité d’avoir eu un enfant, deux enfants, trois enfants et au moins quatre enfants à la probabilité de n’en avoir eu aucun. Nous utilisons le fait d’être née entre 1901 et 1905 et de ne pas avoir plus de neuf années de scolarité comme modalité de référence de la variable qui résulte de la combinaison du niveau d’éducation et de la cohorte de naissance. L’âge au mariage est une variable continue dont l’effet quadratique est représenté par deux coefficients ; la durée du mariage est représentée de manière similaire. Les équations sont estimées séparément pour chaque groupe ethno-religieux au sein de chaque province.

32Sans surprise, la durée du mariage augmente la probabilité d’avoir trois enfants ou au moins quatre plutôt que de ne pas en avoir. De manière analogue, l’âge au mariage réduit ces probabilités : plus on se marie tard, moins on est susceptible d’avoir eu trois ou au moins quatre enfants. Dans certains groupes, tenir compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage fait disparaître l’effet de la cohorte de naissance et du niveau d’éducation. C’est le cas de la plupart des coefficients significativement différents de zéro de l’équation 1 de la probabilité d’avoir eu trois ou au moins quatre enfants chez les catholiques britanniques du Québec et de l’Ontario. En d’autres termes, la probabilité relativement élevée, chez les femmes de ces groupes, d’avoir eu trois ou au moins quatre enfants pendant le baby-boom « est passée » par des changements de leur nuptialité.

33Cela dit, il n’en va pas de même dans tous les groupes : l’effet de la cohorte et du niveau d’éducation demeure souvent significatif même lorsqu’on tient compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage. C’est notamment le cas des protestantes britanniques du Québec et de l’Ontario. Dans ces groupes, l’effet du niveau d’éducation et de la cohorte demeure significativement différent de zéro même lorsqu’on tient compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage, ce qui signifie que l’augmentation de la probabilité d’avoir deux, trois ou au moins quatre enfants pendant le baby-boom n’est pas « passée » entièrement par l’augmentation de la nuptialité, mais constitue bien une augmentation de la fécondité. Chez les protestantes britanniques de l’Ontario ayant fait des études universitaires, par exemple, la probabilité d’avoir un seul enfant diminue pendant le baby-boom et ce résultat demeure significatif chez les femmes nées entre 1926 et 1935 même en tenant compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage, ce qui illustre bien la remontée de la descendance finale dans ce groupe.

34Chez les franco-catholiques du Québec, l’augmentation de la probabilité d’avoir un, deux ou trois enfants due à la cohorte demeure significative même en tenant compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage, à l’exception de la probabilité d’avoir un seul enfant chez les femmes ayant fait des études universitaires. La probabilité d’avoir au moins quatre enfants suit une logique différente. Les femmes les moins instruites sont plus susceptibles d’avoir au moins quatre enfants alors que celles qui ont fait des études universitaires le sont moins.

35Chez les catholiques britanniques du Québec et de l’Ontario, et dans une certaine mesure chez les franco-catholiques de l’Ontario, l’augmentation de la probabilité d’avoir trois enfants due à la cohorte demeure significative même en tenant compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage chez les femmes nées entre 1916 et 1930, c’est-à-dire celles qui appartiennent aux cohortes dont la fécondité se réalise principalement pendant le baby-boom. La fécondité élevée de ces femmes pendant le baby-boom ne s’explique pas entièrement par l’abaissement de l’âge au mariage et l’augmentation de la propension à se marier. On trouve peu de coefficients significativement différents de zéro chez les femmes juives et peu de ces coefficients sont encore significatifs lorsqu’on tient compte de l’âge au mariage et de la durée du mariage. Pour ces femmes, les changements dans le calendrier du mariage ne représentent que partiellement la probabilité accrue d’avoir trois enfants. Peu de résultats sont significatifs pour les femmes juives et quelques-uns restent importants, une fois que les variables de mariage sont prises en compte dans le modèle.

Discussion

36L’évolution divergente de la fécondité enregistrée dans divers groupes ethno-religieux au Québec et en Ontario suggère que les changements de fécondité chez les femmes mariées durant le baby-boom ne sont pas d’abord et avant tout une tendance à l’augmentation de la fécondité, mais plutôt une tendance à l’uniformisation des comportements, suivant une logique subordonnée aux impératifs de la première transition démographique. Et l’aspect le plus étonnant de cette évolution n’est peut-être pas tant la baisse de la fécondité enregistrée chez les franco-catholiques du Québec que la hausse observée chez les protestantes, semblable d’ailleurs à ce qui se passe en Europe ou aux États-Unis.

37Pourquoi ces couples ont-ils eu plus d’enfants que ceux des générations précédentes de femmes ? Nos analyses suggèrent qu’une partie de la réponse se trouve ailleurs que dans les comportements de fécondité eux-mêmes, notamment dans le rajeunissement de l’âge au mariage et dans le déclin de la mortalité des adultes qui, ensemble, ont provoqué l’allongement de la période de vie reproductive des couples. Cette explication s’accorde avec l’augmentation de la probabilité observée pour les femmes mariées de tous les groupes d’avoir au moins un enfant ou même un deuxième une fois la famille amorcée, ainsi qu’avec l’effet positif de ces variables sur la probabilité d’avoir trois ou au moins quatre enfants observé dans les modèles statistiques. Mais comme le démontrent les résultats de ces régressions, la diminution de l’âge au mariage et l’augmentation de la durée des unions ne sont pas seules en cause. La fécondité des femmes mariées a bel et bien augmenté, surtout chez les protestantes. Ces changements étaient-ils souhaités, par exemple dans le contexte d’une prospérité économique retrouvée, ou involontaires, conséquence peut-être des limites des méthodes contraceptives utilisées à l’époque, comme van Bavel et Reher le suggèrent à la suite de quelques auteurs (2013) ? Une chose est claire : ces couples continuaient de contrôler leur fécondité. Peut-être l’ont-ils fait avec un peu moins de rigueur, une naissance additionnelle ne posant pas de problème insurmontable dans un contexte économiquement favorable. Difficile de trancher cette question sans un accès direct aux motivations des acteurs eux-mêmes. On peut toutefois faire référence aux résultats d’Amon Emeka (2006), qui a montré à l’aide d’une série d’enquêtes sociales générales américaines que le baby-boom est la seule période durant laquelle les individus ont eu plus d’enfants qu’ils disaient en avoir souhaités, ce qui s’accorde avec le fait d’un certain laxisme face à la venue d’un autre enfant. Rappelons par ailleurs la proximité des indicateurs de fécondité de l’Ontario et des États-Unis durant la période du baby-boom, laquelle suggère que les tendances observées aux États-Unis durant cette période se rapprochent de celles observées chez les protestants canadiens (figure 2).

