Depuis quelques années, des jeunes de plus en plus nombreux remettent en question les frontières balisées du genre, du couple, de la sexualité : bisexuels ou pansexuels, polyamoureux, de genre neutre ou fluide, transgenres, ils refusent les étiquettes, les fixations identitaires, pour réclamer le droit à s’inventer eux-mêmes totalement, à faire exploser les frontières entre hétérosexualité ou homosexualité, entre masculin ou féminin, entre fille ou garçon. Ils savent qu’aujourd’hui des hommes et des femmes peuvent s’épouser entre eux et redistribuer les cartes de la famille traditionnelle. Ils savent que les avancées de la médecine et de la chirurgie peuvent transformer leur corps pour le rendre conforme à leurs aspirations profondes.
Une longue enquête journalistique leur donne la parole. Vera raconte : « J’ai commencé à le sentir en quatrième. En troisième, je me disais bisexuelle, et maintenant je me sens lesbienne. Je suis encore en train de découvrir, ça change, je m’attribue plein de noms. C’est bizarre de dire que c’est une identité qui t’attire et en même temps que tu ne veux pas d’identité. Les normes, ça enferme, j’aimerais juste essayer des choses, être ce que je veux. » Jean, vingt ans, étudiant en chimie, se présente comme bisexuel et polyamoureux. Il a une amoureuse, des amantes et parfois des amants, lesquels connaissent l’existence des uns et des autres. « Il m’arrive d’être attiré par les hommes, mais j’ai du mal à m’entendre avec eux, ça se passe souvent moins bien qu’avec les femmes…