Cet article s’appuie sur l’analyse du discours public relatif à la souffrance des jeunes et à l’organisation de sa prise en charge dans les maisons des adolescents, pour montrer que ces dispositifs pluridisciplinaires et partenariaux, dédiés aux jeunes en souffrance âgés de 11 à 21 ans, à leur famille et aux professionnels qui interviennent auprès d’eux, ont réussi à négocier la définition de leur label et à s’imposer dans l’espace concurrentiel de l’offre de santé mentale en direction de la jeunesse.
Article
La notion de souffrance s’est diffusée dans les discours publics – médiatiques, militants, politiques et professionnels – depuis les années 1980. Les associations de lutte contre le cancer et le mouvement de lutte contre le sida ont participé les premiers à la prise en compte de la souffrance des malades. La thématique de l’exclusion a ensuite associé la souffrance individuelle aux conditions de vie et à la faiblesse des liens sociaux. Progressivement considérée comme un effet individuel et subjectif des difficultés sociales, la souffrance a trouvé une validation réglementaire et investi massivement différentes politiques publiques (action sociale, famille, travail, ville, etc.) [Renault, 2008].
« Derrière la solitude du sans-domicile fixe et le doute du demandeur d’emploi, l’agressivité de l’adolescent rebelle et le silence de la femme battue, la relégation des jeunes des cités et l’attente des demandeurs d’asile déboutés, on a voulu lire la même vérité ultime et partagée : une blessure de l’âme, souvent enfouie et méconnue, à laquelle il fallait faire droit. »
S’agissant des politiques en direction de la jeunesse, le répertoire lexical de la souffrance est apparu dans les politiques familiales, puis dans celles de l’emploi ou de l’éducation, avant de s’institutionnaliser dans les politiques de santé à la fin des années 1990. Les analyses sociohistoriques montrent comment, à cette période et encore aujourd’hui, l’attention s’est massivement portée sur la préservation de la santé des jeunes (Loncle, 2012) et sur les risques encourus quand leur souffrance n’est ni repérée ni prise en charge, citant notamment les troubles mentaux, les conduites addictives ou encore le risque suicidaire…
Résumé
Plan
Auteur
Thèmes de recherche : parcours de prise en charge en protection de l’enfance ; expériences juvéniles de la souffrance ; politiques publiques en direction des adolescents et des jeunes adultes.
A notamment publié
Malinowski S., 2018, « Des parcours aux limites de l’action éducative. Éléments d’une enquête sociologique menée auprès de jeunes dits “incasables” », in Chenut M., Vialleix L., (dir.), Les MECS au cœur des évolutions de la protection de l’enfance. Travailler avec l’impossible, Toulouse, Érès, p. 335-357.
Malinowski S., 2021, Souffrances des jeunes et maisons des adolescents. Construction d’un problème public, mise en œuvre d’une réponse locale et expériences juvéniles, Thèse de doctorat de sociologie, Université Toulouse-Jean-Jaurès.
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 27/10/2022
- https://doi.org/10.3917/agora.092.0025

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