Je souhaite ici aborder la question de l’identité professionnelle du thérapeute « troublé », identité professionnelle qui ne peut se dissocier de son identité personnelle. Trois souvenirs de ma vie professionnelle me sont spontanément venus à l’esprit :
- L’apparition, lors d’un premier entretien d’une jeune fille de quinze ans accompagnée de ses parents dont la moitié de sa chevelure était colorée en vert et l’autre moitié en noir. Un trouble de ma part lié à un étonnement, une quête de sens et de liens avec ses parents et sa propre histoire.
- Le récit d’un adolescent de dix-huit ans qui, lors d’un premier entretien, m’avait raconté qu’il avait menacé son précédent analyste, dont la notoriété était particulièrement importante à l’époque, d’un revolver, en pointant en même temps le doigt vers moi avec un sourire. Troublé j’étais, et je dirais, sur le moment, impuissant à communiquer toute association de ma part.
- Le récit d’une jeune fille de seize ans débutant sa séance en me racontant que pour y venir, elle avait pris un taxi et s’était prostituée avec le chauffeur de taxi, faute d’avoir l’argent pour le payer. Me prenait-elle pour un proxénète, une de ses prochaines « victimes » ou un « psy » dont elle cherchait l’assistance ?
Ces souvenirs « plus ou moins explosifs » entravaient les représentations significatives tant le perceptif, les mots et les choses se confondaient. Ils me sont revenus dans « l’après-coup » grâce à cette thématique « Troublé(e)s »…