38Si la logique de la baisse de la fécondité parmi les femmes franco-catholiques mariées du Québec semble plus facile à comprendre, parce que s’inscrivant dans le cadre de la première transition démographique, elle n’en recèle pas moins sa part de contradictions. En effet, tout en cherchant à avoir moins d’enfants, ces femmes se mariaient plus tôt, ce qui, combiné au déclin de la mortalité, rendait leur objectif beaucoup plus difficile à atteindre. Certes, on a déjà observé durant la première transition démographique une diminution de l’âge au mariage dans des populations où le contrôle de la fécondité devenait possible au sein du mariage, mais le caractère généralisé de l’engouement pour le mariage et pour des mariages précoces durant le baby-boom, non seulement chez les catholiques mais aussi au sein des autres groupes, nous fait douter ici de la valeur de cette explication. Des travaux menés sur le déclin de la fécondité au Québec et sur le développement d’une morale personnaliste chez les catholiques de cette province ont par ailleurs fait ressortir toute la difficulté qu’ont eue de nombreuses femmes (et des hommes) à s’émanciper des prescriptions de la morale catholique pour prendre leurs propres décisions en matière de sexualité et de procréation (Gauvreau et coll., 2007 ; Meunier et Warren, 2002 ; Gauvreau, 2003 et 2005) [4]. Cette période en est une de grandes tensions pour de nombreux catholiques et nous avons tendance à voir dans la situation qui nous occupe un véritable conflit entre deux objectifs : l’un qui privilégie de plus en plus le mariage et le mariage précoce au détriment de la vie religieuse (Laurin et coll., 1991) ou d’autres formes de célibat prolongé ; et l’autre qui vise à limiter la taille de sa famille à l’intérieur du mariage, en l’absence de solution satisfaisante aux yeux de l’Église catholique. Les résultats quelque peu différents obtenus pour les catholiques d’origine britannique et les franco-catholiques de l’Ontario par rapport aux catholiques francophones du Québec suggèrent que ces derniers ont peut-être suivi leur propre voie pour résoudre ce conflit, rompant de manière beaucoup plus drastique avec les enseignements de l’Église. D’autres analyses à venir de ces comportements, notamment à l’aide d’indicateurs transversaux et incluant d’autres variables comme la profession du père et l’habitat urbain ou rural de ces familles, devraient nous aider à mieux comprendre les causes de cet écart grandissant, qui pourrait tenir à la situation sociale et politique du Québec et des francophones de cette province (McQuillan, 2004).

39Envisagés autrement, les résultats précédents témoignent aussi d’une grande convergence des comportements en matière de fécondité des couples mariés. Pour les dernières cohortes de femmes que nous observons, les différences ethno-religieuses ont presque disparu et, comme le proclament Westoff et Jones (1979), c’est la fin de la fécondité « catholique ». Même le gradient négatif observé en fonction du niveau d’éducation s’est atténué et présente davantage de similitudes que pour les premières cohortes de femmes. Autre élément de convergence : une fois mariées, les femmes de tous les groupes sont plus nombreuses à devenir mères. C’est un trait nouveau qui prend forme durant le baby-boom.

40Qu’en est-il lorsqu’on cherche à situer ces résultats par rapport à ceux d’autres travaux réalisés avec une démarche semblable ? Comme ceux-ci n’examinent pas toujours séparément la fécondité des femmes mariées et celle de l’ensemble des femmes, qui dépend beaucoup à cette époque de la proportion de femmes qui se marient, nous commencerons par établir une base commune facilitant la comparaison. En complément aux résultats déjà présentés, on trouve ainsi à la figure 6 la proportion de femmes demeurées sans enfant pour les deux groupes majoritaires du Québec et de l’Ontario, en fonction de la cohorte de naissance et du niveau d’éducation [5]. Conformément à l’impact positif de la nuptialité sur les niveaux de fécondité générale mis au jour par Henripin (1968), on y voit les probabilités de ne pas avoir d’enfant chuter de manière spectaculaire et presque autant dans les deux groupes, bien que le point de départ diffère d’un groupe à l’autre. Dans les deux cas, les écarts en fonction du niveau d’éducation s’amenuisent, même si les femmes plus scolarisées sont toujours plus nombreuses à ne pas avoir d’enfant.

41La comparaison de nos résultats avec ceux de l’Espagne (Requena et Salazar, 2014) paraît particulièrement pertinente puisque, d’une part, les auteurs de cette étude ont distingué les femmes mariées et celles restées célibataires et, d’autre part, qu’il s’agit là d’une population catholique fortement cléricalisée qui peut se comparer aux catholiques du Canada. La diminution de la proportion de femmes n’ayant pas eu d’enfant y est presque aussi importante que celle observée chez les catholiques du Québec : chez les femmes les moins scolarisées, elle passe d’un peu plus de 20 % à environ 10 % et, chez les plus scolarisées, de 50 % à près de 30 % (p. 289). Ces pourcentages diminuent aussi de moitié chez les femmes mariées, ce qui s’apparente aux résultats de la figure 5 (1-a0). Ces proportions passent de 13 % à 6 % pour les Espagnoles les moins scolarisées et de 21 à 11 % pour les plus scolarisées (p. 289). Bien que les auteurs concluent à l’absence de relation systématique entre l’évolution du nombre d’enfants en fonction du niveau d’éducation des femmes pendant le baby-boom, on remarque une baisse du nombre moyen d’enfants mis au monde par les femmes mariées nées entre le début du xxe siècle et les années 1935–1939, un phénomène assez inhabituel pour des générations ayant connu le baby-boom. Ce nombre passe de 3,43 à 3,26 enfants pour les femmes les moins scolarisées et de 3,04 à 2,83 enfants pour la catégorie qui la suit immédiatement (p. 294). Concentrée chez les femmes dont la fécondité était la plus élevée avant le baby-boom, cette évolution rappelle celle mise en évidence chez les franco-catholiques du Québec, peu importe leur niveau d’éducation. Le facteur commun à ces deux situations semble être le niveau relativement élevé de la fécondité avant le baby-boom.

42On trouve aussi beaucoup de similitudes avec la Belgique et la Suède. Dans ce cas, les auteurs examinent ensemble les femmes mariées et celles qui sont demeurées célibataires, ce qui se compare aux résultats de la figure 6. Pour des cohortes semblables, la proportion de femmes n’ayant pas eu d’enfant est ainsi passée de 30 % à 15 % environ en Belgique pour les femmes peu scolarisées et de 60 % à un peu moins de 30 % chez les plus scolarisées (van Bavel, 2014, 945), une réduction de moitié comme celle observée en Espagne et au Canada. En Suède, les proportions de femmes sans enfant fléchissent de 20 % pour des cohortes de femmes peu scolarisées nées dans les années 1910, à un peu moins de 10 % pour celles nées en 1940, et de près de 40 % à un peu moins de 20 % parmi les plus scolarisées. Même si la diminution atteint le même ordre de grandeur, les niveaux eux-mêmes se rapprochent davantage de ceux des protestantes d’origine britannique de l’Ontario, suggérant la persistance de différences ethno-religieuses en matière de mariage.

