Votée en mars 2018, la loi « Orientation et réussite des étudiants » (ORE) constitue l’une des réponses du gouvernement à la massification scolaire et à la saturation croissante des capacités d’accueil de certaines formations (notamment les sections de technicien supérieur [STS], les instituts universitaires de technologie [IUT], les licences de sciences et techniques des activités physiques et sportives [STAPS], le droit, la psychologie et la médecine). L’objectif officiel de cette réforme était de réduire l’échec en licence en améliorant l’orientation des bacheliers. Annoncée en juillet 2017 et mise en place en urgence à la rentrée de septembre 2018, elle étend la sélection sur dossier scolaire (accompagné d’un CV et d’une lettre de motivation) à l’ensemble des formations du supérieur et organise l’affectation des candidats à l’aide d’un nouveau dispositif : Parcoursup. Loin d’être neutres, les portails internet visant à enregistrer les vœux des élèves constituent « un prisme à travers lequel les aspirations des bacheliers vont se réfracter (changer de direction, subir une inflexion) » (Lemêtre, Orange, 2017, p. 57). Cet article analyse les premiers effets de Parcoursup sur l’enseignement supérieur en s’appuyant sur les vœux des candidats, mettant en évidence les prémices d’une stratification sociale et scolaire accrue. Après une présentation des changements institutionnels liés à la plateforme Parcoursup, il s’agit de saisir les conséquences de ce dispositif sur la distribution des vœux des élèves dans l’espace hiérarchisé de l’enseignement supérieur, en particulier en région parisienne où la concurrence entre formations est sévère (Frouillou, 2017)…