Fig. 6

Proportion de femmes restées sans enfant parmi les franco-catholiques du Québec et les protestantes d’origine britannique de l’Ontario, selon la cohorte et le niveau d’éducation

Fig. 6

Proportion de femmes restées sans enfant parmi les franco-catholiques du Québec et les protestantes d’origine britannique de l’Ontario, selon la cohorte et le niveau d’éducation

43Dans tous les cas, les femmes les plus scolarisées sont plus nombreuses à ne pas avoir d’enfant que les moins scolarisées, mais l’ampleur de ces écarts se réduit. Ce résultat est d’autant plus important que le niveau d’éducation des femmes augmente sans cesse au cours de cette période. Sans cette réduction des écarts, les niveaux de fécondité auraient été moindres et ceux enregistrés dans les décennies suivantes auraient chuté encore plus bas sous le seuil de remplacement (Sandström, 2014, 137). Comme van Bavel le signale, c’est là le signe d’une plus grande compatibilité entre le fait de poursuivre des études et d’accéder aux rôles d’épouse et de mère. Dans un ouvrage récent sur le baby-boom, Kempeneers et van Pevenage (2015) identifient au cours de cette période un important changement dans la division sociale du travail, allant vers une répartition plus égale et moins compartimentée du travail productif et reproductif entre les femmes. On peut aussi y voir là les signes précurseurs de certains traits de la seconde transition démographique.

Conclusion

44La mise en perspective des résultats obtenus à partir d’analyses de l’évolution de la fécondité et de la nuptialité à l’échelle individuelle et au sein de différents sous-ensembles permet de tracer un portrait plus précis des changements survenus au cours du baby-boom. On constate que le phénomène n’a pas reposé dans tous les cas sur l’augmentation de la fécondité des couples mariés, mais que le rôle joué par la nuptialité semble quant à lui avoir été quasi universel. Résultat a priori étonnant, le déclin de la fécondité enregistré chez les femmes catholiques dont les niveaux de fécondité étaient encore élevés au début du baby-boom démontre toute l’importance de ce dernier paramètre et suggère que l’augmentation de la fécondité chez les couples mariés n’aurait probablement pas pu dépasser certaines limites qui furent vite atteintes. Ce n’est pas un hasard, croyons-nous, si la fécondité des protestantes et des catholiques ainsi que celle du Québec et de l’Ontario se rejoignent justement vers la fin du baby-boom. On pressent là le caractère très exceptionnel et temporaire de cette période. D’autres travaux devront tenter de mieux comprendre les mécanismes qui ont conduit à cette augmentation de la fécondité chez les couples mariés, car elle constitue un renversement étonnant de la logique propre à la première transition démographique, même si elle semble par ailleurs s’y subordonner.

45Finalement, cet examen attentif des modalités du baby-boom contribue à éclairer un pan important de l’histoire démographique du xxe siècle dans le monde industrialisé. Il recèle peut-être quelques clés pour comprendre la seconde transition démographique qui allait se dessiner peu de temps après, notamment en ce qui a trait aux aspirations des femmes à la fois pour une vie de famille et pour une participation accrue à la vie sociale.

Mentions

46Ce projet a reçu le soutien financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

47Nous remercions Cindy Flick, Veronika Gluskova, Meagan Wierda, et Nicolas Bastien pour leur travail comme assistants de recherche sur ce projet.

48Une version précédente de ce texte a été présentée au congrès annuel de la Social Science History Association dans le cadre d’une séance dont David Hacker était le commentateur. Nous le remercions pour ses précieux commentaires.

49Les analyses présentées dans cet article ont été réalisées au Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS), membre du Réseau canadien des centres de données de recherche (RCCDR). Les activités du CIQSS sont rendues possibles grâce à l’appui financier du CRSHC, des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), de Statistique Canada, du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC) ainsi que de l’ensemble des universités québécoises qui participent à leur financement.

Tab. A1

Effets du niveau d’éducation, de la cohorte de naissance, de l’âge au mariage et de la durée du mariage sur la probabilité d’avoir eu un nombre donné d’enfants. Femmes mariées du Québec. Données du recensement de 1981. Régression logistique multinomiale. Estimation pondérée. Coefficients exprimés sous forme de rapports de probabilité

Tab. A1
Un enfant Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 1,202* 1,17 1,282 1,306 1,067 1,156 1,034 1,044 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,198* 1,091 1,633 1,492 0,901 0,919 1,328 1,391 Moins de 9 ans et 1916–1920 1,453*** 1,258** 1,409 1,2 1,449 1,381 1,284 0,996 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,549*** 1,318** 2,323* 1,995 1,455 1,278 2,239 1,428 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,839*** 1,503*** 1,661 1,418 1,247 1,128 1,711 0,753 Moins de 9 ans et 1931–1935 2,522*** 1,873*** 2,043 1,321 2,492* 2,316 4,757 3,719 Moins de 9 ans et 1936–1940 2,792*** 1,787*** 1,916 0,555 1,269 0,965 1,286 1,523 Secondaire et 1901–1905 1,199 1,218 1,03 1,057 1,568 1,651 1,457 1,268 Secondaire et 1906–1910 1,292* 1,310* 1,383 1,624 1,406 1,668 1,601 1,642 Secondaire et 1911–1915 1,426*** 1,387** 1,524 1,413 1,288 1,408 0,963 1,002 Secondaire et 1916–1920 1,375** 1,270* 1,334 1,205 1,595 1,554 1,238 0,944 Secondaire et 1921–1925 1,810*** 1,582*** 1,576 1,357 1,512 1,384 2,281* 1,562 Secondaire et 1926–1930 2,049*** 1,733*** 1,323 1,232 2,386** 2,050* 1,767 0,986 Secondaire et 1931–1935 2,278*** 1,709*** 1,606 1,008 1,217 0,96 1,717 1,235 Secondaire et 1936–1940 2,958*** 1,912*** 2,585** 0,778 2,067* 1,156 0,849 0,872
Tab. A1
Un enfant Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 1,264 1,409 1,002 0,978 1,118 1,278 0,594 0,517 PSNU et 1906–1910 0,992 1,092 1,492 1,71 1,16 1,359 1,335 1,39 PSNU et 1911–1915 1,147 1,18 1,407 1,618 1,446 1,732 0,742 0,701 PSNU et 1916–1920 1,528** 1,472** 2,443* 2,3 1,544 1,62 1,244 1,097 PSNU et 1921–1925 1,435** 1,382** 1,25 1,085 1,927* 1,721 2,356 1,632 PSNU et 1926–1930 1,930*** 1,696*** 2,043 1,773 1,179 1,1 0,409 0,311 PSNU et 1931–1935 2,262*** 1,766*** 1,798 1,087 1,406 1,152 2,419 1,674 PSNU et 1936–1940 3,056*** 2,021*** 2,723* 0,906 1,507 0,978 2,448 2,931 Université et 1901–1905 0,859 0,977 0,543 0,752 1,35 2,031 0,31 0,566 Université et 1906–1910 1,047 1,208 1,019 1,582 1,7 2,213* 1,507 1,598 Université et 1911–1915 1,044 1,147 1,288 2,013 0,967 1,132 2,153 2,298 Université et 1916–1920 0,961 0,967 0,851 0,913 1,636 1,839 2,126 1,584 Université et 1921–1925 1,218 1,292 2,279 1,989 0,999 1,014 1,541 1,143 Université et 1926–1930 1,102 1,226 0,679 0,769 1,166 1,172 0,922 0,583 Université et 1931–1935 1,26 1,217 2,075 1,539 0,651 0,543 1,638 1,378 Université et 1936–1940 2,105*** 1,641** 2,799* 0,925 1,601 1,042 1,86 1,601 Durée du mariage 1,074** 0,902 0,951 0,991 (Durée du mariage)² 0,998*** 1 1 1,001 Âge au mariage 0,967 0,962 0,884 0,896 (Âge au mariage)² 0,999 0,997 1 1,001 Ordonnée à l’origine 0,554*** 1,823 0,554* 186,927 0,8 75,474 1,3 11,811
Tab. A1
Deux enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 1,148 1,121 1,044 1,059 1,669 1,882* 1,167 1,19 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,207* 1,063 1,375 1,232 2,838*** 2,931*** 1,387 1,495 Moins de 9 ans et 1916–1920 1,734*** 1,409*** 2,416** 1,96 3,394*** 3,172*** 1,524 1,129 Moins de 9 ans et 1921–1925 2,005*** 1,582*** 2,655** 2,115 2,229** 1,886* 3,899** 2,254 Moins de 9 ans et 1926–1930 2,691*** 2,011*** 3,750*** 2,970** 3,401*** 2,965*** 4,639** 1,775 Moins de 9 ans et 1931–1935 4,165*** 2,588*** 3,239** 1,759 4,002*** 4,185** 4,132 2,732 Moins de 9 ans et 1936–1940 5,636*** 2,765*** 5,068*** 1,038 4,249*** 5,130** 1,392 1,102 Secondaire et 1901–1905 1,168 1,194 1,189 1,223 3,116*** 3,363*** 1,014 0,861 Secondaire et 1906–1910 1,250* 1,298* 1,479 1,83 2,385** 3,066*** 1,01 1,043 Secondaire et 1911–1915 1,486*** 1,446*** 1,88 1,715 3,832*** 4,472*** 1,106 1,182 Secondaire et 1916–1920 1,695*** 1,511*** 1,954* 1,686 4,245*** 4,178*** 1,808 1,307 Secondaire et 1921–1925 2,505*** 2,042*** 2,331** 1,905 5,511*** 4,880*** 3,624*** 2,285 Secondaire et 1926–1930 3,024*** 2,357*** 2,907** 2,560** 6,133*** 5,027*** 3,430** 1,697 Secondaire et 1931–1935 4,366*** 2,763*** 3,877*** 2,059 5,262*** 4,700*** 4,075** 2,316 Secondaire et 1936–1940 6,265*** 3,148*** 6,205*** 1,317 8,104*** 6,665*** 2,139 1,702
Tab. A1
Deux enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 1,429 1,708* 0,802 0,774 2,049* 2,507* 0,651 0,553 PSNU et 1906–1910 1,002 1,173 1,422 1,736 2,090* 2,700** 0,954 1,036 PSNU et 1911–1915 1,510** 1,593** 1,48 1,775 2,329** 3,181*** 0,882 0,842 PSNU et 1916–1920 1,639*** 1,558** 3,475** 3,210** 5,227*** 5,751*** 2,436 2,126 PSNU et 1921–1925 1,929*** 1,808*** 2,872** 2,404* 5,343*** 4,705*** 3,129* 1,997 PSNU et 1926–1930 2,983*** 2,448*** 4,484*** 3,687** 3,414*** 3,169*** 1,783 1,271 PSNU et 1931–1935 4,090*** 2,770*** 2,848** 1,466 4,768*** 4,630*** 4,633* 2,594 PSNU et 1936–1940 6,141*** 3,274*** 4,836*** 1,196 5,124*** 5,106** 4,163* 4,342 Université et 1901–1905 0,765 0,978 0,616 0,948 3,600*** 6,299*** 0,416 0,949 Université et 1906–1910 1,065 1,38 2,852 4,951* 2,907** 4,527*** 1,25 1,377 Université et 1911–1915 1,407 1,623* 4,668* 8,310*** 2,122* 2,771** 2,011 2,255 Université et 1916–1920 1,441* 1,467* 2,232 2,481 5,408*** 6,549*** 2,372 1,666 Université et 1921–1925 1,841*** 1,973*** 2,119 1,801 3,511*** 3,685*** 3,801** 2,62 Université et 1926–1930 1,733*** 1,953*** 1,943 2,277 2,937*** 3,032*** 1,583 0,91 Université et 1931–1935 2,606*** 2,410*** 3,439** 2,288 4,038*** 3,999*** 5,132*** 3,571* Université et 1936–1940 3,825*** 2,650*** 5,437*** 1,345 6,002*** 5,979*** 4,847** 3,068 Durée du mariage 1,213*** 0,913 0,956 1,296 (Durée du mariage)² 0,995*** 0,999 1,001 0,995 Âge au mariage 0,939* 0,987 1,038 0,72 (Âge au mariage)² 0,999* 0,996* 0,997 1,003 Ordonnée à l’origine 0,666*** 2,038 0,617 462,798 0,553** 2,286 2,232** 44,959
Tab. A1
Trois enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 1,18 1,185 1,288 1,304 1,992* 2,298** 0,453* 0,474 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,370*** 1,233* 2,084* 1,906 1,443 1,517 0,837 0,99 Moins de 9 ans et 1916–1920 1,792*** 1,429*** 2,325* 1,86 2,038* 1,902* 1,102 0,824 Moins de 9 ans et 1921–1925 2,342*** 1,762*** 3,028** 2,285* 2,416** 2,002* 2,920* 1,569 Moins de 9 ans et 1926–1930 3,199*** 2,235*** 4,368*** 3,232** 3,397*** 2,885** 3,489* 1,095 Moins de 9 ans et 1931–1935 4,963*** 2,908*** 5,217*** 2,561* 5,400*** 4,468** 6,266 3,478 Moins de 9 ans et 1936–1940 5,878*** 3,127*** 6,221*** 1,256 2,821** 2,351 1,77 0,762 Secondaire et 1901–1905 0,887 0,931 1,078 1,153 1,283 1,426 0,43 0,376 Secondaire et 1906–1910 1,184 1,318* 1,156 1,513 1,693 2,324** 0,689 0,726 Secondaire et 1911–1915 1,505*** 1,573*** 1,734 1,667 2,268** 2,831*** 0,914 1,063 Secondaire et 1916–1920 1,876*** 1,715*** 2,224* 1,93 2,353** 2,388** 1,384 1,015 Secondaire et 1921–1925 2,935*** 2,352*** 3,517*** 2,833** 3,160*** 2,769*** 2,419* 1,439 Secondaire et 1926–1930 3,586*** 2,679*** 3,826*** 3,255** 4,798*** 3,860*** 3,023* 1,287 Secondaire et 1931–1935 4,917*** 3,028*** 4,229*** 2,108 4,109*** 3,008** 3,757** 1,636 Secondaire et 1936–1940 5,428*** 3,091*** 5,265*** 1,131 6,966*** 3,781* 1,661 0,87
Tab. A1
Trois enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 1,082 1,399 0,554 0,555 1,098 1,441 0,167* 0,141** PSNU et 1906–1910 0,907 1,191 1,717 2,292 1,07 1,516 0,531 0,659 PSNU et 1911–1915 1,478** 1,733*** 1,406 1,846 1,624 2,519** 0,41 0,433 PSNU et 1916–1920 2,014*** 2,015*** 2,831* 2,799* 2,623*** 3,088*** 1,455 1,374 PSNU et 1921–1925 2,383*** 2,304*** 3,381** 2,868* 4,564*** 4,118*** 1,981 1,224 PSNU et 1926–1930 3,316*** 2,695*** 3,742** 3,086* 2,952*** 2,799*** 1,802 1,167 PSNU et 1931–1935 4,722*** 3,269*** 3,614*** 1,825 4,080*** 3,464*** 3,014 1,381 PSNU et 1936–1940 4,805*** 3,153*** 6,601*** 1,95 4,506*** 3,603* 3,059 2,184 Université et 1906–1910 0,639 0,959 1,655 3,073 2,004 3,635** 0,401 0,508 Université et 1911–1915 1,213 1,567* 2,435 4,828* 1,931* 2,831** 0,933 1,264 Université et 1916–1920 1,539* 1,686** 2,547 3,038 3,830*** 5,037*** 1,664 1,196 Université et 1921–1925 1,960*** 2,219*** 2,624 2,293 3,694*** 4,127*** 1,932 1,275 Université et 1926–1930 1,873*** 2,186*** 2,529 3,165* 3,308*** 3,590*** 1,778 0,96 Université et 1931–1935 2,422*** 2,490*** 7,026*** 4,794** 4,622*** 4,215*** 5,230*** 2,929 Université et 1936–1940 2,822*** 2,684*** 5,196*** 1,644 4,352*** 3,597* 5,012*** 2,14 Durée du mariage 1,560*** 1,236* 1,254* 1,373 (Durée du mariage)² 0,991*** 0,993*** 0,995* 0,994 Âge au mariage 0,767*** 0,691** 0,691** 0,614 (Âge au mariage)² 1,003*** 1,002 1,003 1,004 Ordonnée à l’origine 0,621*** 0,857 0,513* 755,578* 0,586** 61,147 1,948* 697,055
Tab. A1
Au moins quatre enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 0,885* 0,945 1,126 1,128 1,353 1,598 0,842 0,921 Moins de 9 ans et 1911–1915 0,865* 0,88 1,821* 1,759 1,584 1,748* 0,824 1,082 Moins de 9 ans et 1916–1920 1,128* 0,936 2,357** 1,843 1,982** 1,899* 1,976 1,564 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,442*** 1,04 3,156*** 2,122* 2,267*** 1,814* 4,117** 2,274 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,640*** 1,044 4,694*** 2,981** 3,598*** 2,879*** 5,991** 1,683 Moins de 9 ans et 1931–1935 1,941*** 1,283** 3,726*** 1,815 4,930*** 4,411*** 11,470* 5,498 Moins de 9 ans et 1936–1940 1,477*** 1,520** 3,030** 0,833 3,466*** 5,194** 1,721 0,381 Secondaire et 1901–1905 0,704*** 0,81 0,792 0,943 0,789 0,971 0,631 0,609 Secondaire et 1906–1910 0,582*** 0,796* 0,537 0,804 0,64 1,02 0,185** 0,202* Secondaire et 1911–1915 0,695*** 0,947 0,92 1,047 1,14 1,684 0,8 1,02 Secondaire et 1916–1920 0,807** 0,879 1,436 1,306 1,735* 1,971** 1,036 0,843 Secondaire et 1921–1925 1,127 0,969 1,678 1,334 2,167*** 1,956** 2,289 1,418 Secondaire et 1926–1930 1,149* 0,857* 2,070** 1,653 3,506*** 2,855*** 3,945** 1,629 Secondaire et 1931–1935 1,197** 0,911 2,310** 1,233 2,703*** 2,566** 3,695* 1,313 Secondaire et 1936–1940 0,831** 1,002 2,358** 0,719 2,956*** 3,087* 2,465 0,899
Tab. A1
Au moins quatre enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 0,898 1,419 0,352 0,409 0,525 0,859 0,085* 0,073* PSNU et 1906–1910 0,514*** 0,931 0,825 1,417 0,358** 0,641 0,652 0,923 PSNU et 1911–1915 0,685*** 1,176 0,813 1,406 0,515* 1,079 0,496 0,589 PSNU et 1916–1920 0,744** 0,948 1,664 2,096 0,776 1,136 0,573 0,601 PSNU et 1921–1925 0,799** 0,937 1,178 1,059 1,969* 2,037* 1,662 1,117 PSNU et 1926–1930 0,972 0,877 2,557** 2,199* 1,626 1,735* 3,202* 2,047 PSNU et 1931–1935 0,953 0,909 1,489 0,864 1,986* 2,432* 3,416 1,384 PSNU et 1936–1940 0,556*** 0,892 1,159 0,529 0,972 1,664 3,317 1,707 Université et 1901–1905 0,297*** 0,625 0,31 0,613 0,352* 0,909 0,192 0,545 Université et 1906–1910 0,312*** 0,658 1,115 2,505 0,784 1,96 0,211 0,313 Université et 1911–1915 0,443*** 0,839 2,22 6,058** 0,404* 0,816 0,293 0,486 Université et 1916–1920 0,572*** 0,828 1,921 2,833 1,665 2,794** 0,843 0,686 Université et 1921–1925 0,606*** 0,859 1,871 1,804 2,237** 3,096*** 1,175 0,823 Université et 1926–1930 0,482*** 0,675** 1,612 2,493* 1,715 2,262** 1,728 0,998 Université et 1931–1935 0,419*** 0,681** 1,616 1,313 1,853* 2,609** 2,564 1,287 Université et 1936–1940 0,241*** 0,639** 2,003 1,036 1,42 2,609 2,284 0,728 Durée du mariage 2,076*** 1,224 1,245 1,528 (Durée du mariage)2 0,988*** 0,995* 0,997 0,991* Âge au mariage 0,579*** 0,684** 0,582*** 0,344*** (Âge au mariage)2 1,009*** 1,002 1,007** 1,015** Ordonnée à l’origine 4,287*** 0,515 1,772** 1231,410* 1,157 142,021 0,972 2,70E+05

Effets du niveau d’éducation, de la cohorte de naissance, de l’âge au mariage et de la durée du mariage sur la probabilité d’avoir eu un nombre donné d’enfants. Femmes mariées du Québec. Données du recensement de 1981. Régression logistique multinomiale. Estimation pondérée. Coefficients exprimés sous forme de rapports de probabilité

Tab. A2

Effets du niveau d’éducation, de la cohorte de naissance, de l’âge au mariage et de la durée du mariage sur la probabilité d’avoir eu un nombre donné d’enfants. Femmes mariées de l’Ontario. Données du recensement de 1981. Régression logistique multinomiale. Estimation pondérée. Coefficients exprimés sous forme de rapports de probabilité

Tab. A2
Un enfant Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 1,159 1,117 1,54 1,576 0,909 0,927 2,425* 2,326* Moins de 9 ans et 1911–1915 1,282 1,245 0,888 0,837 1,107 1,034 2,719* 2,643* Moins de 9 ans et 1916–1920 1,178 1,08 1,531 1,418 1,097 0,98 1,422 1,05 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,175 1,052 0,964 0,827 1,137 0,983 1,405 0,796 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,264 1,082 0,857 0,787 0,877 0,783* 0,876 0,647 Moins de 9 ans et 1931–1935 1,101 0,908 1,538 1,426 1,016 0,914 2,569 1,42 Moins de 9 ans et 1936–1940 2,349** 1,878 1,417 1,454 1,144 1,26 0,000*** 0,000*** Secondaire et 1901–1905 0,772 0,931 0,982 1,09 1,014 1,123 2,202 1,892 Secondaire et 1906–1910 1,391 1,483 0,822 0,922 0,933 1,038 1,81 1,503 Secondaire et 1911–1915 1,777 1,909* 1,103 1,154 1,033 1,078 2,839** 2,515** Secondaire et 1916–1920 1,237 1,212 1,282 1,208 1,211** 1,111 2,386* 1,769 Secondaire et 1921–1925 1,124 1,057 1,337 1,204 1,192* 1,024 2,017* 1,34 Secondaire et 1926–1930 1,242 1,16 1,264 1,056 1,045 0,855 2,191 1,352 Secondaire et 1931–1935 1,814* 1,533 1,301 1,173 1,122 0,927 1,022 0,604 Secondaire et 1936–1940 1,895* 1,581 1,546 1,522 1,256** 1,107 1,906 0,708
Tab. A2
Un enfant Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 0,585 0,674 1,067 1,324 0,801* 1,061 1,305 1,302 PSNU et 1906–1910 0,929 1,196 0,875 1,132 0,862 1,104 1,468 1,3 PSNU et 1911–1915 1,519 1,641 0,996 1,099 0,814* 0,98 2,007 2,262 PSNU et 1916–1920 1,296 1,298 0,822 0,825 0,945 1,015 2,052 1,562 PSNU et 1921–1925 1,407 1,557 1,173 1,152 0,93 0,902 2,757* 1,696 PSNU et 1926–1930 1,235 1,219 1,016 1,02 0,954 0,89 1,386 0,895 PSNU et 1931–1935 1,351 1,26 0,995 0,894 0,968 0,887 0,655 0,337 PSNU et 1936–1940 1,987* 1,635 1,457 1,567 0,952 0,881 1,152 0,405 Université et 1901–1905 0,548 1,013 0,516 0,768 0,621** 0,859 6,502 6,156 Université et 1906–1910 6,087* 8,030* 1,308 1,818 0,761* 1,118 2,203 1,665 Université et 1911–1915 1,595 1,823 0,786 1,023 0,863 1,135 2,311 1,534 Université et 1916–1920 0,976 1,226 0,938 1,027 0,684** 0,815 1,524 1,125 Université et 1921–1925 1,004 1,253 1,107 1,106 0,806 0,893 1,295 0,798 Université et 1926–1930 1,339 1,436 0,948 0,974 0,732* 0,755* 1,199 0,719 Université et 1931–1935 1,179 1,275 0,73 0,788 0,692** 0,697** 1,146 0,621 Université et 1936–1940 0,99 1,046 0,827 0,967 0,712** 0,745 1,355 0,503 Durée du mariage 1,054 1,045 0,969 0,882 (Durée du mariage)² 0,999 1 1,001* 1,002 Âge au mariage 0,901 0,999 1,03 1,115 (Âge au mariage)² 1,001 0,999 0,998*** 0,995* Ordonnée à l’origine 0,756 4,903 0,881 0,676 1,252*** 2,487 0,985 19,423
Tab. A2
Deux enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 0,815 0,779 1,037 1,08 1,036 1,07 1,866 1,699 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,024 0,986 0,961 0,896 1,213* 1,119 2,990** 2,979** Moins de 9 ans et 1916–1920 1,116 0,995 1,047 0,934 1,513*** 1,307** 1,967 1,397 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,208 1,048 1,043 0,826 1,837*** 1,514*** 3,079** 1,411 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,266 1,039 1,014 0,861 1,688*** 1,426*** 3,245* 1,908 Moins de 9 ans et 1931–1935 1,782* 1,12 1,953* 1,392 1,904*** 1,447** 2,222 0,962 Moins de 9 ans et 1936–1940 2,686*** 1,195 2,655** 1,436 2,378*** 2,061*** 0,413 0,116* Secondaire et 1901–1905 0,613 0,778 0,646 0,758 0,968 1,119 1,654 1,288 Secondaire et 1906–1910 0,819 0,89 0,788 0,952 0,991 1,159 1,179 0,934 Secondaire et 1911–1915 1,199 1,312 0,978 1,068 1,291*** 1,394*** 2,007* 1,744 Secondaire et 1916–1920 1,049 1,008 1,12 1,045 1,771*** 1,605*** 2,283** 1,569 Secondaire et 1921–1925 1,283 1,176 1,377 1,186 2,033*** 1,678*** 3,039*** 1,7 Secondaire et 1926–1930 1,429 1,296 1,239 0,965 2,107*** 1,629*** 4,655*** 2,346* Secondaire et 1931–1935 2,253*** 1,444 1,750** 1,191 2,481*** 1,709*** 1,445 0,715 Secondaire et 1936–1940 2,745*** 1,295 2,658*** 1,352 3,382*** 2,124*** 3,120** 1,018
Tab. A2
Deux enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 0,295* 0,358 0,538 0,774 0,789* 1,182 1,417 1,271 PSNU et 1906–1910 0,496 0,695 0,857 1,303 0,936 1,352*** 1 0,903 PSNU et 1911–1915 0,662 0,729 0,826 0,996 0,941 1,250** 1,89 2,219 PSNU et 1916–1920 0,797 0,793 0,851 0,88 1,440*** 1,622*** 2,062 1,474 PSNU et 1921–1925 1,125 1,263 1,026 1,024 1,744*** 1,703*** 3,461** 1,842 PSNU et 1926–1930 1,389 1,342 1,183 1,188 2,061*** 1,895*** 1,313 0,713 PSNU et 1931–1935 1,628 1,202 1,699* 1,191 2,305*** 1,853*** 2,235 0,968 PSNU et 1936–1940 3,565*** 1,692 2,424*** 1,419 2,819*** 1,960*** 1,938 0,619 Université et 1901–1905 0,27 0,635 0,168** 0,318 1,007 1,624** 4,257 3,662 Université et 1906–1910 2,196 3,207 1,046 1,682 1,042 1,857*** 0,87 0,639 Université et 1911–1915 2,152 2,589 0,527 0,81 1,075 1,634*** 2,594 1,584 Université et 1916–1920 0,907 1,229 1,103 1,325 1,089 1,421** 1,431 0,99 Université et 1921–1925 1,354 1,813 1,039 1,053 1,644*** 1,930*** 1,513 0,807 Université et 1926–1930 1,644 1,796 0,924 0,981 1,635*** 1,734*** 1,211 0,613 Université et 1931–1935 1,364 1,262 0,973 0,883 1,822*** 1,701*** 2,010* 0,931 Université et 1936–1940 1,735* 1,265 1,379 0,906 1,950*** 1,677** 2,131* 0,838 Durée du mariage 1,181** 0,989 1,041 1,034 (Durée du mariage)² 0,995*** 0,999 0,999* 0,999 Âge au mariage 0,772** 0,951 0,949 1,077 (Âge au mariage)² 1,002 0,998* 0,998*** 0,995* Ordonnée à l’origine 1,326 121,528* 1,545* 51,312* 1,518*** 14,317** 2,166*** 15,724
Tab. A2
Trois enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 0,98 0,943 1,282 1,345 1,043 1,083 1,452 1,311 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,226 1,211 1,203 1,12 1,441*** 1,321** 2,175* 2,23 Moins de 9 ans et 1916–1920 1,427 1,275 1,693* 1,496 1,694*** 1,421*** 1,198 0,875 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,866** 1,591 1,437 1,107 2,139*** 1,676*** 2,851* 1,25 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,491 1,182 1,769* 1,448 2,278*** 1,791*** 5,156** 2,755 Moins de 9 ans et 1931–1935 2,399*** 1,563 3,697*** 2,519** 2,910*** 2,037*** 5,058* 1,763 Moins de 9 ans et 1936–1940 4,526*** 2,711* 3,766*** 2,123 3,708*** 3,383*** 1,085 0,196 Secondaire et 1901–1905 0,853 1,166 0,686 0,824 0,869 1,054 1,008 0,771 Secondaire et 1906–1910 1,125 1,33 0,804 1,002 0,865 1,065 1,023 0,821 Secondaire et 1911–1915 1,276 1,548 1,125 1,259 1,127 1,287** 1,245 1,097 Secondaire et 1916–1920 1,179 1,187 1,361 1,28 1,690*** 1,560*** 2,504** 1,732 Secondaire et 1921–1925 1,585 1,491 2,015** 1,720* 2,369*** 1,923*** 4,183*** 2,265* Secondaire et 1926–1930 1,972** 1,798* 2,062** 1,581 2,678*** 1,992*** 6,709*** 3,190** Secondaire et 1931–1935 3,108*** 2,164** 2,904*** 1,926* 3,618*** 2,392*** 2,415** 0,968 Secondaire et 1936–1940 3,811*** 2,502* 3,782*** 2,029* 4,507*** 2,990*** 4,917*** 1,157
Tab. A2
Trois enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 0,524 0,705 0,828 1,265 0,630*** 1,065 1,001 0,867 PSNU et 1906–1910 0,767 1,24 0,733 1,191 0,745** 1,226* 0,624 0,589 PSNU et 1911–1915 0,682 0,848 0,701 0,886 0,824* 1,238* 1,621 1,988 PSNU et 1916–1920 0,8 0,88 1,574 1,676 1,533*** 1,879*** 1,735 1,246 PSNU et 1921–1925 1,394 1,677 1,686* 1,715* 1,927*** 1,956*** 3,349** 1,752 PSNU et 1926–1930 1,341 1,358 1,859* 1,886* 2,758*** 2,572*** 2,329* 1,204 PSNU et 1931–1935 2,184** 1,875* 2,297*** 1,637 3,109*** 2,568*** 3,249** 1,164 PSNU et 1936–1940 3,865*** 2,739* 3,582*** 2,415* 3,393*** 2,739*** 2,550* 0,653 Université et 1901–1905 0,37 1,04 0,276* 0,568 0,612** 1,164 0,000*** 0,000*** Université et 1906–1910 4,068 6,774* 0,756 1,281 0,868 1,877*** 0,304 0,232 Université et 1911–1915 0,945 1,337 1,404 2,333* 0,928 1,684*** 2,327 1,444 Université et 1916–1920 1,221 1,901 1,233 1,559 1,360** 2,022*** 1,146 0,811 Université et 1921–1925 1,322 2,01 2,045* 2,119* 2,336*** 3,019*** 1,682 0,884 Université et 1926–1930 2,113* 2,567** 1,625 1,77 2,285*** 2,607*** 2,497* 1,22 Université et 1931–1935 1,436 1,666 1,689 1,621 2,698*** 2,805*** 2,950** 1,174 Université et 1936–1940 1,612 2,093 2,213** 1,824 2,152*** 2,400*** 3,305*** 1,206 Durée du mariage 1,468*** 1,179** 1,226*** 1,455** (Durée du mariage)² 0,992*** 0,996*** 0,996*** 0,992** Âge au mariage 0,645*** 0,802** 0,776*** 0,732 (Âge au mariage)² 1,006*** 1,001 1,002** 1,002 Ordonnée à l’origine 1,178 22,96 1,073 29,247 1,08 13,329** 1,284 29,924
Tab. A2
Au moins quatre enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte Moins de 9 ans et 1901–1905 (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) (Référence) Moins de 9 ans et 1906–1910 0,975 0,949 0,851 0,908 1,02 1,046 1,047 0,966 Moins de 9 ans et 1911–1915 1,036 1,077 0,857 0,794 1,303*** 1,172 1,512 1,63 Moins de 9 ans et 1916–1920 0,993 0,906 1,041 0,902 1,644*** 1,318** 0,623 0,492 Moins de 9 ans et 1921–1925 1,257 1,051 1,2 0,857 2,311*** 1,657*** 1,958 0,87 Moins de 9 ans et 1926–1930 1,357 1,03 1,152 0,842 2,937*** 2,038*** 2,304 1,126 Moins de 9 ans et 1931–1935 1,783** 1,334 2,535*** 1,863* 3,732*** 2,441*** 4,437 1,423 Moins de 9 ans et 1936–1940 1,916** 2,258* 1,991* 2,088 4,279*** 4,809*** 0,696 0,104* Secondaire et 1901–1905 0,514* 0,821 0,527** 0,683 0,507*** 0,676*** 0,574 0,453 Secondaire et 1906–1910 0,487** 0,678 0,374*** 0,514** 0,531*** 0,708*** 0,451 0,384* Secondaire et 1911–1915 0,609* 0,926 0,523*** 0,645* 0,677*** 0,866 0,732 0,682 Secondaire et 1916–1920 0,627* 0,716 0,818 0,811 1,043 1,04 1,275 0,942 Secondaire et 1921–1925 0,859 0,878 1,25 1,07 1,580*** 1,300*** 2,069* 1,151 Secondaire et 1926–1930 1,228 1,167 1,311 0,981 1,989*** 1,439*** 4,347*** 2,014 Secondaire et 1931–1935 1,550* 1,38 1,734** 1,378 2,570*** 1,794*** 2,192* 0,823 Secondaire et 1936–1940 1,109 1,529 1,557* 1,672 2,283*** 2,038*** 3,218** 0,696
Tab. A2
Au moins quatre enfants Franco-catholiques Britanniques catholiques Britanniques protestantes Juives Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Équation 1 Équation 2 Niveau d’éducation et cohorte PSNU et 1901–1905 0,232*** 0,378* 0,477* 0,889 0,296*** 0,615*** 0,863 0,76 PSNU et 1906–1910 0,181*** 0,395** 0,545* 1,105 0,315*** 0,648*** 0,088* 0,093* PSNU et 1911–1915 0,579 0,957 0,403*** 0,606* 0,403*** 0,765** 0,58 0,797 PSNU et 1916–1920 0,538* 0,755 0,804 0,977 0,714*** 1,073 0,851 0,647 PSNU et 1921–1925 0,656 0,933 1 1,11 1,142 1,305** 2,614 1,434 PSNU et 1926–1930 0,631* 0,727 1,108 1,191 1,616*** 1,623*** 2,115 1,081 PSNU et 1931–1935 1,037 1,269 1,408 1,334 1,681*** 1,651*** 3,052* 1,044 PSNU et 1936–1940 0,842 1,404 1,232 1,897 1,317*** 1,642** 1,212 0,302 Université et 1901–1905 0,158** 0,597 0,254** 0,686 0,260*** 0,666* 0,000*** 0,000*** Université et 1906–1910 0,737 1,595 0,521 1,043 0,309*** 0,913 0,000*** 0,000*** Université et 1911–1915 0,617 1,242 0,428* 0,932 0,467*** 1,19 0,474 0,323 Université et 1916–1920 0,613 1,308 0,818 1,254 0,720** 1,428** 0,701 0,55 Université et 1921–1925 0,693 1,396 1,298 1,498 1,427*** 2,307*** 1,447 0,805 Université et 1926–1930 0,79 1,231 0,981 1,198 1,478*** 2,053*** 2,347* 1,167 Université et 1931–1935 0,485** 0,895 0,834 1,152 1,112 1,578*** 2,534* 1,015 Université et 1936–1940 0,303*** 1,148 0,618* 1,369 0,625*** 1,263 1,945 0,727 Durée du mariage 1,975*** 1,571*** 1,410*** 1,436* (Durée du mariage)² 0,989*** 0,993*** 0,995*** 0,992* Âge au mariage 0,516*** 0,651*** 0,517*** 0,584* (Âge au mariage)² 1,011*** 1,006*** 1,010*** 1,006 Ordonnée à l’origine 6,124*** 3,369 4,093*** 3,435 1,903*** 170,635*** 0,916 477,621

Effets du niveau d’éducation, de la cohorte de naissance, de l’âge au mariage et de la durée du mariage sur la probabilité d’avoir eu un nombre donné d’enfants. Femmes mariées de l’Ontario. Données du recensement de 1981. Régression logistique multinomiale. Estimation pondérée. Coefficients exprimés sous forme de rapports de probabilité

Notes

  • [1]
    Et une importante augmentation des naissances, de 75 000 par année de 1935-1937 à plus de 144 000 par année entre 1957 et 1959.
  • [2]
    Les données du recensement de 1971 le sont devenues depuis peu. Les fichiers publics des recensements sont rendus disponibles au Canada au fur et à mesure que les recensements sont effectués, alors que les données des fichiers-maîtres des recensements antérieurs ne l’ont été que récemment, en raison d’un changement dans la politique d’accès.
  • [3]
    Cela en dépit de pertes somme toutes limitées en raison de la Seconde Guerre mondiale, surtout concentrées chez les célibataires.
  • [4]
    Rappelons que le personnalisme visait à former des catholiques moralement autonomes qui acceptaient librement et intérieurement les préceptes de l’Église, et non pas des paroissiens dociles. Son développement au Québec s’est notamment traduit par la popularité grandissante de la méthode Ogino, seul moyen contraceptif permis par l’Église catholique (Gauvreau et coll., 2007). Les tensions ayant découlé de l’efficacité limitée de la méthode par rapport aux objectifs poursuivis se sont résolues abruptement à l’arrivée de la pilule, en raison notamment de la période de flottement qui a précédé le rejet par l’Église catholique de ce moyen de contraception révolutionnaire. Pour les catholiques du Québec (et d’ailleurs), il était trop tard pour faire marche arrière.
  • [5]
    Comme la question du nombre d’enfant ne fut posée qu’aux seules femmes mariées, nous faisons ici l’hypothèse que les femmes non mariées au recensement de 1981 n’ont pas eu d’enfant. Ce n’est probablement pas très loin de la réalité.
Français

Au Canada, le baby-boom ne s’est pas déroulé de la même manière dans toutes les provinces. En particulier, l’Ontario et le Québec, les deux provinces les plus peuplées, ont connu des baby-booms très différents. En Ontario, le baby-boom s’est déroulé de manière conventionnelle : l’augmentation de la nuptialité et celle de la fécondité des femmes mariées ont contribué toutes deux à l’augmentation des indicateurs de fécondité. Au Québec, le baby-boom a eu lieu alors que la fécondité des femmes mariées diminuait encore, la nuptialité étant le plus important facteur de l’accroissement du nombre des naissances. Nous utilisons deux informations rétrospectives recueillies au recensement de 1981, l’âge au premier mariage et le nombre des enfants mis au monde, pour étudier la descendance finale et estimer les probabilités d’agrandissement de la famille des femmes nées entre 1900 et 1940. Nous utilisons la régression logistique multinomiale pour estimer l’effet de la religion, de l’origine ethnique, de l’éducation et de la province de résidence sur la descendance finale de ces femmes, en tenant compte de l’âge au mariage et de sa durée. Les résultats montrent que 1) la fécondité des catholiques et des protestantes, très éloignées au début du baby-boom, sont très semblables à la fin ; 2) l’avancement de l’âge au mariage et l’allongement de la durée du mariage augmentent la fécondité, mais cet effet de la nuptialité ne suffit pas à expliquer l’accroissement de la fécondité des protestantes ; 3) l’écart entre les niveaux d’éducation se rétrécit du début à la fin du baby-boom, mais ne disparaît pas entièrement. Ces résultats sont dans l’ensemble proches de ceux que des analyses plus fines ont récemment mis au jour dans des pays européens.

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Danielle Gauvreau
Département de sociologie et d’anthropologie
Université Concordia
Benoît Laplante
Centre Urbanisation Culture Société
Institut national de la recherche scientifique
Université du Québec
Benoit.Laplante@UCS.INRS.ca
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Mis en ligne sur Cairn.info le 12/01/2017
https://doi.org/10.3917/adh.132.0065
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